Né le 11 janvier 1823, à Saint-Maixent (Deux-Sèvres), décédé le 11 mai 1878 à Versailles. Polytechnicien, officier du génie, député républicain à partir de 1871. Fouriériste à la fin de la monarchie de Juillet et sous la Seconde République.
Né dans une famille protestante, fils d’un négociant devenu percepteur, Denfert-Rochereau fait de brillantes études secondaires prolongées en classe de mathématiques spéciales au lycée de Poitiers puis au lycée Louis-le-Grand à Paris ; il entre à l’École polytechnique en 1842 (après un échec en 1841) afin de devenir ingénieur des ponts-et-chaussées ; il s’intéresse beaucoup au développement des chemins de fer dont il prévoit qu’il « amènera une révolution sociale » en favorisant la diffusion des idées et de l’instruction sur l’ensemble du territoire ; il envisage d’ailleurs l’avenir avec beaucoup d’optimisme : « je me réjouis de tous les progrès que l’on fait, persuadé qu’il n’est rien d’impossible, et qu’avec le temps et la patience, il n’est point de difficulté physique dont on ne puisse triompher » [1].
Mais il n’est pas suffisamment bien classé à la sortie de Polytechnique en 1844 pour être admis à l’École des ponts-et-chaussées. Il doit alors embrasser une carrière militaire et rejoint en 1845 l’École d’application du génie de Metz, où il passe deux années, qu’il occupe, en dehors de ses activités militaires, par de nombreuses lectures, notamment sur les questions économiques (Adam Smith, Jean-Baptiste Say, les débats sur le libre-échange en Angleterre) et politiques (Tocqueville). Il sort premier de sa promotion, avec le titre de lieutenant, et rejoint Montpellier en 1847.
Un jeune officier phalanstérien
Ses premiers contacts avec l’œuvre fouriériste datent de son passage à Polytechnique, période où il s’intéresse aux problèmes sociaux et aux questions politiques ; mais sa véritable adhésion au projet harmonien date de 1847, alors qu’il est en garnison à Montpellier.
« Nous avons eu ici, la semaine dernière, une exposition des doctrines phalanstériennes par un des coryphées de cette école. J’avais déjà entendu ces mêmes doctrines par le même homme à Paris, il y a cinq ans. C’est étonnant comme ces idées-là ont gagné depuis lors en précision. On peut dire qu’elles ont tout à fait quitté le terrain du vague et des hypothèses, pour s’adresser à la pratique et au positif. Leur point de vue est une régénération très complète en partant du principe de l’association. Leur critique de la société actuelle, l’exposé de ses vices, de ses défauts a été particulièrement fait et est incontestable. Quant à l’organisation définitive à laquelle ils veulent arriver, sa description est une chose trop problématique pour qu’ils puissent, relativement à ce qui arrivera dans plusieurs siècles, l’émettre autrement qu’avec beaucoup de vague. Comme ces hommes-là ont beaucoup de zèle et d’activité, et qu’ils sont généralement capables, il n’est pas douteux qu’ils arrivent avant peu à être dans des voies tout à fait pratiques et à imprimer à la société une partie de leurs idées. Il m’a semblé remarquer chez eux une tendance de plus en plus marquée à se rapprocher du parti démocratique, qui est après tout le maître de l’avenir, en ce sens qu’il est impossible de revenir d’une manière durable sur les concessions qui lui ont été une fois faites » [2].
Devenu un lecteur régulier de La Démocratie pacifique, il adresse à son père, sa mère, son frère, son oncle, son grand-père et sa grand-mère, des lettres dans lesquelles il vante les mérites d’une réforme de la société selon les principes de Fourier, présenté comme « un mathématicien d’une grande intelligence » qui « a porté ses investigations du côté des destinées sociales » [3].
Sa correspondance le montre très critique envers le régime de Juillet : en décembre 1847, il prévoit que « sa ruine ne tardera pas » [4] ; début février 1848, il croit observer, parallèlement à « la déconsidération dont jouit notre gouvernement », « un mouvement très prononcé dans le sens socialiste » [5]. Aussi, à la fin du mois, il se félicite de la « révolution complète, radicale » qui vient d’emporter la monarchie et d’instaurer une République [6].
