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Griess (dit Griess-Traut), Jean (-Tobie)
Article mis en ligne le 24 juin 2013
dernière modification le 14 juillet 2021

par Desmars, Bernard

Né le 17 juin 1814, à Landau (alors département français de Mont-Tonnerre, aujourd’hui Land de Rhénanie-Palatinat, Allemagne), décédé en 1882. Représentant de commerce en Alsace, puis négociant et propriétaire en Algérie, et enfin rentier à Paris. Propagandiste fouriériste. Actionnaire de plusieurs entreprises phalanstériennes. Membre de sociétés savantes et d’œuvres philanthropiques. Époux de Virginie Traut (dite Griess-Traut).

Jean Griess est né à Landau, dans le l’actuel Palatinat rhénan, de parents boulangers. Au moment de sa naissance, cette ville est française ; mais le second traité de Paris, en 1815, attribue cette ville et sa région au royaume de Bavière, dont Jean Griess devient alors un ressortissant. Ses parents, eux-mêmes Français d’origine, lui font effectuer une partie de sa scolarité en Moselle, au collège de Sarreguemines, de 1826 à 1830 [1].

En 1836, il revient en France pour y travailler ; et vers 1840, il s’établit durablement à Colmar, où vivent déjà plusieurs membres de sa famille (frères, cousin). Dans les années suivantes, lui et ses trois frères tiennent une maison de commerce de cotons filés et de confiserie [2]. Jean Griess lui-même est voyageur de commerce et sillonne l’Est de la France (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Champagne, Bourgogne) et plusieurs Etats allemands pour y placer ses produits. Cependant, si les frères Griess se qualifient volontiers de « négociants » [3], leurs affaires sont modestes ; « le commerce des frères Griess est de peu d’importance et il suffit à l’entretien de la famille », estime le préfet en 1848 [4].

Dans les dernières années de la monarchie de Juillet, Jean Griess est un très actif propagandiste des idées fouriéristes. Il utilise ses déplacements professionnels pour diffuser les idées sociétaires. Ses lettres, envoyées depuis Karlsruhe, Belfort ou Neufchâteau, du lac de Constance, de Metz ou de Langres, le montrent s’efforçant de placer des abonnements – apparemment avec un certain succès d’après la correspondance et les sommes envoyées au Centre parisien – et de créer des dépôts d’ouvrages sociétaires ; dans son abondant courrier, il incite la direction de l’Ecole à envoyer des exemplaires de La Démocratie pacifique à telle ou telle personne qu’il pense avoir sensibilisée aux idées fouriéristes, ainsi qu’aux auberges et hôtels où il séjourné et où il a sans doute exposé ses convictions phalanstériennes. Il est le correspondant du centre parisien de l’Ecole sociétaire pour Colmar (voire le Haut-Rhin) ; il recueille les sommes versées pour la « rente phalanstérienne », commande les ouvrages sociétaires, les vues de phalanstère et les portraits de Fourier auprès du Centre, etc [5].

Jean Griess s’intéresse également à la création de l’Union agricole de Saint-Denis-du-Sig, cette exploitation agricole installée dans la région d’Oran à l’initiative de fouriéristes lyonnais à partir de 1846-1847, afin d’y associer capital, travail et talent. Il figure sur les premières listes d’actionnaires et fait partie des « correspondants et délégués auxquels on pourra s’adresser pour les souscriptions d’actions, versements de fonds, demandes de renseignements », à Colmar [6].

Après la révolution de Février 1848, il s’engage très activement en faveur du nouveau régime ; « il professe des opinions hautement républicaines et socialistes » observe le maire de Colmar [7]. En mars 1848, Il demande la nationalité française, et souhaite l’obtenir rapidement, car il « brûle d’impatience [de] pouvoir exercer les droits de citoyen à la prochaine élection et [de] servir la République qui a besoin d’hommes dévoués » [8]. Lui-même aide matériellement des démocrates allemands venus se réfugier à Colmar au printemps 1848 [9]. Il reçoit son avis de naturalisation française en novembre 1848 [10].

