Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Ducamp, Eugène (Pierre-Paul-Eugène-Cavaléry)
Article mis en ligne le 14 mars 2011

par Desmars, Bernard

Né le 8 janvier 1819, à Cruviers-Lascours (Gard), décédé le 24 décembre 1877 à Versailles (alors en Seine-et-Oise, aujourd’hui en Yvelines). Avocat, militant républicain très actif sous la Seconde République et le Second Empire, préfet en 1870-1871, député en 1876-1877.

Eugène Ducamp appartient à une famille de la bourgeoisie protestante du Gard. Son père est propriétaire foncier, mais décède alors que Eugène n’a qu’une dizaine d’années ; sa mère se remarie avec un avocat de Nîmes.
Après le lycée de Nîmes, il fait ses études à l’École de droit de la même ville où il obtient en 1841 sa licence, en soutenant une thèse sur le droit testamentaire. Il s’établit à Alès comme avocat à partir de 1842.
Dans ces années 1840, on le retrouve dans les rangs de l’École sociétaire et il figure sur les premières listes d’actionnaires de l’Union agricole du Sig (en 1847). Il s’engage également dans le combat politique et joue un rôle très actif sous la Seconde République. En avril 1848, il est candidat lors de l’élection d’une assemblée constituante, mais n’est pas élu ; la même année, il devient maire de Cassagnoles (Gard) et est élu conseiller d’arrondissement. Il se retrouve bientôt dans l’opposition démocrate-socialiste à une république dominée par le parti de l’Ordre, après l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1848. Il est soupçonné par les autorités d’être l’un des dirigeants des sociétés secrètes socialistes formées dans l’arrondissement d’Alès. A l’annonce du coup d’État du 2 décembre 1851, avec ses amis républicains de Nîmes, il tente d’organiser la résistance dans le Gard, en essayant de soulever la garde nationale ; il est alors qualifié de « chef de l’insurrection » et considéré comme « très dangereux » par le pouvoir [1]. Pour éviter d’être arrêté (il est condamné par contumace à la déportation en Algérie), il se réfugie en Suisse où il séjourne de 1852 à 1854. Rentré en France en décembre 1854, il devient agent général d’une compagnie d’assurance à Nîmes. En 1858, après l’attentat perpétré par Orsini et l’adoption de la loi de sûreté générale (qui permet d’arrêter sans jugement toute personne ayant subi une condamnation politique depuis 1848), il est envoyé en Algérie. La loi d’amnistie de 1859 lui permet de rentrer en France. Il reprend son activité dans les assurances ainsi que ses activités républicaines ; il est élu au conseil général du Gard en 1865 ; il échoue lors des élections législatives de 1869 ; en 1870, il fait campagne pour le « non » lors du plébiscite où Napoléon III demande aux Français d’approuver ses réformes institutionnelles libéralisant le régime impérial. Pendant ces années 1860, il semble être resté à l’écart de la réorganisation de l’École sociétaire à Paris par Barrier ; cependant, il est en relation avec Henri Couturier, le président de la Société de Beauregard, à Vienne (Isère) [2].
Après la chute de l’Empire et la proclamation de la République en septembre 1870, il est nommé sous-préfet d’Alès, mais démissionne quelques jours après ; puis, en décembre suivant, il est nommé préfet de la Drôme, mais le décret de nomination est annulé quelques jours après. Enfin, il devient préfet de la Nièvre le 10 janvier 1871, poste qu’il occupe jusqu’au 26 février suivant.
Candidat aux élections à l’assemblée nationale lors des élections du 8 février 1871, il n’est pas élu ; il est toutefois renouvelé la même année au conseil général du Gard. En 1876, il est élu à la Chambre des députés ; il siège parmi les républicains modérés de l’Union républicaine. Après la dissolution de la Chambre par le président Mac Mahon, il est réélu lors des élections législatives d’octobre 1877. Pendant cette période, on le voit participer - certes discrètement - à quelques initiatives du mouvement fouriériste : en 1872, il promet sa contribution financière à un projet de Société des Études sociales, qui a pour objectif de rassembler les fouriéristes et de relancer l’activité phalanstérienne. En 1877, avec plusieurs autres députés ayant milité ou toujours actifs au sein de l’École sociétaire (Adrian, Bertholon, Couturier, Dethou, Gagneur et Poujade), il déclare apporter son appui à « toute entreprise qui permettrait d’appliquer les méthodes d’association » et en particulier les projets alors présentés par Barat et soutenus par un autre député, Cantagrel [3].