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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Cuzent, Marie-Jeanne
Article mis en ligne le 19 mars 2011
dernière modification le 26 juin 2022

par Guengant, Jean-Yves

Née à Brest (Finistère) le 25 janvier 1796, morte à Brest le 14 avril 1866. Libraire. Avec son mari, elle illustre l’engagement d’une famille fouriériste au cours du XIXe siècle.

Marie-Jeanne, née Lorlat, est la fille d’un boulanger brestois. Elle naît le 5 pluviôse an IV (25 janvier 1796), dans un milieu modeste mais éduqué. Elle épouse René-Henry le 29 janvier 1820. Les témoins au mariage nous révèlent une insertion dans le monde de l’artisanat et de la marine : Jean-Baptiste Cuzent, frère du marié, est sculpteur au port ; deux officiers d’artillerie et un marchand-tapissier, complètent la liste des témoins au mariage.

Marie-Jeanne tient une librairie ; elle vend des ouvrages pour la jeunesse, et des manuels scolaires dont certains ont été publiés avec un confrère, M. Freund. Les manuels scolaires sont sa principale activité : son magasin est situé à proximité des pensions scolaires brestoises, puis du collège municipal, dont plusieurs professeurs ont des sympathies fouriéristes. Parallèlement, elle imprime des estampes [1]. Sa librairie diffuse les brochures et ouvrages fouriéristes. C’est elle qui vend à Brest le médaillon de Charles Fourier par Arthur Guillot (Le Nouveau Monde, 11 octobre 1839). La librairie est fermée après 1845. L’annuaire des imprimeurs et libraires de France la cite en 1841. En 1845, elle n’apparait pas sur la liste des libraires installés à Brest, dans l’annuaire que publie la société d’émulation de Brest.

Marie-Jeanne est la première à vendre la brochure d’Edouard de Pompéry, une Exposition de la science sociale, constituée par Charles Fourier, dont la publication est intervenue dans le journal L’Armoricain, du 31 octobre au 10 décembre 1839. Elle est désignée « correspondante de la librairie sociale », en 1839, par l’Almanach social.

Madame Cuzent, correspondante pour Brest
Almanach social pour 1840


L’Almanach social est publié par le groupe dissident, l’Union harmonienne, dont se revendiquent les fouriéristes finistériens Allanic et Pompéry ; il signale l’ouvrage de Pompéry dans sa parution de 1841 :

Parmi les ouvrages qui ont obtenu un succès bien mérité, nous devons mentionner : Exposition de la science sociale, constituée par Charles Fourier, par M. Édouard de Pompéry. Cette brochure qui contient un court résumé de la théorie de Charles Fourier a eu deux éditions » (Almanach social pour 1841, p. 140).

(La Phalange, dans son numéro du 1er janvier 1840, indique la parution de la brochure, « faite à Brest et reproduite dans L’Armoricain, vendue au prix de 50 centimes [2]). On peut imaginer que la diffusion des brochures et ouvrages de la librairie reste limitée à un cercle étroit (en août 1846, 24 Brestois (1,5 % du total des souscripteurs) ont souscrit à la rente phalanstérienne et le chiffre d’affaire de la « librairie sociétaire locale », s’est élevé en un an à la somme de 957 f.)

La rente phalanstérienne au 30 juin 1846
Bulletin phalanstérien n°1, juillet 1846, p.4.


Cependant, il faudrait mesurer la part des colporteurs, qui viennent acheter leurs brochures chez les libraires, et les diffusent dans les villages. En janvier 1851, un colporteur arrêté au Ponthou, aux limites du Finistère et des Côtes-du-Nord, vendait des almanachs « rouges » interdits, dont un almanach phalanstérien. Son fournisseur était un libraire de Guingamp. Il écope de six jours de prison [3].

Quant aux journaux, ils sont rares : en 1841, la totalité des journaux imprimés en Finistère (7) sont distribués à un millier d’abonnés. Le plus diffusé d’entre eux ne dépasse pas les 300 abonnés. Les journaux parisiens, handicapés par ailleurs par une distribution lente (la malle-poste doit parcourir 600 kilomètres en plusieurs jours) sont quasiment absents. Ce sont des libraires ou des particuliers qui reçoivent des paquets de journaux, qu’ils diffusent ensuite parmi leurs connaissances. Ainsi, en 1832, Louis Rousseau avait-il fait la promotion de sa société agricole, en Tréflez, en diffusant plusieurs exemplaires du Phalanstère (19 avril 1833, tome II, n°16) dans lequel Charles Pellarin présentait son « prospectus pour la fondation d’une entreprise agricole et manufacturière en Bretagne ». La ville, d’après le catalogue de la salle de lecture, achète le journal La Phalange qu’elle met à disposition des lecteurs dès 1840.

Marie-Jeanne Cuzent décède le 14 avril 1866 à Brest.