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Yvernès, Antoine
Article mis en ligne le 19 avril 2013
dernière modification le 23 juin 2013

par Sosnowski, Jean-Claude

Né à Toulouse (Haute-Garonne) le 13 nivôse an VIII (3 janvier 1800). Décédé à Toulouse le 10 décembre 1857. Employé des chemins de fer à son décès. Comptable, secrétaire du « conseil du Capital » de la colonie de Cîteaux.

Fils de Françoise Yvernès, couturière, Antoine Yvernès naît de père inconnu. Le 16 janvier 1833, alors étudiant en commerce, il épouse Marie Claire Aurore, tailleuse de robes, mère de Marie Delphine, née à Toulouse le 1er avril 1824 qu’il légitime par ailleurs. Marie Delphine a été présentée aux autorités par la sage-femme comme étant de père et mère inconnus. Le 28 septembre 1826, sa mère Marie Claire Aurore, couturière habitante de Toulouse, elle-même née le 17 octobre 1803 de père et mère inconnus, l’a reconnue comme enfant naturelle.

Antoine Yvernès est secrétaire du « conseil du Capital » [1] ou conseil de surveillance de la colonie de Cîteaux, où il réside avec son épouse et sa fille Delphine selon l’état nominatif de la colonie du 3 mai 1842. La famille originaire de Paris a été « nouvellement admise » [2]. Auguste Nefftzer recruté comme précepteur à Cîteaux séjourne à la colonie « une partie de l’été et tout l’automne de 1842 » [3]. Il se lie d’amitié avec Yvernès, « employé de l’établissement » [4]. Il correspond avec lui après leurs départs respectifs de la colonie, Nefftzer pour Colmar, Yvernès et sa famille pour Paris. Le départ d’Yvernès semble lié à l’animosité de plusieurs membres de la colonie à son encontre. Nefftzer, rédacteur du Courrier du Haut-Rhin à Colmar lui écrit à Paris, probablement au cours de l’année 1843, qu’il a revu un certain Schreiner « venu aux "bureaux du journal" pour y développer les mêmes thèses qui vous ont si fort ennuyé à Cîteaux » [5]. Il se réjouit des déboires d’un ancien membre du « conseil d’éducation » [6] de Cîteaux : « je suis charmé de ce qui est arrivé à M. Stromeyer, non que j’aie contre lui des griefs personnels, mais parce que sa conduite envers vous méritait tout cela et pis encore » [7]. Le séjour à Cîteaux que dépeint Nefftzer paraît idyllique :

Que de fois, je me suis rappelé ces joyeuses parties de pêche, où nous n’étions jamais si contents que quand nous n’attrapions pas de poissons, et nos voyages à Nuits et à Saint-Jean-de-Losne, et nos promenades à Bien-Assise, et Louploup passant entre nos jambes comme un trait, ou se laissant, esclave heureux et choyé, conduire par un ruban délicatement tenu et délicatement attaché, et mille et mille autres choses sérieuses et frivoles, graves ou légères, mais pour moi toujours charmantes et précieuses parce qu’à tous ces souvenirs, votre image vient se mêler pour les embellir [8].

Ces déclarations nostalgiques s’adressent-t-elles réellement à l’ami ou plutôt indirectement à la fille de l’ami, Delphine que Nefftzer épouse le 20 janvier 1847 à Paris [9] ? Nefftzer va jusqu’à se procurer un chien rappelant celui de la famille Yvernès. Il raconte qu’il a acquis un échiquier semblable à celui qu’ils utilisaient à Cîteaux [10]. Enfin, il évoque les « soirées musicales », « le chevalier des parapluies et des ombrelles », « la journée des champignons », « la promesse qu’il leur fit dans ce jour mémorable » [11].

Yvernès paraît avoir un peu d’influence et quelques connaissances à Paris sans que son activité soit déterminée. Nefftzer souhaite qu’il lui obtienne « n’importe quelle place dans n’importe quel bureau, une place bonne ou mauvaise, bien ou mal payée » [12] et lui adresse un article « jugé digne certainement d’un journal parisien » [13]. En avril 1843, Emile de Girardin de La Presse lui « donne les assurances les plus positives » [14]. Doté de faibles ressources, Yvernès lui avance les sommes nécessaires à assurer ses débuts [15]. Nefftzer lui demande même de proposer « un nouvel article destiné à La Revue indépendante de Pierre Leroux [...] de le relire avant de le faire remettre à la rédaction par M. de Pompéry, ou si malheureusement le sujet semblait mal choisi et l’article indigne d’un recueil aussi distingué, de l’aider à le faire accepter au moins dans L’Encyclopédie, organe plus modeste de MM. Leroux et Reybaud [sic pro Reynaud] » [16].

Yvernès est probablement le fondateur de l’Office central de la presse parisienne, départementale et étrangère dont les statuts sont déposés le 24 septembre 1849 et qui publie chaque jour une correspondance imprimée et autographiée. Celle-ci est adressée moyennant un abonnement annuel de 60 francs aux journaux départementaux ou étrangers, ou délivré à toute personne se rendant dans les locaux de l’agence, 5 rue Saint-Marc Feydeau. Cette feuille d’agence de presse est tirée sur les presses d’une imprimerie succursale de l’imprimerie Plon et n’est en fait qu’une imprimerie particulière d’Emile de Girardin. Elle sert à l’impression de La Presse et de L’Evènement, dont les articles sont repris par Yvernès après l’édition du journal [17].

Lors de son décès, Antoine Yvernès réside à Toulouse, 54 rue Matabiau avec son épouse et il est employé du chemin de fer.