Dans les courriers qu’il envoie au ministre de la Justice pour obtenir sa naturalisation, Jean Griess dit vouloir se marier et aller vivre en Algérie [11]. Il effectue un premier voyage à l’automne 1848 et séjourne principalement dans l’arrondissement d’Oran. A son retour, dans les démarches qu’il effectue auprès du ministère de la Guerre pour obtenir des « passages gratuits » de la Méditerranée et une indemnité pour le transport de son mobilier, il confirme son intention de s’établir définitivement en Algérie avec sa future femme. Il joint à ses demandes une lettre du conseil d’administration de l’Union agricole d’Afrique, qui dit l’accepter comme « travailleur associé de la colonie du Sig, avec le titre de directeur de l’Intérieur », c’est-à-dire chargé de l’organisation de la vie domestique dans les locaux de l’Union [12].

Au printemps 1849, il se marie avec Virginie Traut, fille d’un entrepreneur de messageries de Colmar, elle-même disciple de Fourier. Le mariage a lieu le 7 avril, soit un jour particulier pour les disciples de Charles Fourier, puisque chaque année, à cette date, on célèbre l’anniversaire de la naissance du Maître. Désormais, les deux époux associent leur nom et se font appeler Jean et Virginie Griess-Traut. Et ils mènent conjointement leurs différents combats, puisque la plupart du temps, ils adhèrent aux mêmes associations et souscrivent des actions dans les entreprises phalanstériennes en nombre pair, la moitié au nom de Jean, l’autre moitié au nom de Virginie.

Fouriéristes en Algérie

Jean Griess manifestait en 1848 son intention de s’installer à Saint-Denis-du-Sig, afin de travailler à l’Union agricole. Mais, sans que l’on en connaisse la raison, il n’en est plus question dans les lettres qu’il envoie depuis l’Algérie au centre sociétaire de Paris. D’après cette correspondance, les Griess-Traut pensent d’abord s’établir à Mers-el-Kébir, puis à Arzew, sur les conseils de plusieurs phalanstériens (notamment les officiers de marine Zurcher et Maleplane) pour y créer un dépôt de marchandises. Ils pourraient ainsi constituer un débouché pour les produits de l’Union agricole du Sig. Mais ils s’installent finalement à Oran, où Jean Griess-Traut tient une maison de commerce, à la commission. Il organise « un petit groupe » de fouriéristes et projette la création d’une boulangerie sociétaire [13].

Il participe aux débats du début des années 1850 sur l’orientation de l’Union agricole du Sig, en mauvaise situation financière. En février 1852, il fait partie d’une commission – qui comprend aussi Jules Duval – chargée de défendre le bilan de l’entreprise fouriériste [14]. En effet, la société est alors menacée de perdre le terrain obtenu en 1846, puisqu’elle n’a pas satisfait aux exigences imposées par l’administration dans l’acte de concession. Dans le même temps, Jean Griess-Traut entre au conseil d’administration (sa présence est mentionnée lors de deux séances en décembre 1852 [15]) ; mais il en sort très vite, dès février 1853, probablement victime des agissements de plusieurs nouveaux administrateurs, créanciers de la société, qui s’efforcent d’éloigner les militants fouriéristes et qui obtiennent de l’assemblée générale qu’elle réduise le nombre de membres du conseil d’administration de douze à cinq [16]. Mais en 1856, les fouriéristes reprennent le contrôle de la société, et Griess-Traut revient au conseil d’administration ; avec Blondel, le directeur de l’Union, il remet en ordre les comptes de la société [17]. Les Griess-Traut, avec quelques autres actionnaires de l’Union projettent à ce moment d’organiser « un petit ménage sociétaire » pour « une existence agréable et bon marché » [18].

