On trouvera ci-dessous la présentation de l’ouvrage paru à Dijon, aux Presses du Réel, la table des matières, les index de noms de personnes et de lieux, ainsi que l’introduction générale.
La réalisation du bonheur sur terre, telle est la promesse formulée par Charles Fourier dans la première moitié du XIXe siècle. L’espoir de voir advenir ce « nouveau monde » a séduit dans les années 1840 plusieurs milliers de militants, confiants dans la possibilité de transformer la société de façon à la fois pacifique et radicale. En 1848, ils comptent sur l’avènement de la Seconde République pour établir un socialisme coopératif ; puis, la République suivant une orientation plus conservatrice avant d’être renversée par Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, ils reportent leurs espérances sur la création d’une communauté au Texas, cependant dissoute en 1857 après environ deux années d’existence. Cet échec, qui succède à plusieurs autres, confirme aux yeux de maints observateurs le caractère utopique du projet phalanstérien.
Pourtant, malgré ces déconvenues, des disciples persistent dans leur adhésion aux idées de Fourier et dans leur engagement pour changer les conditions de vie de leurs contemporains. C’est l’histoire collective de ces militants dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui est présentée dans cet ouvrage. Qui sont-ils ? Comment s’organisent-ils pour diffuser leur idéal et conquérir de nouveaux partisans ?
Les fouriéristes ont, malgré les échecs enregistrés, continué à élaborer de nouveaux projets d’association et de communauté, des années 1850 aux années 1880 ; ils en concrétisé plusieurs : à Condé-sur-Vesgre (près de Rambouillet), à Vienne (Isère) ou à Saint-Denis-du-Sig (en Algérie). A Ry (près de Rouen), un médecin a fondé un établissement éducatif où les principes fouriéristes se traduisent en innovations pédagogiques.
Les disciples de Fourier ont aussi largement participé à de nombreux mouvements sociaux (l’économie sociale, l’éducation populaire, le féminisme, le pacifisme) et se sont investis dans le champ politique. Comment parviennent-ils à traduire leur ambition radicale d’une société alternative dans ces engagements aux apparences plus humbles ou plus conventionnelles ?
Enfin, grâce en particulier à l’abondante correspondance que les militants ont adressée aux dirigeants du mouvement fouriériste, cette étude s’intéresse aux les conséquences de leur adhésion au fouriérisme sur leur vie personnelle et professionnelle ; elle s’interroge sur les raisons qui amènent les uns à persévérer dans leurs convictions de jeunesse et les autres à s’en éloigner ou à leur donner de nouvelles formulations, comme Godin, le fondateur du Familistère de Guise.
Table des matières
Remerciements
Introduction
Première partie : Mouvement sociétaire et militants fouriéristes
Chapitre 1 : L’École sociétaire des années 1850 aux années 1880
A - Groupes provinciaux contre Centre parisien (1857-1864)
B - La réorganisation de l’École (1864-1870)
C - Déclin et disparition de l’École (années 1870 et 1880)
Chapitre 2 : Les militants fouriéristes
A - Âges et générations
B - Positions sociales et catégories professionnelles
C - Les hommes, les femmes et les couples
Chapitre 3 : Les activités militantes des fouriéristes
A - Les contributions militantes
B - Les sociabilités militantes
C - Les groupes locaux
Chapitre 4 : L’École sociétaire, l’œuvre de Fourier et les voies de l’Harmonie
A - La déférence pour Fourier et la référence à son œuvre
B - Les voies de la transformation sociale : essai phalanstérien ou garantisme
Deuxième partie : Perspectives harmoniennes : les essais et projets phalanstériens
Chapitre 5 : L’Union agricole d’Afrique, à Saint-Denis-du-Sig (Algérie)
Chapitre 6 : La Société agricole et industrielle de Beauregard, à Vienne (Isère)
Chapitre 7 : La Maison rurale d’expérimentation sociétaire à Ry (Seine-Maritime)
Chapitre 8 : Le Ménage sociétaire de Condé-sur-Vesgre
Chapitre 9 : Projets d’inspiration phalanstérienne
A - Les établissements pour enfants
B - Ménages sociétaires et Cercle des familles
C - Les associations domestiques, agricoles et industrielles
Troisième partie : L’engagement des fouriéristes dans les combats sociaux et politiques
Chapitre 10 : Réformer la société : les fouriéristes, l’économie sociale et le socialisme
A - Les coopératives
B - Les sociétés de secours mutuels
C - Vers un socialisme garantiste ?
Chapitre 11 : La diversité des engagements : féminisme, pacifisme, anticléricalisme et éducation populaire
A - Les fouriéristes et le mouvement féministe
B - La contribution des fouriéristes au pacifisme
C - L’anticléricalisme et la libre pensée
D - Les fouriéristes et l’éducation populaire
Chapitre 12 : Les fouriéristes et la solution politique
A - Neutralité ou engagement ?
B - Les fouriéristes, l’Empire et la République
C - Le fouriérisme en politique : l’Harmonie devant les assemblées
Quatrième partie : Engagement et désengagement chez les militants fouriéristes
Chapitre 13 : Pourquoi les fouriéristes persistent-ils à militer au service de la cause sociétaire ?
A - La volonté de participer à l’édification d’un nouveau monde
B - Les bénéfices de l’engagement fouriériste
Chapitre 14 : Engagement militant, vie familiale et activité professionnelle
A - Les convictions fouriéristes et leur traduction dans l’espace familial
B - Espérances harmoniennes et pratiques professionnelles
C - Les exigences et les conséquences de l’engagement
Chapitre 15 : Rester fouriériste ?
A - Fidélité ou défection ?
B - Les théories des épigones : Godin, Lemoyne et Destrem
C -De la réforme sociale aux pratiques spirites et occultistes ?
Conclusion générale
Abréviations
Sources et bibliographie
Table des matières
Index des noms de personnes
Adam (Juliette) : 52, 84, 98, 111, 327, 341, 381,
Adrian (Alfred) : 285
Ailloud (Alphonse) : 150, 153, 156
Alexandre (Charles) : 301
Alhaiza (Adolphe) : 111
Allaise : 100, 112
Amigues (Jules) : 251
Andral (Jean-Baptiste-Gabriel) : 401, 404
Andrews (Stephen Pearl) : 195, 207
Anglemont (Arthur d’) : 144, 234, 369, 370, 386,
Aristote : 372 ;
Arnaud (Angélique) : 254
Arnaud (Antoine) : 317, 343
Artaud (Alfred) : 104,
Asarta (Emmanuel d’) : 106, 107, 113, 114, 139
Aumont (Léon) : 220
Auclert (Hubertine) : 257
Ballard (Claude) : 402, 404
Ballard (Guillaume ou Jacques-Guillaume) : 198, 199, 203, 219, 221, 233, 286, 292, 295, 300, 325, 332, 340, 342, 402
Balme (Paul) : 90, 109, 207, 221, 332, 342
Baras : 278
Barat (Etienne) : 144, 211, 212, 213, 214, 216, 217, 232, 233, 300, 361, 385, 408
Barlet (F.-Ch.) : 388
Barodet (Désiré) : 205
Barral (Georges) : 66, 101, 112, 406
Barral (Jean-Augustin) : 101, 209, 266, 404
Barrier (François) : 24, 29, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 39, 41, 43, 44, 45, 47, 48, 49, 51, 52, 61, 62, 65, 66, 67, 74, 75, 77, 78, 84, 86, 88, 89, 91, 93, 94, 99, 100, 101, 103, 107, 108, 109, 112, 115, 118, 120, 122, 123, 124, 125, 126, 129, 130, 131, 136, 139, 151, 155, 181, 182, 189, 192, 197, 201, 210, 219, 220, 222, 229, 233, 234, 248, 249, 283, 309, 310, 315, 327, 328, 335, 337, 340, 341, 350, 359, 360, 377, 407, 409, 420
