Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Buchon, Joseph Maximilien, dit Max
Article mis en ligne le 8 février 2008
dernière modification le 3 décembre 2017

par Bouchet, Thomas

Né à Salins (Jura) le 8 mars 1818, mort à Salins en 1869. Poète et romancier régionaliste ; proche de l’Ecole sociétaire sous la monarchie de Juillet.

Max Buchon est le fils de Jean-Baptiste Buchon, capitaine en retraite, et de Jeanne-Louise Pasteur. Après l’incendie qui ravage Salins, la famille se réfugie dans la vallée de la Loue, à Vuillafans (Doubs). Max est placé au petit séminaire d’Ornans ; là, il rencontre Gustave Courbet (un voisin ; peut-être même un cousin). Son père le place ensuite chez les jésuites, à Fribourg (Suisse), en 1834. Il y reste trois ans, il y apprend l’allemand, il s’y forge une solide culture classique. Il est l’auteur d’Essais poétiques parus à Besançon en 1839 et illustrés de lithographies de Gustave Courbet. C’est probablement vers 1838 qu’il fait la rencontre de Victor Considerant ; ce qui est sûr, c’est qu’il le rencontre à Paris dans l’hiver 1841-1842. Il s’intéresse, chez Fourier, au principe de l’attraction passionnelle ; une solide amitié le lie à Considerant, qu’il admire. Le 6 juin 1841 il publie un poème à sa gloire :

O Victor, O jeune homme aux allures antiques
C’est toi qui te drapas dans ces plis prophétiques ;
Tu trouvas qu’à ta pose il n’allait pas trop mal...
Et tu fis dès ce jour comme avait fait le maître,
Et le monde s’enquit en te voyant paraître
Si l’Autre gisait bien dans son lit sépulcral !

Il écrit dans La Démocratie pacifique, puis dans des journaux libéraux salinois. Il préside le 12 avril 1845 le banquet phalanstérien organisé par le petit cercle salinois pour commémorer la mort de Fourier. Dix-sept convives sont présents. Buchon propose dans son discours « un résumé de l’histoire rétrospective de l’Ecole sociétaire. » Il anime le cercle, à l’origine d’une petite bibliothèque sociétaire où figurent, semble-t-il, essentiellement des ouvrages de la Librairie sociétaire. il écrit à partir de 1844 des articles sur l’Ecole sociétaire dans Le Salinois. un périodique né en 1839, qui devient politique en 1840, et où le fouriérisme est une composante parmi d’autres (le journal rapporte des articles de La Phalange puis de La Démocratie pacifique, surtout à propos des affaires extérieures). Au banquet de 1846 il affirme sa solidarité avec les « prolétaires qu’on affame et les peuples qu’on assassine », il propose un patriotisme visant au bonheur de tous : « Affranchissons d’un seul coup toutes les nationalités en fondant ce congrès universel... » L’assistance est plutôt constituée de sympathisants que de fouriéristes déclarés, comme l’indique Le Salinois après le banquet de 1847 (numéro du 10 avril)

La réunion sans être nombreuse comprenait parmi ses membres quelques-unes des honorables notabilités de notre ville, nous ne dirons pas toutes complètement acquises à la science sociale, mais du moins d’une généreuse sympathie pour une doctrine qui, en ces temps de détresse vient offrir au monde les moyens d’en sortir et d’arriver au bonheur pour tous par l’association.

Actif à la fin de la monarchie de Juillet, riche de 2000 francs de revenu, il se mobilise aux lendemains de la révolution de Février 1848. Il participe le 11 juin 1848 à la création de La démocratie salinoise (qui devient La Démocratie jurassienne en décembre), pour faire pièce à un Salinois trop modéré à son goût. Il épaule dans cette entreprise Victor Richardet, un leader du mouvement démocratique de Salins. Ce journal affirme l’importance du combat social, dans le fil d’abord des idées de Considerant. Puis l’influence des idées de Proudhon s’affirme, sans que le fouriérisme soit totalement oublié. La Démocratie jurassienne, victime de plusieurs poursuites, disparaît en 1850. Buchon incarne bien, sous la Deuxième République, un intéressant mouvement de syncrétisme politique et social. « Les dirigeants locaux, fouriéristes ou teintés de fouriérisme, sont en quelque sorte intégrés au sein des réseaux relationnels du mouvement démocratique. [1] » En 1848, il fait partie du Conseil municipal de Salins (il est deuxième adjoint), ainsi que de la Solidarité républicaine de Delescluzes et de Martin-Bernard. Au soir du 14 juin 1849, il participe activement à un banquet politique d’opposition, contre la politique romaine du gouvernement ; il est alors l’une des figures majeures de la vie politique locale. Poursuivi pour provocation à la haine du gouvernement en relation avec les événements parisiens du 13 juin, il est acquitté en janvier 1850 par les assises ainsi que ses coaccusés (le docteur Adrien Broye, le maire Chavet, le commis-voyageur Toubin) ; ils sont accueillis dans l’enthousiasme (« Vive Buchon ») à leur retour en janvier 1850, et une sérénade leur est donnée [2]. Il est considéré par la police en 1851 comme « un des principaux chefs des sociétés secrètes ». Un mandat d’amener est délivré contre lui au lendemain du coup d’Etat du 2 décembre 1851 ; il choisit de fuir et il gagne la Suisse ; là, il écrit des romans. Le sénateur Silas Tourangin intercède en sa faveur, pour que son exil cesse. De retour à Salins en 1856, il y poursuit son œuvre réaliste et régionaliste. Il laisse également deux études sur les fromageries franc-comtoises, en 1866 et en 1869 ; ces textes font indirectement écho aux analyses de Fourier puis de Considerant sur la question.