Né vers 1786. Domicilié à Nantes (Loire-Atlantique) dans les années 1820 et jusqu’à la fin des années 1830, puis à Paris. Inspecteur des enfants trouvés pour le département de la Loire-Inférieure. Inventeur. Correspond avec Fourier et Considerant, puis est proche de l’Union harmonienne. Auteur d’un projet d’établissement phalanstérien pour enfants.
Les premières informations sur Guilbaud datent des années 1820, alors qu’il a déjà une quarantaine d’années [1] ; il apparaît à la fois dans les milieux savants nantais et dans ceux de l’assistance publique de la Loire-Atlantique.
Erudition et assistance
En 1821, il est admis à la Société académique de Loire-Inférieure comme membre résident, avec la qualité de « mécanicien » [2]. En 1831, il propose à cette société savante une « notice sur la Russie considérée sous les rapports géographiques et statistiques » à partir d’un ouvrage allemand qu’il a lui-même traduit ; en 1833, il lit une communication sur un nouveau système de moulins à vent et un rapport sur la « manière de faire le fromage de nord Hollande, connu ici sous le nom de Tête de mort » [3]. Lui-même dépose plusieurs demandes de brevet d’invention : en 1821 pour des « bateaux zooliques », c’est-à-dire des bateaux remorqueurs dont la roue à aube est mise en mouvement par la force des animaux, plus précisément des chevaux. À la fin des années 1830, avec Jacques-Barnabé-Emilien de Précorbin, un ingénieur civil également fouriériste, il demande un brevet pour un nouveau précédé de « fabrication d’un gaz d’éclairage fait avec le goudron ou brais gras végétal, la thérébentine [sic], le bitume naphte, et en général avec tous les goudrons minéraux » [4].
Dans le brevet déposé en 1821, Guilbaud est qualifié de rentier. Mais en 1826, il est nommé « inspecteur du service des enfants trouvés » ou encore « agent spécial des orphelins » par le préfet de Loire-Inférieure. Il s’occupe des enfants trouvés, abandonnés ou orphelins, confiés aux hospices civils de Nantes et placés chez des nourrices et dans des familles d’accueil à la campagne [5] ; il montre beaucoup d’activité dans cette fonction et manifeste un grand intérêt pour le bien-être des enfants [6].
Le ralliement au fouriérisme
Entre-temps, il est entré en contact avec Fourier, auquel il arrive après avoir, dit-il, vainement cherché les moyens de lutter contre le paupérisme :
Doué d’un caractère en dominance d’ultraphilie, je m’étais constamment occupé de la recherche des moyens propres à améliorer le sort des malheureux dont je m’apercevais que le nombre allait toujours croissant en dépit des jactances de nos philosophes, moralistes, politiques, économistes, tous perfectibiliseurs en paroles seulement ; la place que j’occupais aux hospices me mettait mieux à même que bien d’autres de sonder toute la profondeur de la plaie que creuse incessamment la misère. Que de projets, que de rêves n’ai-je pas faits dans le but de la guérir ou du moins de la soulager ! J’étais toujours à l’affût des idées nouvelles ; j’avais étudié et suivi celles de Jacotot, de Legris, des Saint-Simoniens ; mais aucune ne m’avait séduit, parce que je voyais bien qu’aucune d’elles ne déliait le nœud gordien. J’en étais donc là, encore réduit à faire de nouveaux châteaux en Espagne, sans pouvoir trouver l’issue du labyrinthe où je m’engageais de plus en plus, quand le hasard fit tomber entre mes mains les premiers numéros du Phalanstère, où un article de Fourier fut pour moi un vrai trait de lumière, et je me dis aussitôt : Ecce Homo : Je m’empressai de me procurer son Nouveau Monde industriel, qui me convainquit que j’avais effectivement trouvé l’homme. J’écrivis alors à Fourier pour lui demander des conseils sur le moyen d’amélioration du sort des orphelins indigens [sic], qui me paraissaient la classe la plus en souffrance, de véritables parias [7].