Pour une République socialiste
Alors que son père, qui a perdu son emploi de percepteur à Saint-Maixent après la chute de la monarchie, est plutôt réservé envers le nouveau régime, le jeune lieutenant s’efforce de le convaincre des bienfaits amenés par la révolution : « la république de 1792 a détruit. La république de 1848 doit organiser. L’organisation du travail, tel doit être notre nouveau mot d’ordre. L’extinction complète de la misère dans un délai rapproché doit signaler l’avènement du gouvernement républicain ». Il l’invite à prendre un abonnement à La Démocratie pacifique : « tu y verras traitées avec une supériorité de vues et une élévation d’idées très grande toute les questions sociales et politiques du jour. C’est celui dont je partage les idées et qui me satisfait seul complètement. Les hommes de la Démocratie ont la foi la plus grande dans l’avenir et admettent l’accord de toutes les classes de la société. Ils indiquent des moyens pratiques qui les ont fait traiter d’utopistes, mais qui n’en sont pas moins réels et ayant toutes les probabilités de succès » [7].
Il utilise désormais le « nous » quand il parle des projets des phalanstériens ; « aujourd’hui, nous constituons dans la république française le parti de l’avenir [...] ; nous donnerons aux radicaux notre concours pour toutes les mesures d’organisation du travail qu’ils vont prendre avec l’aide de la puissance de l’État, car au milieu du désordre qui règne, ce qu’ils veulent faire changera complètement la société, dans le sens de l’amélioration du sort de toutes les classes. Seulement, nous nous réservons toujours de faire notre essai communal au moment propice, et nous continuerons à tenir ouverte la souscription de réalisation du phalanstère primitif, jusqu’à ce qu’on ait les fonds nécessaires » [8].
Il est très attentif à l’évolution de la situation politique internationale et nationale, aux mesures adoptées par le gouvernement républicain, à la préparation des élections à l’assemblée constituante, qui se déroulent en avril ; il insiste auprès des membres de sa famille pour qu’ils votent en faveur « des socialistes ou des radicaux purs » [9] ; lui-même déclare, à propos de l’un des candidats des Deux-Sèvres (département où il vote) : « je veux savoir son opinion sur la question politique et surtout sociale, qui est posée. Je ne lui demande qu’un radicalisme politique très prononcé et l’admission à l’expérimentation des théories sociales mises en avant par les auteurs de ces théories » [10]. Il s’intéresse en effet particulièrement aux solutions avancées pour résoudre les problèmes sociaux ; il soutient la présence de Louis Blanc au gouvernement et compte sur la réussite des Ateliers nationaux, dont il pense qu’ils seront bientôt modifiés dans un sens fouriériste, c’est-à-dire avec l’association du capital, du travail et du talent ; car « Fourier seul a complètement saisi la solution, parce qu’avant de promulguer une organisation, il a étudié l’homme qui devait être régi par cette organisation » [11]. D’ailleurs, il considère que, déjà, les mesures du gouvernement provisoire nous conduisent à pleines voiles » vers l’ « état de société qui est prévu par Fourier et appelé garantisme » [12].
Il ne se contente pas d’exprimer ses opinions par lettres : il participe à des réunions publiques à Montpellier [13] et rassemble ses réflexions sur les problèmes politiques et sociaux dans une brochure publiée en mars 1848 intitulée A nos frères les travailleurs [14].
Ses parents réprouvent ses convictions socialistes : « mon père en conclut que je suis dans le camp de ses ennemis et englobe dans une même réprobation tous ceux qui s’adressent à la classe ouvrière, prétendant qu’ils l’abusent au nom de chimères. [...] [Mais] nous autres, phalanstériens, ne nous prétendons pas communistes et rejetons au contraire d’une façon absolue tout ce qui ressemble au communisme » [15]. Et il écrit à son père : « je te conseille de te mettre au courant de nos idées, et pour cela de lire un ouvrage intitulé Solidarité, ou vue synthétique de la doctrine de Charles Fourier, par Hippolyte Renaud, capitaine d’artillerie, ancien élève de l’École polytechnique. Il faut lire ceci très lentement, et en le soumettant au crible du raisonnement mathématique. Ce n’est pas de la philosophie ou de la théologie, généralement vagues, absurdes ou hypothétiques, c’est de la science positive. Persuade-toi bien ensuite que si les conséquences sont déduites mathématiquement de prémisses incontestables, quelqu’étranges qu’elles soient, elles sont la vérité et on sera obligé de les adopter tôt ou tard » [16].
