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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Walsin Esterhazy, Louis Joseph Ferdinand
Article mis en ligne le 18 décembre 2022

par Desmars, Bernard

Né le 18 mai 1807 à Nîmes (Gard), décédé le 1er septembre 1857 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Polytechnicien, officier de l’artillerie. Actionnaire de l’Union agricole d’Afrique

Louis Joseph Ferdinand Walsin Esterhazy [1] est issu d’une famille de la noblesse hongroise installée en France au XVIIIe siècle [2]. Après ses études au collège de Nîmes, il entre à l’École polytechnique en 1826. Deux ans plus tard, il rejoint l’École d’artillerie à Metz. Il est ensuite lieutenant à Toulouse. En 1831 ou 1832, il est muté en Algérie ; il y reste dix-neuf années, d’abord dans l’artillerie, à Oran, à Alger et à Bône ; il est promu capitaine en 1834 et obtient la Légion d’Honneur en 1836. Puis, au milieu des années 1840, il passe dans la cavalerie. Il est aussi directeur des affaires arabes pour la province d’Oran. Il effectue une mission à Tunis en 1847, à l’issue de laquelle il reçoit du bey la décoration de l’ordre du Nichan Iftikar [3].

Ses supérieurs sont très élogieux, à la fois sur ses capacités de commandement et pour la bravoure et l’intelligence qu’il manifeste lors des combats. Il est aussi apprécié pour sa connaissance de la langue et de la civilisation arabes. Il est d’ailleurs l’auteur de deux ouvrages sur l’histoire de l’Algérie [4], dont il souhaite tirer des leçons pour le succès de la colonisation par la France et pour éviter le retour régulier des troubles et des insurrections : il pense en particulier nécessaire la création d’un journal arabe pour « semer […] le germe de nouvelles idées » d’abord dans « la partie intelligente et lettrée de la population, et par elle, incontestablement, son action descendrait jusqu’aux masses » ; il serait également utile d’envoyer en France des indigènes, « choisis parmi les plus influents et les plus capables », pour une durée d’au moins un an ; et chaque année, cinq à six cents enfants seraient formés dans la métropole et y recevraient une « éducation libérale et philosophique ». Walsin Esterhazy est également favorable à l’organisation de la propriété indigène et à la création de « villages de colons arabes » à côté des « villages de colons européens » ; il veut développer « les relations directes » entre les autorités européennes et la population arabe, dont il s’agit de faire « la conquête morale », notamment en lui assurant des progrès sociaux et en diffusant « le principe de l’égalité chez ce peuple, organisé féodalement » [5]. Il souhaite également favoriser l’intégration de troupes indigènes dans l’armée française.

En 1846, il se marie avec Marie Thérèse Zélie Dequeux de Beauval, fille d’un ancien négociant très aisé [6]. Deux enfants naissent, un garçon en 1847 [7] et une fille en 1849.

L’Union agricole d’Afrique

En 1845-1846, des fouriéristes lyonnais fondent l’Union agricole d’Afrique, une société qui prévoit d’exploiter un domaine foncier en Algérie en y appliquant quelques principes sociétaires. Lors de la constitution de la société, Walsin Esterhazy fait partie des premiers actionnaires. Le capitaine Henri Gautier est chargé de trouver un terrain ; en décembre 1845, il se rend à Saint-Denis-du-Sig, avec « quelques cavaliers que M. le colonel Walsin Esterhazy mit à [s]a disposition » ; le lieu lui paraît favorable à l’installation d’une exploitation agricole, les qualités des terres promettant de bonnes récoltes, ce que lui confirme Walsin Esterhazy, apparemment désireux de favoriser le succès de l’entreprise [8].

Selon Jules Duval, qui rappelle en août 1850 les origines de l’Union, Walsin Esterhazy voit dans le projet des fouriéristes une voie à la fois pour « la transformation de la société arabe » et pour celle « de la société européenne au moyen de l’édifice unitaire, centre d’une vaste exploitation collective ». Il fait entrer dans la société des notables indigènes : « officiers de spahis, aghas de tribus, le cadi et le muphti d’Oran […] associés de confiance, sinon en pleine connaissance de cause, à la réforme la plus radicale » [9].

Walsin Esterhazy fait aussi partie de la liste des « correspondants » de l’Union agricole, chargés de procurer des informations sur la société aux personnes intéressées, de collecter des souscriptions et de recueillir les versements [10]. En plus de ses propres actions, il en prend également au nom de sa fille Louise Marie Thérèse [11].

Sa présence au sein de l’Union agricole d’Afrique est le seul élément qui le relie au mouvement fouriériste. Il est possible que son intérêt pour cette société soit davantage lié à sa volonté de développer la colonisation européenne qu’à une adhésion à la théorie sociétaire, dont on ne trouve aucune trace. Il ne participe pas, par exemple, au banquet et aux réunions qui rassemblent des phalanstériens les 7 et 9 avril 1848 à Alger [12]. Et son dossier militaire ne mentionne pas de sympathies fouriéristes.

De l’Algérie à la Crimée

La carrière militaire de Walsin Esterhazy se poursuit sous la Deuxième République et le Second Empire : après avoir depuis plusieurs années réclamé son retour en métropole, il obtient en 1850 son départ de l’Algérie ; il est affecté au commandement du département du Gard et réside à Nîmes ; il est admis dans la société savante locale, l’Académie du Gard [13]. Il est promu général de brigade en 1852, commandeur de la Légion d’honneur en 1855 et général de division en mars 1856, après avoir participé à la guerre de Crimée ; il est nommé en juin suivant inspecteur général de la cavalerie. Il bénéficie aussi de plusieurs récompenses étrangères : il est fait chevalier compagnon de l’ordre du Bain d’Angleterre, il reçoit la décoration de l’ordre impérial du Medjidié décernée par le sultan de l’empire ottoman (1856) et la médaille d’argent de la valeur militaire de Piémont (1857) [14].

Sa santé s’est dégradée et il doit demander l’autorisation de se reposer à Grasse (Var) (novembre 1856), puis à Alger (juillet 1857) [15]. Il décède à Marseille où ont lieu ses obsèques [16].