Né à Paris, le 8 mars 1841, décédé à Paris, en août 1903. Sculpteur, professeur de dessin. Membre de la Première Internationale, participe à la Commune, proche de courants socialistes révolutionnaires. Rejoint les rangs fouriéristes dans les années 1890.
Albert Gauttard est le fils d’une couturière et dit-il en 1896, « d’un fusillé du 2 décembre » [1] ; cependant, son père est déclaré « absent », et non décédé, lors de son mariage, en janvier 1863, avec Elisabeth Dauphin, une blanchisseuse fille d’un menuisier. Le couple a un premier fils en octobre 1863, puis un second en 1878 [2].
Membre de l’Internationale, victime de la répression contre la Commune
Albert Gauttard apparaît dans le mouvement ouvrier à la fin des années 1860, lors des réunions qui, avec l’accord, voire les encouragements des autorités impériales, se déroulent avec d’ailleurs une grande liberté à Paris, au passage Raoul, entre 1867 en 1869 ; il y intervient sur les questions d’hygiène et de sécurité sur le lieu de travail (il y signale que le « phalanstère (phamilistère [sic] de Guise) de M. Godin Lemaire tant vanté n’est pas exempt de reproches » et que la santé des ouvriers employés au dressage des meules y est « constamment en danger » [3] ; sur l’assistance publique dont il dénonce les insuffisances et les injustices [4] ; sur l’enseignement professionnel, très médiocre [5] ; sur la formation des chambres syndicales [6] ; sur le travail dans les couvents, qu’il voudrait voir supprimer « dans l’intérêt de la démocratie » et parce qu’on y exploite les enfants qui y sont accueillis, ces derniers étant laissés « dans la plus complète ignorance » [7]. Lors de la formation de commissions, Gauttard se présente comme délégué de la Société nationale pour l’extinction du paupérisme [8] ; il s’agit, d’une association proche des milieux bonapartistes (un « groupement bonapartiste », écrit Georges Weill [9]) créée par un nommé Hugelmann et affirmant disposer du patronage de l’Empereur, mais qui, en raison de ses origines, reste sans véritable influence sur le mouvement ouvrier.
En 1870-71, pendant le siège de Paris par les troupes allemandes, Gauttard fait partie de la Garde nationale, en tant que sous-officier. Sous la Commune, il est nommé à la Commission municipale du XVe arrondissement et remplit les fonctions de percepteur dans le IXe arrondissement (il est notamment chargé de la distribution des bons pour le combustible). Devenu membre de l’Internationale (secrétaire de la section de Montrouge d’après un rapport de 1876), il participe à de nombreuses réunions et débats publics et, selon un rapport de police, se promène avec « à la ceinture des pistolets, des poignards, etc. » [10]
Cette adhésion aux principes communalistes lui vaut d’être arrêté début juin 1871 ; il est condamné une première fois en septembre suivant pour « usurpation de fonctions » (celles de percepteur) par le tribunal correctionnel de la Seine à 8 mois de prison ; en décembre 1871, il est à nouveau condamné, cette fois par le Conseil de guerre, à 2 années de prison, 500 francs d’amende et cinq années d’interdiction des droits civiques pour appartenance à une société secrète, l’Internationale. Il se pourvoit en cassation, en vain.
En mai 1874, il sort de la prison d’Embrun et revient à Paris auprès de sa famille. D’après les archives de la préfecture de police, il travaille rarement à son métier de sculpteur. Assez rapidement, il reprend ses activités militantes ; il semble collaborer un moment au journal La Tribune sous le pseudonyme de Joséphine Meuret (mais d’après un agent de police, Gauttard, presqu’illettré, serait incapable de rédiger lui-même un texte, et se contenterait de fournir des idées et des informations) [11]. Il contribue à la réorganisation du mouvement ouvrier parisien.