Malgré les résultats électoraux d’avril 1848 (très défavorables aux candidats socialistes), il croit en les chances de ses amis, car, face aux difficultés économiques et sociales croissantes, l’on sera bien obligé d’admettre que seules les solutions phalanstériennes peuvent réussir. Il indique dans sa correspondance familiale les réformes souhaitables dans le domaine industriel, commercial et bancaire, réformes qui visent à une propriété étatique (dans les secteurs vitaux pour l’économie et actuellement dominés par des « coalitions de capitalistes », comme les chemins de fer, l’extraction houillère...) et une exploitation par l’association du capital, du travail et du talent ; il souhaite aussi « la création d’une armée des travaux publics » et la direction par les communes des entreprises d’utilité publique, pour l’éclairage, la distribution des eaux. Il souhaite aussi la formation d’un « ministère spécial du Progrès chargé de l’étude de toutes les améliorations sociales et de toutes les améliorations mécaniques », qui favoriserait, les expérimentations sociales [17].
Cependant, il a « le cœur navré » après les journées insurrectionnelles de juin et la violente répression menée par les troupes de Cavaignac : « Il ne faut pas se le dissimuler : le triomphe des insurgés eût amené de grands malheurs ; leur défaite est loin d’avoir raffermi la position ». Il s’inquiète de voir la République évoluer dans une direction conservatrice, et craint que de l’autre côté, « les masses ne soient tentées de chercher à conquérir violemment le droit au travail qui leur est nécessaire pour vivre » ; or, « la solution est ailleurs : elle est dans une série d’institutions qui mettent tout homme qui veut travailler à l’abri de la misère, qui rendent le travail en honneur, qui concilient les intérêts aujourd’hui opposés du capital et du travail » [18].
A son père, auquel il reproche de lire Le Constitutionnel et de reproduire les jugements sommaires du journal conservateur envers les socialistes, Denfert-Rochereau défend la « science sociale » de Fourier, qui, « telle qu’elle est enseignée par les phalanstériens, a attiré dans leurs rangs nombre d’hommes de science et de talent, à tel point que sur 3 000 ou 4 000 adhérents que leurs idées comptent aujourd’hui, on ne cite presque pas de gens incultes. Je parle ici des adhérents bien connus et éprouvés depuis longtemps ; car depuis le 24 février, notre nombre a fort grossi et nous avons des sympathies dans toutes les classes de la société, parmi des gens qui ne sont nullement phalanstériens » [19].
Sans doute profite-t-il de la présence de son régiment aux environs de Paris, début juillet, pour rencontrer des dirigeants de l’École sociétaire ; il dîne un soir chez l’ingénieur Jean-Baptiste Krantz, l’auteur d’un Projet de création d’une armée de travaux publics (1847) [20].
Propagandiste phalanstérien et officier républicain
A la fin de l’été 1848, il est à Bourg-en-Bresse ; dans l’hiver 1848-1849, il s’efforce de propager les idées de Fourier ; « je fais ici tous les jeudis soir une exposition de la théorie phalanstérienne à une réunion de 9 ou 10 individus. Ils adoptent jusqu’ici complètement ce que je leur propose. J’ai un programme complètement arrêté, et si j’arrive au bout, j’aurai formé ici un centre fécond et en sympathie pleine avec la Démocratie pacifique » [21]. Dans une lettre de janvier 1849, il annonce plutôt « 10 ou 11 expositions », pour « 7 ou 8 individus, chez une personne de la ville ». L’un de ses auditeurs prendra ensuite son manuscrit et l’utilisera pour faire lui-même « un cours public » ; « nous ne pouvons manquer ainsi de lever sur une grande partie de la population le bandeau qui l’éblouit et d’attirer à nous quelques esprits » ; puis, des exemplaires de l’exposition seront envoyés dans les autres villes de l’Ain, « de façon qu’on ouvre partout un cours semblable au nôtre ». Denfert-Rochereau signale aussi des initiatives sociétaires (assurances mutuelles, épicerie) à Lyon, Villefranche [22].