Quelques années plus tard – aux alentours de 1860 –, le couple Griess-Traut s’installe à Alger où il pratique le négoce et s’efforce de propager les idées fouriéristes. Jean Griess-Traut s’intéresse aussi à la modernisation agricole de l’Algérie et adhère à la Société impériale d’agriculture d’Alger, sans que l’on sache s’il exploite lui-même des terres ; il est en tout cas qualifié en 1870 de négociant, ainsi que « de propriétaire urbain et rural » [19]. Il est également le représentant en Algérie de la Caisse d’avances aux cultivateurs de coton, fondée par l’industriel mulhousien Jean Dolfuss [20]. Il est en effet un actif promoteur du développement de la culture cotonnière en Algérie et s’efforce d’en faire connaître les produits en métropole ; il envoie par exemple des échantillons de coton à la Société d’émulation de la Seine-Inférieure [21] ; en 1862, il participe à l’Exposition universelle organisée à Londres, à la fois comme exposant – il reçoit une médaille pour le coton qu’il présente – et comme membre d’une commission algérienne formée par le gouverneur général de l’Algérie pour cette manifestation [22]. Peut-être est-ce à ce moment qu’il entre en contact avec Richard Cobden, l’industriel et homme politique anglais, à qui il écrit en cette même année 1862 [23]. Peu après, il rédige un mémoire sur la production de coton en Algérie [24].

Griess est défavorable aux grandes compagnies exploitant de vastes surfaces ; il souhaite qu’elles vendent leurs terrains en petits lots, et qu’ainsi « elles transforment peu à peu le travailleur salarié en propriétaire » [25]. Par ailleurs, dans les débats sur l’avenir de l’Algérie, il est de ceux qui promeuvent l’assimilation complète de l’Algérie à la France [26].

Il reprend ces thèmes en 1870 dans un mémoire répondant à une enquête lancée par le ministère de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics sur le développement agricole en Algérie. Souhaitant la création d’une banque agricole (« l’absence de crédit à bon marché est une des causes permanentes d’insuccès et de gêne pour la colonie »), l’amélioration des moyens de communication et de transport (en particulier les voies ferrées et la télégraphie sous-marine) en Algérie et entre la métropole et sa colonie, il propose quelques remèdes à l’insuffisance de la main d’œuvre européenne : pour encourager la venue d’immigrants et former des travailleurs agricoles, il propose notamment la création de « colonies pénitentiaires pour les travaux pénible et insalubres », la création d’« asiles agricoles mixtes et laïques », « l’enseignement [obligatoire] des éléments de l’agriculture dans nos écoles communales » ; enfin, Jean Griess-Traut, à nouveau, insiste sur ce qu’il considère le « remède souverain » : « l’assimilation, qui est le vœu unanime de la colonie » [27].

Admis au sein de la Société industrielle de Mulhouse en 1861 et de la Société de climatologie algérienne en 1865 [28], il fait également partie d’une association, « la Famille commerciale », qui crée une banque mutuelle et projette la fondation de plusieurs commerces sociétaires (un restaurant, une épicerie, une boucherie, une boulangerie) ; il s’y comporte « d’une manière passablement exaltée », selon l’un des participants à cette entreprise [29].

En 1868, à un moment où la famine provoque de nombreux décès, il annonce la création prochaine « d’asiles agricoles ouverts à toutes les races. Les enfants y apprendraient à se préserver du fléau dont leurs parents auraient été victimes et le retour des misères, fruits de l’ignorance et du régime suranné dans lequel ils végètent, ne serait plus possible. Mettre les enfants arabes en contact avec des orphelins européens serait le meilleur moyen de relever la race par l’amélioration de ses plus jeunes membres » [30]. Il fait également la promotion de ces « asiles agricoles » devant ses collègues de la Société de climatologie d’Alger, qui, « considérant que cette institution apportera dans l’hygiène des orphelins et des enfants abandonnés des conditions avantageuses à l’individu autant qu’à la race, déclare donner son approbation à la création de ces établissements » [31]. La réalisation de cette institution prend cependant du retard, puisque plusieurs années plus tard, Jean Griess-Traut en est toujours à prévoir l’ouverture prochaine « d’une école de garçons avec un enseignement pratique de culture et atelier pour travailler le fer et le bois » [32].

En 1870, il participe à la vie politique algéroise : en août, il annonce sa candidature aux élections pour le Conseil général, mais il n’est pas élu [33]. Au lendemain de la chute du régime impérial en septembre 1870, Jean Griess-Traut fonde un comité central de propagande républicaine, qui fusionne en octobre suivant avec l’Association républicaine, et dont il intègre le bureau [34].

