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Bergeron, Charles
Article mis en ligne le 9 mai 2009
dernière modification le 6 janvier 2023

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 7 avril 1808 à Monthieux (Ain). Décédé le 27 août 1883 à Bex (District d’Aigle, Canton de Vaud, Suisse). Ingénieur civil à Rive-de-Giers et Saint-Etienne (Loire), puis dans les sociétés de chemins de fer de Paris à Versailles (rive gauche) et de l’Ouest, exploitant et directeur de société de chemins de fer en Suisse et en Italie. Membre de l’Union harmonienne. Administrateur de la Librairie des Sciences sociales.

Charles Bergeron est le fils de Claude Bergeron, fermier à Monthieux, puis propriétaire et Jeanne-Marie Rivoire. Résidant à Trévoux (Ain) en 1828, il entre à l’Ecole Polytechnique. Sa fiche signalétique le présente de la manière suivante : « Cheveux blonds - Front découvert - Nez droit - Yeux bleus - Bouche moyenne - Menton rond - Visage plein - Taille 189 ». Il est reçu ingénieur (Corps A) en 1830 et intègre l’Ecole d’artillerie de Metz mais démissionne pour se consacrer à des activités industrielles civiles.

Marié en premières noces à Emma Haden, fille d’une famille de notables britanniques, décédée subitement en juillet 1858 à Paris [1], il épouse l’année suivante, la jeune Anna Josina Marsh, fille d’un négociant en vin britannique devenu en 1849, premier commissaire civil et « resident magistrate » de Mossel Bay (Cap de Bonne Espérance, Afrique du Sud) [2]. De l’un de ces deux mariages, Charles Bergeron ne semble avoir eu qu’une fille [3].

De 1834 à 1840, il s’implique dans la construction et les projets d’aménagement de différents canaux dans la région rhodanienne, dont celui de Rive-de-Giers (Loire), où il réside en 1840. En 1841, lors du Congrès scientifique de Lyon, congrès au cours duquel Victor Considerant tente de présenter la doctrine sociétaire, Charles Bergeron, domicilié à Saint-Etienne, présente un rapport « sur les avantages des pavés plats » pour la ville de Lyon ainsi qu’un projet de percement d’un nouveau canal du Beaujolais devant relier le bassin houillier de Saint-Etienne à la vallée de la Saône. L’année suivante, il expose « un projet de rails en bois qu’on pourrait établir à peu de frais sur les accotements des routes royales pour desservir les contrées où l’on ne doit pas encore construire des chemins de fer » [4]. Il envisage également d’associer sur les routes de première classe un système de « quatre voies différentes : deux pour les machines locomotives et deux pour le roulage ordinaire, en ayant soin de réserver toujours au milieu, une chaussée assez large pour la circulation des voitures légères ». Son projet non invalidé techniquement est cependant renvoyé à l’avis de l’ingénieur en chef du département de la Loire « pour qu’il indiquât les conditions auxquelles la concession [d’un tronçon de voie et d’accotement] pourrait être faite » [5] à une compagnie capitaliste chargée de l’entretien et de l’exploitation. En 1842, il est sans doute employé à Rive-de-Giers, par la verrerie Hutter et Cie pour laquelle il propose, un système de conduites en verre pour les eaux et les gaz [6]. Novateur, en 1843, il soumet un projet d’utilisation des rails en acier fondu, plus légères et toutes aussi résistantes que celles en fer. Il obtient l’autorisation de tester ce matériel fabriqué dans les usines Jackson frères du Chambon-Feugerolles (Loire), sur la desserte de Rive-de-Giers à Givors. Les voies de communications fluviales ou ferroviaires sont au centre de sa réflexion. Sa carrière le conduit donc vers les chemins de fer. En 1846, il propose deux projets de tracés pour la ville de Lyon. Il devient à cette époque ingénieur en chef des chemins de fer de Paris à Versailles (rive gauche) qui fusionne en 1851 avec celle de l’Ouest français. Il a en charge plus particulièrement la construction de la ligne de Mantes (Yvelines, anc. Seine-et-Oise) à Mézidon (Calvados). Le 23 décembre 1856, il prend la direction d’une entreprise d’exploitation de la ligne Lausanne-Fribourg-Berne. En 1862, il participe, à la demande du Ministère des Travaux publics du gouvernement impérial français, à une mission d’étude, en Angleterre et en Ecosse, sur les conditions d’établissement des chemins de fer à bon marché, rapport qu’il propose l’année suivante à la réflexion de la confédération helvétique, soulignant au passage « [l’] exploitation morcelée » du réseau ferré suisse. En 1863, il s’associe à Laurent, ingénieur des services techniques de la Compagnie de l’Ouest suisse, pour exploiter les chemins de fer de la Suisse occidentale, société née de la fusion de différentes lignes [7]. En 1866, il reçoit du Grand Conseil du canton de Vaud, une concession pour la construction et l’exploitation d’un chemin de fer pneumatique ou atmosphérique à Lausanne, société liquidée en 1871 par Paul Pia [8]. Incessant voyageur, en 1869, il profite d’un séjour en Egypte, pour participer à une ambassade helvétique auprès du vice-roi d’Egypte et propose au Conseil d’Etat de Vaud un rapport sur le Canal de Suez [9]. A cette période, il travaille à la direction des chemins de fer romains, section nord, à Florence. Il s’engage également dans les projets de constructions de chemin de fer à bon marché en France, en particulier celui de Belleville à Beaujeu (Rhône). En 1873, il s’implique dans le projet de tunnel ferroviaire sous-marin reliant la France à l’Angleterre, s’intéressant également à l’impact économique d’une telle réalisation qui éviterait les interruptions de transport. Il intègre le Comité permanent de l’Association française pour le chemin de fer sous la Manche, constituée par la loi du 2 août 1875, et présidé par Michel Chevalier. Il représente alors les ingénieurs français en Angleterre et devient en 1879, membre de l’Institute of mechanical engineers. Il appartient également à la société des ingénieurs civils en France et est membre à vie de l’Association française pour l’avancement des sciences à partir de 1872.

