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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

143-154
Informations diverses
Article mis en ligne le décembre 2003
dernière modification le 21 février 2006

Assemblée générale de l’Association d’études fouriéristes (12 décembre 2002)

L’Assemblée générale est présidée par Gaston Bordet. Plusieurs dizaines de membres sont présents, dont Maurice Agulhon, Jonathan Beecher, Roberto Massari, René Schérer.

Cette assemblée a pour objectif de donner un nouveau souffle à l’Association, sans que soient occultés pour autant les acquis de l’équipe précédente. Il s’agira d’élargir l’audience de nos activités, de développer un réseau de correspondants à l’étranger, d’envisager l’organisation de manifestations périodiques consacrées à Charles Fourier et plus généralement à l’utopie, de pérenniser la publication des Cahiers, de maintenir ses colonnes ouvertes à l’érudition mais aussi à la littérature, d’enrichir l’iconographie fouriériste, de songer à la création d’un site internet. Gaston Bordet présente un rapport moral dans lequel il évoque la naissance de l’association et le travail entrepris depuis 1987, date de sa création. Jean-Claude Dubos, trésorier, nous expose le rapport financier en insistant sur la question des frais prélevés sur les chèques en provenance de l’étranger, car nombreux sont nos adhérents hors hexagone. Quelques légères modifications des statuts sont votées, dont nous ne précisons pas ici la teneur, car elles portent plus sur des questions de simplification et de reformulation que sur le fond de nos orientations. L’AG procède à l’élection d’un Conseil d’Administration de 10 membres, lequel vote à son tour le bureau (issu des membres du CA)

Président : Thomas Bouchet ; vice-président : Gaston Bordet ; trésorier : Jean-Claude Dubos ; trésorière-adjointe : Chantal Guillaume ; secrétaire : Laurence Bouchet ; secrétaire-adjoint : Louis Ucciani.
Nous tenons à la disposition de tous les membres de l’association le rapport complet d’Assemblée Générale (6 feuillets).

Chantal GUILLAUME

Correspondants de notre Association, hors de France

Amérique latine : Ivone Gallo ; Australie : Jean Fornasiero ; États-Unis : Jonathan Beecher ; Italie : Roberto Massari ; Pays-Bas : Hans Moors ; Suisse : Martin Stohler.

Canada, Japon, Royaume-Uni  : en cours

Vos suggestions et vos idées sont les bienvenues !

Sommaires des Cahiers Charles Fourier déjà parus

Numéro 1. 1990

F. SICOT, « De l’homme au citoyen : Fourier critique de Rousseau »
C. CROSSLEY, « Toussenel et la femme »
M. D. SIBALIS, « Une mutuelle fouriériste au XIXe siècle : Laurent Héronville et la Société labo¬rieuse des cordonniers-bottiers de Paris »
Documents inédits

Numéro 2. 1991

L. UCCIANI, « L’art du ménagement »
M. MADONNA-DESBAZEILLE, « L’utopie de Fourier : jeu d’écriture. Ou de la notion d’intervalle mesuré et démesuré »
N. RIFFAUT-PERROT, « Du Phalanstère fouriériste à l’Humanistère de Déjacque »
M. VERNUS, « Les fouriéristes et les fruitières comtoises »
B. VERLET, « François Santerre et les siens. Une famille fouriériste au Texas »
D. BERINDEI, « Le Phalanstère de Scaieni en Valachie »
Un document inédit

Numéro 3. 1992

L. UCCIANI, « Fourier et les avant-gardes »
C. GUILLAUME, « Les leçons de l’ordre composé »
C. MORILHAT, « L’inventeur et les sophistes. Note à propos des sources de la pensée de Fourier »
C. J. GUARNERI, « Le fouriérisme et la "deuxième révolution américaine" : le mouvement fouriériste aux États-Unis, 1840-1860 »
M. CORDILLOT, « Le fouriérisme dans la section pari¬sienne de la Première internationale, 1865-1866 »
Un document inédit

Numéro 4. 1993

Numéro spécial : « Autour de la colonie de Réunion, Texas »
Contributions de A. C. GÜTTLER, C. J. GUARNERI, J. PRATT, J. BEECHER, B. VERLET, M. CORDILLOT, G. CLERMONT, J.-C. DUBOS.
Numéro 5. 1994
Numéro spécial : « Charles Fourier, philosophies »
Contributions de L. UCCIANI, C. MORILHAT, L. TUNDO, M. MADONNA-DESBAZEILLES, L. BOUCHET, U. ARANTES, M. A. SARTI, J. C. DUBOS.

