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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Tome 11, MEMO-O (index, pages 89-93)
Article mis en ligne le 26 mai 2020
dernière modification le 29 mai 2020

Page 290

Minerve, chez les Romains, Pallas Athênê chez les Grecs

Déesse de la beauté, des arts et de la prudence guerrière. Pierre Leroux apostrophant Proudhon :
« Ah ! vous voulez renvoyer toute la science politique aux musées et aux bibliothèques, mon cher Proudhon. Il me semble entendre Fourier, votre ancien maître, celui dont vous avez sucé le lait, quoi que votre orgueil en dise ; car, bien que vous souteniez que vous n’avez jamais demandé la lumière à aucune école, vous n’êtes pas sorti tout armé de votre propre cervelle, comme Minerve du cerveau de Jupiter, et tous ceux qui vous connaissent — Index page 90 — savent fort bien que Besançon vous vit fouriériste dans votre jeune âge. »

Page 434

Monde industriel (Le nouveau), ou Méthode sociétaire naturelle, par Charles Fourier (Paris, 1829, in-8°)

Cet ouvrage se compose d’une préface, de six sections et d’un épilogue. L’auteur y propose de quadrupler immédiatement le produit de l’industrie, de déterminer les maîtres à affranchir les esclaves, de policer les barbares et les sauvages, enfin d’établir tout de suite l’unité de langage, de poids et mesures et de monnaies. Fourier veut résumer à peu près toutes ses doctrines dans un livre substantiel et accessible au commun des lecteurs. Il ne craint pas de n’être pas compris, mais il a peur que l’énormité de ses promesses ne les fasse considérer comme du charlatanisme. Le soupçon de jonglerie l’épouvante ; pourtant, il faut bien qu’il se résolve à dire des choses inouïes, puisqu’il a des preuves à l’appui. « Les charlatans scientifiques, dit-il, ont soin de ne pas heurter l’opinion ; ils prennent des formes patelines, insinuantes ; ils évitent les annonces invraisemblables ; mais celui qui publie une découverte réelle ne serait qu’un charlatan s’il ne contredisait personne ; il n’apporterait rien de neuf : Colomb, Galilée, Copernic, Newton, Harvey, Linné furent obligés de heurter de front leur siècle, de démentir les opinions les plus enracinées. »
C’est de la destinée du genre humain qu’il s’agit. Voici les diverses périodes par lesquelles l’espèce a passé ou doit passer, suivant l’auteur. La première est la période bâtarde où la terre était privée de l’homme ; la seconde est la période primitive dite Éden, à laquelle ont succédé la sauvagerie ou inertie, le patriarcat ou petite industrie, la barbarie ou moyenne industrie, la civilisation ou grande industrie. Il y en a plusieurs autres en perspective ; ce sont : 1° le garantisme ou demi-association ; 2° le sociantisme ou association simple ; 3° l’harmonisme ou association composée. Il ne fait pas mention des périodes suivantes, parce qu’en l’état des choses le monde actuel ne saurait s’élever au delà de l’harmonisme.
On voit qu’il n’y a que de l’industrie dans la destinée humaine telle que la conçoit Fourier. Il est inutile, à ce qu’il suppose, de s’occuper d’autre chose. Le moral est un appendice du physique. Le jour où l’homme aura des jouissances matérielles à discrétion, il sera heureux et « alors finiront, dit-il, nos controverses parasites sur le bonheur, la sagesse, la vertu, la philanthropie ; il sera prouvé que le vrai bonheur consiste à jouir d’une grande richesse et d’une variété infinie de plaisirs, vérité que nos philosophes ont niée, parce que leur science ne peut donner ce genre de bonheur à personne, pas mêmes aux sybarites ni aux monarques. »
Voilà le but indiqué ; mais quel est le moyen de l’atteindre ? L’attraction passionnée. Fourier désigne ainsi les passions qui résistent à la raison, au devoir, aux préjugés de toute espèce. Le but de la société doit être de satisfaire les passions. Or de tout temps l’attraction passionnée a tendu à trois buts : 1° au luxe ou plaisir des cinq sens ; 2° aux groupes ou séries de groupes, mariage, famille, cité, État ; 3° au mécanisme des passions, caractères et instincts. L’auteur, loin de proscrire le luxe ou de vouloir l’atténuer, le proclame un des ressorts principaux de la vie, comme il l’est effectivement dans la vie moderne. Le luxe comprend tous les plaisirs sensuels. « En les désirant, dit Fourier, nous souhaitons implicitement la santé et la richesse, qui sont les moyens de satisfaire nos sens ; nous souhaitons le luxe interne ou vigueur corporelle, raffinement et force des sens, et le luxe externe ou fortune pécuniaire. Il faut posséder ces deux moyens pour atteindre au premier but de l’attraction passionnée, qui est de satisfaire les cinq ressorts sensuels : goût, tact, vue, ouïe, odorat. » Le monde est fait à rebours, car il néglige systématiquement de tendre aux fins de la nature. Les trois quarts du labeur social consistent à réprimer au lieu de produire. Le jour où on supprimerait l’individu, ou mieux, où il serait devenu un associé de tous, il ne s’amuserait plus à s’approprier le bien d’autrui, car il se ferait tort à lui-même. Mais pour que l’association produise ses fruits naturels — Index page 91 —, il importe qu’elle soit limitée. La moyenne de la série passionnée ou association partielle de Fourier est de dix-huit cents personnes. C’est cette association de dix-huit cents personnes que l’auteur nomme une phalange ; un phalanstère est le champ sur lequel ces dix-huit cents personnes travaillent en commun. Il en décrit longuement les avantages.
Dans les intérêts sociaux, il y a trois choses à considérer le capital, le travail et le talent. Il s’agit de donner à chacun selon son apport ; car Fourier ne veut, à aucun degré, de la communauté des biens. L’auteur, à travers un fouillis d’idées plus originales que pratiques, donne sur l’éducation, et surtout sur celle de l’enfance, des considérations de l’ordre le plus élevé et qui attestent chez lui une largeur d’esprit singulière. Le Nouveau monde est d’ailleurs le chef-d’œuvre de Fourier, au point de vue du style et de la clarté de l’exposition.

