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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Danlion, Jean Baptiste Victor
Article mis en ligne le 12 avril 2021

par Desmars, Bernard

Né le 6 août 1809 à Turin (Italie), décédé à Pau (alors dans les Basses-Pyrénées, auj. les Pyrénées-Atlantiques). Élève de l’École polytechnique, officier de l’artillerie, puis membre de l’Intendance militaire. Abonné à La Phalange et actionnaire d’une société fouriériste.

Le père de Jean-Baptiste Victor Danlion est un militaire, qui s’est engagé dans l’armée en mai 1789 comme simple dragon, puis s’élève dans la hiérarchie jusqu’au grade de général ; sous la Restauration, il est commandant en second de l’École de Saint-Cyr, puis commandant de l’École militaire de la Flèche ; en 1831, il est commandant de la place d’Alger.

En 1809, il sert dans l’armée d’Italie ; c’est la raison pour laquelle Jean-Baptiste Victor naît à Turin, chef-lieu du département du Pô au sein de l’Empire français. En 1827 – sa famille est alors à La Flèche – il entre à l’École polytechnique ; il peut y côtoyer Victor Considerant, admis à l’établissement un an plus tôt, et Alphonse Tamisier entré un an plus tard. En 1830, il rejoint l’École d’artillerie à Metz, où il retrouve Victor Considerant, élève de l’École du génie. Nommé lieutenant d’artillerie en 1832, il est promu capitaine en 1834. En octobre 1835, alors qu’il est en congé et réside chez ses parents à Bièvre (Seine-et-Oise), il figure sur une liste établie par Tamisier qui recense les personnes de sa connaissance qui pourraient s’abonner au futur périodique fouriériste ; il fait partie des abonnés « certains », tandis que d’autres noms sont considérés comme des abonnés « probables » ou « douteux » [1]. L’année suivante, il est mentionné parmi les membres du groupe phalanstérien de Strasbourg, avec trois autres lieutenants du 3e régiment d’artillerie, dont son ami Alphonse Tamisier [2]. Il s’abonne à La Phalange, dont la parution commence en juillet 1836 [3]. L’École sociétaire ayant lancé en juillet 1837 un « appel pour la réalisation de la théorie sociétaire » avec une souscription pour « la formation d’un crédit de 10 000 francs » afin de financer les études préparatoires à un « phalanstère de 400 enfants », il apporte 40 francs à l’opération ; la lettre dans laquelle il signale son engagement financier se termine par : « je désire être inscrit comme phalanstérien » [4].

En 1838, alors qu’il est en garnison à Rennes, il se marie avec Laurence Tamisier, la sœur d’Alphonse et la fille d’un ancien avoué et ancien maire de Lons-le-Saunier. Un fils naît en 1840 à Strasbourg. Dans les années suivantes, Danlion est toujours abonné à La Phalange [5].

Il entre en 1841 à l’État-major de l’artillerie. Mais deux ans plus tard, il rejoint l’Intendance militaire. Il est actionnaire de l’une des deux sociétés formées par l’École sociétaire, en 1840 et 1843, probablement la seconde (Il n’apparaît pas dans la liste des actionnaires de la société de 1840, « pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier » établie le 15 mai 1843) [6]. En janvier 1846, il n’a cependant pas versé la totalité de la part souscrite et demande un délai d’un mois [7].

Désengagement militant et carrière militaire

C’est semble-t-il la dernière fois que le nom de Danlion est mentionné dans les archives sociétaires. On ne le voit plus participer aux projets et aux souscriptions lancés par l’École sociétaire, avec laquelle il n’entretient plus de correspondance.

Il poursuit sa carrière dans l’Intendance militaire ; il séjourne en Algérie de 1850 à 1853 ; puis il participe à l’expédition du Mexique en 1862-1863. Lors du siège de Paris (1870-1871), il est responsable de l’approvisionnement de l’armée, et les dispositions qu’il prend dans l’été 1870 auraient permis aux militaires de bénéficier de conditions bien supérieures à celles subies par la population civile [8]. Selon Le Gaulois, « M. l’intendant Danlion avait particulièrement contribué à réunir dans Paris à la veille du siège les approvisionnements considérables qui permirent de résister aux Allemands de septembre 1870 à janvier 1871 » [9].

Fait chevalier de la Légion d’honneur en 1851, il est successivement promu officier (1859), commandeur (1868) et grand-officier (1870). En 1871, il est placé en disponibilité (avril), puis nommé cadre de réserve (août). Il quitte Paris avec sa femme et leur fils en 1875 et s’installe à Pau. Il obtient sa mise à la retraite en 1878. Son fils et sa femme décèdent en 1885 à quatre semaines d’intervalle.

Resté seul, entouré de respect et d’amitiés fidèles, cet excellent vieillard a vécu parmi nous ses dernières années, avec la sérénité que donne au sage le souvenir d’une carrière dignement, brillamment et patriotiquement remplie [10].

Bien qu’il soit resté semble-t-il assez discret à Pau – on trouve cependant régulièrement son nom dans la presse locale parmi les donateurs lors des quêtes effectuées par le bureau de bienfaisance [11] – ses obsèques se font en présence du préfet des Basses-Pyrénées, du maire de Pau et de représentants de l’armée. Conformément à ses souhaits, aucun discours n’est prononcé [12].