Baudet-Dulary (Alexandre) : 31, 34, 75, 151, 180, 181, 187, 188, 325, 340, 360,
Bazaine (Dominique) : 404
Béléguic (Eugène) : 29, 76, 84, 271, 333, 342, 403
Bellamy (Edward) : 274
Beluze (Jean-Pierre) : 160, 232, 234, 413
Bergeron (Charles) : 404
Bernard (Claude) : 119
Berlioz (Hector) : 269
Bert (Louis) : 103, 112, 342, 381, 383
Berthault-Gras : 325
Bertholon (César) : 154, 192, 285, 383, 400, 401
Bessard (Alexis) : 286
Beuque (Aimée) : 19, 20, 34, 35, 37, 41, 49, 52, 63, 64, 66, 67, 75, 76 ; 98, 103, 136, 377, 388, 389, 401
Biottot (Edmé Victor) : 402
Bixio (Alexandre) : 63
Blanc (Joseph) : 48
Blanc (Louis) : 205, 287
Blanc : 381
Blanqui (Auguste) : 245
Blahostvetlof : 219
Blondel (Paul-Émile) : 402
Boissonnet (André-Denis-Alfred) : 266, 403, 404
Boissonnet (Estève-Laurent)) : 403, 404
Boissy (Louis) : 96
Bonaparte (Napoléon) ou Napoléon Ier : 268, 311
Bonaparte (Louis-Napoléon) ou Napoléon III : 10, 12, 27, 47, 160, 194, 219, 228, 281, 282, 283, 284, 348, 377, 388,
Bonaparte (Napoléon-Jérôme) : 282,
Bonnard (Arthur de) : 101, 192, 233, 234, 240, 325, 326, 327, 340, 376, 406, 408,
Bonnemain (Louise) : 273
Bonnemère (Eugène) : 21, 58, 101, 139, 143, 211, 222, 259, 267, 268, 287, 351, 378, 379, 388, 389, 401
Bonnet-Duverdier (Edmond-Guillaume) : 205
Boucherot (Prosper) : 401
Boulanger (Florimond) : 60, 167, 203, 211, 222, 408
Bourdain (Edmond) : 223
Bourdon (Antoine) : 240, 241, 250, 257, 344,
Bourdon (Émile) : 23, 24, 34, 54, 58, 59, 64, 70, 73, 88, 179, 359
Boureulle (Paul-Charles Peureux de) : 111, 141, 142, 151, 334, 335, 360, 402, 404, 412
Boureulle (Valérie de) : 83, 144, 187,
Bourgeois (Léon) : 246
Boutet (Eugène) : 237, 286
Bouvier : 129, 234, 249, 323, 339
Bouvyer (Auguste) : 111
Brincourt (Mathieu) : 181
Brisbane (Albert) : 108, 215
Broglie (Albert de) : 286
Brousse (Paul) : 243, 245, 251
Brun (Benoît) : 401
Brunier (Charles) : 34, 63
Buchez (Philippe) : 54, 228, 235
Bugeaud (maréchal) : 147
Buisson (Henry) : 235, 236, 296
Bureau (Allyre) : 356, 376, 388
Burel (Louise) : 87, 145
Bürkli (Karl) : 108, 114, 420
Cabet (Étienne) : 114, 160, 243, 391, 397, 413
Cadenat (Henry) : 105
Cailhabet (Anne) : 90, 101, 109, 112, 382
Caillié (René) : 378, 389
Cala y Barea (Ramon de) : 107-108, 113, 114, 415
Calland (Victor) : 196, 197, 220, 271
Cantagrel (François) : 70, 92, 103, 107, 213, 223, 264, 268, 276, 283, 285, 288, 289, 290, 291, 295, 299, 300, 360, 382, 401
Carnot (Sadi) : 373
Carrel (Armand) : 377
Casimir-Périer (Auguste) : 228
Castellan (Pierre) : 269, 278
Castellane (général de) : 349
Castelar (Emilio) : 46
Catineau (Pierre-Henri) : 73, 84, 264, 265, 317, 352, 382, 402, 404
Cavelier (Catherine) : 346
Chapron (E.) : 88, 109
Chasle-Brenezay (Maurice Chasles, dit) : 209, 210, 211, 216, 221, 222, 237, 360, 384
Chauveau (Jean) : 84, 103, 112
Chevalier (Nicolas Philippe) : 402
Chevé (Armand) : 240
Chevé (Émile) : 268, 269, 278
Chevé (Nanine, née Paris) : 278
Chrétien (Anathase) : 69, 269
Clairefond (Marius) :
Clos (Jules-François) : 403
Cluzet : 185
Coignet (Clarisse) : 66
Colins (Hippolyte de) : 243
Collard (Alfred) : 139, 402, 404
Collenot (Jean-Jacques) : 76, 84, 181,
Colomb (Christophe) : 352
Comberousse (Charles de) : 150, 155, 410
Combet : 113
Comparot (Émile) : 76, 84, 323, 339
Considerant (Victor) : 9, 10, 11, 14, 19, 20, 24, 25, 27, 33, 35, 40, 45, 46, 53, 58, 59, 60, 61, 63, 64, 66, 67, 68, 70, 71, 74, 77, 78, 90, 94, 103, 104, 106, 107, 113, 114, 115, 141, 143, 147, 148, 233, 244, 251, 253, 259, 262, 266, 268, 273, 277, 278, 280, 281, 298, , 309, 328, 348, 354, 356, 359, 360, 364, 377, 383, 399, 400, 407, 416, 420, 421
Considerant (Julie, née Vigoureux) : 63, 377, 388, 400
Coste (Paul) : 70
Courbebaisse (Alphonse) : 29, 75, 118, 119, 130, 143, 336, 339, 343, 401, 403, 404
Courbebaisse (Émile) : 403
Couturier (Henri) : 67, 70, 91, 100, 101, 109, 112, 117, 129, 143, 144, 145, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 181, 207, 210, 214, 217, 233, 234, 238, 250, 255, 260, 267, 285, 286, 291, 295, 296, 300, 310, 313, 322, 324, 328, 339, 340, 353, 360, 364, 385, 386, 392, 402, 404, 410, 412, 417
Crassous (Jules) : 402, 404
Daly (César) : 192, 420
Dameth (Henri) : 221
Daubié (Julie) : 257
David (Louise) : 255, 260
David (Félicien) : 376
David (Élisa) : voir Ragot-David (Élisa)
Defer (Jean-Baptiste) : 325, 340
Delbrück (Jules) : 29, 43, 66, 192, 194, 214, 219, 265
Deléage (Gabriel) : 87
Delpuech d’Espinassous : 151, 310
Demare : 109, 276
Demeur (Alphonse) : 106,
Denfert-Rochereau (Aristide Philippe) : 285, 328, 333, 341, 342, 351, 381
Deraismes (Maria) : 144, 202, 254, 255, 260, 273, 274
Deroin (Jeanne) : 253
Derrion (Michel) : 228, 247
Desbuissons, instituteur : 171
Descartes (René) : 372
Desmoulins (Auguste) : 54, 235
Destrem (Hippolyte) : 29, 66, 93, 259, 260, 354, 355, 370-373, 374, 386, 387, 401, 409
Dethou (Alexandre) : 235, 249, 285, 288, 291, 295, 300
Devay (Jean-Jacques-François) : 97, 181
Devoluet (Antoine-Alphonse-François) : 334, 342, 360, 402, 404
Dollfus (Jean) : 81
Donnedieu de Saint-André (Charles-Pierre-Jean-André) : 34, 151, 156
Dorian (Pierre-Frédéric) : 266, 285
Dubois (William) : 103
Dubost (Antonin) : 296
Ducamp (Eugène) : 285, 400
Ducharne : 268, 277
Ducreux (Éléonore) : 64
Ducreux (héritiers) : 64
Dumont (Alexandre) : 112
Dupont (Auguste) : 41, 52, 67, 69, 401
Dupuy (de Pau) : 151
Durand de Gros (Antoinette) : 323
Durand de Gros (Joseph-Antoine) : 75, 299, 323, 339, 341, 420
Durand de Gros (Joseph-Pierre) : 75, 120, 130, 285, 299, 323, 327, 339, 341, 378, 420
Durando (Gaëtan) : 249, 348, 381
Dürrbach : 197
Duruy (Victor) : 257
Dutercq : 107, 113, 381,
Duval (Jules) : 28, 29, 32, 44, 45, 49, 65, 67, 83, 99, 100, 101, 124, 125, 126, 131, 133, 137, 139, 140, 151, 182, 184, 185, 187, 189, 190, 219, 230, 232, 233, 248, 249, 254, 257 ; 258 ; 262, 271, 277, 283, 284, 296, 298, 359, 412, 420
Ernoul-Jottral : 60, 70, 267,
Espinassous (d’) : voir Delpuech d’Espinassous
Faber : 249
Falque (Jean-Michel) : 301
Faneau (Valère) : 41, 42, 47, 49, 68, 75, 88, 107, 109, 118, 129, 164, 177, 187, 199, 200, 201, 202, 203, 206, 220, 221, 253, 257, 262, 274, 275, 284, 299, 327, 360
Favelier (Claude) : 187
Favre (Jules) : 288, 290
Fauvety (Charles) : 130, 367, 377, 378, 389, 406
Feillet (Jules-Jean) : 76, 84, 403
Fénélon : 372
Féraud (Jean-Baptiste) : 113
Ferbus (Nicolas) : 26, 30, 122, 124, 131, 182, 369, 370, 407, 409
Ferran (Dr) : 388
Ferry (Jules) : 287, 295
Fiévet : 169
Flammarion (Camille) : 119
Flaubert (Gustave) : 175
Floquet (Charles) : 205
Flotard (Eugène) : 150
Forest (Prudent) : 269
Flotard (Eugène) : 150, 155, 156, 410
Fonssagrives (Jean-Baptiste) : 169
Fontana (Ignace Édouard) : 198, 220
Forest (Prudent) : 269
Foucault (Jean) : 181, 188
Fouillée (Alfred) : 246
Fournerat (Jean-Baptiste) : 87, 109
Franchot (Louis) : 376
Franck (Adolphe) : 372
Frelon : 129
Fribourg (Ernest) : 240
Fröbel (Friedrich) : 159, 160, 162, 192, 194, 206, 271
Fumet (Jenny, née Michelot) : 145
Gagneur (Wladimir) : 101, 214, 232, 234, 248, 255, 260, 262, 264, 267, 268, 275, 285, 286, 287, 288, 291, 296, 420
