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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

125-139
Informations diverses
Article mis en ligne le 15 décembre 2006
dernière modification le 7 mai 2007

La prochaine Assemblée générale de l’Association d’études fouriéristes

Elle se tiendra le samedi 14 avril 2007 dans les locaux de La Fraternelle, 12 rue Claude Poyat, 39200 Saint-Claude (Jura), à partir de 14 heures 30.

Au programme, outre l’Assemblée générale : conférence, visite guidée de La Fraternelle, soirée jazz. Des informations sur La Fraternelle figurent dans la rubrique « Informations diverses » du Cahier 16, sous la plume de Michel Guet. Vous trouverez joint à ce Cahier un bulletin d’inscription pour le 14 avril.

...Venez nombreux !

Le site charlesfourier.fr

Le site de notre association est ouvert depuis un peu plus de six mois. Son architecture générale est fixée. Il est en pleine croissance ; Pierre Mercklé, qui l’anime, reçoit chaque semaine plusieurs courriers d’internautes intéressés. N’hésitez pas à le visiter vous aussi, à le faire connaître autour de vous et à proposer des idées pour ses développements à venir (http://charlesfourier.fr)

Les papiers d’un disciple de Fourier aux Archives départementales de l’Isère

Henri Couturier (1813-1894) est une figure importante du militantisme phalanstérien de la seconde moitié du XIXe siècle : la Société agricole et industrielle de Beauregard, qu’il fonde à Vienne au lendemain du coup d’Etat de 1851, et qui réunit progressivement des activités agricoles (une très modeste exploitation), commerciales (boulangerie, épicerie, vente de charbons...) et industrielles (meunerie, production de draps...), une école, une bibliothèque, un restaurant, etc., reçoit l’adhésion et les encouragements des fouriéristes ; si certains y voient d’abord une réussite coopérative, d’autres la considèrent déjà comme l’anticipation de l’Association intégrale. Couturier s’intéresse également à l’Union agricole du Sig, en Algérie dans les années 1870 et en est l’un des principaux dirigeants dans les années 1880 ; il est par ailleurs actionnaire à partir de 1862 de la colonie de Condé-sur-Vesgre, qu’il fréquente ainsi que son fils dans les années 1870 et 1880... Ses héritiers, qui avaient conservé ses papiers pendant plusieurs générations au sein de la famille, ont décidé de les mettre à la disposition des chercheurs et les ont déposés à l’automne 2005 aux Archives départementales de l’Isère qui procèdent actuellement au classement.

Ce fonds comprend plusieurs catégories de documents : certains, en nombre réduit, concernent les activités politiques de Couturier, successivement ou simultanément conseiller municipal de Vienne, conseiller général de l’Isère, député (1876-1885) puis sénateur (1885-1894). D’autres plus, nombreux, sont liés à Beauregard (notes sur les diverses branches de la société, rapports sur la gestion, comptes) et à l’engagement fouriériste de Couturier, qui correspond avec des (ex-) condisciples (entre autres, Jean Macé, Jules Duval, Nicolas Lemoyne, Auguste Savardan, Charles Limousin, Jean et Virginie Griess-Traut, etc.), dont certains sont actionnaires de Beauregard. Mais la partie la plus importante du fonds Couturier est constituée de documents familiaux : les uns intéressent le patrimoine, comme les baux, les comptes, les carnets où sont notées les dépenses journalières ; les autres résultent de la très active correspondance tissée entre les différents membres de la famille, et notamment, à partir de 1876, entre Henri et son épouse, quand le premier passe une partie de l’année à Paris, tandis que la seconde reste à Vienne ou va passer quelques semaines du côté de Nice ou de Cannes pendant l’hiver. Les cinq enfants aussi écrivent régulièrement à leurs parents, des années 1870 aux années 1890. Cette correspondance permet d’approcher l’activité quotidienne d’un parlementaire (travail à la Chambre ou au Sénat, sollicitations par des électeurs, mais aussi réceptions, distractions théâtrales et musicales...), ou même de deux parlementaires, puisque l’une des filles d’Henri a épousé Antonin Dubost, député, sénateur, et même ministre pendant quelques mois. On peut également y analyser les relations au sein d’une famille bourgeoise, les échanges sur l’éducation des enfants, la recherche d’un mari pour les filles, la gestion du patrimoine... Dans cette correspondance familiale, il est vrai tardive, Fourier et le projet phalanstérien sont quasiment absents

