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Bory de Saint-Vincent, Jean-Baptiste (Geneviève Marcellin)
Article mis en ligne le 13 février 2012
dernière modification le 5 janvier 2014

par Sosnowski, Jean-Claude

Né à Agen (Lot-et-Garonne) le 6 juillet 1778. Décédé le 22 décembre 1846 à Paris. Officier de santé, aide de camp dans les armées consulaire et impériale, colonel. Proscrit à la Restauration. Naturaliste et explorateur, membre du Muséum d’histoire naturelle et de l’Institut. Représentant à la Chambre lors des Cent-Jours et député en 1831. Souscripteur à la rente phalanstérienne.

Son père s’installe à Bordeaux en 1787 où il détient une charge d’entreposeur de tabac. Un oncle négociant fortuné et homme politique influent lui transmet la passion des sciences de la nature. Bory de Saint-Vincent aurait alors suivi des études de chirurgie et de médecine. Il est néanmoins incorporé en 1799 dans l’Armée de l’Ouest et commence une carrière militaire comme officier de santé. Prédisposé aux sciences naturelles, patronné par Lacepède, il participe à l’expédition du capitaine Baudin dans les mers australes en 1802. Il appartient au groupe des officiers et naturalistes qui abandonne Baudin lors d’une escale à l’île Maurice en raison de son comportement. De retour en France, Bory publie une relation du voyage qu’il a effectué dans les îles africaines et plus particulièrement à La Réunion. Cette publication lui ouvre les portes du Muséum. Devenu capitaine, bonapartiste convaincu, il sert et s’illustre durant les campagnes d’Austerlitz et de Pologne puis d’Espagne sous les ordres de Ney et Soult. Il devient chevalier de la Légion d’honneur en 1811. Soult devenu ministre de la guerre, Bory est promu colonel et affecté au Dépôt de la guerre, service des cartes jusqu’en juillet 1815. Il participe à la rédaction du Nain jaune, en donnant des articles sur l’armée et ses détracteurs. Elu député du Lot-et-Garonne en mai 1815, il forme un comité destiné à la mise en accusation de Fouché. Proscrit après les Cents-jours, il connaît l’exil entre l’Allemagne et la Belgique jusqu’en 1820. Rayé des cadres de l’armée, sans solde, il se consacre à la recherche et aux publications scientifiques. En 1829, il est remis en activité et dirige une des commissions de la mission scientifique dite de Morée. Lors de la Révolution de Juillet, il prend les armes et combat sur les barricades du faubourg Saint-Germain, entre parmi les premiers à l’Hôtel de Ville. Il est réintégré au dépôt de la guerre. En juillet 1831, il est élu député du Lot-et-Garonne, mais démissionne dès octobre, la majorité se montrant trop conservatrice. Il se consacre uniquement à ses travaux de naturaliste. En 1834, il est enfin élu membre libre de l’Institut. En 1839, il dirige la commission scientifique d’Algérie en tant que colonel, chef d’état-major. Placé à la retraite en janvier 1840, il séjourne en Algérie jusqu’en 1842.

La Démocratie pacifique du 26 décembre 1846 signale que son adhésion à la cause phalanstérienne a eu lieu dans les « dernières années »de sa vie. « L’Ecole sociétaire le comptait parmi les souscripteurs à la rente [...] ». L’Ecole sociétaire déclare perdre « un savant dont les connaissances variées [lui] faisaient aimer le concours et l’adhésion ». Son décès est à nouveau mentionné dans l’Almanach phalanstérien pour l’année 1848. Une anecdote perdure depuis son décès. On raconte que sa mort est survenue lors d’une discussion virulente avec Jean Journet, qui s’était introduit en son domicile parisien, malgré le refus des médecins, en vue de le convaincre de la justesse de la cause phalanstérienne et de quémander une aide au profit de la propagation [1]. Bory rédigeant son testament, Journet aurait alors déclaré qu’il pouvait « encore sauver le monde » [2] en contribuant à la cause.

A plusieurs moments de sa vie, Bory côtoie des proches ou membres de l’Ecole sociétaire. Tout d’abord lors de l’expédition scientifique de Morée en 1829, Auguste Brullé est attaché à son équipe [3]. Lors de la mission d’exploration scientifique d’Algérie, à laquelle participe Adrien Berbrugger [4], l’Ecole sociétaire est intéressée par le projet colonial. Les oppositions entre membres de l’équipe dont le saint-simonien Enfantin et Bory de Saint-Vincent, la virulente altercation entre Bugeaud et Considerant en novembre 1842 relative au mode de colonisation de l’Algérie, ne sont peut-être pas étrangères à ce rapprochement. Mais, on peut présumer que cette proximité est le fruit des liens que Bory entretient avec Etienne et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Enfin, Charles Fourier souligne qu’en décembre 1821, dans la Revue encyclopédique, Bory de Saint-Vincent loue également l’idée d’« association intellectuelle ou essor de la passion dite collectisme » [5]. Dans une analyse de l’ouvrage du médecin lyonnais Amard, Association intellectuelle ; méthode progressive et d’association, ou l’art d’opérer dans toutes les sciences, et particulièrement en médecine, suivie d’une clinique générale interprétative des phénomènes morbides et spéciale des maladies des couches, Bory relève que « le collectisme est réellement un organe [...], propre à l’espèce humaine, sur le développement duquel reposent les futures destinées de notre espèce perfectionnable ; et c’est sur cette passion attractive, sur ce sens collectif, sur cet organe que se fonde l’association intellectuelle, c’est-à-dire , la réunion de toutes les intelligences individuelles concentrées dans un même esprit, et tendant vers un même but » [6].