Gagneur (Marie-Louise) : 144, 255, 262, 273, 275, 287, 320, 420
Galin (Pierre) : 268, 269, 278
Gall (Frantz Joseph) : 326, 340
Gambetta (Léon) : 287, 372
Gandil (Fabien-Pierre-Edmond, ou Eugène) : 141, 142, 329, 335, 342, 402, 404
Garand (ou Gorand) (Jean-Marie) : 109
Garbé ( : 139
Garin : 109
Garnier (Jules) : 402, 404
Gatti de Gamond (Zoé) : 328
Gaudinet : 113
Gautier (Henri Joseph) : 75, 84, 136, 137, 139, 140, 141, 142, 143, 147, 148, 359, 382, 383, 384, 402, 417
Gay (Désirée) : 253
Gide (Charles) : 227, 236, 296
Gigoux (Jean) : 70
Gilliot (Alphonse) : 88, 109, 352, 382
Giraud (Jules) : 55, 71, 144, 269, 379,
Glorget (Jean-Baptiste) : 75
Glorget (Nicolas) : 75
Godin (Jean-Baptiste) : 20, 100, 207, 221, 260, 354, 355-363, 370, 373, 374, 376, 379, 382, 383, 384, 408, 417-418
Gorand (Jean-Marie) : voir Garand
Gounod (Charles) : 96
Gouté (Charles) : 260, 268, 278
Granday (Louis Isidore) : 209, 213, 222
Granié (F.) : .381
Grévy (Jules) : 287, 373
Griess-Traut (Jean) : 57, 70, 81, 100, 142, 151, 181, 192, 207, 213, 219, 221, 260, 322, 332, 360,
Griess-Traut (Virginie) : 57, 70, 82, 100, 144, 151, 181, 192, 213, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 273, 275, 322, 332,
Grimes (Adolphe-Joseph-Barthélémy) : 402, 404
Grosjean (Louis-Auguste) : 101, 111, 112, 266, 276, 402
Guaita (Stanislas de) : 378, 388
Guébin (Louis) : 144,
Guéroult (Adolphe) : 262, 275, 282, 298
Guesde (Jules) : 243, 245
Guilbaud (Pierre-A. ou Pierre-Claude) : 157, 175
Guillaume (James) : 90, 103, 109, 112, 113
Guillon : 351
Guillon (Amédée) : 64,
Guillon (Ferdinand) : 356
Guyard (Auguste) : 81, 85, 402, 404
Guizou (Jean-Baptiste) : 90, 92, 104, 109, 110, 112, 113, 232, 267, 268, 277
Hache : 139
Hahnemann (Samuel) : 325, 326, 327
Harel (Charles) : 189
Hébert (Léon) : 381
Hennequin (Victor) : 107, 335, 375, 376, 377, 388
Héring (Théophile) : 69, 76, 84, 381,
Hobbes : 372
Houdin (Auguste) : 69, 111, 151, 237, 263, 275, 310,
Houzé (A.) : 382
Howland (Marie) : 207, 221, 358, 383, 415
Hugo (Victor) : 5, 14, 96, 117, 144
Hugonnet (Léon) : 129, 273, 377, 388
Jaenger (Pierre-Paul) : 325
Jeannoël : 382
Jhouney (Albert) : 179, 378, 388,
Josserand : 105
Jouanne (Adolphe) : 31, 44, 49, 50, 60, 67, 100, 110, 120, 121, 126, 130, 157-179, 191, 192, 211, 217, 222, 223, 237, 265, 267, 281, 298, 310, 311, 323, 331, 337, 353, 360, 378, 388, 392, 407, 408, 411, 416,
Jouanne (Guillaume) : 175
Jhouney (Albert) : 179, 378, 388
Juvin (Joseph) : 325, 353,
Kardec (Allan) (ou Hippolyte Rivail) : 375, 388
Korsak (A. de) : 342
Krantz (Jean-Baptiste) : 259, 274, 285, 291, 300, 341, 350, 351
Küss (Charles) : 30, 63, 197, 220
Lacour (Nicolas Alexandre Laurent) : 286
Laforest (Pierre) : 109, 268, 277
Lamioz (Pierre-Athanase) ( ?) : 220
Lamennais (Félicité de) : 377
Lamoricière (Mme veuve) : 113
Langlois : 147
Lanvin (ou Lauvin) : 109
Laprade (Victor de) : 169, 178
Lardier (Étienne Eugène) : 402
Laroche-Joubert : 230
Larousse (Pierre) : 269
Lauvin : voir Lanvin
Laverdant (Gabriel-Désiré) : 29, 46, 93, 110, 223, 261, 264, 276
Laviron (Paul-Émile) : 238, 250, 402, 408,
Lebaro ( ?) : 277
Leboiteux (René-Charles) : 286, 402, 404
Lebourgeois : 402
Lechalas (Médéric-Clément) : 335, 336, 343, 401, 404
Lechevalier (Jules) : 130, 349, 350, 351, 363, 381, 407, 413
Leclaire (Jean) : 230, 244, 248, 251, 266, 282, 292-293, 294, 301, 408, 410
Leclercq (Auguste) : 234
Ledoux (Claude-Mathias) : 103, 112,
Ledru (Camille) : 401, 404
Leibnitz : 367
Lejay (Julien) : 389
Lemonnier (Charles) : 72, 259, 260, 275
Lemoyne (Nicolas) : 32, 43, 78, 99, 130, 181, 263, 271, 323, 336, 339, 343, 354, 355, 363-369, 370, 373, 374, 384, 385, 386, 401, 404, 409, 420
Leneveux (Henri) : 54, 69, 126, 235
Lenoir (Albert) : 196, 220
Le Play (Frédéric) : 29, 48, 230, 283, 395
Le Rousseau (Julien) : 38, 39, 40, 41, 45, 47, 67, 68, 70, 74, 81, 84, 85, 90, 98, 107, 109, 111, 129, 131, 230, 231, 232, 244, 245, 248, 251, 262, 275, 277, 283, 284, 285, 287, 298, 299, 372, 387, 409, 410
Leroux (Pierre) : 54, 235, 243
Lesage (A.) : 40, 41, 67, 98, 111, 131,
Limousin (Antoine) : 92, 110, 121, 130, 240, 381
Limousin (Charles ou Charles-Mathieu) : 51, 52, 54, 55, 56, 59, 62, 68, 69, 70, 71, 72, 75, 88, 89, 92, 97, 99, 107, 110, 113, 118, 120, 126, 127, 131, 133, 231, 233, 235, 236, 239, 240, 241, 242, 243, 244, 245, 246, 249, 251, 255, 258, 260, 267, 269, 272, 278, 279, 284, 288, 290, 291, 296, 300, 329, 342, 354, 360, 361, 362, 363, 367, 380, 383, 384, 392,
Lissagaray (Prosper-Olivier) : 68
Littré (Émile) : 407
Lockroy (Édouard) : 205
Longechamp : 113
Louis (Louis) : 113
Louis-Philippe Ier : 77, 281
Louyot (ou Loupot ?) : 381
Lysandre : 377
Macé (Jean) : 266, 267, 277,Maitrot de Varennes (François-Marie-Alexandre) : 335, 336, 343, 401, 404
Maleplane (Léonard, Veyrier de) : 404
Mallet : 371
Malon (Benoît) : 235, 243, 251
Mangin (Amédée Paul Théodore) : 404
Mangon (Charles-François-Hervé) : 401, 404
Mansion (Pierre-Emmanuel) : 238
Marchand (Victor) :77, 84, 271, 286, 288, 290, 293, 294, 295, 299, 300, 301, 328, 330, 334, 335, 341, 342, 410, 420
Marcheval : 155
Marchines (Henry Joseph) : 90, 109
Marenholtz (Mme de) : 160
Margollé (Pierre-Paul-Charles) : 29, 266, 271, 403
Marion (Charles-Étienne-Gabriel) : 402, 404
Martenet : 139
Marx (Karl) : 243, 303,
Maurize (ou Morize) : 192
Mavergnier de Buisson (Jacques François Gustave) : 140
Mayer (Alexandre) : 328
Méray (Antony) : 21, 29
Mercier (Achille) : 39, 125, 126, 152, 220, 232, 233, 248, 283, 383, 384
Merling (Léon-Pierre-Georges) : 237, 238
Mérona : 288
Meunier (Victor) : 233, 264, 270, 271, 279, 379, 402
Médius : Lemoyne
Mignerot (Césarine) : 145, 198, 199, 201, 203, 204, 205, 214, 216, 220, 255
Milliet (Jean-Paul) : 190, 323, 388, 412
Milliet (Louise) : 388
Milliet (famille) : 185, 190, 323, 388, 412
Moigneu (Faustin) : 141, 142, 144, 185, 187, 203, 211, 233, 236, 266, 267, 268
Mongellas (François Eugène) : 402
Montesquieu : 372
Moreau (Stéphanie) : 188,
Morellet (Alphonse) : 83, 100, 181, 187, 188, 190, 234, 286, 296, 301, 400
Morellet (Hippolyte) : 296
Morellet (Marie-Antoine) : 296
Morges : 105
Morin (André-Saturnin) : 57, 61, 126, 245, 252, 259, 264, 265, 378, 402
Morize (voir Maurize)
Morlon (André Adolphe) : 45, 67, 68, 89, 91, 100, 101, 109, 110, 129, 167, 177, 178, 290, 291, 292, 294, 295, 300, 301, 311, 317, 323, 332, 339, 342, 347, 350, 368, 381, 386
Muiron (Just) : 9, 24, 25, 26, 27, 29, 30, 31, 32, 34, 39, 49, 57, 59, 60, 64, 65, 68, 70, 71, 75, 76, 84, 100, 101, 103, 114, 123, 124, 126, 142, 184, 189, 192, 193, 207, 263, 282, 284, 298, 299, 360, 407, 420
Mure (Benoît) : 325, 326, 340
Mutter (E. die) : 156
Nefftzer (Auguste) : 288
Nerval (Gérard de) : 376
Newton (Isaac) : 6, 365
Niboyet (Eugénie) : 253
Niel (maréchal) : 334
Noiron (Louis de) : 196
Noirot (Jean-Baptiste) : 35-38, 40-41, 66, 99, 125, 126, 129, 140, 232, 233, 234, 277, 283, 296, 317, 359, 360, 400, 401
Nus (Eugène) : 54, 58, 69, 88, 122, 143, 144, 190, 256, 267, 277, 299, 351, 360, 367, 376, 377, 378, 379, 380, 386, 388, 389, 410,
Nus (Mme) : 256
O Dru de Revel : 332, 342
Ordinaire (Édouard) : 103