En 1876, il participe à des réunions et commissions chargées de préparer l’envoi d’une délégation à l’Exposition universelle de Philadelphie (la police déclare alors qu’il entretient une correspondance avec des ouvriers internationalistes des Etats-Unis [13]), puis d’organiser le congrès ouvrier qui se tient à Paris en octobre de la même année et apparaît comme une première étape dans la réorganisation du mouvement ouvrier. Il s’y montre très préoccupé de l’indépendance du mouvement ouvrier par rapport aux autorités (il refuse toute aide financière gouvernementale pour la délégation à Philadelphie, craignant qu’elle n’implique un droit de regard sur le choix des hommes).
Parallèlement, il contribue à l’automne 1876 et dans l’hiver suivant à une tentative de création, avec une certaine Hardouin [14], d’une Ligue démocratique pour l’amélioration du sort des femmes, dont l’action concernerait principalement le travail et les salaires des femmes (la proximité entre le nom de la future association et celui de la Société pour l’amélioration du sort de la femme, de Léon Richer et Maria Deraismes, interdite en décembre 1875, suscite des protestations de Léon Richer) ; en février 1877, il assiste à une réunion publique « relative à l’organisation du travail des femmes et la fondation d’un atelier d’école » ; son épouse est alors nommée déléguée du XIVe arrondissement pour cette œuvre [15]. Les dernières notes de police concernant la présence de Gauttard aux réunions de cette Ligue datent de mai 1877 [16].
Dans l’hiver 1876-1877, Il tente également de constituer une Société de protection de l’enfance, mais y renonce rapidement « devant le chiffre ridicule des adhésions à son projet », explique un agent de police [17] ; il envisage la formation d’une Société protectrice de l’humanité », idée déjà émise en 1874, et qu’il reprend avec la création en janvier 1877 d’une commission chargée d’élaborer les statuts. Il participe aussi à un projet de création d’un journal ouvrier [18]. On le voit également assister à des réunions en faveur de l’amnistie des Communards, et à des assemblées hostiles à l’Église catholique et en particulier aux Jésuites.
Il est difficile d’apprécier ses opinions politiques à partir de notes de police contradictoires, selon lesquelles il serait tantôt favorable, tantôt hostile à Louis Blanc, ou assisterait à des réunions du comité électoral de Gambetta tout en exprimant ailleurs des opinions nettement plus radicales [19]. En 1876-1877, des acteurs du mouvement ouvrier s’interrogent sur d’éventuelles sympathies bonapartistes de sa part. L’un deux rappelle que, sous le Second Empire, Gauttard « était lui-même délégué de la partie la plus bonapartiste de l’Exposition de 1867 (Société pour l’extinction du paupérisme) » [20] ; en 1877, d’anciens co-détenus d’Embrun affirment l’avoir entendu « afficher hautement ses préférences pour l’Empire » ; et des militants ouvriers le soupçonnent d’être « un bas agent du parti bonapartiste », tandis qu’un ancien commissaire de police affirme qu’il « a des attaches avec l’administration » ; un jury d’honneur composé de plusieurs militants ouvriers déclare que cette accusation n’est fondée sur aucune preuve, mais ajoute qu’il est « un ancien et très ardent bonapartiste » ; le jury « l’a exécuté moralement », déclare l’auteur du rapport de police [21]. Enfin, ayant été à l’origine de soupçons sur la probité de certains membres de la délégation de Philadelphie et participants au congrès ouvrier de Paris, il est bientôt qualifié d’« infâme calomniateur envoyé par un parti pour semer la division parmi les ouvriers [22], et comme un homme devant être « signalé pour ce fait à tout à le prolétariat » [23]. Selon un rapport de mai 1877, « bruyant, ambitieux, extravagant, déprécié et détesté, [Gauttard] passe pour l’agent d’une coterie bonapartiste » [24]. Il participe cependant encore à des réunions en 1878 à propos de la préparation de l’exposition, mais s’éloigne ensuite des organisations ouvrières.
Professeur de dessin de la Ville de Paris
A partir de 1878 et pendant plus de dix ans, l’on a peu d’information sur ses activités militantes, soit parce qu’il les a suspendues, soit parce que la police leur accorde moins d’importance et cesse de surveiller ses allées et venues ou de rapporter ses propos. Ce moment semble aussi correspondre à un changement de sa situation professionnelle.