Fourier lui répond, en décembre 1832, qu’il ne peut lui indiquer « aucune voie d’amélioration pour le sort des enfants trouvés », car il « n’enseigne pas l’art de faire le bien en civilisation où il est impraticable » ; il ajoute que
ceux qui désirent l’avènement au bien n’ont d’autre parti à prendre que de provoquer l’essai de l’ordre sociétaire, essai d’où naîtra l’imitation subite et générale.
Ils doivent engager leurs connaissances à prendre des actions dans cette fonction, qui va être faite à Condé-sur-Vesgre, entre Houdan et Rambouillet [8].
En janvier 1833, Guilbaud écrit à nouveau à Fourier :
Je suis vraiment désolé pour mes pauvres enfants que vous ne puissiez m’indiquer aucun moyen d’améliorer leur sort ; je m’était imaginé qu’il était possible d’entreprendre quelque chose de bon et surtout de profitable à eux-mêmes avec ces enfants qui n’étant point imbus de certains préjugés communiqués par le famillisme, seraient d’autant plus aptes à recevoir de nouvelles impressions et serviraient admirablement à faire réussir un premier essai de phalanstère, mais je vois bien que vous avez raison en disant qu’en Civilisation, l’art de faire le bien est impraticable, je m’en convaincs tous les jours davantage.
Je n’ai qu’un désir, c’est que vous réunissiez promptement le nombre d’actions nécessaires à la fondation de votre essai d’association agricole et industrielle de Condé-sur-Vesgre ; cependant, je vous avouerai avec franchise que si vous n’étiez pas là vous-même pour diriger d’une main sûre et en conducteur habile le mécanisme sociétaire, je craindrais fort que cet essai ne vînt à avorter de prime abord, ou du moins ne réussît qu’à demi ; attendu que la réunion n’étant composée, d’après ce que je sais, que de laboureurs, d’artisans et de salariés, ne pourra pas offrir une assez grande variété de caractères pour former spontanément et librement le nombre suffisant d’accords et de discords nécessaires à l’harmonie, et que bientôt tout le mécanisme dépourvu de quelques-uns des rouages et engrenages nécessaires à la régularité de sa marche viendra à se distinguer ou à s’arrêter court, ce qui serait loin de faire naître l’imitation subite et générale ; mais vous l’avez assuré dans votre nouveau monde industriel : que partout où vous serez le pilote, le vaisseau arriverait à bon port, malgré la défectuosité de sa voilure et de son gréement. J’ai confiance ! parce que le pilote est habile et connaît tous les écueils ignorés des passagers, et qu’il saura les éviter. [9]
Il demande des prospectus et des actions de la Société de Condé :
Quoique je n’aie que ma place pour toute fortune, j’en prendrai moi-même une ou deux s’il m’est possible. Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute ; car autrement, je n’hésiterais pas à vous demander la faveur d’entrer de ma personne dans votre association pour prendre des leçons du maître, afin de me rendre ensuite utile ici, quand on songera ce qui ne peut tarder longtemps à en établir de semblables dans nos environs [10].
La propagande sociétaire à Nantes
Guilbaud s’efforce également de propager les idées sociétaires dans son entourage à Nantes :
J’ai prêté votre excellent ouvrage à lire à quelques amis, et il vous a fait déjà plusieurs partisans dans la classe moyenne, mais aucun parmi les gens riches : ce sont des cœurs d’airain et qui ne songent qu’à eux. Je suis vraiment fâché que dans votre système, vous ne puissiez vous passer d’eux ; car ils ne méritent guère qu’on s’en occupe. Eux et les soi-disant savants ne veulent pas vous comprendre tandis que mes nourrices vous comprennent […] ; aussi elles entreront avant eux dans le royaume des cieux que les signes des temps annoncent être proches [11].
Quelques mois plus tard, il présente devant les membres de la Société académique de la Loire-Inférieure « une communication sur les ouvrages de M. Charles Fourier et sur son système d’association » [12]. Peut-être cherche-t-il à utiliser la société savante pour diffuser la théorie sociétaire dans les milieux éclairés de Nantes et des environs. En 1835, il entre dans les instances dirigeantes de l’association avec son admission au « comité central », au côté d’Ange Guépin, lui-même proche des fouriéristes. Cependant, l’année suivante, il quitte la Société académique [13].
