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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Czynski, Anastasie
Article mis en ligne le 5 août 2011
dernière modification le 26 juin 2022

par Bouchet, Thomas, Sosnowski, Jean-Claude

Anastasie Czynski, née Rollin, est l’épouse de Jean (Jan) Czynski. On lit le 1er août 1841 dans Le Nouveau Monde, organe des dissidents fouriéristes dont Jean Czynski est l’un des dirigeants, un « Appel aux femmes » rédigé par elle. « Faisons respecter le nom des disciples de Fourier en offrant l’exemple de toutes les vertus », y écrit-elle notamment. Plusieurs « dames phalanstériennes de Lyon » (dont Irma, Joséphine, Juliette et Stéphanie Colliat ; Claire Bardet ; Louise Carret ; Anne Rémilly ; Claudine Pujeat ; Caroline Pêtre ; Mélanie Lorin ; Émilie Gros ; Françoise Gautet) lui écrivent pour leur apporter leur soutien. « Oui, c’est en remplissant religieusement nos devoirs d’épouse, de mère, de fille et de sœur, que nous répondrons victorieusement à celui qui dans son ignorance sur la théorie sociétaire l’accuse d’être immorale et matérielle. » Elles font ici référence à Lamennais, qui s’en prend dans Du Passé et de l’avenir du peuple à l’immoralisme supposé de l’Ecole sociétaire.

Anastasie Czynski fait paraître début octobre dans Le Nouveau Monde un article sur le « départ des colons phalanstériens » ; « Allez à Condé, à Cîteaux, au Brésil, au Texas, mais allez quelque part, payez à Fourier le tribut de la reconnaissance. » Le mois suivant, elle est publiée pour un texte sur la mort d’Adolphe Boyer. Cet ouvrier, écrit-elle, a quitté les rangs des révolutionnaires partisans de l’égalité pour parler d’association et d’harmonie à ses camarades d’atelier. Il a tenté d’écrire un livre mais mal lui en a pris : aux yeux des contemporains « un ouvrier doit travailler et non pas écrire ».

Au début de l’année 1843 elle signe, toujours dans Le Nouveau Monde, « La femme du pauvre », un texte où elle associe Dieu et Fourier. « Gloire à l’homme qui nous a révélé la loi de Dieu ». Une lettre signée d’elle est lue à Lyon à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de Fourier le 7 avril 1843.
L’année suivante (20 février) elle adresse de Paris un courrier au rédacteur d’Archives israélites de France. Elle lui indique qu’un certain nombre de Polonaises ont décidé d’organiser une loterie pour venir en aide « aux Israëlites victimes du despotisme russe ». Sa lettre est publiée dans la revue :

Monsieur Le Rédacteur,

Une année ne s’est pas encore écoulée depuis que Mlle Rachel a offert le concours de son beau talent pour venir en aide aux catholiques polonais réfugiés en France. Dès ce moment quelques dames polonaises ont conçu la pensée de montrer leur reconnaissance en travaillant pour les malheureux israélites victimes de l’oppression moscovite. Elles feront dans leur petite sphère ce qu’elles pourront ; et elles vous prient de juger leurs efforts par leurs intentions et non par leurs résultats, elles se serviront des instruments dont elles peuvent disposer, de l’aiguille, du crochet, du pinceau ; elles broderont, elles prépareront une foule de petits travaux dont vous saurez tirer parti en organisant une loterie pour vos coreligionnaires. Un catholique polonais nous envoie 10 fr. pour le comité que vous proposez dans votre dernier numéro. M. Adam Salomon a conçu l’idée de faire le médaillon de M. Crémieux, dont le produit de la vente aura la même destination. Vous encouragerez, Monsieur, les nobles efforts de ce jeune artiste en publiant les noms de tous ceux qui, en conservant les traits du président du consistoire central, concourront a une action généreuse. Ce sont les premiers résultats de votre appel, que comprendront bientôt tous les cœurs généreux, tous les esprits élevés, n’importe quelle est leur origine, n’importe quelle est leur religion.

Agréez, etc.

La reproduction de la lettre est accompagnée de quelques éléments de présentation : « Madame Anastasie Czynski est la femme de M. J. Czynski, ce philantrope [sic] dont les efforts infatigables ont pour objet d’aider les malheureux juifs polonais. L’unanime indignation de la presse en France, en Allemagne et en Angleterre prouve qu’il connaît la cruauté de Nicolas. L’appel de Mme Czynski sera entendu, et les dames israélites voudront se joindre à elle. Montrons à tous que nous aussi nous savons compatir au malheur, et de cette compassion résultera au moins quelque soulagement à la plus grande des infortunes ».