Pancin (Camille) : 307
Pagliardini (Tito) : 360, 383
Pape-Carpantier (Marie) : 185, 190, 194, 219, 254, 257, 273, 274, 420
Papus (Gérard Encausse, dit) : 378, 388
Pardoux (Antoine) : 102, 112, 260
Parent : 66
Paris (comte de) : 228
Paris (Aimé) : 268, 269, 278
Parmentier (Joseph-Charles-Théodore) : 328, 334, 335, 341, 342, 343, 403, 404
Passy (Frédéric) : 259
Passy (Hippolyte) : 372
Pelletan (Camille) : 68
Pellarin (Charles) : 32, 33, 39, 43, 45, 46, 47, 50, 51, 52, 54, 56, 57, 58, 61, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 74, 75, 76, 77, 78, 81, 84, 85, 88, 89, 92, 96, 97, 99, 101, 107, 109, 116, 119, 120, 121, 122, 125, 126, 129, 130, 131, 144, 210, 230, 231, 232, 242, 244, 245, 248, 252, 257, 263, 269, 268, 273, 274, 275, 276, 278, 281, 283, 298, 299, 307, 325, 327, 335, 341, 342, 348, 349, 351, 354, 360, 361, 368, 381, 383, 406, 407, 410
Peyre (Édouard) : 412
Pierre, ou Potonié-Pierre (Eugénie), 75, 99, 111, 256
Pierre (Guillaume) : 75, 98, 172, 179
Piriou (Louis-Constant) : 27, 64, 65, 100, 112, 182, 189, 197, 220, 334, 342, 349, 403
Platon : 372
Pompéry (Édouard de) : 89, 109, 120, 130, 263, 266, 267, 360, 362, 383, 384, 402, 410,
Pontet (Olivier) : 56, 251
Potonié-Pierre : voir Pierre
Pottier (Eugène) : 85, 96, 185, 377
Poujade (Cyprien) : 234, 249, 264, 276, 285, 286, 287, 295, 327, 400, 409
Pouliquen (Joseph François Marie) : 141, 142, 151, 181, 188, 237,
Poupin (Victor) : 287
Priqueler (Irénée) : 233
Proudhon (Pierre Joseph) : 54, 235, 239, 240, 241, 243, 257,
Py (Jean-Eustache-Joseph) : 403
Rabelais : 277
Ragot-David (Elisa, née David) : 169, 170, 178, 322, 332, 360, 382, 383
Ragot-David (Baptiste-François, né Ragot) : 268, 277, 322, 332, 360,
Rama : 109
Raoux (Édouard) :100, 112, 192, 206, 207, 219, 221, 269, 271, 279, 360, 404, 409
Ravet-Anceau (Jean-Baptiste) : 234
Reclus (Élie) : 187, 232
Reclus (Élisée) : 219
Rémusat (Charles de) : 205,
Renan (Ernest) : 277
Renaud (Édouard) : 139
Renaud (Hippolyte) : 32, 43, 53, 103, 122, 139, 240, 263, 267, 268, 276, 323, 328, 335, 341, 342, 364, 379, 407, 410,
Renouvier (Charles) : 52, 69, 246, 252,
Reverchon (Jacques Maximilien) : 137
Reybaud (Louis) : 384
Richard (Charles) : 121, 130, 252, 268, 329, 341, 402, 404
Riche-Gardon (Luc-Pierre) : 31, 32, 43, 44, 57, 65, 67, 69, 101, 223, 282, 298, 323, 364, 367, 386, 405
Rivagerie (Joséphine-Euphrosime de la) : 145
Rivagerie (Viette de la) : voir Viette de la Rivagerie
Rivail (Hippolyte) : voir Allan Kardec
Robert (Charles) : 230, 231, 248, 300, 301
Roca (abbé) : 179, 378, 388, 389
Rochefort (Henri) : 288
Rollin (François) : 381
Romulus : 377
Rothschild : 125
Roudaire (François) : 119, 329, 335, 341, 342, 402, 420
Rousseau (Jean-Jacques) : 277, 372
Rousselle (André) : 241, 251
Royer (Clémence) : 72
Sabatier (François) : 352, 382
Sabran : voir Véran Sabran
Saint-Simon (et saint-simoniens) : 9, 72, 77, 78, 111, 147, 228, 253, 259, 275, 282, 343, 348, 349, 350, 358, 363, 372, 381, 384, 385, 391, 397, 407, 413
Saint-Yves d’Alveydre : 372, 373, 387
Sauvestre (Charles) : 21, 43, 57, 62, 69, 92, 95, 111, 151, 231, 245, 248, 355, 262, 266, 268, 269, 282, 360, 402
Savardan (Auguste) : 14, 29, 31, 32, 65, 78, 84, 93, 110, 124, 131, 193, 194, 214, 219, 223, 265, 271, 282, 298, 328, 331, 407, 409, 420
Schoelcher (Victor) : 144
Sée (Camille) : 257
Silberling : 75
Silberling (Édouard) : 75
Silberling (Maximilien) : 75, 129, 130, 214, 223, 350, 361, 378, 384, 389
Simon (Jules) : 169, 256
Sorret : 222,
Spiess (Cyprien) : 56,
(voir aussi Thrasybule)
Sue (Eugène) : 277
Tallon (Eugène) : 41, 43, 46, 52, 53, 57, 60, 61, 67, 68, 69, 70, 98, 144, 178, 201, 204, 205, 211, 213, 222, 264, 359, 400
Tamisier (Alphonse) : 285, 299, 351, 382
Templier (Louis) : 331
Thiers (Adolphe) : 205, 285
Thrasybule (pseudonyme de Charles Sauvestre) : 27
Tinayre (Victoire) : 61, 70, 98, 111
Tisserand (Louis) : 256
Tolain (Henri) : 54, 235, 240
Toussenel (Alphonse) : 21, 76, 233, 348
Transon (Abel) : 349, 350, 351, 363, 381, 407,
Trévelas : 249
Tristan (Flora) : 112
Vaganay : 155
Valeton de Boissière (Ernest) : 214-215, 223, 331
Valentin (Edmond) : 285, 328, 341, 381, 400
Vallot (Claude) : 87, 109, 307, 317, 333, 342
Valserre (Jacques) : 57,
Vansittart Neale (Edward) :249
Vapereau (Gustave) : 53
Varlin (Eugène) : 241, 250, 257
Vauchez (Emmanuel) : 144
Veil (E.) : 301
Véran Sabran (Jean-Pierre) : 214, 223, 261
Versigny (Albert Armand) : 402
Veryer de Maleplane : voir Maleplane
Vial (Mathieu) : 56, 122, 130
Viette de la Rivagerie (Adolphe Hyacinthe) : 143, 402
Vigoureux (Clarisse) : 59, 63, 377, 388
Vigoureux (Julie) : voir Considerant (Julie)
Vilar (Léon de) : 404
Vingtrinier (Dr) : 175
Vitureau (Jean) : 402
Voltaire : 277
Walsin-Esterhazy (Louis Joseph Ferdinand) : 136
Wejnert (ou Weynert) (Nicolas) : 220
Woodhull (Victoria) : 207
Zurcher (Frédéric) : 29, 81, 101, 267, 271, 334, 342
Index des noms de lieux
Afrique : 119, 136, 147, 148, 217, 317, 329, 411, 412, 417
Voir aussi : Algérie, Égypte, Sahara, Soudan
Ain : 286, 286, 299, 301, 403
Voir aussi : Bourg-en-Bresse
Alès (Gard) : 400
Alger (Algérie) : 94, 103, 130, 151, 235, 255, 348, 381
Algérie : 25, 32, 66, 81, 136, 136-148, 149, 181, 192, 197, 255, 319, 329, 350, 401, 411, 417, 420
Voir aussi : Alger, Bône, Oran, Saint-Denis-du-Sig
Allier : 78, 84, 209, 285, 403
Voir aussi : Moulins
Alsace : 76, 88, 107, 142, 266
Voir aussi : Bas-Rhin, Haut-Rhin
Amboise (Indre-et-Loire) : 80, 103, 331, 345, 383
Amérique : 21, 269, 352, 377, 405
Amérique du Nord : 21, 32, 133, 377, 405, 419
Voir aussi Etats-Unis
Amérique latine : 415
Voir aussi : Mexique
Angleterre : 38, 55, 249
Voir aussi : Grande-Bretagne, Londres
Ardennes : 181, 336, 364, 403
Voir aussi : Mézières
Audenge (Gironde) : 215
Aveyron : 285
Voir aussi : Rodez
Bâle (Suisse) : 241
Barr (Bas-Rhin) : 76, 381
Bas-Rhin : 69, 285, 381, 400, 403
Voir aussi : Barr, Strasbourg
Beauregard : voir Vienne (Isère)
Belgique : 10, 11, 21, 25, 38, 58, 94, 106, 266, 331, 357, 414, 415
Voir aussi : Bruxelles
Besançon (Doubs) : 5, 9, 24, 25, 26, 29, 30, 31, 41, 49, 60, 62, 64, 65, 70, 71, 93, 103, 110, 136, 137, 182, 184, 189, 192, 325, 369, 420
Bléneau (Yonne) : 235, 249, 295
Blois (Loir-et-Cher) : 105, 214, 217, 268, 278
Bône (Algérie) : 197
Bordeaux (Gironde) : 215, 235, 249
Boston (Etats-Unis) : 94
Bouches-du-Rhône : 90, 104, 113, 403
Voir aussi : Marseille
Boulogne (Pas-de-Calais) : 107, 381, 403
Bourg-en-Bresse (Ain) : 286, 296
Bourges (Cher) : 109
Bourgogne : 35, 100, 133, 217
Voir aussi : Côte-d’Or, Nièvre, Saône-et-Loire, Yonne
Brésil : 10, 133, 135, 217, 325
Voir aussi : Sahi (ou Sai)
Brest (Finistère) : 76, 277, 403
Bruxelles (Belgique) : 38, 66, 106, 240, 241, 260, 356, 404
Bulgnéville (Vosges) :382
Cannes (Alpes-Maritimes) : 197, 208
Cadix (Espagne) : 106, 107
Californie (Etats-Unis) : 391
Carpentras (Vaucluse) : 286, 287, 295
Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) : 109, 269, 325, 403
Chapelle-Gaugain (La) (Sarthe) : 93, 193
Charleval (Eure) : 173
Charnay-lès-Mâcon (Saône-et-Loire) : 292, 295, 300, 332
Chartres (Eure-et-Loir) : 185
Châtellerault (Vienne) : 264, 305, 382