Numéro 6. 1995

Numéro spécial : « Fouriérisme écrit, fouriérismes pratiqués »
Contributions de M. RIOT-SARCEY, M. VUILLEUMIER, P. MERCKLE, T. BOUCHET, M. D. SIBALIS, M. CORDILLOT.

Numéro 7. 1996

V. CONSIDERANT, « Un pressentiment »
J.-C. DUBOS, « Victor Considerant nouvelliste : "Un pressentiment" (1831) »
F.J. FORNASIERO, « "La Treizième revient" : la passion "grandiose et pivotale" de Fourier dans Les Chimères de Gérard de Nerval »
L. BOUCHET, « L’enfance du désir »
B. DESMARS, « Être fouriériste en province. Nicolas Lemoyne, propagandiste du Phalanstère »
H. MOORS, « Réseaux et trajectoires fouriéristes aux Pays-Bas. Quelques réflexions à propos de H.F.L. Droinet »

Numéro 8. 1997

C. GUILLAUME, « Amour rédempteur »
H. MOORS, « Le Fouriérisme aux Pays-Bas. Notices complémentaires »
B. DESMARS, « Médecine et fouriérisme. Les expé¬riences d’Arthur de Bonnard »
Dossier : quelques documents relatifs à la mort de Fourier
L. FEBVRE, « Un Bisontin d’autrefois Charles Fourier ». Conférence faite à la Faculté des Lettres de Besançon, le lundi 22 janvier 1906

Numéro 9. 1998

J.-C. DUBOS, « La couronne impériale, fleur de Charles Fourier »
R. SCHÉRER, « La Place de Charles Fourier »
B. VERLET, « Fourier et l’architecture »
J.-C. DUBOS, « 1834 : Fourier-Hugo, une O.P.A. manquée »
J. FORNASIERO, « Réflexions sur le cas de Jean-Augustin Barral »
G. BORDET, « L’Université Populaire de Besançon (1899-1908) »
J.-J. HÉMARDINQUER, « Le tableau de Gigoux devant la critique : Buchez ou la contestation globale de Fourier (1836) »

Numéro 10. 1999

Numéro spécial : « Fouriérisme, révolution, répu¬blique. Autour de 1848 »
Contributions de T. BOUCHET, J. BEECHER, J.-M. JEANNENEY, F. FOURN, V. ROBERT, M. VERNUS, D. BURCKEL, M. RIOT-SARCEY.

Numéro 11. 2000

J. F. HAMEL, « L’"opera del tempo" de Charles Fourier »
B. VERLEY, « De l’association à l’organisation du travail »
B. DESMARS, « Une statue pour Fourier (4 juin 1899). Au crépuscule du militantisme phalanstérien »
S. DEBOUT, « Talonné par ses visions de rêveur sublime »
M. VERNUS, « Un imprimeur bisontin au service des fouriéristes : Louis de Sainte-Agathe ».

Numéro 12. 2001

J. BEECHER, « Des inédits de Fourier aux archives de Moscou » (avec 2 lettres inédites)
P. BESNIER, « Fourier Modern’ Style. Robert de Montesquiou lecteur de Fourier »
B. WILSON, « La vraie Madame Strogonoff »
L. BOUCHET, « Les femmes du XXIe siècle et le visionnaire »
P. MERCKLÉ, « Le foisonnement analogique dans la "science sociale" de Charles Fourier »
J.-C. WARTELLE, « La famille Gagneur (1ère partie) »
C. GUILLAUME, « Irréalisable utopie ? »

Numéro 13. 2002

L. UCCIANI, « L’animal ou la visibilité du Moi »
L. RIGNOL, « La phrénologie et l’école sociétaire. Science de l’homme et socialisme dans le premier XIXe siècle »
M. CORDILLOT, « Les fouriéristes et l’émergence de la coalition démoc-soc à l’automne 1848 »
J. PRATT, « Réunion, terre d’utopie pour les femmes ? Rêves d’idéal et vie quotidienne »

Rappeler des expériences et des utopies socialistes et démocratiques : die Studiengesellschaft für direkte Demokratie und sozialistische Ideen (SDS)

La Studiengesellschaft für direkte Demokratie und sozialistische Ideen/SDS (Société pour l’étude de la démocratie directe et des idées socialistes) est une petite association, créée pendant l’été 2000 à St-Ursanne (JU/Suisse). Deux observations, qu’on peut faire non seulement en Suisse mais aussi ailleurs, ont motivé sa fondation :
 les gens de gauche ne sont souvent familiers ni de l’histoire des mouvements socialistes et démocratiques de leur propre pays, ni de l’histoire du socialisme et de la démocratie en général.
 les partis de la gauche ont presque tous cessé de s’orienter à l’aide de l’horizon de l’utopie.

