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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Louvancour, Henri (Léopold Louis)
Article mis en ligne le 9 février 2015

par Desmars, Bernard

Né le 25 janvier 1886 à Chartres (Eure-et-Loir), décédé le 4 septembre 1916 à Verdun (Meuse). Docteur en droit, auteur d’une thèse soutenue en 1913 sur les rapports entre saint-simonisme et fouriérisme.

Henri Louvancour est le fils de marchands de cuir de Chartres. Il fait des études supérieures à la faculté de droit de Paris. En 1913, il soutient une thèse de doctorat, De Henri de Saint-Simon à Charles Fourier. Etude sur le socialisme romantique française de 1830. Le jury, présidé par Hubert Deschamps, titulaire de la chaire de l’histoire des doctrines économiques, comprend également Charles Gide, spécialiste de la coopération et auteur déjà de plusieurs travaux sur Fourier.

Louvancour ne fréquente pas les groupes fouriéristes qui existent encore avant 1914. Mais il obtient d’Auguste Klein, l’exécuteur testamentaire de Victor Considerant, l’accès aux archives du mouvement sociétaire, « trésor véritable, abondant et confus » [1] ; il exploite également les archives saint-simoniennes, déposées à la Bibliothèque de l’Arsenal. Cela confère à son travail une nette supériorité sur la plupart des autres thèses de droit consacrées au fouriérisme et soutenues à la même époque, qui ne s’appuient généralement que sur les Œuvres complètes de Fourier, voire sur des sources secondaires.

Son objectif est de « tenter une étude et un tableau d’ensemble du Saint-Simonisme et du Fouriérisme » :

Nous étudierons donc les rapports qui existent entre ces deux doctrines tant au point dogmatique qu’historique ; nous essaierons notamment d’apporter une précision nouvelle sur l’histoire des relations des Saint-Simoniens et de Fourier. Nous nous efforcerons ensuite de montrer comment ces deux doctrines se sont interpénétrées et de déterminer les raisons qui ont fait passer nombre d’anciens Saint-Simoniens dans les rangs des Fouriéristes. Nous verrons quel fut le rôle de ces néophytes dans l’école fouriériste, et en analysant les sentiments d’où dérivent ces deux doctrines, l’influence qu’elles exercèrent, l’impression qu’elles laissèrent, nous tâcherons de voir si elles ne présentent pas entre elles une espèce de parenté par leur but, leurs moyens d’action et leurs tendances [2].

L’étude s’interrompt au lendemain du ralliement de Jules Lechevalier et Abel Transon à Fourier ; elle ignore donc la diffusion des idées phalanstériennes et le développement du mouvement sociétaire dans les années 1840. L’auteur insiste sur la proximité entre le saint-simonisme et le fouriérisme, ainsi que sur leurs dimensions religieuse et romantique, qui contribueraient à les rapprocher ; quant à leurs projets de réorganisation sociale, ils sont largement « chimériques »,

comme le montrèrent durement les insuccès et les échecs de leur expérimentation. Aussi le règne de ces utopies fut-il court ; et l’on vit beaucoup de Saint-Simoniens et de Fouriéristes abjurer leurs illusions de jeunesse, mettre un frein à leurs espérances illimitées, déclarer qu’ils s’étaient trompés en croyant, avec une sincérité incontestable et dans un grand effort d’idéalisme, il faut le reconnaître, et dans un bel élan de générosité, à la réalisation actuelle et absolue de l’œuvre pour laquelle ils s’étaient dévoués. Ils avaient levé les bras et les yeux vers l’absolu, et guéris de leur chimère – on peut même dire de leur folie puisqu’Enfantin lui-même le disait – ils les ramenèrent vers la terre, ils renoncèrent à ces doctrines qui parlait au moins autant à leur cœur qu’à leur esprit [3].

L’auteur concède cependant en conclusion l’existence ultérieure d’un « saint-simonisme pratique », dont les représentants sont actifs dans le monde bancaire, industriel, commercial, et d’un « fouriérisme pratique » portant son « attention sur le mouvement coopératif et sur des œuvres de coopération pratique comme Godin qui fonda en 1846 [sic] le familistère de Guise » [4].

Henri Louvancour est mobilisé en août 1914 dans l’infanterie. Promu sous-lieutenant en avril 1916, il est mortellement blessé dans une opération de reconnaissance le 3 septembre 1916 près de Verdun ; transporté dans une ambulance, il meurt le lendemain. Cité à l’ordre de l’armée le 11 juillet 1918, il reçoit la Légion d’honneur à titre posthume par décret du 17 octobre 1919.