Ses compétences d’ingénieur sont indéniables, reconnues et expliquent cette carrière, mais ses liens familiaux avec l’Angleterre, son parcours intellectuel et politique ne sont sans doute pas étrangers à ses orientations professionnelles.

Charles Bergeron est initialement saint-simonien, conviction affirmée lors de son séjour à l’Ecole d’application d’artillerie de Metz. Un groupe est constitué autour d’Antoine Alphonse François Devoluet, qui « marche sous la bannière du Père Enfantin ». Mais en 1840, Charles Bergeron est signalé comme correspondant et membre de l’Union harmonienne à Rive-de-Giers (Loire). « Ami dévoué » d’Allyre Bureau, il lui adresse en 1842, de longues lettres relatives au Congrès scientifique de Manchester, publiées dans la Phalange. Il déclare alors qu’il est le seul ingénieur français à avoir effectué le déplacement et s’intéresse plus particulièrement aux questions de voiries, d’urbanisme, de chemins de fer, de canaux, et de sidérurgie. Les machines en action des ateliers Whitworth sont dit-il « une accumulation de chefs-d’oeuvre plus ingénieux les uns que les autres, au moyens desquels on travaille la fonte et le fer, avec autant de facilité qu’un tourneur coupe le bois dont il fait une toupie ». Il s’émerveille devant « une machine à balayer les rues » sorties de ces ateliers. Il a un intérêt particulier pour les « travaux souterrains », ayant proposé en 1838-1839, « de réunir le Rhône à la Loire, par le canal de Givors, et un tunnel de quatre lieues de longueur, passant sous la bassin houiller de Saint-Etienne », dont il a, dit-il, été le premier à envisager l’exploitation grâce à ce canal souterrain. Son projet, qualifié de « gigantesque et chimérique », - il est d’ailleurs critiqué lors du Congrès scientifique de Lyon de 1841 -, est jugé le plus avantageux par les ingénieurs britanniques à qui il l’a soumis. Pourtant son intérêt pour les travaux souterrains défendus au nom des économies réalisables pour les entreprises, sont reconnus comme pouvant être utiles à « l’intérêt de l’humanité » [10], permettant d’assurer la sécurité des mineurs, victimes d’inondations subites.