Le fait que les partisans de la gauche ne connaissent souvent pas leur histoire et ont renoncé à chercher et à créer des utopies, pose un problème grave. À plus forte raison, cela nous donne à penser dans une période où la poussière grise du stalinisme tombé en ruine peut couvrir et rendre méconnaissables même les plans de construction d’une société démocratique et socialiste. Pour prévenir ce danger il est nécessaire de faire comprendre au grand public qu’il existe des différences essentielles entre une société socialiste et démocratique et une société étouffée par la dictature d’un parti unique qui veut tout contrôler et par une économie de commande.

Il y a par conséquent deux choses à faire : critiquer et refuser le stalinisme, élaborer les éléments d’une alternative sur les plans politique et économique. Pour ce faire, il faut à notre avis étudier les conceptions et les pratiques des différents courants démocrates, socialistes et communistes, selon deux voies différentes : essayer d’une part de comprendre ces courants dans leur contexte historique, les discuter d’autre part en relation avec les conditions actuelles.

Que beaucoup de personnes et de partis de gauche renoncent à réfléchir sur l’histoire et l’expérience des différents courants mentionnés n’est pas le seul point que nous critiquons. Il est à notre avis tout aussi grave qu’ils aient renoncé à chercher un horizon d’utopie et à réfléchir sur les rapports entre la situation actuelle et cet horizon. Bien entendu, nous n’entendons pas par là des mirages ou des fantasmagories qui n’ont rien à faire avec des données d’aujourd’hui. On peut au contraire apercevoir cet horizon à partir de différents points de notre topographie sociale et économique - à condition qu’on soit disposé à utiliser ses facultés pour le bien commun et pour que les individus trouvent des meilleures conditions de développement. Sans cet horizon, on se désoriente vite et on ne peut pas vraiment contrecarrer les forces destructives et oppressives du présent.

Apercevoir l’horizon d’utopie est une chose ; avancer vers lui en est une autre... Pour progresser dans cette direction, on a besoin d’instruments non seulement adaptés aux circonstances du moment mais aussi aux exigences de notre parcours. Ils ne sont pas faciles à trouver, leur construction exige des recherches et des réflexions communes. Compte tenu de l’immensité des problèmes et de la faiblesse de nos ressources, nous avons fait pendant les trois ans de l’existence de notre association ce que nous avons considéré comme possible : nous avons organisé plusieurs séances publiques et thématiques et nous avons publié en allemand un bulletin d’information et de discussion (Utopie und Geschichte).

Notre première séance a été consacrée à certaines idées de Charles Fourier, de Victor Considerant et de Karl Bürkli. On a ensuite discuté sur le mouvement démocrate des années 1860 à Zurich, sur les conceptions démocratiques de Rosa Luxemburg et sur son attitude pendant la Révolution allemande. Puis on s’est demandé si l’expérience de la Commune de Paris et l’étude des écrits de Lewis Morgan sur la ligue des Iroquois ont stimulé Marx et Engels à formuler un modèle d’une démocratie directe et d’une république fédérative. Il apparaît que Marx et Engels ont étudié les informations ethnographiques de Morgan, sans les utiliser pour approfondir leurs réflexions sur la forme politique d’une société socialiste. Il n’en a pas été de même par rapport à la Commune : pour Marx elle était « la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l’émancipation économique du travail » (La guerre civile en France). Ni lui ni Engels n’ont pourtant poursuivi l’étude des expériences de la Commune, notamment celle de sa forme politique. On peut tirer des conclusions voisines à propos de Bakounine : comme on a vu à l’occasion d’une séance sur Bakounine et la Commune, cet anarchiste russe a fait l’éloge des martyrs de la Commune mais les mécanismes politiques que les Communards ont essayé de créer ne l’intéressaient guère. Pendant une autre séance, il a été question de l’attitude des socialistes européens envers la démocratie directe lors du congrès international ouvrier socialiste à Zurich (1893). Alors que Karl Kautsky se prononçait clairement en faveur d’un parlement fort, Karl Bürkli était en faveur de la législation directe du peuple par le peuple (par l’initiative et le referendum). Dans la résolution du congrès sur la politique et la tactique des partis socialistes, les idées de Bürkli ont été intégrées. A la séance de l’été 2003, on s’est demandé si l’élection du Conseil fédéral (Bundesrat, le gouvernement suisse) par le peuple est une mesure qu’on peut considérer comme un approfondissement de la démocratie directe (à l’heure actuelle ce sont les deux chambres du parlement suisse qui désignent le gouvernement). Cette question est d’actualité parce que le Schweizerische Volkspartei/Union Démocratique du Centre va peut-être collecter des signatures pour une initiative populaire de ce type. Bürkli a souligné en 1869 qu’il est infiniment plus facile pour les citoyens et les citoyennes de se familiariser avec des questions factuelles qu’avec la vraie personnalité et les vraies intentions d’un candidat. Or il nous semble que la désignation du gouvernement suisse par le peuple n’augmentera en définitive pas les possibilités des citoyen(ne)s.

