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Künzli, Jean
Article mis en ligne le 6 avril 2023

par Desmars, Bernard, Sosnowski, Jean-Claude

Né vers 1803 à Usler (Suisse), décédé le 3 février 1883 à Asnières (Hauts-de-Seine). Médecin à Paris des années 1830 jusque vers le milieu des années 1870, puis rentier à Asnières. Collaborateur du Phalanstère, puis du Nouveau Monde, président d’un comité créé par le groupe du Nouveau Monde pour évaluer l’homéopathie.

Entre 1824 et 1826 ou 1827, Jean Künzli est en Espagne, au sein du premier régiment suisse de l’armée française qui a pour mission de rétablir le roi Ferdinand VII sur son trône [1] ; il est chirurgien-major en Catalogne, puis à Madrid [2]. Il est fait chevalier de Saint-Ferdinand d’Espagne.

Il soutient deux thèses en 1829, l’une à Zurich, l’autre à Montpellier, la seconde sur la gastrite [3]. Puis, en mai 1831, il se rend en Pologne pour aider ceux qui se sont élevés contre la domination russe ; il est accompagné d’un autre médecin et de trois étudiants de la faculté de médecine parisienne [4] ; il exerce alors les fonctions de chirurgien dans les hôpitaux militaires de Varsovie. Son engagement lui vaut d’être nommé « officier de la Croix d’or de Pologne » [5].

De retour en France, il exerce un moment dans les hôpitaux civils de Paris. Lors de l’épidémie de choléra de 1832, il se manifeste « par son dévouement » [6]. Il présente à l’Académie des sciences un mémoire sur le choléra [7].

D’après les indications mentionnées sur la couverture de l’un de ses ouvrages, publié en 1840, il est « médecin des pauvres de l’Église réformée et de la Société helvétique de bienfaisance de Paris, membre du comité de salubrité du quartier du Palais-Royal et de plusieurs sociétés savantes nationales et étrangères » [8] ; il est en particulier membre correspondant de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres d’Indre-et-Loire [9]. Il donne à Paris des consultations médicales gratuites : « les pauvres peuvent s’adresser à lui […] ; il leur prodiguera ses soins sans rétribution » [10].

Médecin et fouriériste

Sa première participation connue au mouvement fouriériste consiste en un article publié en 1833 dans Le Phalanstère : il s’efforce de montrer, en particulier aux « hommes timorés » que le passage à la société harmonienne pourra se faire sans heurt et sans nuire aux « droits acquis » [11]. L’année suivante, paraît dans la Revue du progrès social, dirigée par Jules Lechevalier, un texte de nature philosophique qui est bientôt publié en librairie [12], puis réédité en 1839 avec une préface ; l’auteur y déplore « l’absence complète d’un principe scientifique supérieur en physique et en physiologie, mais surtout en pathologie et en thérapeutique, principe qui pourrait diriger les recherches actuelles flottantes, leur donner un appui et révéler la véritable signification des faits » ; aussi, son « écrit, tout restreint qu’il soit […] fixera quelques jalons dans le vide, qui pourront guider nos pas, qui pourront devenir centre d’attraction de nos travaux ; car si jamais la médecine doit sortir de son état d’incertitude, si jamais elle doit prendre place parmi les véritables sciences, ce sera lorsque, portrait fidèle de la nature, elle aura conquis son auguste simplicité avec ses richesses infinies » [13]. Cette seconde édition fait l’objet d’un compte rendu très favorable d’Eugène Stourm dans Le Journal du peuple [14].

À la fin des années 1830, Künzli est proche des fouriéristes dissidents groupés autour de Jean Czynski et de son organe, Le Nouveau Monde. Il rédige une « exposition de la théorie sociétaire en allemand » [15]. Fin 1839, il est l’un de ceux qui exposent la théorie phalanstérienne dans le local de l’Institut homéopathique de Benoît Mure [16].

Il collabore à l’hebdomadaire L’Association. Journal général de la Champagne, d’inspiration fouriériste, avec un long article sur la situation économique et les problèmes sociaux : « Le travail manque parce que tout est abandonné au hasard, parce que toutes les industries sont exercées pêle-mêle par les diverses classes de la société. […] Singulière société que celle qui veut vivre sans plan et sans unité, sans coordination d’efforts » [17].

