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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

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CHAÏBI Olivier : Jules Lechevalier, pionnier de l’économie sociale (1806-1862). Des socialismes "utopiques" aux modèles coopératifs (2009)
Paris, L’Harmattan, 2009, avec une préface de Pierre Ansart
Article mis en ligne le 23 février 2010
dernière modification le 5 janvier 2011

par Desmars, Bernard

Le nom de Jules Lechevalier est loin d’être inconnu de ceux qui s’intéressent au fouriérisme ; on le rencontre dès les commencements de l’École sociétaire, au début des années 1830, et Jonathan Beecher, dans sa biographie de Fourier, a souligné le rôle majeur de Lechevalier et de son ami Transon dans l’essor du fouriérisme pendant les premières années de la monarchie de Juillet. Mais, au-delà du mouvement sociétaire, Lechevalier a largement contribué à la réflexion sociale et économique dans le second tiers du XIXe siècle. C’est ce que montre l’ouvrage d’Olivier Chaïbi, issu d’une thèse soutenue en 2007, qui propose une biographie très détaillée de Lechevalier et une étude de son parcours intellectuel, où se lisent les débats entre les divers courants socialistes sur l’organisation de l’économie et de la société.

Né en 1806, fils d’un négociant bordelais installé à la Martinique, Jules Lechevalier fait de brillantes études secondaires, puis suit en France les enseignements des facultés de sciences, de lettres, de droit, de médecine..., avant de fréquenter plusieurs universités allemandes, où il s’intéresse surtout à la philosophie. De retour en France en 1829, il adhère au saint-simonisme et rejoint Enfantin et ses amis dans leur hôtel de la rue Monsigny. Il est l’un des plus brillants prédicateurs et missionnaires de la doctrine. Mais dans l’hiver 1831-1832, il rompt avec les saint-simoniens et rejoint Fourier et ses premiers disciples. Ses brochures, la fondation du premier périodique fouriériste, Le Phalanstère, dont il est l’un des principaux rédacteurs, les réunions dans lesquelles il présente les thèses fouriéristes permettent d’élargir la diffusion de la théorie sociétaire bien au-delà du petit cercle dans lequel elle restait jusqu’alors confinée : il participe également à l’essai de Condé-sur-Vesgre en 1832-1833. Cependant, dès la fin 1833, il s’éloigne de l’Ecole sociétaire pour suivre un chemin indépendant, mais où il continue à explorer les principes, les avantages et les difficultés de l’économie sociale, à la fois dans des écrits théoriques et dans des expériences pratiques. L’ouvrage d’Olivier Chaïbi rend compte des engagements et des fréquentations de Lechevalier, des relations qu’il tisse avec les élites politiques et économiques de la monarchie de Juillet, de ses contacts avec Louis Blanc et de sa collaboration avec Proudhon sous la Seconde République, puis de son ralliement à Napoléon III. Le cas Lechevalier est d’ailleurs intéressant pour la réflexion qu’il peut nourrir sur l’articulation entre engagement politique et pensée sociale. Soulignons enfin l’ampleur de la documentation utilisée par Olivier Chaïbi qui, s’appuyant très largement sur les textes publiés par Lechevalier, propose une analyse à la fois minutieuse et éclairante de son itinéraire intellectuel.