La « programmation » des séances pour l’an 2004 n’est pas encore établie ; une séance (ou des séances) sera probablement organisée sur l’histoire et les conceptions des « États unifiés d’Europe ». En général nos rencontres ont lieu le samedi après-midi à Bâle. Des documents historiques sont mobilisés comme base de discussion. On se contente naturellement d’esquisser des problèmes et de commencer à discuter les questions. Avec notre bulletin d’information et de discussion nous essayons aussi d’être en contact avec des personnes qui s’intéressent à nos activités, mais qui ne peuvent pas prendre part à nos séances. Parmi nous on trouve des gens qui étaient ou qui sont membres des différentes organisations de la gauche. L’usage de documents ou des textes historiques et l’étude de questions bien précises nous ont aidés à créer un cadre plus favorable à des débats stimulants que les discussions qu’on a eues entre les différents partis ces dernières années, à l’occasion des élections.

Il n’est pas étonnant que nous nous intéressions au fouriérisme (ou, mieux : aux idées de l’Ecole sociétaire, comme l’établit Loïc Rignol dans « La phrénologie et l’Ecole sociétaire », Cahiers Charles Fourier, 13, p. 21 et suivantes). Charles Fourier a pensé une grande utopie, il a formulé une critique radicale et totale de la « civilisation ». Un tel rejet peut toujours conduire à une nouvelle religion, avec des croyant(e)s qui renoncent à la politique pratique. Charles Fourier a peut-être taillé des pierres pour une telle église, mais il a aussi fait des propositions qu’on pourrait utiliser sur le chemin vers l’horizon d’utopie. Considerant et Bürkli, en s’appuyant sur les idées de Fourier, ont ensuite essayé de formuler des propositions dans le champ politique. C’est un processus très passionnant, qui mérite des études approfondies.

Martin STOHLER

La cotisation annuelle (qui donne droit à notre bulletin Utopie und Geschichte) est de 15 euros pour nos membres hors de Suisse. Pour entrer en contact avec nous, vous pouvez écrire à Studiengesellschaft für direkte Demokratie und sozialistische Ideen (SDS), Knöringerstrasse 10, CH-4055 Basel, Suisse ou forpoeta@yahoo.com

A signaler

GUET (Michel), HÉLIAS (Yves), L’utopie au parking (L’affaire Charles Fourier), [s.l.], Bureau des Inspections Banalytiques, novembre 2002, 16 p. brochées.

Il nous paraît judicieux de faire part aux lecteurs des Cahiers Charles Fourier de ce qui fut désigné comme « l’affaire Charles Fourier ». Un Commissaire d’exposition d’art contemporain a fait une proposition à l’Association d’études fouriéristes, qui caressait depuis longtemps le vague projet de signaler à Besançon par un monument ou bien une œuvre d’art contemporain - dans une ville qui a vu naître aussi Victor Hugo et Proudhon -, la naissance de Charles Fourier dont la mémoire nous semble passablement occultée. C’est pourquoi l’association n’a pas considéré d’un mauvais œil cette proposition clés-en-mains d’un Commissaire aguerri et rôdé au ficelage de dossiers de demande de subventions. Prête à se laisser convaincre par une proposition présentée comme audacieuse, honorant enfin la mémoire du père des Phalanstères, et soucieuse de faire bon accueil à l’avant-garde, l’association examina le projet mais recula devant tant de hardiesse. Un groupe d’« inspecteurs » amis publiant sous le label Bureau des Inspections Banalytiques, décida sous sa responsabilité de porter le débat sur la place publique... Nous vous laissons juges.
Pour les curieux du BIB, quelques exemplaires de cette brochure sont encore disponibles et vous seront envoyés gratuitement en échange d’une enveloppe format A5 (16 x 23 cm ) libellée à vos nom et adresse, timbrée à 0,75 euros et envoyée à : Michel Guet/9 rue du Pater/25330 CLÉRON.