Une partie de ces archives a été exploitée par l’un des descendants d’Henri Couturier, Didier du Castel, dans le cadre d’une maîtrise réalisée sous la direction de Maurice Agulhon et soutenue en 1983 à l’université de Paris-I (Henri Couturier, 1813-1894, fouriériste et sénateur, 93f.) Enfin, il faut signaler que d’autres documents originaux concernant Beauregard et son fondateur sont à la Bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon, dans le fonds laissé par Fernand Rude, qui, comme historien et sous-préfet de Vienne, s’était intéressé de très près à Couturier et à son œuvre.

Bernard Desmars

El fourierismo espanol

Deux ans et quelques mois avant la mort de Fourier, les idées utopiques du penseur français commencèrent à se diffuser en Espagne à partir de l’extrême sud du pays, depuis Cadiz, à l’époque ville la plus libérale et progressiste de la péninsule ; Cadiz, où avait été approuvée, en 1812, la première Constitution espagnole (« la Pepa ») qui en terminait avec l’ancien régime et ouvrait le chemin du progrès et de la liberté.

Le premier à défendre les idées de Fourier fut Joaquin Abreu y Orta, après on retour d’exil français auquel l’avait condamné le « Roi Félon », Fernando VII, qui après avoir renié son serment envers la Constitution imposa un régime absolu et policier dans lequel la peine de mort, la prison et l’exil étaient les punitions réservées aux Libéraux. Abreu fut l’un d’eux, un socialiste qui dut partir en France en 1823, où il connut Charles Fourier ; il adhéra à ses idées et participa à l’organisation du premier Phalanstère qui devait naître à Condé-sur-Vesgre en 1832. Deux années plus tard il put revenir en Espagne (Fernando VII mourut en septembre 1833) ; il s’installa à Cadiz ; il y divulgua les idées du socialisme utopique fouriériste grâce à des articles publiés dans le journal « gaditano » (c’est à dire de Cadiz) El Nacional, mais aussi dans El Eco, del Commercio de Madrid sous le pseudonyme de « Proletario ». Quelques uns des disciples de Abreu, partageant ses idées, collaborèrent eux aussi à El Eco. Parmi eux se distingue Veloy car ce fut le premier à vouloir matérialiser les idées fouriéristes par la construction d’un Phalanstère.

Manuel Sagrario de Veloy tenta de créer, en 1841, une « Société Harmonique » en édifiant à Tempul, près de Jerez de la Frontera (la terre des « caldos xerry”, ou crus de Xérès), un phalanstère avec un grand domaine agricole ; pour le projet il réunit un million de duros - un duro équivalait alors à 5 pesetas -, somme insuffisante pour la pérennité de l’entreprise ; il sollicita alors auprès du gouvernement certains privilèges pour que la communauté, une fois constituée, fût viable. Il s’agissait de mesures fiscales (suppression de droits de douane), de main d’œuvre (un certain nombre de soldats ou de bagnards, qui recevraient un salaire pour cela) et de matériel de construction ; mais le gouvernement de Espartero, un général autoritaire et défenseur du libre-échange qui fit son éducation en Angleterre), refusa la demande et Veloy dut renoncer ; il se consacra alors à la diffusion et la propagation de l’idéal utopiste, éditant, en 1842, avec d’autres, La Atraccion, premier journal socialiste fondé en Espagne ; mais le projet cessa après trois numéros par manque de souscripteurs.