Cheltenham (Etats-Unis) : 391
Cher : 403
Voir aussi : Bourges
Cîteaux (Côte-d’Or) : 133, 135, 181, 255, 273, 319, 356
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) : 81, 85, 102, 103, 247, 260, 268
Colmar (Haut-Rhin) : 22, 107, 197, 325, 403
Condé-sur-Vesgre (Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines) : 9, 26, 31, 64, 75, 94, 124, 127, 131, 133, 151, 180-190, 192, 194, 195, 200, 211, 216, 217, 219, 233, 234, 237, 322, 331, 353, 356, 360, 363, 364, 369, 371, 377, 392, 404, 407, 412, 417
Copenhague (Danemark) : 235
Corning (Etats-Unis) : 391
Corse : 334
Côte-d’Or : 181, 270, 287, 288, 294, 295, 299, 300, 301, 323, 403
Voir aussi : Cîteaux, Dijon
Crimée (Russie) : 329
Dauphiné : 221, 342
Voir aussi : Drôme, Hautes-Alpes, Isère
Deux-Sèvres : 286, 404
Dijon (Côte-d’Or) : 48, 109, 286, 288, 292-293, 295, 300, 307, 317, 323, 332, 342, 403
Doubs : 49, 64, 110, 403, 415
Voir aussi : Besançon
Drôme : 254
Écosse : 91
Voir aussi : Grande-Bretagne
Egypte (Afrique) : 325
Epinal (Vosges) : 334, 339, 364
Espagne : 10, 18, 46, 106, 107, 205, 332, 370, 386, 415, 416
Voir aussi : Cadix
Esquéhéries (Aisne) : 355
Etats-Unis : 10, 11, 14, 38, 45, 55, 106, 108, 113, 133, 135, 195, 207, 214, 217, 223, 258, 356, 407, 415, 419
Voir aussi : Boston, Californie, Cheltenham, Corning, Illinois, Iowa, Kansas, Nauvoo, New York, Nouvelle-Angleterre, Nouvelle-Orléans, Saint-Louis, Texas
Eure : 381, 403
Voir aussi : Charleval, Gisors
Eure-et-Loir : 403
Voir aussi : Chartres
Florence (Italie) : 90, 101, 382
Franche-Comté : 407
Voir aussi : Doubs, Haute-Saône, Jura
Gard : 151
Voir aussi : Alès, Nîmes
Gênes (Italie) : 103, 106
Genève (Suisse) : 103, 106, 113, 240, 241, 250, 257, 416
Gibraltar : 142
Gironde : 192, 215, 219
Voir aussi : Audenge, Bordeaux, Langoiron
Gisors (Eure) : 381
Grande-Bretagne : 10, 416
Voir aussi : Angleterre, Écosse, Londres
Grandvillars (Haute-Saône) : 381
Grèce : 377
Grenoble (Isère) : 90, 144, 151, 207, 221, 301, 325, 332, 342, 353, 410
Guise (Familistère de) (Aisne) : 20, 100, 207, 230, 260, 269, 279, 355-363, 376, 382, 383, 384, 388, 409, 417-418
Haute-Marne : 404
Hautes-Alpes : 404
Haut-Rhin : 81, 403
Voir aussi : Colmar, Mulhouse
Haute-Saône : 381, 403
Voir aussi : Grandvillars
Hérault : 404
Voir aussi : Montpellier
Herblay (Seine-et-Oise, aujourd’hui Val d’Oise) : 282, 292-293, 301, 408
Houdan (Seine-et-Oise ; aujourd’hui Yvelines) : 111, 189, 412
Illinois (États-Unis) : 391
Indre-et-Loire : 382, 403
Voir aussi : Amboise, Loches
Iowa (Etats-Unis) : 391
Isère : 109, 112, 144, 149, 154, 155, 156, 221, 285, 286, 295, 296, 300, 317, 339, 342, 382, 385, 386, 403, 404, 410, 417
Voir aussi : Grenoble, Vienne
Italie : 10, 38, 106, 107, 113, 208, 329, 330, 334
Voir aussi : Florence, Gênes, Milan, Toscane, Sicile, Vintimille
Jouarre (Seine-et-Marne) : 195, 196-197, 220
Jura : 110, 250, 275, 286, 288, 296, 300, 403, 415, 420
Jura (massif du) : 378
Kansas (Etats-Unis) : 215, 223
Voir aussi : Silkville
Langoiron (Gironde) ; 192
Lausanne (Suisse) : 100, 112, 192, 193, 206, 207, 219, 221, 269, 271, 278, 279, 360, 404
Lilas (Les) (Seine, aujourd’hui Seine-Saint-Denis) : 369
Limoges (Haute-Vienne) : 140, 403
Loches (Indre-et-Loire) : 382
Locle (Le) (Suisse) : 90, 103, 106, 113,
Loir-et-Cher : 151, 237, 268, 274, 285, 403
Voir aussi : Blois, Saint-Léonard
Loire : 87, 285, 353, 400, 403
Voir aussi : Saint-Etienne, Unieux
Loire-Inférieure (Loire-Atlantique) : 403
Voir aussi : Nantes
Londres (Grande-Bretagne) : 240, 257
Lorient (Morbihan) : 172, 331, 334
Lyon (Rhône) : 6, 9, 24, 25, 27, 31, 32, 33, 36, 41, 43, 62, 65, 66, 67, 71, 78, 84, 94, 103, 109, 112, 122, 136, 137, 140, 149, 151, 153, 155, 181, 228, 245, 250, 309, 324, 327, 328, 337, 399, 400, 403, 404, 407, 408, 410, 417
Mâcon (Saône-et-Loire) : 286, 294
Maine-et-Loire : 176, 237, 403, 409, 411
Voir aussi : Saumur, Souzay
Marne (département) : 268, 332, 403
Voir aussi : Trigny
Marne (rivière) : 192
Marseille (Bouches-du-Rhône) : 59, 70, 74, 80, 92, 94, 95, 100, 101, 103, 104-106, 107, 113, 122, 229, 232, 245, 246, 267, 268, 294, 347, 353, 400, 403, 407
Marzy (Nièvre) : 292
Maurice (île) : 10, 416
Mayenne (département) : 403
Menton (Alpes-Maritimes) : 208
Metz (Moselle) : 9, 107, 181, 267, 277, 325, 328, 334, 364, 365, 384, 385, 403, 420
Meurthe : 26
Voir aussi : Meurthe-et-Moselle, Nancy, Pont-à-Mousson, Sarrebourg
Meurthe-et-Moselle : 64, 403
Voir aussi : Meurthe
Meuse : 101, 266, 276, 403
Mexique : 329
Mézières (Ardennes) : 464
Midi : 208
Milan (Italie) : 405
Montpellier (Hérault) : 323
Morgny (Seine-Inférieure) : 173
Morbihan : 41, 403
Voir aussi : Lorient
Moselle : 107, 237, 249, 364, 386, 403
Voir aussi : Metz, Rozérieulles
Moulins (Allier) : 403
Mulhouse (Haut-Rhin) : 81, 85, 107
Nancy (Meurthe, puis Meurthe-et-Moselle) : 26, 142, 326, 340, 364, 369, 403
Nantes (Loire-Inférieure) : 87, 94, 103, 335, 343, 403
Nauvoo (Etats-Unis) : 391,
Neuchâtel (Suisse) : 90, 103, 106, 113
New York (Etats-Unis) : 195, 207, 219, 415
Nevers (Nièvre) : 292, 323, 404
Nice (Alpes-Maritime) : 197, 208
Nièvre : 45, 100, 167, 285, 301, 311, 317, 400, 403
Voir aussi : Marzy, Nevers
Nîmes (Gard) : 34, 246, 307
Nord : 403
Nouvelle-Angleterre (Etats-Unis) : 207
Nouvelle-Orléans (États-Unis) : 94, 106, 113, 215, 391
Oise : 209, 403
Oran (Algérie) : 136, 137, 138, 145, 148, 401, 411, 417
Orléans (Loiret) : 403
Paris (Seine) : 6, 9, 11, 19, 20, 21, 23, 24, 27, 28, 30, 31, 32, 33, 35, 38, 39, 44, 45, 46, 47, 48, 50, 52, 53, 58, 67, 72, 76, 93, 94, 96, 98, 99, 100, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 110, 114, 116, 118, 122, 123, 129, 142, 145, 151, 153, 164, 173, 178, 180, 182, 189, 192, 194, 196, 197, 198, 199, 200, 201, 202, 203, 204, 205, 207, 208, 211, 217, 219, 220, 229, 234, 236, 239, 240, 241, 250, 251, 255, 256, 260, 264, 267, 268, 274, 277, 285, 292, 306, 322, 323, 328, 337, 339, 344, 348, 350, 364, 369, 370, 376, 377, 378, 384, 387, 388, 391, 392, 395, 399, 400, 401, 402, 405, 418
Pau (Basses-Pyrénées, aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques) : 151
Pays-Bas : 416
Poitiers (Vienne) : 405
Pont-à-Mousson (Meurthe, puis Meurthe-et-Moselle) : 340
Prusse : 203, 287, 329, 377
Puy-de-Dôme : 85, 260, 286, 403, 415
Voir aussi : Clermont-Ferrand
Rambouillet (Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines) : 180, 185, 189
Réunion (Texas) : 14, 17, 106, 108, 133, 135, 213, 215, 321, 339
Rhône (département) : 285, 296, 400, 403
Rochefort (Charente-Inférieure, ou Charente-Maritime) : 335, 339, 363, 403
Rodez (Aveyron) : 323
Rome : 377
Rouen (Seine-Inférieure) : 60, 101, 109, 157, 158, 159, 161, 164, 172, 173, 174, 175, 176, 178, 179, 267, 342, 411
Roumanie : 10, 214, 223, 416
Rozérieulles (Moselle) : 237, 238, 249,
Russie : 10, 416
Voir aussi : Crimée
Ry (Seine-Inférieure) : 49, 50, 60, 64, 67, 68, 100, 102, 110, 157-179, 182, 184, 191, 192, 194, 211, 216, 217, 219, 222, 237, 309, 311, 323, 331, 337, 339, 360, 378, 392, 396, 411, 416
Sahara : 119, 131, 329, 341, 342, 420
Sahi (ou Sai) (Brésil) : 133, 135