Jusque-là désigné comme sculpteur, même si les notes de police indiquaient qu’on ne le voyait guère exercer cette activité, il est désormais qualifié de « professeur » ou de « dessinateur ». Peut-être, aux alentours de 1880, donne-t-il déjà des cours de dessin. En 1883, il entre comme professeur de dessin dans les Écoles de la Ville de Paris, et enseigne en particulier à l’École d’application des Beaux-arts à l’industrie, qui vient d’être ouverte par l’administration municipale en 1883 [25]. Il est nommé officier d’académie. Il reste membre de chambres syndicales et assiste à quelques réunions, par exemple sur la laïcisation de l’enseignement (en 1880), la suppression de la prostitution [26], ainsi qu’à un banquet, en 1882, pour fêter l’anniversaire du 24 février 1848 [27].
Mais en 1889, il est révoqué de son poste de professeur en raison de supposées accointances boulangistes ; on aurait retrouvé son nom dans des documents saisis par la police. Vivant alors de son activité de sculpteur ainsi que de quelques cours particuliers de dessin et de sculpture, il connaît avec sa famille des conditions matérielles plus difficiles. Peu après, il est affecté par la mort de deux de ses proches : sa femme en 1892, et son fils cadet, âgé de 19 ans, vendeur en draperies, en 1897 [28].
Outre ses activités de professeur et de sculpteur, Gauttard est l’auteur de plusieurs inventions ; en 1889, il obtient un brevet pour un levier, dit le Samson, d’une très grande puissance, qui peut selon lui être appliquée à plusieurs industries ainsi qu’à l’armée, la marine et aux soins des malades [29]. Grâce à cet appareil, les patients pourraient se soulever et se mouvoir sans effort » [30] Il est aussi l’auteur au début des années 1890 d’un appareil de gymnastique, dont il souhaite offrir un exemplaire – on ne sait pourquoi – à la reine de Suède et de Norvège, ce qui suscite la perplexité des autorités suédoises et françaises et provoque quelques enquêtes sur l’honorabilité de Gauttard… Il a également inventé « un taffetas gommé pour appliquer sur les coupures, dont il fait commerce » [31].
AUTTARD Albert-Louis-Gabriel dépose un brevet d’invention le 06.03.1889 pour un levier dit le Samson, d’une extrême puissance, applicable à plusieurs industries, à l’armée, la marine et aux soins des malades et blessés. Nous conservons ce dossier original dans le fonds patrimonial des brevets d’invention (1791-1901). A cette date il fait élection de domicile au n°33 de la rue des Vinaigriers à Paris et il mentionne la profession de sculpteur. Il mentionne également « professeur officier d’académie ».
Militant libre-penseur et socialiste, membre de la Société d’ethnographie
A partir de 1893, on le voir renouer avec l’action militante, d’abord dans le cadre de la Libre-Pensée. Il assiste à des réunions du groupe « Ni Dieu, ni Maître, libre-pensée du XVe arrondissement » [32], qui en fait son délégué pour un prochain conseil national ; en 1898, il fait partie de la Fédération française de la libre-pensée et au moment de son décès, il est membre de l’Association nationale des libres-penseurs [33]. Il est également franc-maçon et membre de la loge les Zélés philanthropes ; et il participe fin 1893-début 1894 aux premières étapes de la constitution de la Chevalerie du travail française, sorte de « franc-maçonnerie ouvrière et socialiste » [34], mais semble ensuite s’en éloigner [35].
Il fréquente aussi des manifestations et des assemblées socialistes révolutionnaires et y prend la parole de façon parfois virulente ; ainsi, en mars 1894, il participe à une réunion organisée par « les différents groupements du parti révolutionnaire de la Seine » ; Gauttard s’y déclare « heureux d’être le descendant de Sanson, qui exécuta les représentants de la royauté » sous la Révolution française, et affirme que s’il fallait à nouveau « exécuter un tyran, il s’honorerait de réclamer le droit que lui a légué son ancêtre » (sa mère, Scolastique Sanson est une descendante de Charles Sanson, exécuteur de Louis XVI en 1793) ; en ce jour anniversaire de l’insurrection du printemps 1871, il rappelle (et exagère peut-être) sa participation à la Commune, s’attribuant notamment le mérite d’avoir empêché l’enlèvement par l’armée de canons au Champ-de-Mars ; il termine son intervention par un appel à la révolution [36]. En juin suivant, il déclare que le seul drapeau de la République est le drapeau rouge [37]. Devant les Chevaliers du travail, il prône la grève générale [38].
