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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Marchais, Pierre
Article mis en ligne le 15 janvier 2018

par Desmars, Bernard

Né le 25 février 1811 à Tourtenay (Deux-Sèvres), décédé le 13 février 1899 à Tourtenay. Cultivateur et propriétaire. Maire de Tourtenay de 1840 à 1850, puis de 1871 à 1899. Membre d’une société secrète socialiste et participant à un projet de soulèvement en 1856. Abonné à La Science sociale.

Pierre Marchais a des origines modestes : son père André est journalier et ne sait pas signer l’acte de naissance de son fils. Pierre est nommé maire de Tourtenay, en 1840. Vers la même époque, il se marie avec Louise Denet, fille d’un meunier. Trois filles naissent, en 1843, 1847 et 1852. Il est qualifié de cultivateur dans les actes d’état civil. En septembre 1850, il est suspendu de ses fonctions municipales. L’année suivante, d’après un rapport de gendarmerie, il participe à une réunion socialiste à Pas-de-Jeu (Deux-Sèvres) pendant laquelle on entend : « Vive la République démocratique et sociale ! Vivent les Rouges ! À bas le président de la République ! » [1].

Au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851, il est arrêté et traduit devant la commission mixte des Deux-Sèvres qui le présente ainsi :

Ancien maire de Tourtenay, révoqué à cause de ses opinions démagogiques, exerce sur sa commune une très funeste influence, affilié à toutes les sociétés secrètes, même avant 1848, fait parade de ses opinions révolutionnaires [2].

Selon le sous-préfet de Bressuire,

[Marchais] est un paysan assez instruit, mais peu intelligent ; égaré par les apôtres socialistes de 1848, il s’est cru un grand homme ; on lui a fait espérer qu’il jouerait un rôle politique sous la République démocratique et sociale, il a servi d’instrument aux mauvaises passions sans apprécier parfaitement l’importance des fautes qu’il commettait [3].

La commission mixte le condamne en février 1852 à un « éloignement momentané » du département. Alors qu’il lui est ordonné de rejoindre Ancenis (Loire-Atlantique), il écrit au préfet des Deux-Sèvres :

On m’enlève à ma pauvre mère presque octogénaire, à ma jeune femme et à mes deux petites filles en bas âge, dont je suis le seul soutien, sans fortune qu’on peut en juger par les contributions portées à mon nom montant à 12 francs 19 centimes. Mon seul bonheur était de soutenir, avec les quatre à cinq hectares de terre que je tiens afferme [sic] de ma pauvre mère, cette chère famille qui restera seule. Et moi qui me fera vivre en route ? Qui me procurera les moyens d’existence à Ancenis ? [4]

Il obtient d’abord une commutation de sa peine qui est réduite à une mise sous surveillance dans sa commune de Tourtenay ; puis il est entièrement gracié. Mais des rapports signalent sa présence lors de réunions clandestines socialistes qui se déroulent à Saint-Léger (Deux-Sèvres), réunions au cours desquelles on aurait entendu des chants révolutionnaires. Il fait partie d’une « Marianne », c’est-à-dire une société secrète républicaine qui se réunit à l’abri des regards dans la forêt de Brion ou au domicile de ses membres. Marchais et ses amis incitent les habitants de Brion-sur-Thouet à se révolter en juillet 1856 ; lui-même conduit un groupe d’hommes dans l’arrondissement de Semur et tente de soulever les habitants d’Antoigné (Maine-et-Loire). Il est alors arrêté et condamné en septembre à trois ans de prison – qu’il passe à Fontevrault – et à cinq ans de privation de droits civils [5].

Il n’apparaît dans la documentation fouriériste qu’en 1867, quand il s’abonne à La Science sociale, même s’il a pu entretenir auparavant des relations avec l’École sociétaire.

Si j’ai tardé de vous envoyer le montant de mon abonnement à La Science sociale, ce n’est ni indifférence ni négligence. J’espérais vous en expédier plusieurs [abonnements] dans le même envoi. J’ai distribué après les avoir reçus tous les premiers numéros que vous m’avez fait l’honneur de me dépêcher. J’attends encore en ce moment la réponse.

Marchais fait enfin un « vœu bien sincère pour la prospérité du nouvel organe fondé dans le but de relever l’École sociétaire » [6].

En 1897, il est fait chevalier du mérite agricole [7]. Sa femme meurt en janvier 1899, peu avant qu’il ne décède lui-même.


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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