Son régiment se rend ensuite à Dijon, où il entre en relation avec les phalanstériens locaux et observe le fonctionnement d’une boulangerie sociétaire adossée à une société de secours mutuels. Il rassemble le texte des expositions faites à Bourg-en-Bresse pour en faire une brochure intitulée « La Science sociale et le socialisme, par un officier de l’armée des Alpes ». « Je crois avoir mathématiquement démontré les principes fondamentaux de l’organisation du travail de Fourier. La brochure aura environ 80 pages qui sont très serrées. Ce sera plus fait pour les individus qui connaissent les sciences que pour d’autres » ; il espère que la Librairie sociétaire se chargera de l’édition [23].
En décembre 1848, il a voté en faveur de Ledru-Rollin à la présidence de la République. Mais la victoire de Louis-Napoléon Bonaparte n’entame pas trop son optimisme : il prévoit l’échec rapide du nouveau président et l’arrivée prochaine au pouvoir de La Montagne [24]. « Une théorie des analogies historiques, qui paraît pleine de bon sens et que Victor Meunier [un journaliste fouriériste] émit au moment de l’élection du 10 décembre, assigne à six mois d’ici seulement le triomphe définitif de la République démocratique et sociale » [25].
Comme d’autres officiers, il conserve ses opinions républicaines et fouriéristes tout en accomplissant ses devoirs militaires, même si d’après sa correspondance, il lui est pénible de participer en juin 1849 à l’expédition de Rome (« cette expédition d’Italie est un honte » [26]), qui a pour but de renverser la République romaine (dont il est personnellement partisan) et de rétablir le pape dans la capitale des États pontificaux.
Le cercle phalanstérien de Toulon
En février 1850, il est nommé capitaine d’état-major à Toulon ; comme d’autres officiers en garnison dans ce port, il devient l’un des actionnaires de l’Union agricole d’Afrique (il ne prend qu’une seule action, de 50 francs) et il se montre très attentif à l’évolution de l’exploitation [27] ; il participe à des réunions phalanstériennes et contribue à la formation d’un restaurant sociétaire pour les ouvriers ; l’établissement, financé par des souscriptions, ouvre en août 1851 avec un certain succès en raison de la modicité des prix [28]. Denfert-Rochereau consacre aussi une partie de son temps à la lecture de la Revue de l’éducation nouvelle de son condisciple Jules Delbruck, mais aussi de Saint-Simon et d’Auguste Comte. Son nom figure sur une liste des membres du club phalanstérien dressée par la police de Toulon le 6 novembre 1851 [29].
Mais, en cette année 1851, l’administration s’inquiète de l’audience des socialistes ; elle prend des mesures pour empêcher le développement du restaurant sociétaire, qui est interdit aux militaires. Et elle s’en prend aux officiers qui manifestent leurs convictions fouriéristes : les activités phalanstériennes de Denfert-Rochereau attirent en effet l’attention des autorités civiles et militaires, ce qui provoque d’abord l’embarras de ses supérieurs immédiats, plutôt élogieux sur la façon dont il remplit ses fonctions, comme en témoigne le rapport du lieutenant-colonel Revel, à la mi-novembre 1851 : « Je puis cependant dire que les opinions de M. Denfert n’ont rien qui puisse alarmer ses chefs. Très bon par nature, très loyal, avec cette chaleur de sentiment propre à la jeunesse, il conçoit des améliorations possibles dans notre organisation sociale, mais surtout et avant tout, il n’en voudrait la réalisation que toute pacifique et sans bouleversement aucun » [30].
Néanmoins, le ministre décide en novembre 1851 de l’éloigner de Toulon et le nomme à Calvi, en Corse. Il doit désormais taire ses convictions fouriéristes, d’autant plus que le 2 décembre suivant, intervient le coup d’État et la mise en place d’un régime autoritaire. A ce moment, Denfert-Rochereau est en congé, pour préparer son mariage qui a lieu en mars 1852 ; il épouse Pauline Louise Henriette Surleau (1830-1906), fille du président du consistoire de Montbéliard [31].