Un groupe fouriériste s’est constitué autour des Griess-Traut à Alger, avec des réunions hebdomadaires, qui, au début des années 1870, manquent toutefois « d’exactitude et d’empressement », Jean Griess-Traut déplorant que se soient desserrés entre les « membres de la famille phalanstérienne les liens que tant de causes ont relâchés ou dénoués ». Ils sont quatorze à se réunir le 7 avril 1873 pour un banquet commémorant la naissance de Fourier, où il prononce un toast « à Charles Fourier ! à l’harmonie universelle ! » [35].

Le soutien aux initiatives fouriéristes en métropole

Les Griess-Traut restent en contact étroit avec leurs condisciples français. Jean envoie, pour le 7 avril 1868, un message lu lors du banquet réuni pour l’anniversaire de la naissance de Fourier ; il se déclare en faveur du garantisme et de la coopération [36]. Lui et sa femme souscrivent en 1869-1870 pour deux actions de la société exploitant la librairie des sciences sociales [37].

Très favorables à la réalisation, ils sont attentifs aux entreprises sociétaires qui sont tentées en métropole – où ils effectuent plusieurs séjours. En 1862, ils prennent deux actions de la Société qui a acquis le domaine de Condé, où s’installe un ménage sociétaire [38]. Ils sont proches d’Henri Couturier, le fondateur de la Société de Beauregard de Vienne, dont ils sont actionnaires ; ils correspondent avec lui et ils lui rendent visite [39]. Ils visitent dès octobre 1868 le Familistère de Guise et sont abonnés en 1881 au Devoir, la revue publiée par Jean-Baptiste Godin [40]. Ils aident financièrement la Maison rurale fondée par Jouanne à Ry (Seine-Maritime) [41]. Jean Griess-Traut soutient les efforts de Duval, le directeur de L’Économiste français, en faveur de la coopération [42]. Il envoie également depuis Alger son adhésion – dans ce cas toute théorique – au Cercle parisien des familles constitué en 1870-1871 par Valère Faneau et plusieurs membres du Centre de l’École sociétaire pour favoriser les relations et organiser les distractions de fouriéristes et de sympathisants dans la capitale [43].

Il est, ainsi que sa femme, un militant pacifiste : adhérent de la première heure de la Ligue de la paix de Frédéric Passy et de la Ligue de la paix et de la liberté de Charles Lemonnier, toutes les deux nées en 1867, il apporte son aide financière à la publication des Etats-Unis d’Europe publiés par la seconde organisation [44].

Le retour en Europe

Vers le milieu des années 1870, les Griess-Traut reviennent en Europe (en avril 1874, ils sont encore à Alger). Ils séjournent un moment en Suisse (ils célèbrent l’anniversaire de Fourier à Zurich les 7 avril 1875 et 1876) [45], puis s’installent à Paris et participent en avril 1877 au banquet phalanstérien du Centre sociétaire [46].

Jean Griess-Traut se retrouve à nouveau mêlé aux discussions concernant l’Union agricole du Sig. En 1871, alors qu’il est encore en Algérie, il se prononce pour la dissolution de la Société, incapable selon lui d’arriver à des résultats satisfaisants ; il souhaite que l’on reporte les efforts et le produit de la liquidation sur une œuvre dans le Midi de la France . Mais en 1875, depuis la Suisse, il demande la location d’une partie des terres et d’un pavillon, afin d’y établir un ménage sociétaire qui vivrait de façon indépendante de l’Union ; il renouvelle sa demande l’année suivante, sans obtenir satisfaction [47].