Saint-Denis-du-Sig (Algérie) et Union du Sig (ou Union agricole d’Afrique) : 32, 33, 136-148, 149, 157, 174, 181, 182, 184, 191, 192, 200, 211, 216, 217, 256, 268, 278, 309, 322, 329, 353, 356, 359, 360, 371, 392, 396, 399, 400, 401, 404, 411, 412, 417
Saint-Étienne (Loire) : 87, 90, 94, 103, 109, 117, 129, 151, 154, 231, 239, 268, 277, 278, 323, 353, 381, 403
Saint-Fargeau (Yonne) : 286
Saint-Léonard (Loir-et-Cher) : 237
Saint-Louis (Etats-Unis) : 391
Sainte-Hermine (Vendée) : 237
Saône-et-Loire : 198, 286, 299, 300, 301, 342, 403
Voir aussi : Chalon-sur-Saône, Charnay-lès-Mâcon, Mâcon,
Sarrebourg (Meurthe, puis Moselle) : 26, 64, 403
Sarthe : 92, 93, 110, 193, 194, 282, 298, 331, 403, 420
Saumur (Maine-et-Loire) : 209, 346, 403
Seine (département) : 38, 173, 174, 205, 276, 285, 339, 403
Voir aussi : Les Lilas, Paris
Seine-et-Marne : 196, 220, 403
Voir aussi : Jouarre
Seine-et-Oise : 189, 282, 292, 403, 412
Voir aussi : Condé-sur-Vesgre, Herblay, Houdan, Rambouillet, Versailles
Seine-Inférieure (Seine-Maritime) : 49, 65, 68, 110, 158, 166, 169, 175, 176, 177, 178, 179, 222, 277, 298, 339, 403, 411, 416
Voir aussi : Morgny, Rouen, Ry
Sicile (Italie) : 325
Silkville (Kansas, USA) : 214, 215, 331
Soudan (Afrique) : 325
Souzay (Maine-et-Loire) : 175, 176, 221, 237, 249, 408, 409, 411
Strasbourg (Bas-Rhin) : 107, 328, 341, 403
Suisse : 10, 11, 25, 38, 90, 91, 100, 103, 106, 108, 208, 250, 255, 331, 360, 404, 416
Voir aussi : Bâle, Genève, Lausanne, Le Locle, Neuchâtel, Zurich
Texas (Etats-Unis) : 11, 12, 14, 17, 20, 46, 59, 64, 68, 84, 106, 108, 124, 127, 131, 133, 213, 215, 309, 319, 321, 331, 342, 344, 356, 359, 360, 377, 391, 393, 405, 407
Voir aussi : Réunion
Toscane (Italie) : 101
Toulon (Var) : 81, 197, 266, 333, 342,
Toulouse (Haute-Garonne) : 348, 381
Tournus (Saône-et-Loire) : 286
Trigny (Marne) : 268, 332
Unieux (Loire) : 87
Val d’Oise : 403
Voir aussi : Seine-et-Oise
Var : 90
Voir aussi : Toulon,
Varsovie (Pologne) : 121
Vaucluse : 234, 264, 276, 285, 286, 295, 400, 401, 403
Voir aussi : Carpentras
Vendée : 237, 286, 335, 403
Voir aussi : Sainte-Hermine
Versailles (Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines) : 185
Vienne (Isère) et Société de Beauregard : 100, 102, 109, 144, 149-156, 157, 181, 182, 184, 191, 192, 194, 211, 216, 217, 230, 233, 234, 238, 249, 252, 267, 277, 283, 286, 295, 296, 300, 301, 309, 310, 313, 317, 322, 328, 359, 360, 364, 392, 396, 404, 410, 417
Vienne (département) : 137, 209, 404
Voir aussi : Châtellerault, Poitiers
Vintimille (Italie) : 208
Vosges : 142, 151, 336, 339, 343, 382
Voir aussi : Bulgnéville, Épinal
Yonne : 35, 235, 249, 285, 286, 288, 295, 300, 403
Voir aussi : Bléneau, Saint-Fargeau
Yvelines : voir Seine-et-Oise
Zurich (Suisse) : 94, 108, 250, 255
Introduction
Comment les partisans d’une doctrine censée apporter le bonheur sur terre persistent-ils dans leurs convictions et leurs projets quand les échecs subis semblent condamner irrémédiablement leurs espérances ? Comment peuvent-ils s’obstiner à vouloir transformer la condition humaine quand l’environnement politique et idéologique leur est de plus en plus défavorable et qu’ils sont, soit ignorés de leurs contemporains, soit considérés comme des « utopistes » ? Telle est la question à l’origine de cette étude sur le militantisme fouriériste dans la seconde moitié du XIXe siècle. Car le fouriérisme existe au-delà de la Seconde République, contrairement à ce que pourrait faire croire la catégorie de « socialisme pré-quarante-huitard » dans lequel il est souvent enfermé ; et il ne se réduit pas à une construction intellectuelle édifiant dans l’imaginaire une cité idéale, projet dont il suffirait de constater la démesure pour qualifier les disciples de Fourier de rêveurs attardés et éloignés des réalités contemporaines.
Il s’agit donc ici, non pas d’étudier Charles Fourier ou son œuvre, ce qui a déjà été abondamment et souvent très bien fait, en particulier dans le dernier tiers du XXe siècle, mais de reporter l’attention sur les hommes et les femmes qui ont considéré que l’auteur de la Théorie des Quatre mouvements leur offrait dans ses ouvrages des instruments pour mieux comprendre le monde et pour le modifier afin de parvenir à l’épanouissement de l’être humain ; ou encore d’observer des individus qui ont décidé de consacrer une partie de leur temps, de leur argent ou de leur énergie, à faire advenir un monde d’où seraient exclues l’aliénation et l’oppression caractérisant selon eux la société contemporaine, et qui procurerait à ses habitants des satisfactions morales et matérielles jusqu’alors inconnues.
Charles Fourier et son œuvre [1]
Cependant, avant d’examiner les travaux de ses partisans, il est nécessaire de présenter brièvement le fouriérisme. Et tout d’abord l’auteur lui-même, Charles Fourier, un homme qualifié de génie ou de fou, longtemps ignoré de ses contemporains, mais dont Victor Hugo assurait dans Les Misérables, que « l’avenir s’en souviendrait [2] ». Né à Besançon en 1772 dans une famille de négociants, il entre lui-même dans le commerce en 1789. Parallèlement à son activité professionnelle, ou en la suspendant quand il dispose de ressources financières suffisantes, il élabore une théorie dont, après quelques articles parus dans la presse lyonnaise, la Théorie des quatre mouvements et des destinées générales (1808), constitue le premier exposé ; celui-ci est poursuivi dans d’autres ouvrages dont les plus importants sont le Traité de l’Association domestique et agricole (1822) puis Le Nouveau Monde industriel et sociétaire (1829) et enfin La Fausse Industrie (1835-1836), ainsi que dans de nombreux articles et surtout textes restés manuscrits. Fourier meurt le 10 octobre 1837 à Paris, où il était installé depuis une quinzaine d’années.
Son œuvre, à l’écriture complexe ou « sauvage [3] » et dont la lecture est souvent difficile, en raison des néologismes et des digressions qui parsèment le texte, comprend plusieurs aspects : Fourier a tout d’abord fait une « découverte » essentielle, affirme-t-il, celle des passions, c’est-à-dire des pulsions ou des penchants qui régissent l’activité et les comportements des hommes ; sur les douze passions fondamentales, cinq sont dites « sensuelles » (les cinq sens), quatre « affectives » (amitié, amour, ambition et parenté) ; des trois dernières, « distributives » ou « mécanisantes », dépend le bon fonctionnement du « mécanisme social », puisqu’on y trouve la « cabaliste », soit le goût du calcul, de la combinaison qui stimule l’activité, favorise les initiatives ; la « papillonne » qui correspond au désir de variété et se traduit par la volonté de changer régulièrement de tâches et de plaisirs ; enfin la « composite » qui assemble simultanément les satisfactions de l’esprit et du corps. L’analyse et la combinaison de ces douze passions, très diversement présentes chez les individus, permettent de déterminer un total de 810 caractères différents. Fourier prétend donc révéler au monde les lois de « l’attraction passionnée », qui font agir les êtres humains et évoluer les sociétés, la physique newtonienne n’ayant découvert qu’une dimension de l’attraction universelle.