La carrière d’un officier doté de sens critique
Ses supérieurs continuent cependant pendant tout le Second Empire à le considérer avec suspicion, en raison en particulier de son indépendance d’esprit : « il se livrait à des théories déraisonnables sur l’avenir de la société humaine. Aujourd’hui, il est marié et mûri par l’âge. Il sert à la satisfaction de ses chefs, mais il est peu probable que ce soit jamais un officier bien dévoué aux devoirs de son état » [32].
Après la Corse, il passe quelque temps à La Roche-sur-Yon et à Arras ; puis il participe à la guerre de Crimée (1854-1855) où il est blessé ; il est ensuite nommé professeur adjoint à l’École d’application de Metz avant de servir en Algérie (1860-1864) ; favorable à la colonisation, vecteur de progrès économique et social, et à la réalisation de travaux par l’armée d’Afrique, il construit des barrages et des ponts afin de contribuer à la mise en valeur du pays.
En 1864, il rejoint Belfort, dont il réorganise le système de défense ; ayant conservé sa foi protestante, il siège au conseil presbytéral de Belfort, noue des liens avec les notables protestants et mène une vie mondaine assez active. Pendant le siège de la ville, lors de la guerre franco-prussienne, il reçoit le commandement de la place, qui n’ouvre ses portes qu’après l’armistice entre les deux pays, et sur ordre du gouvernement de la Défense nationale.
C’est alors la fin de sa carrière militaire, qu’il termine au grade de colonel du génie, carrière pendant laquelle il a montré, écrit William Serman, « la mentalité d’un officier démocrate, soucieux d’harmoniser les droits du citoyen et les devoirs du soldat, le respect de la personne et l’efficacité de l’action » ; son sens du devoir et de la discipline militaire n’exclut pas l’esprit critique : « sa raison refuse d’abdiquer devant l’autorité » [33].
Député républicain
Denfert-Rochereau est élu député à l’Assemblée nationale en février 1871 par le Haut-Rhin ; mais comme les autres députés alsaciens et lorrains, il démissionne le 1er mars pour protester contre le vote de l’assemblée nationale réunie à Bordeaux, qui, en acceptant les préliminaires de paix, admet l’annexion à l’Empire allemand de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. Il désapprouve l’insurrection de la Commune, ainsi que la répression menée par les Versaillais. En juillet 1871, lors d’une élection législative partielle, il est élu par trois départements (Charente-Inférieure, Doubs et Isère) et choisit de représenter le premier d’entre eux.
Il siège dans les rangs gambettistes, dont il préside le groupe l’Union républicaine à partir de 1872. A l’assemblée, il intervient surtout sur les questions militaires et dépose un projet de loi sur le recrutement.
Alors que les partisans du comte de Chambord et du comte de Paris envisagent la restauration de la monarchie, il adhère à la Ligue de l’enseignement et à la Société d’instruction élémentaire de Paris qui ont pour objectif de développer l’éducation du citoyen et de favoriser la diffusion des idéaux républicains.
En 1876, il échoue d’abord aux sénatoriales (en janvier), puis est élu député de Paris (en février). Lors de la crise du 16 mai 1877, il fait partie des 363 députés qui s’opposent à Mac Mahon et de Broglie ; il est réélu député de Paris en octobre 1877.
Depuis la fin de l’année 1851, on ne lui connaît pas d’activités fouriéristes, ni même de liens avec l’École sociétaire ou avec des entreprises phalanstériennes. En 1877, toutefois, un député resté phalanstérien, Vladimir Gagneur, le convainc de s’abonner au Bulletin du mouvement social [34].
En avril 1879, la « nécrologie phalanstérienne » de l’année écoulée rappelle que « le colonel Denfert-Rochereau, l’héroïque défenseur de Belfort, devait aussi être compté parmi les partisans de la doctrine de l’association » [35].
En 1878, un monument, avec l’inscription « Au Colonel Denfert-Rochereau, à qui ce pays doit d’être resté français » est inauguré à Montbéliard. En 1879, c’est la ville de Saint-Maixent qui lui élève une statue ; et en 1920, une autre statue est dressée à Paris, place Denfert-Rochereau ; elle est détruite pendant la Seconde Guerre mondiale.