De 1876 à 1880, il est présent, avec sa femme, aux assemblées générales des actionnaires de l’Union qui se déroulent à Paris. A ce moment, la société est dans une situation difficile : la tentative de réorientation de l’Union dans une direction sociétaire, par des administrateurs fouriéristes dont Henry Gauthier et Victor Considerant, a échoué et a provoqué un important déficit financier. Lors des réunions d’actionnaires, dans des articles publiés dans La Finance nouvelle ainsi que une brochure publiée en 1879, Jean Griess-Traut critique violemment la gestion et les décisions du conseil d’administration, de façon parfois très contradictoire. Il se fait le porte-parole des actionnaires déçus par l’absence de dividende, ce qui les amène à réclamer l’abandon de « l’utopie phalanstérienne » ; mais en même temps, il dénonce l’oubli des objectifs sociétaires et proteste contre les projets de vente d’une partie des terres, opération destinée à réduire la dette de la société et à assurer la survie de l’entreprise. Il affirme qu’il est possible à la fois de garder l’ensemble des terres, de les mettre en valeur, et de satisfaire les actionnaires en leur distribuant des revenus. Il s’en prend directement et parfois violemment aux administrateurs, dont il critique l’incompétence et semble suspecter l’honnêteté, notamment quand il dénonce la pratique des jetons de présence pour les rémunérer, ainsi que le salaire du directeur de l’Union, trop élevé selon lui ; il demande la formation d’une commission qui se substituerait au conseil d’administration et qui préparerait la révision des statuts [48].

Ces critiques lui valent une réponse exaspérée et virulente des administrateurs (à l’exception de son ami Couturier, qui se désolidarise de ses collègues). Ceux-ci dénoncent « l’esprit de dénigrement systématique combiné avec un intérêt personnel habilement dissimulé » et attaquent la personnalité et le comportement de Griess-Traut [49]. Il continue cependant à dénoncer l’action des administrateurs et lance en 1880 « un appel fraternel et chaleureux pour la fondation d’un ménage sociétaire à l’Union agricole d’Afrique […] Créons un ménage sociétaire, un hivernage précieux, un rendez-vous des amis et des condisciples, un milieu intellectuel affectueux. Créons-y la vie à bon marché », et lors du banquet du 7 avril 1880, il porte un toast « au premier ménage sociétaire à l’Union » [50]. Mais le conseil d’administration de l’Union agricole repousse cette proposition.

Par ailleurs, Griess-Traut participe en 1877 à la création d’une société, le Comptoir des producteurs et des consommateurs, à l’initiative du coopérateur Favelier [51]. En 1881, avec plusieurs autres fouriéristes, il propose la création d’un « Cercle phalanstérien », c’est-à-dire d’un « centre de réunion pour phalanstériens, centre où viendraient les familles » [52].

Il s’engage également dans le mouvement féministe, auquel participe activement son épouse, en rejoignant la Société pour l’amélioration du sort de la femme (SASF) à partir de 1878 [53] ; il milite aussi au sein de la Fédération pour l’abolition de la prostitution, ainsi que dans diverses associations pacifistes (outre la Ligue internationale de la paix et de la liberté, de Lemonnier, la Ligue du bien public, créée par Edmond Potonié). Mais il est aussi membre des sociétés industrielles de Rouen et de Mulhouse, de la Société d’histoire naturelle de Colmar, de la Société d’agriculture et de la Société d’entomologie d’Alger, de la Société protectrice des animaux : « âme ardente, jamais il n’a laissé passer une œuvre de progrès sans y participer » et « il n’a jamais apporté qu’un concours désintéressé aux nombreuses sociétés qui ont fait appel à son dévouement », écrit l’auteur de sa nécrologie dans Le Devoir, selon lequel « c’était un phalanstérien convaincu, et toute sa vie, il a fait la propagande des doctrines de Fourier » [54] ; selon la Revue du mouvement social dirigée par Limousin, « l’école phalanstérienne et la cause du progrès viennent de perdre un de leurs plus zélés adeptes. M. Griess-Traut cachait dans un corps chétif une activité dévorante et un grand esprit d’initiative. Partout où se fondait où se développait une société se proposant un objet utile, on voyait arriver M. Griess-Traut, accompagné de sa femme qui fut sa collaboratrice dévouée et le seconda en tout » [55].

Partisan de la crémation – qui n’est pas autorisée par la loi en France au moment où il meurt –, il est incinéré à Milan [56].