Il entretient bien évidemment Allyre Bureau de la situation de la musique en Angleterre et des concerts auquel il a pu assister. Mais ces merveilles ne lui font pas oublier la misère, les aumônes, les soupes populaires, le travail des enfants et jeunes filles dans les mines, le chômage qui s’étend sur toute l’Angleterre et l’Ecosse, et sans doute dit-il l’Irlande. Il donne alors un « tableau général de la misère et de l’immoralité des classes inférieures de la société anglaise » tiré d’un discours de Lord Ashley prononcé à la Chambre des Communes et dressé à partir de l’exemple de Manchester. Il dénonce les dangers du machinisme. Pourtant, « les machines sont de nobles conquêtes de l’intelligence humaine sur la matière. Si Dieu a permis qu’on les inventât, n’est-ce pas dans le but d’affranchir l’homme d’un travail abrutissant ? Chaque création, loin d’être un fléau, devrait être un nouveau bienfait : d’où vient donc qu’elle engendre la misère ? » [11] finit-il par conclure.

Sous le Second Empire, il profite de sa situation en Suisse pour aider les exilés français. Ses fréquents voyages lui permettent de servir d’intermédiaire entre la France, la Belgique, l’Angleterre. Il leur fournit du travail ou bien les accueille à Lausanne et dans son châlet des Plans-sur-Bex. Ainsi en 1862, sans doute à la suite d’une recommandation de Jean-Baptiste Charras, alors financier principal du Confédéré de Fribourg, il place son ami François-Auguste Brückner, ancien député du Bas-Rhin à la Constituante et à la Législative, comme chef du matériel à la direction de la ligne Lausanne-Fribourg-Berne. Charles Bergeron côtoie le groupe des exilés alsaciens, dont Georges Joseph Schmitt. Il est soupçonné, par le sous-préfet de Gex (Ain) de collaborer au Confédéré de Fribourg. Il apporte effectivement son soutien financier au journal, pour 300 fr. annuel, dit-il dans une lettre à Charles-Louis Chassin, en 1868 [12]. Il entretient d’étroits contacts avec Edgar Quinet, également d’origine bressanne, connaissance et ami d’avant 1851, dont il partage l’essentiel des idées sans être aussi antibonapartiste. Le sous-préfet de Gex le considère d’ailleurs à tort comme un agent du Duc d’Aumale. En 1867, il est aux côtés de Quinet au congrès de la Paix de Genève, accompagne Garibaldi jusqu’à Saint-Maurice. En 1868, lors du congrès de Berne, il fustige néanmoins les « jeunes socialistes, communistes, égalitaires qui, par crainte de voir revenir Louis-Philippe, ne font rien pour démolir Bonaparte » [13]. Cette même année, il est chargé de centraliser l’argent destiné à secourir Pierre Leroux et sa famille [14], à qui il a offert également asile lors de son exil en Suisse. A cette période, Charles Bergeron est à l’initiative, aux côtés de Jean Macé, d’Edouard Raoux [15] d’une Société coopérative d’éducation qui projette « [l’]établissement dans la Suisse romande d’Ecoles nouvelles ayant pour but une éducation intégrale et le développement des vocations comme faisant suite aux jardins d’enfants et préparant aux Ecoles spéciales » [16]. L’objectif annoncé est :

Enseigner des choses et non des mots ; des certitudes et non des hypothèses, des connaissances utiles et non des futilités, la vie réelle et non l’utopie, la vérité et non le mensonge, la justice et non le privilège, l’arbitrage et non la guerre, l’association et non l’isolement, l’art d’observer la nature et non celui de faire des sophismes, l’art de penser et non celui d’accumuler des phrases creuses, le concret avant l’abstrait, la pratique avant la théorie, le présent avant le passé, les lois, les langues, les civilisations vivantes avant celles qui ont vécu : voilà notre programme positif et négatif.