Décès

Léon Centner

Le décès de Léon Centner (juin 2002), a de quoi attrister tous ceux qui sont attachés à l’histoire du mouvement social en France. Né en 1919 à Varsovie dans une famille de petits artisans juifs, il est arrivé à Paris en 1923. Il a combattu dans la Résistance (il s’est notamment consacré alors à la diffusion de la presse clandestine). Il a ensuite fait carrière dans la bonneterie, a adhéré au Parti Communiste jusqu’en 1956 (année de son exclusion). Il s’est passionné pour l’histoire des révolutions et du mouvement ouvrier, se forgeant une réputation de bibliophile averti. Il a fondé dans les années 1960, avec Michel Bernstein (décédé en août 2003) et grâce à l’aide de Giuseppe del Bo - institut Feltrinelli - les Éditions d’histoire sociale (EDHIS). Pendant trente ans, de 1966 à 1995, La maison EDHIS a réédité sous forme de reprints des milliers de pièces d’accès difficile ou introuvables. Un travail herculéen a permis la constitution d’un catalogue d’une richesse exceptionnelle. Parmi les grandes collections dues à EDHIS, les quatre séries des Révolutions du XIXe siècle (44 volumes au total !) sont l’un des legs les plus remarquables d’un véritable pionnier dont celles et ceux qui le connaissaient soulignent les qualités humaines rares. (Th. B.)
Sur Léon Centner, deux textes sont à signaler : l’un est signé de Michel Cordillot pour la Revue d’histoire du XIXe siècle (n° 24, 2002/1), l’autre de Michelle Perrot pour Le Mouvement social (n° 202, janvier-mars 2003).

Jean-Yves Mariotte

J.-Y. Mariotte, archiviste paléographe, ancien conservateur en chef des Archives Municipales de Strasbourg, n’était pas membre de notre Association, mais jamais il n’avait hésité à entreprendre et à mener à bien avec compétence les recherches que nous lui avions demandées sur des fouriéristes alsaciens, notamment Fanny Schmalzigang, correspondante strasbourgeoise de Clarisse Vigoureux et de Jules Lechevalier en 1834, et Carnary, dépositaire à Strasbourg de Destinée sociale en 1837. Il nous a aidé aussi à identifier un jeune Allemand qui en 1834 suivait avec Albert Brisbane et l’un des fils d’Achim von Arnim les leçons de Charles Fourier. Il s’agissait de Ludwig Poley, ami du baron d’Eckstein et comme lui hindouisant qui a publié et traduit en 1835 une partie des Upanishads. Jean-Yves Mariotte était aussi l’auteur, dans le Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne, d’une notice bien documentée sur Jean Macé, qui, on a eu trop tendance à l’oublier, fut fouriériste et l’un des rares à soutenir, malgré des divergences, les féministes Jeanne Deroin et Désirée Gay en 1848. Obligé de renoncer au journalisme après le Deux-Décembre, Jean Macé vint en Alsace comme professeur à Beblenheim, et c’est là qu’il écrivit la plupart de ses ouvrages et fonda la Ligue de l’enseignement. Jean-Yves Mariotte a retracé sa carrière de 1852 à sa mort en 1894 et son article se termine par une bibliographie exhaustive qu’il est indispensable de consulter. A son épouse Ruth et à ses enfants, nous présentons nos sincères condoléances. Nous avons perdu en lui un de nos plus anciens et de nos plus fidèles amis, dont l’érudition n’avait d’égales que la gentillesse et l’ouverture d’esprit. (J.-C. D.)

