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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Versigny, Albert Armand
Article mis en ligne le 1er mars 2017
dernière modification le 31 mars 2017

par Desmars, Bernard

Né le 9 septembre 1823 à Gray (Haute-Saône), décédé à Gray, le 5 août 1884. Officier. Actionnaire de la Société européo-américaine de colonisation au Texas. Souscripteur de la Librairie des sciences sociales. Abonné à La Science sociale, au Bulletin du mouvement social et au Devoir.

Albert Armand Versigny est le fils d’un officier ayant participé aux campagnes napoléoniennes et licencié en décembre 1815. Il est le cousin des deux fouriéristes Victor Versigny et Agapite Versigny, également nés à Gray, le premier député de l’Assemblée législative (1849-1851), le second sous-préfet de Gray (1871-1875) puis député de la Haute-Saône (1876-1889). Il s’engage dans l’armée en 1842 et entre à l’école de Saint-Cyr, où il est considéré comme un « élève d’élite » ; il est classé 4e sur 292. En 1845, il rejoint l’école de l’état-major. Ses supérieurs apprécient sa « tenue très bonne » ; c’est un « officier capable, très studieux, très désireux d’accroître ses connaissances, appelé à faire honneur au corps royal d’État-major », un « caractère froid et réfléchi ». Sorti premier de sa promotion, il est lieutenant en 1847, capitaine en 1850 [1].

Ses fiches individuelles établies par ses supérieurs ne mentionnent pas d’activités ou de prises de position politiques de sa part. Cependant, en 1880, il rappelle son attitude hostile au coup d’État du 2 décembre 1851 :

Toutes les fois que j’ai été invité à fournir mes états de service, je me suis abstenu d’y porter la campagne de 1851, parce que je n’ai jamais compris cette glorification d’un crime auquel l’armée s’est trouvé associée malgré elle, ou plutôt par la fatalité de sa position ; je ne peux d’autre part l’y laisser figurer parce que pendant les journées de décembre, je me tenais prêt à me joindre au premier mouvement de résistance qui se produirait dans l’armée, et qu’en attendant, j’ai passé tout mon temps dans les salles du dépôt de la guerre, dessinant la carte que j’avais levée pendant le mois précédent [2].

Versigny figure sur la liste des principaux actionnaires de la Société de colonisation européo-américaine au Texas, qui soutient l’installation des fouriéristes à Réunion (Texas) au milieu des années 1850 [3].

Il réalise en France et en Algérie – où il séjourne de 1847 à 1849, puis de 1859 à 1868 – des travaux de cartographie et de topographie. Il est décoré de la Légion d’honneur en 1860 et nommé chef d’escadron en 1864. Il se marie en 1867 avec Barbe Weissenburger, originaire du Bas-Rhin, veuve d’un capitaine d’infanterie, et installée à Paris. En 1869, il apporte son soutien financier à la société anonyme exploitant la Librairie des sciences sociales [4]. Il est abonné à La Science sociale [5].

En juillet 1870, Versigny est affecté à l’armée du Rhin. Il est promu officier de la Légion d’honneur en septembre. Enfermé dans Metz assiégé par les troupes prussiennes, il est fait prisonnier fin octobre, lors de la capitulation de l’armée de Bazaine ; il subit plusieurs mois de captivité ; libéré en avril 1871, il rejoint ensuite Besançon. En 1872, des fouriéristes parisiens s’efforcent de réorganiser l’École sociétaire et envisagent la création d’une « Société des études sociales » ; Versigny promet d’y prendre deux actions [6] ; finalement, l’ancienne société anonyme est maintenue. Un nouvel organe fouriériste paraît à partir de 1872, le Bulletin du mouvement social. Versigny s’y abonne [7]. Le périodique phalanstérien lui est adressé à la caserne, et il le reçoit « par l’entremise d’un vaguemestre militaire », ce qui ne semble pas susciter de difficultés.

Il reçoit d’ailleurs les éloges de l’inspection générale, par exemple en 1875 :

Manière de servir digne d’éloges – zèle constant, excellente tenue, caractère parfaitement honorable, chef de promotion à l’École d’État-major – comptant de nombreuses et pénibles campagnes – malgré ses onze ans et demi de grade de chef d’escadron, et ses cinq ans d’officier de la Légion d’honneur, il ne figure pas au tableau d’avancement – il est vivement à désirer qu’un nouvel examen des titres de cet excellent officier lui fasse promptement obtenir un avancement dont il est digne à tous égards.

Le général commandant le 7e corps d’armée à Besançon ajoute les observations suivantes :

Modèle de conscience, d’honneur et d’application. Dirige d’une façon remarquable le service territorial dont il est chargé […]. Sec, actif, rigoureux. Également versé dans toutes les parties du service d’État-major et apte à le diriger. Digne d’avancement. Je le propose pour le grade de lieutenant-colonel [8].

Versigny est effectivement promu lieutenant-colonel en 1876. Il prend sa retraite deux années plus tard. Il reste d’abord dans la réserve, mais il est rayé en 1880 en raison de son état de santé qui le rend inapte au service. Son épouse décède cette même année 1880.

Versigny s’abonne au Devoir, la revue publiée par Jean-Baptiste Godin, le fondateur du Familistère de Guise[[Archives du Familistère de Guise, registre des abonnés au Devoir, au 1er octobre 1881.]. Au début des années 1880, il quitte Besançon et s’installe à Gray.


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