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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Aucaigne, Stanislas
Article mis en ligne le 28 juin 2007
dernière modification le 23 octobre 2015

par Bouchet, Thomas, Desmars, Bernard

Né le 2 mai 1807 à Cluny (Saône-et-Loire). Décédé le 28 juin 1884 à Cluny. Docteur en médecine, médecin à Cluny, propagateur du fouriérisme sous la monarchie de Juillet puis sympathisant fidèle.

Stanislas Aucaigne, après un baccalauréat scientifique (1829), est reçu docteur en médecine à Paris le 21 juillet 1835, avec une thèse sur « L’influence du moral sur le physique » [1] (la même année que Achard et que Juvin). Il est rédacteur à la revue fouriériste dissidente Le Nouveau Monde, en 1839. Il y écrit à propos de médecine, de religion, d’organisation sociale. Voici les titres des articles qu’il publie : « Influences du déboisement et du reboisement des montagnes » le 11 octobre 1839 (« Mais le déboisement n’est-il pas une conséquence inévitable de la désassociation, du morcellement de la propriété dans la commune ; et le reboisement régulier est-il possible autrement que par l’association et la convergence des intérêts dans la commune en harmonie ? » ; « Espérons » (11 novembre 1839) ; « La lieue carrée », qui est une description de phalanstère (21 décembre 1839) ; « Le domaine du pauvre » (11 janvier 1840) ; « La religion » (11 mars 1840) ; « Aux phrénologistes » (1er avril 1840) ; « Aux hommes de bonne foi » (21 avril 1840) ; « Association » (11 mai 1840) ; « Le Globe (un songe) » (21 mai 40) ; « L’étoile du berger » (11 juin 1840), « Enfance » (21 juin 1840) ; « Espérance » (11 juillet 1840) ; « Dieu » (1er août 1840).

Loïc Rignol montre bien sous quel angle il évoque avec plusieurs phalanstériens - Baudet-Dulary, Léopold Bresson, entre autres - un rapprochement entre la physiologie cérébrale et la science sociale créée par Fourier, et il s’inscrit dans un projet de Charles Pellarin en affirmant : « Les systèmes de Gall et de Fourier s’adaptent parfaitement l’un à l’autre ; Gall a descendu dans les profondeurs de l’organisation humaine ; Fourier a découvert le milieu social où il fallait placer le jeu de cette organisation, pour que l’homme pût atteindre le but de son existence terrestre, concourir au grand tout de l’ordre universel, harmoniser son globe, trouver le bonheur et agir d’après les volontés de l’Être suprême. » (« Aux phrénologistes ! »). Et Aucaigne ajoute dans le même article : « Le bonheur de l’homme est dans la nature de l’homme ; c’est là qu’il faut le chercher : c’est là qu’il faut le cultiver. Dieu, en nous donnant le pouvoir de lire dans notre organisation, nous a donné la puissance de remonter jusque vers la source du bonheur et de pouvoir librement y puiser. »

Il conçoit avec E. Boyron et L. Passot le projet de grouper dans une Union phalanstérienne dont le centre serait situé à Lyon les adeptes de Fourier, et d’en entretenir et propager la doctrine par des brochures remises aux membres de la société à très bon marché et distribuées si possible par eux. Avec Réalisation en mode transitoire (1840) il développe ses idées sur l’hygiène publique, sur les hôpitaux qu’il faudrait localiser en partie dans les campagnes. Il réfléchit à l’extinction de la mendicité, à une médecine sociétaire qui soignerait à meilleur compte les malades pauvres. Son projet est de résoudre les souffrances humaines par le Traité d’association de Fourier (Dictionnaire de biographie française)

Sous son impulsion, un véritable congrès phalanstérien se tient à Cluny le 28 août 1839, en présence notamment de délégués du groupe de Dijon. Un deuxième congrès a lieu dans la même ville le 27 août 1840, avec à l’ordre du jour la propagation dans toutes les classes intelligentes de la société des doctrines fouriéristes et la réalisation en mode transitoire d’instituts modèles, agro-industriels, où l’exploitation de l’homme par l’homme céderait bientôt à l’attraction (voir à ce propos Pierre Lévêque). L’Union harmonienne, née du congrès, « est fondée dans le but de réunir en corps tous les phalanstériens du globe, elle a pour mission de faciliter les relations personnelles, d’étendre entre eux et hors d’eux, les moyens de propagation et de hâter de tous les efforts le jour de la réalisation. » Aucaigne figure tout naturellement sur la liste des correspondants de l’Union harmonienne en 1840 ainsi qu’en 1841 (Le Nouveau Monde, 1er août 1841), et il fait partie des membres du comité directeur qui signent les plans de l’Union harmonienne, publication non périodique (Le Nouveau Monde, 1er octobre 1840). Il est en outre organisateur d’un grand banquet socialiste à Cluny, en août 1841 (voir Berthault-Gras et Chevalier E.). Il écrit au Nouveau Monde au nom du groupe de Cluny pour l’anniversaire de la naissance de Fourier en 1843. « A l’unité de l’Ecole phalanstérienne ! » ; « Au Centre de La Phalange ! » (Le Nouveau Monde, 1er mai 1843). Il collabore en 1845-1846 à la mensuelle Correspondance des disciples de la Science sociale, fouriériste, mais indépendante du courant principal du fouriérisme, qu’anime Victor Considerant.

En 1843, il se marie avec Marie Françoise Antoinette Poncelin d’Echevanne, fille d’un ancien percepteur des contributions directes. Son épouse décède en mars 1848. En 1865, Victor Duruy crée une Ecole normale destinée à former les professeurs de l’enseignement spécial ; cet établissement est installé à Cluny et Aucaigne participe à son service médical, en tant que médecin adjoint. Il est également médecin à l’hôpital de Cluny [2].

On le retrouve sur une liste des actionnaires de la Société d’études sociales (dans une lettre du 30 mai 1872, il s’engage pour trois actions avec garantie d’un apport de 150 francs), société que les fouriéristes veulent constituer après le congrès phalanstérien d’avril 1872, pour englober à la fois la librairie des sciences sociales, déjà existante, et le Bulletin du mouvement social dont ils projettent la création [3]. Finalement, les dirigeants de la librairie (Pellarin en particulier) ayant refusé de s’associer au projet et de se fondre dans cette nouvelle entité, la Société des études sociales ne voit pas le jour, et le Bulletin du mouvement social est fondé de façon indépendante. Aucaigne est abonné à ce bulletin en 1878 et 1879 [4] ; probablement l’était-il déjà auparavant, mais les sources manquent pour vérifier ce point.