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Bonnefoy, Faustin
Article mis en ligne le 18 février 2013
dernière modification le 21 avril 2013

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 26 pluviôse an XI (15 février 1803) à Lorgues (Var). Ouvrier cordonnier à Marseille (Bouches-du-Rhône). Poète. Membre du groupe phalanstérien de Marseille en 1847. Républicain.

Faustin Claude Bonnefoy est le fils d’un « huissier public » de Lorgues, Joseph Bonnefoy et de Thérèse Heraud. Devenu cordonnier, il épouse le 18 avril 1825, Anne Chieusse, fille d’un cultivateur de la commune. Le couple donne naissance à Lorgues à trois enfants : un premier fils, Pierre, naît le 6 janvier 1826 ; une fille Henriette, le 5 février 1827 ; un autre fils, Auguste Emmanuel, le 13 décembre 1828. La famille déménage pour Marseille où Bonnefoy découvre l’Ecole sociétaire.

Le 7 avril 1847, à Marseille, lors du banquet célébrant l’anniversaire de la naissance de Fourier, banquet tenu chez le restaurateur Garnier, Bonnefoy, « rallié depuis huit jours seulement aux idées sociétaires a lu une pièce dans laquelle il a cru devoir faire sa profession de foi, et qui a été vivement applaudie » :

[ ...] L’univers, tenaillé par l’infâme égoïsme Se tordait dans les pleurs ; et le christianisme Méconnu, trafiqué par la perversité, Semblait abandonner la pauvre Humanité. Ah ! je ne croyais pas, dans ma douleur profonde, Qu’un autre Christ viendrait régénérer le monde... Mais Dieu m’a fait entrer dans un noble sentier, Enfin, je suis sauvé par la main de Fourier ! Merci, merci, Fourier, je te dois la lumière ; Le voile de l’erreur qui couvrait ma paupière Vient enfin de tomber, je vois l’Humanité Revivre sous la loi d’amour, de vérité. Grand et noble Fourier ! oh que ton âme est belle ! Sauveur du genre humain, ta gloire est immortelle ; D’un adepte fervent sois toujours le soutien ; Depuis huit jours je vis... je suis phalanstérien !

En 1849, il réside 29 rue du Musée à Marseille lorsqu’il publie Cinq adresses républicaines en vers ; précédées de L’Orphelin, poème qui évoque sa propre situation. Son père est effectivement décédé le 14 nivôse an XIII. En introduction, Faustin Bonnefoy se présente ainsi :

[…] j’appartiens à cette classe de travailleurs qui, jusqu’à ce jour, n’ont traversé, comme moi, qu’une vie de souffrances et de privations ; comme eux, j’ai salué avec bonheur cette ère nouvelle qui, après les douleurs d’un pénible enfantement, doit changer la face de la terre, tout en respectant les droits acquis, et faire que la trilogie : Liberté, Egalité, Fraternité, soit unie à celle de Religion, Famille, Propriété ; ces deux sœurs doivent être immortelles comme Dieu.

Voilà sur quelles bases les républicains rouges veulent introniser la République démocratique et sociale.

A travers ses poèmes, il s’adresse « à Dieu », « Aux chrétiens », « Au peuple français », « A l’armée française » et enfin « Au citoyen Ledru-Rollin » en qui il place tous ses espoirs et à qui il offre sa vie et celle de ses fils :

Quoi qu’ayant le bonheur d’être époux, d’être père,
Précédé de mes fils, j’irais sur la frontière
Vaincre la tyrannie ou recevoir la mort.
Du plus obscur enfant de la belle Provence
Tu connais maintenant les vœux et l’espérance ;
Son langage est sans fard ; son cœur républicain
Est tout rempli de toi ; car il sait que ton âme,
Brûlant d’un feu divin que la patrie enflamme,
Est toute dévouée au peuple souverain.

Ces poèmes, écrits probablement au cours de l’année 1848, ne font aucunement référence à Fourier et à l’Ecole sociétaire.