Or, l’organisation sociale n’est absolument pas conforme à ces lois et ne permet donc pas de satisfaire les besoins de l’homme : elle impose le refoulement des passions, ce qui provoque frustrations et perversions ; elle provoque la misère morale et matérielle, aggravée par l’individualisme et la concurrence qui caractérisent la société industrielle naissante ; elle est incohérence, gaspillage, mensonge... Le commerce, en particulier, subit les critiques de Fourier, qui dénonce les produits falsifiés, les profits des intermédiaires au détriment des producteurs et des consommateurs, les fraudes de toutes sortes... À cela s’ajoutent encore le travail, qui ne fournit aucun plaisir en raison de sa monotonie et parce que la nature des tâches effectuées ne correspond que rarement aux aspirations profondes des individus ; l’éducation, qui comprime les dispositions des enfants pour le jeu et l’activité physique ; les institutions répressives que constituent le mariage et la famille : tout montre qu’il faut sortir de ce système nocif que Fourier appelle « Civilisation » et qui est incapable de réaliser le bonheur sur Terre.
Ce dernier est pourtant accessible - Fourier en est convaincu - grâce à « la science sociale » qui, fondée sur la prise en compte des passions, les combine, les associe de façon harmonieuse, et permet donc à chaque individu d’assouvir ses penchants sans nuire à autrui et tout en œuvrant pour le bénéfice de la communauté. Celle-ci, la « phalange », réunit entre 1500 et 2000 membres (idéalement 1620, soit deux fois les 810 caractères), même si des essais peuvent être tentés avec des effectifs de quelques centaines de personnes. Ses habitants vivent dans un même édifice, le « phalanstère » - le mot est créé à partir de la phalan[ge] et du [mona]stère - dont l’architecture et le fonctionnement favorisent l’établissement de relations entre les individus : si les membres de la phalange disposent d’appartements privés, les repas, les loisirs, le travail... sont généralement des activités collectives, des occasions de rencontres pendant lesquelles des groupes se font et se défont au gré des affinités personnelles. Ainsi, à l’organisation du travail qui condamne chaque individu à rester toute une journée parfois seul devant sa machine, son comptoir, son établi ou dans son champ ou son bureau pour un revenu misérable, le système fouriériste substitue le « travail attrayant, par séances courtes et alternantes » dans le cadre de groupes ou « séries ». Les membres de la phalange se réunissent selon leurs goûts, quelques-uns formant par exemple une série consacrée à l’arboriculture, d’autres constituant la série des étables ou une série manufacturière. Cette association des travailleurs entraîne tout d’abord une très forte augmentation de la production et donc des bénéfices, grâce à l’usage de techniques ou de machines que chacun des intervenants n’aurait pu se procurer et faire fonctionner individuellement. Mais cela permet aussi à chaque individu, après une ou deux heures consacrées à une série, de passer à une autre activité et ainsi de satisfaire la « papillonne » et de mettre en œuvre la diversité de ses facultés. Profits individuels et intérêt général se rejoignent : le travail, devenu attrayant et effectué avec plaisir, atteindra un haut niveau de productivité ; la variété de goûts et de caractères que l’on peut observer dans une communauté amènera ses membres vers des séries et des travaux très différents, et l’ensemble des tâches que requiert le fonctionnement de la phalange, même les moins honorées en Civilisation, seront remplies sans difficultés en Harmonie, nom donné à cette nouvelle phase de la vie sur terre.
La phalange ou « association intégrale » fournit à ses habitants des jouissances inédites, mais inégales selon les individus ; elle comprend en effet des riches et des pauvres, les premiers logeant dans des appartements plus luxueux, consommant des mets plus raffinés et disposant de plus de loisirs que les seconds. Ces disparités de revenus et de conditions tiennent compte de la variété des goûts et des aptitudes et contribuent à la dynamique sociale à l’intérieur de la communauté. Mais Fourier veut préserver l’unité de la phalange, ce qui implique tout d’abord que les écarts sont limités et qu’un « minimum social » est garanti aux moins fortunés, dont la condition est de toute façon tout à fait enviable quand on la compare à ce qui existe en Civilisation. D’autre part, l’habitat unitaire, le rassemblement régulier dans des activités laborieuses ou récréatives, et surtout les repas collectifs permettent de tisser des liens solides entre les membres du Phalanstère, liens confortés pour les nouvelles générations par une éducation commune. D’autre part, Fourier considère que trois éléments concourent à la production de biens : le capital, le travail et le talent ; chacun d’entre eux doit être rémunéré et d’importants dividendes sont promis à ceux qui voudront investir dans la phalange, de même que des salaires élevés rétribueront les travailleurs et aussi ceux qui apportent leur talent, c’est-à-dire leur habileté, leur esprit inventif, leurs capacités d’organisation ; la phalange, loin d’instaurer la communauté des biens, doit au contraire préserver la propriété individuelle. La science sociale est donc l’art d’associer des individus singuliers, de les faire coopérer dans la création de richesses et de les réunir dans les plaisirs de la sociabilité, d’utiliser la diversité de leurs caractères et la disparité de leurs conditions pour les faire vivre et agir ensemble.
Comment accéder à ce monde si séduisant ? Comment passer des maux de la Civilisation aux bienfaits de l’Harmonie ? La voie la plus attrayante et la plus souvent envisagée par Fourier et ses premiers disciples, consiste à fonder une « phalange d’essai », sans doute d’abord incomplète, mais qui très rapidement fera l’objet de l’admiration des visiteurs qui s’empresseront eux-mêmes d’en établir de nouvelles, jusqu’à ce que la terre soit couverte de phalanstères. Un autre chemin, généralement appelé « garantisme », est possible, quoique moins enthousiasmant : il repose sur la formation de sociétés de secours mutuels, de coopératives, d’habitations communes et de différentes associations dite « simples », c’est-à-dire ne concernant qu’un aspect de l’activité humaine et incapables de prendre en compte les passions humaines ; ces étapes « garantistes » et « sociantistes » développeront l’esprit associatif et prépareront les hommes à « l’association intégrale » de l’Harmonie. Toutefois, pour Fourier et nombre de ses disciples, elles renvoient l’avènement de l’Harmonie à un horizon plus lointain, tandis que la phalange permet d’y accéder en très peu de temps.
Sans doute s’agit-il là d’une présentation trop sommaire d’une théorie qui s’intéresse également aux comportements des planètes, qui substitue aux guerres entre les nations des compétitions gastronomiques, qui prédit à l’homme une espérance de vie moyenne de 144 ans, qui prévoit des changements climatiques, la fonte des glaces aux pôles et la mise en valeur des déserts arides, qui annonce des mutations des espèces animales et même du corps humain, qui promet après la mort des migrations des âmes à travers l’espace non seulement de l’univers, mais aussi du binivers, du trinivers... Cependant, c’est principalement ce qui a été décrit ci-dessus qui retient l’attention de ceux qui, à partir de 1830 environ, vont se présenter comme les adeptes du fouriérisme et se regrouper au sein de l’École sociétaire [4] .
Formation et déclin de l’École sociétaire [5]
Longtemps, en effet, Fourier n’a eu que quelques lecteurs acceptant de le suivre dans sa découverte du système passionnel et dans sa description du « nouveau monde » ; il a son premier véritable disciple avec Just Muiron, chef de division à la préfecture de Besançon, pour qui la Théorie des Quatre Mouvements constitue une véritable révélation en 1814 ; Muiron entre en contact avec Fourier deux ans plus tard, puis forme un petit groupe bisontin, qui accueille le jeune Victor Considerant vers 1825. Celui-ci, admis à l’École polytechnique, rejoint Paris en 1826 ; il rencontre Fourier et s’efforce de propager les idées de ce dernier parmi ses camarades polytechniciens, puis, après son affectation à l’École d’application du génie de Metz, parmi les élèves-officiers. Mais c’est surtout après 1830, grâce aux congés que Considerant obtient de l’institution militaire et qui lui permettent de se consacrer au prosélytisme fouriériste, et grâce aussi à l’adhésion à la théorie sociétaire d’un certain nombre de saint-simoniens, qu’une véritable « École » peut se former aux lendemains de la révolution de Juillet : une « École » car c’est bien une « science sociale » qu’il s’agit d’étudier, de diffuser et d’appliquer.
Malgré l’échec d’un premier essai de réalisation phalanstérienne, à Condé-sur-Vesgre en 1832-1833, les fouriéristes accroissent leur audience, publient des ouvrages et des revues, La Réforme industrielle ou le Phalanstère (1832-1834) puis La Phalange (1836-1843), organisent des conférences pour propager la théorie de l’attraction passionnelle, forment des groupes dans plusieurs villes ; à Lyon en particulier où ils disposent également de journaux. La mort de Fourier en 1837 n’interrompt pas la diffusion de ses idées, malgré les divisions entre ceux qui veulent réaliser très vite la phalange, même incomplète, et ceux qui, comme Considerant, désormais à la tête de l’École, insistent pour d’abord convaincre un large public de la validité des thèses fouriéristes, afin de passer à l’application pratique dans des conditions plus favorables et des chances de succès plus élevées. La création de la Librairie sociétaire, puis du quotidien La Démocratie pacifique en 1843, La Phalange devenant une « revue mensuelle de science sociale », élargissent l’audience de l’École, dont l’existence matérielle est assurée par le versement d’une rente par les disciples.
Le fouriérisme conquiert des partisans en dehors de la France : dans plusieurs pays européens (Belgique, Suisse, Roumanie, Espagne, Italie, Russie, Grande-Bretagne), mais aussi dans d’autres régions du monde : au Brésil, à l’île Maurice, mais surtout aux Etats-Unis dans les années 1840 ; ici, dans le contexte d’une grave crise économique, le modèle alternatif au capitalisme que constituent les associations de production et de consommation recueille de nombreux soutiens. Carl J. Guarneri estime à environ 100 000 individus le nombre d’Américains qui, en se référant de façon plus ou moins explicite au fouriérisme, ont adhéré aux principes sociétaires, dans le cadre d’associations de propagande, de coopératives de production et de consommation ou de communautés d’habitation [6]
Disposant des moyens de participer aux débats publics, l’École dirigée par Considerant s’engage dans le combat politique. Après la chute de la monarchie de Juillet en février 1848 et l’établissement de la Seconde République, des disciples se présentent aux élections et plusieurs fouriéristes siègent à l’assemblée constituante élue en avril 1848, puis à l’assemblée législative désignée en mai 1849. Les fouriéristes peuvent alors penser que les circonstances sont devenues favorables à la réalisation des projets de réforme sociale auxquels ils aspirent, que s’effectue enfin la « rencontre [...] entre le monde rêvé et le cours de l’histoire réelle [7] ».