En 1836, il apparaît comme le correspondant nantais du Centre sociétaire ; sa correspondance suit alors un rythme rapide : ainsi, il écrit successivement à Victor Considerant les 2, 9 et 21 août et le 3 septembre ; il recueille les sommes confiées par les disciples et les sympathisants pour les adresser au Centre sociétaire ; il vend des livres – en août 1836, ce sont quatre exemplaires de Débâcle et un de Destinée sociale de Considerant. Il s’occupe de placer des abonnements à La Phalange, notamment auprès d’employés des hospices (Athénas, économe de l’hôpital général de Nantes ; Tollenare fils, receveur des hospices) ; quand un abonné n’a pas reçu son exemplaire, il le signale à Paris, ou corrige l’adresse fautive ;. Parfois, il distribue gratuitement le périodique afin de le faire connaître : ayant reçu une cinquantaine d’exemplaires des deux premiers numéros de La Phalange, il en offre au maire de Nantes, à plusieurs chambres littéraires, cabinets de lecture et cafés, à une loge maçonnique ; il en place chez des libraires et en donne à plusieurs particuliers nantais (deux avoués, un notaire, un ancien député…) ; une quinzaine sont envoyés à des « chambres de lecture » de petites villes de la Loire-Atlantique, ainsi qu’à l’établissement de bains de mer de Pornic. Il précise aussi qu’il est désormais inutile d’adresser des numéros gratuits à « M. Mallard, homme riche mais pingre » car il « ne s’abonnera pas » [14].
Ces efforts obtiennent des résultats très inégaux : le 2 août 1836, il indique que l’affiche qu’il a fait imprimer pour signaler la parution de La Phalange « n’a produit aucun effet parmi les civilisés nantais » [15]. Mais en septembre 1836, il annonce que les idées sociétaires « ont fait de nombreux partisans à Indret », dans l’arsenal d’armement où travaillent plusieurs centaines d’ouvriers ; deux employés, Fèvre et Le Gallo, en particulier, à qui il a fourni plusieurs livres, « vont s’occuper avec ardeur d’y propager la doctrine de Fourier », ce qui se traduit déjà par quelques abonnements. Il profite de ses lettres pour donner quelques recommandations à Considerant qui doit se faire assister d’« un bureau de correspondance » pour répondre à ceux qui lui écrivent.
Autrement, vous pourriez perdre une foule d’abonnés. C’était une faute qu’on avait commise avec le journal Le Phalanstère. Je me souviens de trois lettres écrites par moi pour abonnement au journal, qui restèrent alors sans réponse, ce qui fut la cause que je ne m’abonnai pas, ni ne pris d’actions dans l’affaire de Condé [16].
Gabriel Simon, autre fouriériste nantais et directeur du Breton, invite pourtant Victor Considerant à se méfier « de ce M. Guilbaud » ; il incite le chef de l’Ecole sociétaire
à ne pas trop [se] confier à lui pour la propagation de nos doctrines. Ce n’est certainement ni le zèle, ni la bonne volonté qui lui manquent, mais le tact, l’adresse. Ce tact qui fait passer mêmes les choses médiocres. M. Guilbaud est par son inconcevable gaucherie capable de ruiner les plus belles espérances du monde ; il est de ces gens qui perdent tout ce qu’ils touchent ; il est de ces amis dont il faut prier le ciel de nous délivrer [17].
Un essai phalanstérien pour les enfants : le premier projet (1837)
Guilbaud est surtout connu par son projet d’essai phalanstérien destiné à des enfants. Probablement au cours de l’année 1834, « n’entendant plus parler ni de l’affaire de Condé, ni des Phalanstériens », après la disparition du Phalanstère, il se rend à Paris pour rencontrer Fourier.
Je lui demandai alors s’il ne pensait pas qu’il y aurait quelque parti à tirer des enfants trouvés, et il me répondit qu’il le pensait ; mais que malheureusement, il n’y avait pas de plan de fait, et que lui, il lui était impossible d’entreprendre de le faire, et de me servir pour cela des matériaux qui se trouvaient disséminés dans ses ouvrages, et qui étaient plus que suffisants pour l’établir [18].