Page 436

Le Nouveau Monde, journal socialiste, fondé par Louis Blanc

Le Nouveau Monde, journal socialiste, fondé par Louis Blanc et rédigé en grande partie par lui (15 juillet 1849-1er mars 1851, 2 vol. in-8°) ; le but de la publication est exposé dans ces lignes : « Imaginez une société où, par l’éducation commune, gratuite, obligatoire, tous les citoyens seraient appelés à prendre place aux sources de la science humaine ; où l’on dépenserait en écoles ce qu’il faut aujourd’hui dépenser en prisons ; où à l’usure, qui est un grossier despotisme, on substituerait le crédit gratuit, qui est la dette de tous envers chacun ; où l’on admettrait en principe que tous les hommes ont un droit égal au complet développement de leurs facultés inégales ; où l’État serait le guide, librement élu, du peuple en marche vers la lumière et le bonheur. Voilà le socialisme, voilà le nouveau monde »
Un autre journal socialiste avait déjà porté le même titre le Monde (1835-1842), fondé par Jean Czynski, un des disciples de Fourier.

Page 655

Mouvements (Théorie des quatre mouvements et des destinées générales, par Charles Fourier (Lyon, 1808, in-8°).

C’est dans cet ouvrage que le célèbre socialiste a donné pour la première fois un aperçu de son système et de son étrange cosmogonie. Comme nous avons parlé longuement des idées contenues dans ce livre aux articles Fourier et Fouriérisme, nous nous bornerons à y renvoyer le lecteur.

Page 1257

Œnologie s. f. (é-no-lo-ji du gr. oinos, vin ; logos, discours).

Art de fabriquer et de soigner les vins : « Il serait nécessaire, dans l’ordre actuel, que tout chef de maison fût initié à l’ŒNOLOGIE, qui est une connaissance difficile à acquérir. » (Fourier.)

Page 1294

Oiseaux (Le Monde des) Ornithologie passionnelle par Toussenel (1855-1858, in-18°)

