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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Droguet, (Joseph Irénée) Eusèbe
Article mis en ligne le 7 mars 2024

par Desmars, Bernard

Né le 9 février 1809 à Vesles-et-Caumont (Aisne), décédé le 6 janvier 1892 à Bône (Algérie, département de Constantine). Pharmacien à Bône puis à Guelma. Conseiller municipal et membre du bureau de bienfaisance de Guelma. Actionnaire de la société fouriériste du 10 juin 1840, participant à un projet de colonie agricole à Bône en 1846 ; membre de la Ligue de l’enseignement.

Eusèbe Droguet est le fils de cultivateurs ; ses parents décèdent à Vesles-et-Caumont – son père en 1814, sa mère en 1818 – alors qu’il est encore très jeune. Au début des années 1830, il s’installe en Algérie ; il est reçu pharmacien en 1834 par le jury médical d’Alger [1]. Il exerce ensuite à Bône, où il se marie en 1837 avec Marie-Dominique Maggini, née à Ajaccio en 1815 et demeurant à Bône, mais dont les parents – le père est maçon – sont décédés en Corse en 1814 et 1835.

Fouriériste en Algérie

Afin de développer le mouvement fouriériste, Victor Considerant et ses amis fondent en juin 1840 la Société pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier ; Droguet prend une action de 50 francs [2]. Il est abonné à La Phalange au début des années 1840 [3].

Une « Compagnie agricole de Bône » est formée en 1846 dans le but de créer un « centre de colonisation agricole », projet d’abord élaboré au sein de la Société d’agriculture de la province de Bône ; il est prévu que l’on y pratique la participation des travailleurs aux bénéfices ; le comité de la compagnie, dont font partie Droguet et son condisciple Émile Biottot, demande une concession de terres aux autorités. Le projet ne semble pas avoir été plus loin [4].

Eusèbe Droguet s’éloigne ensuite du mouvement fouriériste, peut-être pour des raisons financières. C’est en tout cas ce qu’il indique aux dirigeants de l’École sociétaire qui lui ont envoyé Au Texas, la brochure de Victor Considerant publiée en 1854 :

mes idées sur l’avenir de l’humanité sont les mêmes qu’autrefois. Mais après vingt-quatre années passées sous le climat fiévreux de l’Algérie, j’ai besoin de repos et les sacrifices d’argent ne me sont plus permis. Cependant, je vous suis obligé de m’avoir adressé le livre de Considerant. Si j’étais moins vieux, j’irais au Texas [5].

Il vit à ce moment à Guelma où il a ouvert une pharmacie aux environs de 1850 [6]. Il est en relation avec un autre fouriériste du lieu, Hippolyte Laureau, inspecteur du service des bâtiments civils et architecte de la Ville : il est présent quand Laureau déclare à la mairie la naissance de sa fille [7].

Notable à Guelma

Au fil des années, il occupe plusieurs fonctions publiques à Guelma ; il est nommé en 1851 au sein d’une « commission qui aura pour but de fixer les bases d’après lesquelles devront être exécutés les alignements et les nivellements de ladite ville » [8] ; en 1855, il est désigné pour faire partie du conseil municipal de cette commune par le gouverneur général de l’Algérie [9] ; il siège dans cette assemblée communale jusqu’en 1884 [10]. Il est nommé au bureau de bienfaisance de Guelma dès sa création en 1862 [11], à la « sous-commission d’hygiène et de salubrité publique de Guelma » en 1867 [12], et, en 1879, au conseil d’hygiène et de salubrité qui vient d’être créé à Guelma [13].

Au début des années 1870, il préside le cercle de Guelma de la Ligue de l’enseignement [14]. Après l’adoption de la loi du 28 mars 1882 qui supprime l’enseignement religieux à l’école, il intervient au conseil municipal pour réclamer une application rapide de la mesure ; il semble même vouloir écarter les religieuses d’une école communale tenue par des congréganistes ; il n’est pas suivi par la majorité municipale [15].

Il pratique le spiritisme ; mais il regrette « que les exigences de la vie matérielle empêchent les adeptes, fort nombreux dans cette cité [Guelma] de se réunir comme autrefois pour obtenir des communications intéressantes ; ils ne peuvent s’astreindre à des réunions régulières » [16].
Son épouse décède en 1883. Il ne se représente pas aux élections municipales de 1884 et quitte Guelma pour Bône où il décède.