Au cours du premier semestre 1836, il élabore un « travail préparatoire » qu’il soumet « à l’examen du Maître ». Fourier apporte quelques corrections et le lui rend au mois de juin. En août, Guilbaud annonce à Considerant que le projet est en cours d’impression [19]. Parallèlement, il envoie
une annonce imprimée du projet de la maison rurale d’asile-modèle au ministre de l’Intérieur, à tous les préfets aux et aux diverses administrations d’hospices, ainsi qu’à Muiron, qui inséra à ce sujet un article dans la Phalange du 10 novembre 1836.
Après avoir apporté quelques modifications au projet initial, il retourne voir Fourier qui approuve la nouvelle version,
me disant que maintenant je pouvais marcher, et que je pouvais de plus compter sur lui pour la mise en train, quand tout serait prêt à Clisson [à une vingtaine de kilomètres de Nantes], où j’avais dessein d’établir la maison. Ledit projet rédigé de manière à ne pas heurter les civilisés, fut immédiatement imprimé [20].
La brochure, d’une vingtaine de pages, est intitulée : Projet de fondation d’une maison rurale d’asile-modèle pour les enfants trouvés, à établir au moyen d’une souscription philanthropique, par actions rapportant des intérêts aux souscripteurs. Le but est
la réunion dans un seul grand ménage, à la campagne, d’une masse de 200 enfants trouvés de trois à treize ans, garçons et filles, aujourd’hui disséminés chez cent pauvres paysans, dans cent misérables petits ménages, éparpillés dans vingt communes, pour être employés utilement et avec une économie immense, sous la direction de vingt maîtres conducteurs, en travaux de culture, de fabrique et de ménage, suivant le régime d’industrie combinée, attrayante de Charles Fourier [21].
Guilbaud s’appuie sur son expérience pour souligner les faiblesses des services d’assistance aux enfants :
A un certain âge, bon nombre d’entre eux se trouvent souvent lancés dans le monde sans appui et sans moyens d’existence, se portent au mal et viennent en définitive peupler les prisons et les bagnes.
Alors que dans la « Maison rurale d’asile »,
une foule de moyens neufs et efficaces seront mis en œuvre pour opérer l’éclosion précoce, des nombreuses vocations industrielles des enfants, pourvoir à leur bien-être intégral et leur donner l’éducation théorique et pratique désirable, en leur présentant à tous, par des occupations variées, les amorces nécessaires pour qu’ils soient entraînés d’eux-mêmes à apprendre simultanément plusieurs professions lucratives.
Guilbaud énumère les avantages pour la société : disparition progressive de la mendicité et du vagabondage, de la prostitution et de la délinquance ; économies pour les services d’assistance. Il compte sur l’apport de capitaux privés, qui recevront d’ailleurs des dividendes.
Le projet précise que la Maison doit être située à peu de distance d’une grande ville et être facilement accessible par une grande route et une rivière, à la fois pour permettre l’approvisionnement et pour faciliter l’accès de visiteurs venant « admirer l’harmonie de la petite Phalange-Modèle de 200 enfants ». Guilbaud présente les différents locaux, parmi lesquels, outre les dortoirs, cuisines, etc., figurent une école, un salon de musique et « une galerie régnant le long de la façade de la Maison », selon le modèle de Fourier. L’établissement comprend aussi une ferme et de nombreux ateliers (de menuiserie, de mécanique, de serrurerie), entourés de 50 à 60 hectares de terres cultivables, dont une grande partie sera consacrée à la production de légumes, grâce à l’utilisation de l’irrigation et à l’emploi d’engrais. Les travaux, dont Guilbaud fait la liste, sont nombreux et variés, et chaque enfant s’y livre en fonction de « ses goûts et instincts naturels », chaque activité ne pouvant durer plus d’une heure ou une heure et demie.
Les enfants et les vingt maîtres qui les encadrent sont rétribués au titre du travail et du talent, les actionnaires l’étant pour le capital qu’ils ont investi. A la fin de la brochure, des tableaux prévisionnels des recettes et des dépenses doivent d’ailleurs les rassurer sur la viabilité financière du projet.