Comme l’indique le sous-titre d’Ornithologie passionnelle, ce livre découle des doctrines de Fourier ; c’est un traité d’histoire naturelle doublé d’un code phalanstérien, ou plutôt l’auteur étaye le phalanstère, en fait voir la légitimité et la nécessité en étudiant les mœurs des oiseaux. Le paradoxe a bien quelque peu de part à la démonstration, mais il y a aussi des choses vraies, finement observées, profondément senties, et le difficile est de saisir le point paradoxal quand on se laisse entraîner à cette intéressante lecture. C’est le gerfaut ou faucon blanc qui donne à Toussenel la formule de la science sociale ; le gerfaut dit à l’homme : « Le bonheur des individus et le rang des espèces sont en raison directe de l’autorité féminine. Une seule loi régit l’univers : l’amour. Amour est le moteur divin, irrésistible, qui attire la terre vers le soleil, l’amant vers sa maîtresse — Index page 92 —, la sève vers l’extrémité des rameaux, la molécule métallique, soi-disant insensible, vers la molécule de la même matière. Que cette puissance s’appelle amour, attraction, affinité moléculaire, le nom ne fait rien à la chose ; elle est une ; c’est le principe universel de mouvement et de vie ; c’est la force venant d’en haut, et à laquelle cèdent avec entraînement tous les êtres créés. Les sages ont appelé cette puissance passion, du mot latin pali, qui veut dire subir, pour exprimer l’idée de la passivité de l’homme et de son obéissance forcée à la loi supérieure. La passion, principe du mouvement universel, est le verbe éternel par lequel Dieu fait entendre à toutes ses créations sa volonté et sa loi. Elle pousse l’homme au bonheur. Le bonheur, c’est, pour chaque être, l’essor intégral continu de toutes ses facultés, de toutes ses attractions mutuelles. L’être créé est heureux quand il est dans la voie de sa destinée. La liberté, qui est le moyen du bonheur, est l’obéissance à la loi d’attraction. Le satellite est intimement persuadé qu’il ne fait que suivre sa propre volonté lorsqu’il parcourt l’orbite que lui a assignée l’attraction. L’amant non plus ne fait que ce qu’il veut quand il obéit aveuglément aux caprices de sa souveraine. C’est pour cela que le peuple des amoureux est le seul qui mérite le beau nom de peuple libre, étant le seul qui obéisse au gouvernement de son choix. »
Le mouvement passionnel étant le mouvement pivotal de la mécanique céleste, chaque création astrale se résume dans un être pivotal, qui lui-même résume toutes les créations antérieures de sa planète ; tel est l’homme sur la terre, dont il est l’explication. L’histoire de l’homme nous donnera celle des bêtes que nous cherchons, et celle des fleurs, et celle de tous les règnes que nous ne cherchons pas, car Dieu est un, et l’homme étant roi sur son globe, tout le reste des êtres sur ce globe doit se modeler sur lui, en vertu du principe d’unité.
Totus ad exemplar regis componitur orbis.
La science des rapports de l’homme avec les choses créées a nom l’analogie passionnelle ; ce n’est pas une science, c’est la science, c’est-à-dire la science pivotale qui embrasse toutes les autres. »
Et l’auteur, partant de la formule du gerfaut, cherche quelle est l’influence de la femme dans la politique, la religion, la morale, la littérature ; il montre que tout est bien là où elle se fait sentir et que tout est mal où elle est annihilée. Il exalte les vertus de la poule et la tendresse des couples de pigeons ramiers ; il célèbre le moineau, le canari, l’hirondelle, fidèles sectateurs de la doctrine du gerfaut, et il n’a pas d’expressions assez blessantes pour vitupérer le coq, cet odieux tyran de basse-cour, le dindon, cet imbécile, le vautour, ce brigand. Il va de soi que les hommes sont des dindons, s’ils ne sont pas des coqs ou des vautours : il faut les destituer de la puissance qu’ils se sont arrogée. C’est par les femmes que doivent être gérées les affaires publiques, ou, si les hommes y ont part, c’est à la condition qu’ils seront jeunes et beaux, capables d’inspirer de l’amour, puisque l’amour est le promoteur et le régulateur de toutes choses. Et tous nos gouvernants sont chauves et laids. Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de révolutions ou que les plus légitimes n’avortent pas ? Si la révolution de 1789 n’a pas abouti, c’est faute d’avoir proclamé l’égalité des droits et la supériorité de la femme ; si la république de 1848 est tombée, c’est pour avoir nommé des ministres trop vieux et trop laids. M. Toussenel propose de confier l’enseignement national aux femmes, car il ne peut souffrir l’Université, cette pépinière de cuistres, de pédants et de pions ; il a horreur de l’Académie, ce musée de chauves et de laids ; il demande la tête de Lhomond*, dont le rudiment enseigne bien à tort que le masculin est plus noble que le féminin.
À travers toutes ces fantaisies, exposées avec une verve amusante, Toussenel reste un naturaliste très instruit et très ingénieux ; il décrit avec goût et exactitude plus de trois cent soixante espèces d’oiseaux, qui vivent en France et qu’il a minutieusement observées ; écrivain plein de ressources, il peint en quelques traits hardis les beautés de la nature, qu’il sent — Index page 93 — vivement. Son savoir est intarissable, comme son esprit.
[*L’abbé Lhomond (1727-1794), humaniste, pédagogue et grammairien.]