La guerre franco-prussienne et la défaite de Napoléon III offrent quelques espoirs à Bergeron. Le 28 septembre 1870, dans une lettre à Jules Michelet, avec qui il est également en relation, il rappelle une analyse donnée trois ans plutôt :

« La révolution marche aujourd’hui en sens inverse de la première. 89 a enfanté la Gironde. La Gironde a enfanté le Jacobinisme. Le Jacobinisme a enfanté le Despotisme. Le Despotisme militaire a enfanté l’administration centralisée et le cléricalisme [...]. Le coup d’Etat du 2 Xbre 1851 a glorifié le prêtre et le soldat, ces deux fléaux de la civilisation. Cet animal antédiluvien visqueux et immonde qui représente le clergé, cet autre animal méchant, cruellement atroce qui représente l’armée, les Zouaves, les Turcos etc. se sont emparés de cette pauvre France, ont sucé sont sang et ont épuisé ses forces au point de la mettre dans l’impuissance de lutter contre le vautour du Nord [...]. Ce Vautour a peut-être pour mission providentielle de débarrasser la France de ces chancres rongeurs. Il fera disparaître le despotisme militaire des Bonaparte. Nous entrons en ce moment dans la phase Jacobine, mais cela durera peu. La phase Girondine lui succèdera et vous verrez notre pauvre France revenir au point de départ de 1789, avec les illusions de moins. C’est alors que la paix se fera dans les âmes. Tout militaire et tout prêtre seront honnis, bafoués, les canons seront fondus pour faire de gros sous. Les sentences du Congrès de la paix seront acceptées comme paroles d’Evangile par tout le monde ; viendront ensuite les Etats-Unis de l’Europe [...] » [17].

Ces propos inspirent Michelet, comme Bergeron le souhaitait attendant qu’un « grand historien philosophe [... prophétise] toutes ces choses ». Le 28 janvier 1871, Michelet lui écrit de Florence et lui adresse la seconde édition de La France devant l’Europe qu’il vient de rééditer. Bergeron ne peut qu’admettre que son pacifisme était trop optimiste [18]. Devant la férocité des « hommes transformés en bêtes féroces », il doit avouer qu’il se sent lui-même « irrité, excité comme si, dit-il, j’étais au milieu du combat, comme si j’avais l’épée à la main et devant moi des ennemis à exterminer ». Il préconise d’envoyer des ballons destinés à « faire pleuvoir des grenades remplies de picrate de potasse ou de dynamite [...] sur le Palais habité par Guillaume ». La science doit débarrasser ce « fléau de l’humanité [...], il est évident que la délivrance des peuples en sera le résultat [...]. La République fera beaucoup mieux de déclarer la guerre à la personne même du tyran et de créer les moyens mécaniques qui devront en délivrer l’humanité [...]. Après le roi Guillaume, viendra Alexandre II ». Mais poursuit-il « il y a un autre engin plus puissant que les ballons, pour faire triompher la France de ses ennemis, c’est la fraternité, la cohésion sociale qui n’existe plus chez nous ». La société est morcelée, « l’intérêt, la corruption et le mensonge [servent] seuls de ressorts aux relations sociales. Lorsque le résultat du Plébiscite a été connu, j’étais à Paris, dit-il, j’en fus tellement révolté et consterné, que j’écrivis à Madame Quinet, cette phrase prophétique : " La France devenue bonne à conquérir comme un cochon gras et bon à tuer. ". [...] " Un pays qui a appuyé le Coup d’Etat après 18 ans de réflexion, peut tout aussi bien accepter le Gouvernement du roi Guillaume conquérant celui de Bonaparte conspirateur, voleur de nuit avec effraction ! " [...] Le Gouvernement de la défense nationale s’est suicidé et a assassiné la République ». Les yeux remplis de larme, il espère « le réveil du sentiment de fraternité et de solidarité parmi les hommes. [...] Pour vaincre nos ennemis, nous devons nous associer ». Mais comment y croire lorsque sous ses yeux, depuis trois jours, l’armée de Bourbaki se réfugie en Suisse alors qu’elle aurait pu suivre le chemin de Lyon. Il croit cependant en une guérilla pour défendre la République, mais les élections qui approchent lui font craindre la mainmise des légitimistes et des cléricaux sur l’Assemblée constituante et le retour des Bourbons, les républicains n’étant pas capables de s’entendre.