Quelques années après un troisième protagoniste, Ramon de Cala apparut comme l’ultime défenseur de l’utopie fouriériste en Espagne. Cala s’intéressa beaucoup à ce que l’on appelait alors « la question sociale » en Espagne c’est à dire la prise de conscience de la misère économique et culturelle des journaliers agricoles et des ouvriers de l’industrie (encore très peu développée à l’époque). Les terribles conditions de voie des journaliers était la conséquence directe de la politique du ministre de l’intérieur Mendizabal qui, entre 1835 et 1836, mena à bien la desamortizacion (désamortissement) des biens de l’Eglise dont beaucoup de terres agricoles. L’Eglise louait ces terres à des fermiers contre une partie de la récolte ou une redevance (certains contrats remontaient à l’époque féodale !). Mais avec la desamortizacion ces terres « ecclésiastiques » furent vendues à la bourgeoisie fortunée et à la noblesse qui, appliquant à outrance les théories « de Manchester » de Smith et Ricardo, imposèrent de nouvelles conditions très défavorables aux fermiers, supprimant beaucoup de contrats, transformant les fermiers en hommes sans terre, à la recherche d’un emploi saisonnier pour un salaire de misère. L’intellectuel Cala connaissait très bien cette tragédie espagnole ; en effet il est l’auteur d’un essai minutieux et lucide sur la situation de la classe laborieuse (pas seulement ouvrière) de son pays : Le problème de la misère résolu par l’harmonie des intérêts humains (1884). Dans cet ouvrage, il expose, un demi-siècle plus tard, l’idéal de Fourier qu’il fait sien, racontant comment il connut dans sa jeunesse le Français. Pour Cala, Fourier propose la « vraie révolution » pour les classes laborieuses, une des solutions possibles étant la fondation de phalanstères de 500 familles chacun, où il serait possible « d’harmoniser les intérêts, de manière à ce que tous les habitants en soit heureux » ; un lieu sain se substituant aux taudis où habitaient les journaliers, avec un ensemble de services communs : cuisine, réfectoire, salles de réunion, bibliothèque, école, salle de spectacles et ateliers, complétant ainsi l’activité agricole du phalanstères. Pour que sa conception du phalanstère soit bien claire (une construction sur le modèle du palais classique français) Cala effectua un petit dessin (219x160mm) en plan et à l’échelle, à l’encre de chine, dans lequel il détailla la fonction de chaque édifice.

Les divers modèles que proposèrent les utopistes européens (Owen, Cabet, Fourier, etc.) se voulurent une alternative à la nouvelle ville de l’époque ; en Espagne cette perspective ne pouvait être que limitée : il n’y eut pas de véritable industrialisation sauf peut-être dans des mines (exploitées par des techniciens et des capitaux étrangers, français, anglais, belges...), des entreprises textiles (domaine très protégé, présent en Catalogne, et dirigé surtout vers le marché national) et un peu à Madrid et au Pays basque.

Agustin Pichel Martin (architecte, Madrid), traduit par Etienne Mong et par les élèves de la classe européenne du lycée Xavier Marmier (Pontarlier)

L’énigme de la page 92

Florent Perrier, auteur de l’article sur les “Orgies de musées” dans le Cahier Fourier 16, a une réponse pour l’énigme que pose Louis Ucciani dans son article intitulé “Un art fouriériste” (Cahier Fourier 16), à la page 92 (note 3), au sujet des initiales inscrites par Filliou dans l’oeuvre “Grâce à Fourier". Cette réponse se trouve dans un article de Guillaume Vaudois : "Sagesses orientales et socialisme utopique. Les deux sources de la Création permanente selon Robert Filliou" (Revue d’Esthétique, Ed. J.-M. Place, Paris, 2003, n° 44) : on y lit à la page 69 (note 32) : "quatre ans avant cette vidéo [Grâce à Fourier], Filliou avait donné le même titre à une oeuvre minimale : une simple boîte de carton ouverte, dont le fond recueille un portrait de l’utopiste, et le couvercle la mention "Grâce à Fourier", accompagnée des lettres RF (Robert Filliou), CF (Charles Fourier) et FS (Florent Staffeldt, personnage fictif, Florent étant le second prénom de Filliou et Staffeldt le patronyme de son épouse). Remerciements à Marianne Filliou pour l’élucidation de ces initales." !

