Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Bonnemère, (Joseph-) Eugène
Article mis en ligne le 8 février 2008
dernière modification le 18 novembre 2015

par Desmars, Bernard

Né le 20 ou 21 février 1813 à Saumur (Maine-et-Loire), mort le 1er novembre 1893 à Louerre (Maine-et-Loire).

Petit-fils d’un député du Maine-et-Loire à l’assemblée législative, fils d’un conseiller général et maire de Saumur, Eugène Bonnemère fait d’abord ses études au collège de Saumur, puis au lycée Henri IV à Paris ; il entre à l’Ecole centrale en 1831, mais une grave maladie interrompt ses études. Il fait ensuite du droit et est reçu avocat. Cependant, il ne n’exerce pas cette profession, puisque très rapidement, il se consacre à la littérature et tout d’abord au théâtre ; il fait jouer en 1841 un vaudeville, Les Premiers fiacres, et une féerie, Micromégas. En 1843, il s’installe à Angers, où il collabore au Précurseur de l’Ouest, dirigé par son ami Edmond Adam. En 1844, il est admis dans la Société industrielle d’Angers, une société savante locale où son père siège déjà. Il continue à écrire des pièces et fait également représenter sur la scène locale un vaudeville, une revue et un opéra-comique. Dès cette époque au moins, il s’intéresse particulièrement à la situation des campagnes. En 1846, la Société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure met au concours la question suivante : « Des causes qui engendrent le mouvement des populations agricoles vers les grands centres manufacturiers, et des moyens d’y remédier ». Le mémoire de Bonnemère est primé, publié en 1847 sous le titre Les Paysans au XIXe siècle. L’auteur propose comme solution à l’exode rural l’enseignement agricole, l’association et l’organisation du travail, mais de façon assez vague et sans référence explicite à Fourier. Il y critique les comportements de certains propriétaires à l’égard de leurs fermiers et de leurs métayers, ce qui suscite de vives réactions au sein de la Société industrielle d’Angers et amène Bonnemère à démissionner de cette association dont il était vice-secrétaire.
Revenu à Paris en 1848, il continue son œuvre littéraire et de publiciste, avec, outre des pièces de théâtre et des romans, des ouvrages d’histoire qui concernent souvent le monde rural, et en particulier les révoltes paysannes ; il s’intéresse aussi aux associations agricoles et obtient un prix de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, pour un mémoire sur « Le Morcellement agricole et l’association ». Il collabore à différents journaux (Le Siècle) et revues (La Revue moderne, publiée en 1857-1858 par quelques membres de l’Ecole sociétaire ; L’Ami des sciences, fondé par le fouriériste Victor Meunier ; Le Journal d’agriculture pratique, un moment dirigé par Jean-Augustin Barral, également disciple de Fourier).
Bonnemère participe à la reconstitution du mouvement phalanstérien dans les années 1860, autour de Barrier. Il assiste aux banquets qui rassemblent les disciples de Fourier, chaque 7 avril, à partir de 1865. Actionnaire de l’Union du Sig, il siège au conseil d’administration de la société, mais en démissionne en 1869 en raison de son éloignement de Paris. En 1872, il fait partie du « Comité d’exécution » chargé de mettre en œuvre les décisions du congrès phalanstérien afin de réorganiser l’Ecole sociétaire. Il collabore au nouvel organe fouriériste, le Bulletin du mouvement social, pour lequel il rédige notamment une série d’articles sur « la désertion des campagnes » de 1873 à 1875. Avec quelques autres fouriéristes, il débat sur la réalisation prochaine de l’association agricole. Il continue à fréquenter les assemblées générales des actionnaires du Sig (il est à nouveau élu administrateur en 1880, mais abandonne cette fonction l’année suivante), ainsi que les banquets du 7 avril.
Pendant ces années 1870, il s’engage nettement dans le camp républicain, en s’efforçant de propager l’idée républicaine dans les campagnes : il fait partie des dirigeants de la Société d’Instruction Républicaine, pour laquelle il rédige plusieurs brochures (Les Paysans avant 1789 ; Les Paysans après 1789 ; Le Maître d’école) tout en collaborant à son organe, Le Patriote ; il publie également quelques textes dans la « Bibliothèque démocratique » de Victor Poupin. Il adhère à la Ligue de l’enseignement en 1877 et fait partie du comité du cercle parisien de la Ligue, dans lequel il siège jusqu’à sa mort. Il est par ailleurs membre des Amis de la Paix.
Bonnemère s’intéresse également beaucoup au spiritisme. En 1867, il publie Le Roman de l’Avenir, œuvre qui aurait été écrite « par un médium inconscient, philosophe et romancier malgré lui, qui n’a laissé [à Bonnemère] que le soin de leur donner une forme plus littéraire. Il devient d’ailleurs président de la Société des études spirites, après la mort de son fondateur, Allan Kardec. Il est par ailleurs titulaire de la Légion d’honneur.