En novembre 1871 [19], il pressent que la France est « à la veille d’une décomposition sociale ; c’est le moment de mettre à jour quelque nouvelle formule religieuse. Je crains, dit-il, seulement que si elle se produit trop tôt, elle ne soit emportée par le déluge dans lequel la société ouvrière, l’Internationale menace de plonger l’Europe. C’est, je crois de l’Amérique que doivent venir les paroles de paix et d’harmonie capables de convertir le vieux monde ».

Ses liens avec l’Ecole sociétaire et ses membres restent constants. Lors du Congrès phalanstérien d’octobre 1848, il participe au Comité permanent chargé de l’étude de la réalisation et de l’application des théories de Fourier. En 1858, il est inscrit parmi les premiers à participer à la souscription initiée par Nadar afin de publier les Documents apostoliques et prophéties de Jean Journet. Lors du renouveau de l’Ecole sociétaire en 1867, à partir de la Librairie des Sciences sociales, il souscrit pour 400 fr. annuels à la société en commandite qui exploite la librairie. Il détient, en 1870, 20 actions pour 1 000 francs de la société anonyme qui lui succède. Il entre au conseil d’administration de la Librairie en 1872 et est favorable à son maintien, alors débattu. Présents à différentes assemblées générales de la Librairie de 1872 à 1875, il est également cité parmi les participants de nombreux banquets parisiens de l’anniversaire du 7 avril ou bien se signale par un mot d’excuse de 1868 à 1882. En 1879, lors du 107e anniversaire auquel il assiste en compagnie de sa seconde épouse, Anna Marsch, il est présenté comme l’un des auteurs du projet de tunnel sous la Manche.

Le 15 avril 1873, il écrit d’ailleurs à Victor Considerant « [son] cher ami » à ce sujet et l’invite ainsi que son épouse à le rejoindre en Suisse ; « le monde au milieu duquel nous vivons à Paris, lui dit-il, est peu en harmonie avec [nos] idées et [nos] sentiments. Tu n’as plus [de] courage parce que tu te sens étouffé dans cette atmosphère d’égoïsme et de mensonge ». Ayant alors quitté Lausanne pour Charpigny (commune d’Ollon, district d’Aigle), dans le Valais, il lui annonce en 1874, que l’acquisition de cette nouvelle propriété, et ce malgré des déboires financiers et mauvais placements, a été complétée par l’achat à crédit de « tous les établissements d’une ancienne fonderie, haut fourneau de fer, mines de fer, d’anthracite, etc dans le Valais » qui doivent permettre à « la colonie de Charpigny [de trouver] le moyen de gagner beaucoup d’argent ». Mais les fonds manquent et personne ne voulant s’associer à son projet, les autorités menacent de lui retirer la concession minière. Il recherche « quelques familles de phalanstériens disposés à faire de l’industrie » et compte sur Considerant pour lui indiquer « quelques ingénieurs disposés à aller habiter un beau pays dans lequel on jouit d’une liberté complète », des bâtiments, tombant en ruine car inhabités depuis cinq ans, étant disponibles à Ardon.

Lors du banquet du 7 avril de 1880, le rapport de police dressé indique qu’il porte le toast suivant : « Je suis ingénieur et m’occupe peu de la question morale ; mon principal objet est la question matérielle : je bois en conséquence à la prospérité du travail, au bien être de la société ! », résumant ainsi une vie au service de la science et du progrès social.