Le buste et la cheminée

En 1976, Marie-Lucie Cornillot, conservateur des musées de Besançon, dans une communication à l’Académie de Besançon sur “La salle des sociologues comtois du palais Granvelle”, présentait en ces termes un buste en marbre de Fourier par Auguste Ottin, oeuvre exécutée d’après le masque mortuaire de Fourier, et qui faisait partie de la donation Garnier-Coignet, ensemble de bustes et de portraits de Fourier et de Considerant, légués à la Ville de Besançon par Jean Garnier-Coignet, neveu et héritier d’Auguste Kleine, le petit-cousin et exécuteur testamentaire de Considerant : “C’est un ouvrage de 0,50m de haut, 0,30 de large, 0,22 de profondeur signé et daté sur le rebord rabattu de l’épaule droite : A Ottin, 1846 ; oeuvre contemporaine si elle n’en provient pas directement de l’ensemble monumental extraordinaire conçu par l’architecte Le Fuel et exposé au Salon de 1850. Il s’agissait d’une cheminée destinée au “Palais de Florence” selon le Dictionnaire des sculpteurs français du XIXe siècle qui la décrit ainsi : “Elle était décorée d’un buste de Charles Fourier et de deux figures placées en dessous : la Justice et la Vérité. Le bas relief de l’attique représentait différentes phases de la vie humaine, soins donnés à l’enfance, la famille, l’éducation de la jeunesse, le travail. Deux groupes au-dessus de la tablette figuraient des types de l’enfance.” Marie-Lucie Cornillot ajoutait en note que cette cheminée existait encore dans l’ancien palais de François Sabatier, fouriériste parisien (renseignement de M. F.-X. Amprimoz). Grâce à Madame Christiane Dotal, docteur en histoire de l’art ainsi qu’à Jean Fornasiero et à Michel Cordillot, nous avons pu nous procurer deux représentations différentes de cette cheminée. Madame Dotal nous a communiqué celle - de grande qualité, certainement un dessin qui figurait dans le journal L’Illustration, dans le compte rendu du salon de 1850. Jean Fornasiero et Michel Cordillot nous ont signalé celles publiées par Neil Mc Williams dans Dreams of Happiness, Social Art and the French Left, 1830-1850, Princeton, U.P., 1993. Mc William indique que cette cheminée se trouve au palais Renai (certainemen le nom florentin du palais Sabatier) et il donne deux détails des bas-reliefs d’Ottin avec des titres certainement choisis par celui-ci : “Eclosion des vocations”, et “Instruction sollicitée”. Selon Marie-Lucie Cornillot, le buste de Fourier par Ottin qui se trouve maintenant au musée de Besançon serait “une belle réplique commandée par Considerant” de celui de Florence.

Jean-Claude Dubos

Homais fouriériste... (suite)

En 2001, dans les “nouvelles brèves” du numéro 12 des Cahiers Charles Fourier (p. 120), nous faisions écho à une information de l’Académie du Troisième Age de Rouen qui le 16 mars 2001 au cours d’une excursion à Ry avait visité la maison du Docteur Jouanne, fondateur à Ry d’un phalanstère d’enfants que ladite Académie considérait comme “le prototype du pharmacien Homais”. Depuis cette date, Bernard Desmars nous a communiqué un numéro du journal fouriériste La Rénovation du 28 février 1889 consacré au docteur Jouanne. Il commence ainsi : “M. Jouanne fut reçu en 1845 pharmacien de 1e classe devant l’Ecole supérieure de Paris. Il s’établit peu de temps après au petit bourg de Ry, succédant à son père dans cette officine qui avait joué la rôle que l’on sait dans le fameux roman de Flaubert, Madame Bovary.” Ainsi ce serait de la pharmacie et non du pharmacien que se serait inspiré Flaubert. A Ry le docteur Jouanne joua un rôle de philanthrope, créant l’Unité fraternelle de Ry, la Caisse de retraite des sapeurs-pompiers, et surtout la Maison rurale pour l’éducation des enfants. Tout cela est bien loin de la misanthropie de Homais...

Jean-Claude Dubos

Pièce pour socle vide

Vue à la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) de Paris de septembre 2006, à la Galerie “Air de Paris” une pièce de l’artiste américain Liam Gillick qui était destinée au socle vide de la statue de Fourier, place de Clichy. Le projet n’aurait pas été retenu. Il n’en subsiste pas moins que trois exemplaires, sensiblement différents les uns des autres, ont été produits. L’un a été vendu à la foire de Londres (Frieze Art Fair) en septembre et un autre était donc visible à Paris. Il s’agit d’un cube dont cinq des faces sont des armatures de couleurs vives (comme un jeu pour enfants). Sur la sixième face un texte en anglais en caractères reliefs sur fond gris blanc.

Louis Ucciani

Condoléances

Pauline Bordet est décédée en mai 2006 à Besançon. L’AEF présente à son père Gaston et à toute sa famille ses plus sincères condoléances.