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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

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Horizons et projets...
Article mis en ligne le décembre 1991
dernière modification le 2 septembre 2004

par Bordet, Gaston

Il y a quelques mois à peine, en mai 1990, se produisait un événement : la sortie du premier numéro des Cahiers Charles Fourier. Evénement important pour plusieurs raisons.

La première, c’est que le groupe d’universitaires de la Faculté des Lettres de Besançon (philosophes, historiens, sociologues, linguistes) qui, aidé de bibliothécaires, d’archivistes et de sympathisants cultivés, avait fondé en 1989 l’Association d’Etudes fouriéristes, était en mesure d’assurer la publication d’une revue scientifique de bonne tenue, que ce groupe provincial ne donnait pas dans le travers de l’érudition locale archaïsante : publication d’inédits importants, d’études historiques ou philosophiques originales assuraient à ce premier numéro un capital d’estime dont témoignent les lettres de félicitations et d’encouragement venant de chercheurs français et étrangers... ces mêmes chercheurs proposant des articles et des contributions pour les Cahiers futurs. Du coup, le petit groupe franc-comtois se trouve renforcé, élargi, et il nous faudra songer à compléter prochainement la composition du comité de rédaction des Cahiers en demandant à des spécialistes de l’hexagone ou de la planète de se joindre à nous.

La seconde raison, plus importante au plan scientifique, c’est que l’existence de ces Cahiers Charles Fourier, l’audience qu’ils ont reçue, témoignent du renouveau des études sur le socialisme français du XIXe siècle. Nous le disions dans notre premier éditorial : il y a là un champ d’investigation considérable - trop longtemps oublié, parfois méprisé, laissé en friches ou en jachère - que nous nous sommes fixé pour ambition de défricher, de relabourer, d’ensemencer.

Et nous travaillerons avec une « planification souple » et en « coopérative ». La planification, c’est-à-dire le travail pratique à moyen terme est en bonne voie. Les Cahiers n° 2 sortent moins d’un an après la publication de leur aîné. Ils comptent ce que doit présenter toute publication scientifique digne de ce nom : le texte d’une lettre inédite de Fourier (présentée par Michel Cordillot), des articles philosophiques particulièrement originaux signés Louis Ucciani, M. Madonna Desbazeille et Nicole Riffaut-Perrot ; ces Cahiers présentent d’autre part trois études d’histoire fouriériste (par Michel Vernus, Bruno Verlet et Dan Berindei) qui rempliront d’aise les chercheurs spécialistes de « l’inventeur du phalanstère » ; et enfin une bibliographie fouriériste : on ne dira jamais assez combien des mises au point de ce genre, qui semblent modestes et sont fastidieuses, rendent des services aux chercheurs, leur font gagner du temps et comblent leurs lacunes. Tel est le canevas de cette deuxième livraison des Cahiers Charles Fourier.

Faut-il dire que la programmation planifiée par l’équipe de rédaction a quasiment bouclé le sommaire des Cahiers n° 3, qui paraîtront début 1992 avec une collaboration internationale renforcée, que les Cahiers n° 4 seront un numéro à thème, centré exclusivement sur le Fouriérisme aux Etats-Unis, et que le n° 5 sera consacré à la publication des Actes du colloque international « Fouriérisme et Fouriéristes » qui se tiendra à Besançon, Salins et Arc et Senans en octobre 1993, à l’occasion de la célébration du centenaire de la mort de Victor Considerant.

Petite équipe, mais grands projets.... groupe provincial, mais vastes horizons... C’est avec une certaine fierté collective que l’Association d’études fouriéristes peut présenter son bilan et son plan de travail.

Mais ses objectifs la poussent d’autre part à œuvrer en coopération. C’est-à-dire qu’il n’est pas question pour nous de nous enfermer dans le cercle délimité, aux frontières étanches, des seules études fouriéristes. Nous ne voulons pas travailler en vase clos, et nous multiplierons les contacts et les collaborations avec les autres groupes de recherche historiques ou philosophiques qui investissent dans l’étude des socialismes et des socialistes : Société Proudhon, Atelier Proudhon de l’Ecole des Hautes Etudes, Société d’Histoire de la Révolution de 1848, Société d’Etudes romantiques, etc... Nous multiplierons, et nous avons déjà multiplié les contacts avec des chercheurs ou des groupes de recherche étrangers, en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Roumanie, aux Etats-Unis.

C’est par l’intensification des échanges et des contacts, de chercheur à chercheur, de centre d’études à groupe de travail, et c’est par un travail méthodique et sérieux que nous pourrons restituer sa valeur à ce mouvement exceptionnel dans l’histoire des idées qu’est le socialisme français au XIXe siècle, mouvement profond, ample, mouvement varié et pluriel aussi. Mouvement original dans son unité et sa diversité, dans sa théorie et dans ses applications qui, comme Fourier, avait osé concevoir une « monde nouveau » (Jean Jaurès).