André J. M. Prévos

Nous avons appris le décès, en mars 2002, d’André J. M. Prévos, Associate Professor of French à l’université d’État de Pennsylvanie (Dunmore). Originaire de Tonnay-Charente, M. Prévos était membre de l’Association d’études fouriéristes depuis 1994 et avait participé au colloque d’Arc-et-Senans en octobre 1993 avec une communication sur « le phalanstère du comté de Mahasca dans l’État d’Iowa », que nous publierons dans le numéro 15 des Cahiers à sa mémoire. André J. M. Prévos avait publié en 1981 « Frenchmen Between two Rivers. A History of the French in Iowa » (PHD de l’université d’Iowa) et il avait collaboré en 2001 à l’ouvrage d’Elliot Robert Barkan, Making it in America. A Sourcebook of Eminent Ethnic Americans. Il avait publié notamment des notices sur Étienne Cabet, Dupont de Nemours, et le musicien Georges Delerue. Nous présentons à sa famille et particulièrement à son frère M. Yves Prévos nos plus sincères condoléances. (J.-C. D.)

Initiatives en bref

Notre sociétaire, le docteur Jean-Pierre Mataillet, a prononcé en décembre 1999 une conférence sur Charles Fourier dans une loge maçonnique de Besançon.

Loïc Rignol est intervenu au colloque « Les siècles des socialismes » (Université de Bourgogne, 27-29 novembre 2003), à propos de “ l’idée d’un socialisme scientifique dans le premier XIXe siècle. La Science sociale de l’Ecole sociétaire et des néo-babouvistes ”.

René Schérer a présenté dans le cadre du séminaire « The Past and Present of Radical Sexual Politics » (université d’Amsterdam, 3-4 octobre 2003) une réflexion sur « Charles Fourier et les ralliements d’amour ».

Colloque Charles Fourier et le lien social. Université de Franche-Comté (UFR SLHS), 18 et 19 mars 2004, organisé par le Laboratoire de Recherches Philosophiques sur les Sciences de l’Action

Suite à un colloque consacré l’an dernier à Proudhon, nous nous proposons cette année d’envisager la pensée de Fourier. Penseur mis au rang des utopistes, Fourier n’a jamais cessé de revendiquer contre les utopies la dimension pratique et réalisable de son système. Sa pensée, quand elle est critique de la philosophie, lui reproche de n’avoir jamais envisagé la mise en action de ce qu’elle pouvait développer de théorie. C’est vers une pensée de l’action que Fourier dirige son système, qui se veut une politique qui envisage les conditions de l’action sur le monde en vue de sa subversion. C’est tout d’abord sur une pensée de l’action sociale que Fourier fonde ce qui devrait devenir Le Nouveau Monde industriel et sociétaire. Ce Traité envisage les conditions d’accès à un mode de rela¬tion social défini comme sociétaire. Articulé sur une critique de la Civilisation, sur une mise en avant des passions et sur une redéfinition des institutions comme la famille et l’école, la pensée de Fourier dégage une étrange ambiguïté où la critique du monde réel se déploie en offrant les antidotes sociétaires. Mais en même temps qu’il dessine les contours théoriques de ce nouveau monde, Fourier en envisage les fondements pra¬tiques dans ce qui devient une redéfinition de l’espace social que celui-ci soit vu comme un lieu théorique ou dans sa réalité. C’est dans cette dis¬cussion qu‘apparaît le Phalanstère , à voir certes comme une cité idéale, mais aussi comme un laboratoire d’expérience. Les Dispositions de la phalange d’essai sont bien à comprendre comme les bases de la théorie devenant action. Elles montrent l’importance de la gestion du lieu en vue de la gestion des gens. Et si on a pu reléguer Fourier dans une poétique exclusion en en faisant un doux rêveur, il n’empêche que c’est sans doute un des rares philosophes à avoir pu susciter un mouvement politique arti¬culé autour de la tentative de réalisation du monde sociétaire. Considérant est élu député comme fouriériste et tente la réalisation de la phalange d’essai, Godin industriel décide la construction d’un familistère en se référant de même à Fourier, l’école sociétaire accompagne et prolonge le travail de Fourier et de nombreux aventuriers politiques s’essaient, à tra¬vers le monde, à matérialiser les théories phalanstériennes. En même temps ce qui se donne comme une politique trouve des débouchés dans le domaine esthétique. Sans doute la manifeste adhésion de Breton y est-elle pour beaucoup, ce qui est certain c’est que les redéfinitions de soi que s’est imposé l’art du XXe fait du discours sociétaire un de ses axes.

À l’occasion de ces deux journées, nous nous proposons d’organiser notre Assemblée Générale annuelle.

Cette rubrique est la vôtre.
N’hésitez pas à nous faire parvenir
tous renseignements ou informations susceptibles d’y figurer