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MUIRON Jean-François : Le Paillard sexagénaire, ou Chansons sur ma vie par Jean-François Muiron, 1756-1839 (1988)

Paris : diffusion Les Belles Lettres, 1988, 296 p., introduction, établissement du texte et notes par F. LASSUS (Annales littéraires de l’Université de Besançon, 383 ; Cahiers d’Etudes comtoises n° 40).

Article mis en ligne le décembre 1990
dernière modification le 3 avril 2007

par Dubos, Jean-Claude

François Lassus, ingénieur d’études à l’Université de Franche-Comté, a eu la bonne fortune de retrouver des carnets intimes de Jean-François Muiron, le père du premier disciple de Fourier, Just Muiron, dont les papiers personnels semblent, hélas, irrémédiablement perdus. D’un intérêt exceptionnel pour l’histoire de la vie privée au XIXe siècle, ces écrits - la plupart rédigés sous forme de chansons - sont précédés d’une longue introduction dans laquelle est évoquée notamment, d’après des remarques faites à l’éditeur par J. Beecher, la parenté entre les écrits de Jean-François Muiron et ceux de Fourier à propos des questions d’amour, de mariage, de sexualité : J.-F. Muiron semble avoir parcouru, dans le cabinet de son fils, les manuscrits de Fourier et, en tout cas, est imprégné du vocabulaire propre à celui-ci. Comme Fourier, J.-F. Muiron estimait, par exemple, que le mariage n’était qu’une spéculation commerciale. En rappelant le rôle de censeur qu’a joué Just Muiron lors de la publication des œuvres de Fourier, le présentateur peut conclure : « Voilà à l’évidence une rencontre pleine d’ironie : un père paillard qui était dans un certain sens plus fidèle au maître que son fils le disciple. »

F. Lassus a établi avec beaucoup de minutie un tableau généalogique distinguant les familles Muiron de Besançon - d’origine champenoise - et une chronologie très détaillée de la vie de Jean-François Muiron. Signalons cependant un détail qui lui a échappé : le 25 juillet 1793, la femme « Muiron, femme du commis du département », considérée comme suspecte, c’est-à-dire partisane des prêtres réfractaires, fut « placée sous le poids de l’ajournement » (Jules SAUZAY, Histoire de la persécution révolutionnaire dans le Doubs, tome IV, p. 711).

Autre précision de détail que nous pouvons ajouter au texte de J.-F. Muiron (p. 101) : l’ami qui forma un entrepôt de vin dans ses caves de Besançon, vin dont la vente fut confiée à son fils Just, était Adrien Gréa, propriétaire-exploitant à Rotalier, où il avait reçu Charles Fourier en 1825. Les petites annonces publiées dans L’Impartial ne laissent aucun doute sur ce point. Adrien Gréa, qui avait succédé comme député du Doubs en 1828 à Emmanuel Jobez, oncle de sa femme, était le cousin germain de Suzanne Courbe, mère de Considerant. Syndic du journal de celui-ci, La Phalange, en 1832, il s’éloigna par la suite du fouriérisme.