Cependant, le projet n’a pas de suite, ni du côté des souscripteurs, ni du côté des pouvoirs publics auxquels Guilbaud a transmis sa brochure.
La maison rurale, industrielle d’apprentissage (1840)
En 1838, Guilbaud démissionne du service des enfants trouvés, en mettant en avant des « infirmités graves » qui l’empêchent de remplir ses fonctions [22]. Il quitte Nantes et part vivre à Paris. Il s’éloigne également de l’Ecole sociétaire dirigée par Victor Considerant ; il fréquente désormais les fouriéristes de l’Union harmonienne et du Nouveau Monde, favorables à la réalisation rapide de la théorie sociétaire ou tout au moins de certaines de ses parties. En 1839, il fait graver un médaillon représentant le visage de Charles Fourier. Selon Le Nouveau Monde,
L’artiste [ Dominique Mahlknecht ] a rendu, avec bonheur, les traits caractéristiques, la pensée, les souffrances et la dignité de l’auteur du Traité d’association.
Guilbaud vend ce médaillon au prix de deux francs [23]. Le Nouveau Monde signale en 1839 son invention (avec Précorbin) sur le gaz d’éclairage ; il affirme que la municipalité de Brest a acheté le droit d’exploiter le brevet [24].
Il publie un Plan pour l’établissement comme germe d’harmonie d’une maison rurale industrielle d’apprentissage pour 200 élèves de toutes classes, garçons et filles, de 5 à 13 ans [25]. Ce projet s’adresse désormais aux « enfants de toutes conditions » ; il s’inscrit explicitement dans la perspective du futur phalanstère. S’il s’agit toujours de donner « une excellente éducation professionnelle [aux] enfants », l’objectif est dorénavant
d’arriver promptement, par un essai minime et facile avec des enfants, à la réalisation de la belle théorie de quadruple produit de Ch. Fourier, par l’organisation spontanée de séries passionnées […]
[et] d’offrir aux harmoniens de désir et d’action, en ce moment disséminés, un point central de ralliement, le moyen d’utiliser leurs talents pour le plus grand avantage de l’œuvre commune, un placement avantageux et sûr de leurs capitaux […]
Enfin, et c’est là le but pivotal, de prouver aux incrédules d’aujourd’hui, par des résultats de visu plus efficacement et plus sûrement que par des paroles ou des écrits, la réalité du nouveau monde industriel découvert par le puissant génie de Ch. Fourier.
La localisation de l’établissement, la distribution des bâtiments et l’organisation des activités ressemblent à celles du projet présenté en 1837. Le domaine envisagé ne s’étend plus que sur quinze à trente hectares. Des précisions, faisant appel au vocabulaire fouriériste, sont apportées sur les différentes catégories d’enfants (chérubins, séraphins, lycées, gymnasiens) et sur les groupes de travail (les séries, les passions mécanisantes), avec des références aux ouvrages de Fourier. Des tableaux détaillés prévoient la « distribution, [les] mouvements et [les] engrenages journaliers » des apprentis pour chaque jour de la semaine.
La brochure finit par la liste des premiers souscripteurs, principalement des membres du groupe du Nouveau Monde (Czynski, Stourm, Confais, Boissy, Héronville, …). Cependant, ce projet, pas plus que le précédent, ne semble avoir un début d’exécution. L’année suivante, il publie un nouveau texte, Phalanstère d’enfants, avec un appel à souscription, et encore un Projet de fondation d’une colonie agricole de jeunes orphelins ou ferme d’asile et d’apprentissage. On perd ensuite sa trace.
Ses intentions – commencer la réalisation par les enfants – se retrouvent dans la création à Ry (Seine-Maritime) à la fin des années 1860 de la Maison rurale d’expérimentation sociétaire par Adolphe Jouanne. Celui-ci, dans la Revue du mouvement social, déclare avoir voulu commencer « l’expérimentation de la Théorie sociétaire sur les enfants, d’après les plans de Guilbaud, plans que Fourier lui-même avait approuvés » [26].