La police le présente tantôt comme membre du parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane, tantôt comme proche des possibilistes de la Fédération des travailleurs socialistes de France [39]. En 1889 déjà, un rapport de police signalait que Gauttard s’était « toujours préoccupé des questions sociales », mais avait « suivi en ce sens aussi bien les partis les plus avancés que les plus modérés » [40]. Au début du XXe siècle, après sa participation à une réunion du groupe « Les Amis de la Science », elle le soupçonne même de sympathies anarchistes. Cela suscite l’attention de la police, qui surveille sa correspondance, ses allées et venues, ses habitudes, ses fréquentations… pour finalement conclure que « rien dans les faits et gestes de Gauttard ne permet de supposer qu’il professe des opinons anarchistes » [41].
A plusieurs reprises, on trouve, associé au nom de Gauttard, la mention « archéologue », en plus de « professeur de sculpture et de dessin ». On ne sait ce que recouvre précisément cette qualification. Mais dès la fin des années 1880, une note de police signale qu’il est membre de sociétés savantes, sans plus de précisions. Et en 1894, Gauttard est admis au sein de la Société d’ethnographie [42]. Il fait une conférence sur « les symboles mythologiques de l’Antiquité » en Égypte et en Grèce devant le Comité des religions comparées, l’une des sections de la Société d’ethnographie [43] ; mais il s’intéresse aussi « aux croyances religieuses et aux arts des Indiens Peaux-Rouges de l’Amérique du Nord », dont il présente des peintures et des objets devant le Comité d’archéologie américaine [44]. Il prend quelques responsabilités dans la Société d’ethnographie, entrant dans son conseil d’administration en 1895, prenant la tête des Commissions de l’enseignement et de la bibliothèque, et devenant président du Comité des religions comparées la même année. Il intervient sur des sujets très divers : en janvier 1895, il « commence l’exposition d’un travail qu’il a entrepris sur les salaires comparés des travailleurs dans les différents pays et aux diverses périodes de l’histoire du monde. Il s’attache tout particulièrement à démontrer les rapports directs de ces salaires avec la somme de progrès accompli par chaque peuple et avec celle du genre de liberté dont il a joui » [45] ; il parle aussi de « l’enfer des Assyriens » [46] ; mais il fait également des communications sur une « société chinoise dite Tsaï-li hoeï », association religieuse et militaire fondée dans un but de solidarité pratique et d’assistance mutuelle par un ancien taoïste [47] ; sur les procédés employés par les Japonais pour « produire sur des coquilles des images en relief recouvertes d’une légère couche de substance nacrée » [48] ; sur « l’étude des mycrozimas au point de vue de l’Ethnographie » et sur les théories du biologiste Haeckel concernant ces micro-organismes [49] ; sur « la paléographie chinoise au point de vue de vue de l’ethnographie des populations dites touraniennes en général, et à celui des doctrines religieuses sociales et politiques de la Chine antique en particulier » [50] ; sur « les modifications des types de races en Asie » et plus précisément sur les changements physiques des Japonais qui adoptent le mode de vie occidental [51] ; sur « l’art au Japon contemporain », « les monts de piété en Chine », etc. [52]. En 1897, il propose à la Société d’ethnographie l’admission de Léon Bourgeois, ancien et futur ministre, figure du courant solidariste [53].