Page 1557

Ottin, Auguste Louis Marie

Sculpteur, né à Paris en 1811.
Élève de David d’Angers, et de l’École des beaux-arts, il obtint le grand prix de sculpture dans le concours de 1836, dont le sujet était Socrate buvant la ciguë. Pendant son séjour à Rome, il exécuta des figurines, des médaillons, des terres cuites, etc., dans lesquels on remarquait une rare facilité d’exécution. De retour à Paris, M. Ottin exposa d’abord quelques bustes, puis il produisit un grand nombre d’œuvres, des statues, des groupes, etc., qui attestent de l’imagination, de la fougue, de la facilité, trop de facilité peut-être, car l’exécution est fréquemment molle et lâchée. Après avoir débuté, au Salon de 1841, par un buste en marbre, il a exposé successivement Hercule présentant à Eurysthée les pommes du jardin des Hespérides, en marbre ; les bustes de Chaptal, de Quesnault, de Ingres (1842) ; Ecce Homo, en marbre (1844) ; Mater amabilis, en marbre ; Chasseur indien surpris par un boa (1846), qui valut à l’artiste une médaille de 1re classe ; l’Amour et Psyché, Leucosis, en marbre (1847), œuvres d’une grande allure, d’un jet magistral ; M. de Prony, buste en marbre (1848) ; Cheminée monumentale destinée à un palais de Florence (1850) et exécutée d’après les dessins de Lefuel. C’est une œuvre originale, très décorative, dans laquelle on remarque le buste de Ch. Fourier, placé au-dessus de deux figures représentant la Justice et la Vérité ; deux groupes d’enfants et un bas-relief figurant les diverses phases de la vie humaine. Au Salon de 1852, M. Ottin exposa le buste de Mlle Richardot et Polyphème surprenant Acis et Galatée, modèle d’un groupe qu’il a exécuté pour décorer la fontaine monumentale de Médicis, au jardin du Luxembourg, à Paris. Le gigantesque cyclope Polyphème, en bronze, guette du haut d’un rocher Acis et Galatée, qui se tiennent enlacés à l’entrée d’une grotte. C’est une composition spirituelle, pittoresque et d’un grand effet. Le géant qui surplombe le groupe amoureux est extrêmement remarquable. Le groupe en marbre d’Acis et Galatée laisse beaucoup plus à désirer. Il est exécuté mollement et avec une grâce un peu vulgaire. Quoi qu’il en soit, cette œuvre fait grand honneur à M. Ottin, qui y a fait preuve de beaucoup de talent. Depuis cette époque, l’artiste a exposé Lutteurs, le Coup de hanche (1853), morceau très remarquable ; Jeune fille portant un vase (1857), d’une exécution irréprochable ; statue eu marbre de Napoléon III ; Amour et Psyché, groupe en marbre (1861) ; l’évêque de Belsunce, buste en bronze (1803) ; Bethsabée, statue en marbre (1864) ; les Orphelins, bas-relief (1866) ; Henri IV, statue ; Ingres, buste en marbre (1868) ; Thésée précipite le brigand Scyron du haut des rochers dans la mer, groupe (1869) ; la Vérité s élevant au-dessus des nuages, statue (1870), etc. Citons encore de M. Ottin Jeune faune et Jeune chasseresse, statues en pierre qui décorent la fontaine du jardin du Luxembourg (1866), et un Hercule (1866), qui a figuré dans le parc réservé de Saint-Cloud. À la suite de l’Exposition universelle de 1867, dans laquelle cet artiste avait exposé des lutteurs en bronze, il a obtenu une 2e médaille et la croix de la Légion d’honneur. M. Auguste Ottin a, de concert avec plusieurs artistes, pris en 1874 l’initiative de la constitution d’une société ayant pour but l’exposition des œuvres des sociétaires. Cette exposition a été ouverte le 25 avril dans l’ancien atelier de Nadar, boulevard des Capucines, à Paris.

Page 1607

Owéniste n. m. (« o-vé-ni-ste »– du nom d’Owen)

Adjectivement. Qui concerne l’owénisme ou ses partisans : la secte owéniste n’a séduit ni les sauvages ni les civilisés (Fourier).


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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