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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Armynot Duchatelet, (Nicolas-) Alfred
Article mis en ligne le 24 mars 2009
dernière modification le 14 juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Rentier. Né le 5 mars 1812. Membre de l’Institut sociétaire. Rédacteur à la Chronique du mouvement social puis au Nouveau Monde. Initiateur d’un projet de fondation à Bergerac d’un « Association domestique pour la fabrication du pain de chaque famille ».

Alfred Armynot Duchatelet est le fils de Nicolas Armynot du Châtelet de Bonchemin et Monique Lelieur [1]. Il aurait été élève d’Ingres [2]. Lors du salon du Musée royal de 1835, il expose un « portrait de Mme F. F. ».

Membre de l’Institut sociétaire dès sa fondation, il est aussi rédacteur au Nouveau-Monde en 1839 [3]. Le Nouveau Monde publie divers textes signés de lui, par exemple : « Alternat des vies » (11 octobre 1839) ; « De quelques irréflexions du Siècle » (11 décembre 1839) ; « La Charité » (1er juin 1840), où l’on lit : "Dieu le veut ! C’est dans cette terre sainte de l’Association que nous vous conduirons." Armynot Duchatelet participe à la Chronique du mouvement social de Tandonnet [4]. Résidant au 17 rue des Vinaigriers à Paris, il est signalé comme artiste-peintre parmi les « principaux artistes et travailleurs appartenant à l’Ecole sociétaire » dans l’Almanach social pour l’année 1840.

Participant à la Boulangerie véridique parisienne d’Andron, il est l’auteur du Recueil de matériaux touchant les vivres du peuple et les boulangeries véridiques, adressé au Ministère de l’agriculture et du commerce. Vivant de ses rentes à Bergerac où il se fait propagandiste phalanstérien [5] - sa carrière d’artiste semble très limitée -, il établit en 1840, les statuts d’une « Association domestique pour la fabrication du pain de chaque famille » dont il est le gérant. Cette association créée pour dix-huit ans est chargée de l’exploitation d’une « boulangerie véridique et mutuelle ». Elle est administrée par un conseil d’administration de douze membres, nommés par l’assemblée générale des actionnaires. Les bénéfices doivent être répartis en douze parts égales : huit doivent revenir aux actionnaires dont quatre au prorata du nombre d’actions détenues, quatre doivent être consacrée à la caisse de réserve, une à soulager la misère et enfin les trois dernières aux ouvriers, employés et gérant au prorata de leur salaire. L’objectif n’est pas une application de la théorie associative de Fourier, mais « de concurrencer les 24 boulanger locaux et servir de régulateur de prix du pain ».
Il donne également des éléments d’appréciation sur le fonctionnement envisagé de la Boulangerie véridique de Bergerac dans Le Nouveau Monde du 11 mai 1840 : « Le personnel consiste en un directeur-gérant, un caissier comptable, un chef boulanger, des employés inférieurs ». Il tente également d’utiliser l’ancienneté de noblesse de sa famille et rappelle le rôle du « Grand-panetier de France » du Moyen Age pour convaincre le ministère de l’Agriculture d’établir une « intendance de la boulangerie » et « une administration municipale contre l’altération des denrées ». Il tente de convaincre le comice agricole et la commission pour l’extinction de la mendicité dont il est membre, de généraliser son projet.

Il maintient des liens étroits avec le groupe du Nouveau monde et participe au banquet phalanstérien et populaire de Belleville du 12 avril 1840 [6]. Réalisateur, il n’hésite cependant pas à s’engager, à cette même période, dans le débat politique et s’avère également proche de La Phalange et de Victor Considerant qui depuis septembre 1839 réclame l’application des théories sociales à la politique internationale de la France relative à la question d’Orient [7]. Dans le Journal de Bergerac du 29 février 1840, repris par La Phalange du 16 décembre, Armynot met en avant la pertinence des théories de l’Ecole sociétaire, dénonce le morcellement des idées, des partis et de la représentation nationale incapables de donner un rôle ascendant à la France, en particulier au sujet de la question de l’isthme de Suez et du cours de l’Euphrate, « routes futures des continents ». Alors « qu’elle peut inaugurer l’association des peuples à Constantinople et Alexandrie NEUTRALISEES, [faisant] ainsi, [de] l’une le siège des Congrès Européens et CAPITALE DU GLOBE, et [de] la seconde le coeur des mouvements internationaux », la France n’offre à l’Europe que « des symptômes de dissolution et de décadence ». « Si la Chambre enfin [poursuit-il] ne se hâte pas d’adopter la politique Sociétaire, [...], le jour va naître où la force matérielle envahira les deux points pivotaux du globe, y établira le Monopole et imposera l’obéissance aux nations européennes ».

Il reste vigilant face aux attaques dont est victime l’Ecole sociétaire. Ainsi, en 1841, La Phalange publie également de lui un article véhément dénonçant la mauvaise foi et les « galimatias » du journal Le Siècle accusant Fourier de matérialisme et d’immoralité [8]

Il fait partie de l’équipe des rédacteurs pour Le Nouveau Monde, Journal de la Science sociale, annonce de février 1844, mais ce projet n’a pas de suite.

Réponse aux critiques du Siècle, par A.D. (La Phalange, 1841)