Un engagement phalanstérien tardif
C’est au milieu des années 1890 qu’on voit son nom mentionné dans la documentation fouriériste sans que l’on sache depuis quand il fréquente les milieux phalanstériens et sans que l’on connaisse le processus qui l’y amène. Il ne semble pas avoir fréquenté le groupe de La Rénovation au temps de Destrem ; mais on le retrouve à la fin de l’année 1895 au sein de l’Union phalanstérienne, le groupe dissident créé par Barat et Fumet en opposition à Alhaiza (voir ces noms) ; qualifié d’ « ethnographe-archéologue », il est nommé vice-président de la nouvelle organisation fouriériste [54]. En 1897, certains membres de l’Union phalanstérienne, dont Gauttard, forment l’École Sociétaire Expérimentale, qui a pour objectif d’accélérer la réalisation de l’essai sociétaire ; Gauttard en fait partie ; il est plus précisément chargé de « la série des Tribuns […] chargée des conférences et discours de la Société, et à l’extérieur, des cours d’instruction spéciale sociétaire » [55]. Lui-même est l’un des orateurs habituels des manifestations fouriéristes, et en particulier des banquets du 7 avril [56].
Quand il est candidat aux élections municipales en 1896, c’est sous le patronage du « comité républicain socialiste communaliste » et de « l’Union phalanstérienne de Javel » (dont on peut douter qu’elle corresponde à une véritable organisation). Lui-même se présente comme « candidat socialiste indépendant, Communaliste-Phalanstérien » ou encore « socialiste et phalanstérien » [57]. Son programme, à côté de revendications radicales et socialistes classiques (l’impôt sur le revenu, la suppression du Sénat, la construction de logements populaires, la gratuité des bains et des lavoirs, les 3/8 avec un jour de repos hebdomadaire, etc.) comprend plusieurs propositions dont le contenu et la formulation renvoient à la théorie sociétaire : « association du Capital, du Travail et du Talent », « (l’ ?) association et l’éducation intégrale gratuite à tous les degrés », « droit au travail, organisation du travail », etc. Il se présente également lors des élections législatives de 1898, dans le VIe arrondissement, et lors d’une réunion électorale organisée au café Procope, il « soutient les thèses de Fourier et dit que si les phalanstériens avaient créé la Verrerie ouvrière, celle-ci ne se trouverait pas dans la situation où elle est actuellement » [58]. Il est encore candidat à une élection municipale partielle en octobre 1898, puis aux élections législatives en 1902, dans le XVe arrondissement [59].
Il continue par ailleurs à participer aux activités d’une société de libre-pensée. Sa présence à des réunions organisées par des socialistes révolutionnaires est aussi signalée en 1898, ce qui n’aide guère la police à préciser son ancrage politique : « les sympathies politiques du sieur Gauttard sont acquises au parti socialiste, mais il n’appartient à aucune école », déclare un policier en 1898, tandis qu’un autre la même année le présente comme « candidat phalanstérien » ayant des « opinions politiques […] acquises au parti socialiste révolutionnaire, mais […] inféodé à aucune école ». C’est « un socialiste », sans précision, préfère écrire un autre policier en 1901 [60].
C’est aussi un dreyfusard, qui à plusieurs reprises, prend position en faveur de l’innocence du capitaine ; en septembre 1898, il dénonce « la campagne antijuive menée par Drumont et consorts » [61]. Après la parution de Travail, de Zola, il figure parmi les convives du banquet donné le 9 juin 1901 en l’honneur de l’écrivain [62]. On le voit moins présent ensuite, ou en tout cas, son nom n’est pas mentionné dans les comptes rendus des banquets de 1902 et 1903.
A ses obsèques civiles, le 26 août 1903, assistent des représentants de la franc-maçonnerie, de la libre-pensée, de l’Union socialiste du VIe arrondissement et des « Sauveteurs de la Seine et de la Marne », qui mettent en avant ses convictions anticléricales et socialistes ; un membre de la « Société des ambulanciers volontaires », que Gauttard présidait, souligne l’intérêt porté par le défunt aux « sociétés humanitaires » ; enfin, Félix Boisdin, un fouriériste – ou en tout cas un habitué des manifestations fouriéristes –, rappelle que Gauttard a fréquenté « les comités phalanstériens où il avait su conquérir l’estime de tous » [63].