Cependant, l’évolution conservatrice du régime rejette les fouriéristes dans l’opposition démocrate-socialiste. En juin 1849, une manifestation hostile à la politique gouvernementale est considérée comme insurrectionnelle par les autorités ; elle provoque des poursuites contre les dirigeants fouriéristes et le mouvement sociétaire ; Considerant et plusieurs dirigeants de l’École fuient à l’étranger pour échapper à la répression ; la Démocratie pacifique, victime de perquisitions et d’interdictions, disparaît en novembre 1851. Le mouvement sociétaire a alors perdu ses principaux dirigeants, à l’étranger, et son principal moyen de propagande. Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 provoque à nouveau des arrestations, des emprisonnements, des proscriptions et des exils parmi les fouriéristes engagés aux côtés des démocrates-socialistes et hostiles au régime instauré par Louis-Napoléon Bonaparte, tandis que la législation mise en place en 1852 réduit encore les possibilités d’expression. Parallèlement, aux Etats-Unis, la plupart des associations d’inspiration phalanstérienne formées dans les années 1840 ont disparu : la seule communauté survivante, au début des années 1850, la North American Phalanx, est affaiblie en 1853 par une scission, puis dissoute deux années plus tard [8]. L’« associationnisme » - mot généralement utilisé pour désigner le fouriérisme Outre-Atlantique - a perdu l’essentiel de ses troupes ainsi que ses structures de propagande et de coordination ; les disciples rejoignent le combat en faveur de l’abolition de l’esclavage, ce qui les amène à défendre « l’ordre social nordiste », contre la société esclavagiste du Sud [9] .
Pourtant, un nouveau projet mobilise les disciples de Fourier au milieu des années 1850 : d’un séjour aux États-Unis effectué en 1852-1853, Considerant rapporte un texte, Au Texas, décrivant avec enthousiasme les possibilités offertes à la colonisation sociétaire sur cette « terre promise » [10] ; cela provoque la constitution d’une nouvelle société en 1854 - la Société de colonisation européo-américaine du Texas - et le départ d’Europe dans les premiers mois de 1855 de fouriéristes français, belges et suisses ; ceux-ci, malgré les avertissements de Considerant qui prévoit une phase préparatoire consacrée au défrichement, y vont pour fonder immédiatement une phalange. Mais, au bout de quelques mois d’existence dans des conditions matérielles très difficiles et dans un climat très conflictuel, la colonie abandonnée par Considerant dans l’été 1856 est dissoute en 1857 ; c’est donc un nouvel échec - « un naufrage » écrit l’un de ses participants [11] - qui semble constituer le coup de grâce pour le mouvement sociétaire. Celui-ci, discrédité par cette aventure mal dirigée, éliminé du jeu politique par l’évolution conservatrice de la République et exclu de l’espace public par le Second Empire qui réprime les organisations républicaines et socialistes, semble alors disparaître. « La décomposition du fouriérisme [comme mouvement], commencée dès la fin de la deuxième république, s’acheva sous l’Empire », conclut ainsi Hubert Bourgin en 1905 dans le premier travail de grande ampleur consacré à Fourier, à sa pensée et à ses disciples [12] . Au-delà du milieu du XIXe siècle, il n’y aurait donc plus lieu de s’intéresser au militantisme sociétaire. Seuls mériteraient d’être examinés les éventuels héritages de l’œuvre de Fourier.
Une histoire du militantisme fouriériste
Pourtant, le mouvement fouriériste continue à exister sous le Second Empire et la Troisième République : des disciples de Fourier se réunissent à Paris ou dans plusieurs villes de province ; ils publient des brochures, des livres et des périodiques ; ils se retrouvent régulièrement pour débattre ou dans des réunions, se rassemblent lors de banquets, et de façon plus exceptionnelle, pour des « congrès » ; ils essaient de propager leurs idées et de recruter de nouveaux adhérents ; ils suscitent des projets d’inspiration phalanstérienne ou adhèrent à des associations qu’ils s’efforcent d’orienter dans un sens fouriériste. L’École sociétaire continue donc bien à exister au-delà du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte ou de l’échec texan. Et le premier objectif de ce travail consiste à reconstituer l’histoire du mouvement fouriériste, des années 1850 aux années 1880, quand les principaux éléments qui le constituent (librairie, revues, associations diverses) et surtout quand les individus qui le portent, disparaissent peu à peu ou renoncent à leur combat.
Toutefois, repousser la fin de l’École sociétaire de quelques décennies n’a qu’un intérêt limité, au-delà de l’érudition historique. Mais, s’intéresser à la période postérieure à la Seconde République, étudier les comportements et les activités des fouriéristes des années 1850 aux années 1880 permet d’observer la façon dont ces disciples de Fourier qui avaient pu croire en l’avènement prochain d’un monde différent quand le mouvement fouriériste élargissait son audience dans les années 1840 et surtout lors de « l’illusion lyrique » de 1848, ont pu persévérer dans leurs idéaux et dans leurs efforts pour les concrétiser quand les conditions sont devenues moins favorables et même franchement hostiles. Contre une perception d’un fouriérisme réduit à une pure utopie, donc situé hors du temps et de l’espace réels, il s’agit d’examiner très concrètement les activités de ces hommes et de ces femmes, d’étudier leurs interventions dans l’espace public et plus précisément la façon dont ils tentent de traduire leurs aspirations à un « nouveau monde » dans des projets d’inspiration phalanstérienne et dans leur environnement quotidien.
La question de l’« utopie », de ses emplois disqualifiants - elle est utilisée pour récuser toute validité à la théorie ou à l’objectif ainsi désignés -, de ses vertus intellectuelles - elle ouvrirait des horizons littéralement impensables ou inconcevables dans le cadre habituel de la réflexion sociale ou politique - et de ses capacités mobilisatrices - avec une vision alternative du monde opposée à la résignation à un ordre des choses considéré comme naturel -, a fait l’objet de nombreuses publications et manifestations depuis quelques années [13] ; elle a aussi suscité de vifs débats, les uns voyant dans le projet de Cité idéale la matrice des totalitarismes du XXe siècle, les autres s’attachant aux potentialités émancipatrices d’un programme par lequel les hommes affirment leur maîtrise sur le temps et sur leur environnement dans une vision progressiste de l’histoire de l’humanité. L’examen du fouriérisme à partir de ses disciples doit permettre d’envisager ces questions autrement qu’elles ne le sont habituellement à travers la seule interprétation des textes.
Enfin, ce sont là des histoires d’hommes et de femmes qui sont des militants. Le mot peut sembler excessif et peut être discuté pour les membres de l’École sociétaire dont l’investissement est très variable et parfois très modeste. Les études de sciences politiques nous ont d’ailleurs appris à différencier plusieurs niveaux d’engagement selon leur intensité : les sympathisants, les adhérents, les militants... ; mais ces distinctions sont peu opératoires pendant une grande partie du XIXe siècle et en particulier dans le cadre particulier du mouvement phalanstérien. On considérera donc comme militants - ou disciples selon le terme employé dans l’École sociétaire - tous ceux qui s’efforcent de propager les idées de Fourier, qui contribuent à l’existence d’une organisation sociétaire et qui agissent pour transformer la société dans le sens de l’idéal harmonien. Ces fouriéristes sont au cœur de cette étude, de trois façons au moins : d’abord parce que ce sont leurs comportements, leurs activités et leurs projets collectifs et individuels qui vont être envisagés ; ensuite, les sources elles-mêmes placent les individus au centre de l’enquête : celle-ci repose en effet très largement sur la correspondance des disciples, qui y disent leurs aspirations et y décrivent leurs actions, et sur les productions imprimées (journaux, brochures, livres) rédigées et publiées par ces militants ; enfin, à partir de ces sources, on essaiera de prendre en compte le sens que les militants donnent eux-mêmes à leurs actes, et ainsi d’échapper au jugement normatif qui les désigne a priori comme des utopistes, de surcroît attardés ou archaïques s’ils continuent à proclamer leurs convictions après 1850.
La première étape consiste donc à retracer l’histoire du mouvement fouriériste des années 1850 aux années 1880, à préciser le recrutement de l’École sociétaire, à observer les formes de l’action militante, et à analyser la façon dont les disciples interprètent l’œuvre du Maître. Dans une seconde partie seront présentées les différentes tentatives de réalisations phalanstériennes, les unes restant à l’état de projets, les autres ayant des traductions concrètes plus ou moins durables. Mais les disciples de Fourier, loin de concevoir le changement social à travers le seul projet d’« association intégrale », s’investissent dans de nombreux domaines, qu’il s’agisse de l’économie sociale, du pacifisme, du féminisme, de l’éducation populaire ou du combat pour la République : il faudra donc examiner dans un troisième temps le rôle qu’ils peuvent avoir dans ces mouvements sociaux et politiques, ainsi que les conséquences que ces engagements peuvent avoir en retour sur leur militantisme sociétaire. Enfin, la quatrième partie reviendra sur les individus, afin de déterminer ce qui les incite à persister dans leur adhésion à l’École sociétaire, d’évaluer les conséquences que cela peut avoir sur leur vie personnelle et professionnelle, et, pour ceux qui s’éloignent du fouriérisme, d’envisager les différentes modalités de ce désengagement.