Jean Künzli fait partie du « comité de la souscription universelle pour la fondation du premier phalanstère », aux côtés de Jean Czynski, d’Arthur de Bonnard, d’Hyacinthe Confais, de Charles Harel, de Césarine Mignerot, de Benoît Mure et d’Eugène Stourm. Il est ensuite nommé pour siéger parmi les cinq membres composant le conseil de surveillance de cette entreprise [18]. Il propose, dans les colonnes du Nouveau Monde de « faire des cours de langues et littératures allemandes, italiennes ou espagnoles, et d’en consacrer le produit à la souscription » [19].

Dans l’Almanach social pour 1841, il figure sur la « liste des principaux artistes et travailleurs appartenant à l’École sociétaire résidans [sic] à Paris » ; il demeure alors au 3, boulevard Saint-Martin [20].

Le rapport sur l’homéopathie

Au sein du groupe du Nouveau Monde, des discussions opposent partisans et adversaires de l’homéopathie. Un lecteur conseille à la direction du journal de ne pas s’« occuper de magnétisme, de phrénologie et d’homéopathie » ; mais selon Jean Czynski, « l’analogie de la science nouvelle avec le principe de la théorie sociétaire nous font un devoir de répondre à son appel en livrant à l’examen le nouveau système », c’est-à-dire l’homéopathie ; un comité spécial est donc créé, sous la présidence du « docteur Künzli, aussi recommandable par son talent que par l’intégrité de son caractère » [21]. Les travaux de ce comité aboutissent à un rapport, qui, annonce Le Nouveau Monde, montre que son auteur, Künzli, « n’est ni un adversaire systématique de l’homœopathie, ni un partisan aveugle » [22]. Ce rapport, inspiré par « l’amour seul de la vérité » et « le désir du bonheur de l’humanité », est publié, d’abord dans l’organe fouriériste [23], puis sous forme de brochure [24].

La « loi des semblables » le laisse très sceptique ; et il regrette qu’Hahnemann ait voulu obtenir « la gloire du créateur » et apparaître comme le fondateur d’une nouvelle médecine, alors que ses recherches pouvaient très bien s’insérer dans le cadre classique des études médicales. Il finit son rapport en résumant les différentes critiques qu’il adresse à l’homéopathie, mais aussi en félicitant son fondateur pour avoir « démontré que toute maladie est une affection générale » ; il ajoute d’ailleurs que certaines de ses « objections ne peuvent avoir une valeur absolue », avant des études approfondies [25].

Ce rapport suscite de « nombreuses protestations » ; la rédaction du Nouveau Monde reçoit « une foule de lettres de Paris et de la province dans lesquelles on cherche à nous convaincre de l’efficacité des petites doses » ; visiblement favorable à la « science nouvelle », elle espère que « M. le docteur Künzli arrivera à le reconnaître par suite des expériences auxquelles il a promis de se livrer ». Elle reproduit une lettre d’un nommé Adolphe Leboucher, « un des disciples de l’illustre Hahnemann » [26], très hostile à Künzli, dont les connaissances et les compétences médicales sont remises en cause.

Éloigné du mouvement fouriériste

Après 1841, on ne voit plus le nom de Künzli dans les imprimés fouriéristes. En 1843, il épouse en Suisse Christina Augusta Emilia Schenk ; une fille naît en 1844. Il habite alors boulevard du Temple, puis s’installe rue Laval (actuelle rue Victor-Massé) avant de s’établir rue des Martyrs à la fin des années 1840 [27]. Il publie deux ouvrages sur la médecine, l’un sur l’organisation du monde médical [28], l’autre sur des maladies et leurs remèdes [29].

En 1848, après l’avènement de la République, il adresse à l’Assemblée une pétition et un projet de loi sur la réorganisation de la médecine et propose « l’institution d’une médecine et d’une pharmacie publiques et gratuites pour toute la France » [30].

Il demeure à Paris (rue des Martyrs jusque vers 1860 ; puis boulevard de Clichy jusqu’au début des années 1870 [31]. Il figure dans un répertoire d’adresses établi sous le Second Empire par le Centre sociétaire [32], mais ne semble pas avoir participé à la réorganisation du mouvement fouriériste au milieu des années 1860.

Il exerce encore la médecine à Paris au début des années 1870 (il réside place de l’Opéra [33]). Puis, il s’installe à Asnières où il est recensé en 1881.


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Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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