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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Paulin, (François-)Auguste
Article mis en ligne le 19 août 2019
dernière modification le 3 octobre 2022

par Desmars, Bernard

Né le 20 août 1816 à Vienne (Isère), décédé le 16 août 1846 à Saint-Symphorien-d’Ozon (alors dans le Rhône, aujourd’hui en Isère). Propriétaire et rentier. Lègue une partie de ses biens à l’École sociétaire pour la propagation de la doctrine sociétaire.

Auguste Paulin est le fils d’un riche fabricant de draps. Il fait ses études secondaires au collège de Feyzin, près de Lyon ; puis il s’installe au domaine de la Grange-Basse que son père acquiert sur la commune de Simandre près de Saint-Symphorien d’Ozon ; il s’occupe de la gestion de la propriété, sous la direction de son père, cloué dans un fauteuil par la maladie. Puis, après la mort de son père, ayant hérité de ce domaine, il le loue et part faire des études de droit à Paris. Mais la maladie l’empêche de suivre assidûment les cours, et, dans sa chambre, il étudie les questions sociales et en particulier le système de Fourier [1]. En 1843, son état de santé s’aggrave et les médecins lui recommandent d’aller respirer l’air de la campagne. Il s’établit à Saint-Symphorien d’Ozon et s’occupe d’agriculture, en particulier de la culture de mûrier et de celle de la vigne. « Il commença l’expérimentation de nouvelles théories agricoles, il s’entendit avec ses fermiers et leur fit quitter une partie de leurs vieilles routines » [2].

Au retour de tous ses voyages de Paris, il rapportait des livres concernant l’agriculture, qu’il distribuait gratis aux journaliers-agriculteurs. À d’autres, il donnait des abonnements gratis au Journal du Peuple, à La Démocratie pacifique et aux journaux agricoles. Il ne négligea rien pour éclairer et améliorer la classe pauvre du village qu’il habitait, et ce ne fut jamais en vain qu’un malheureux s’adressa à lui. En 1840, malgré les pertes qu’il éprouva dans ses fermages, malgré la perte d’un procès qui lui enleva le douzième de son patrimoine, il n’hésita pas à s’imposer des privations pour secourir les malheureux inondés de Lyon, les riverains du Rhône, et pour concourir à la fondation de la colonie de Petit-Bourg, - privations d’autant plus nobles qu’elles étaient faites par un jeune homme de vingt-quatre ans, dont les dépenses dépassaient souvent les revenus, ainsi que l’a prouvé l’inventaire de sa fortune. Que de fois ne s’est-il pas obligé pour ses parents pauvres, pour ses amis !

Il lègue la moitié de ses biens aux membres de sa famille, même s’ils bénéficient déjà d’une certaine aisance, « afin de leur prouver qu’ils m’ont tous été chers ». Quant à l’autre moitié, il décide de la laisser « aux classes pauvres, à ceux qui les défendent, à ceux qui cherchent à améliorer le sort des masses ». Il cède à l’École sociétaire la « somme de dix mille francs, destinée à propager les doctrines de La Démocratie pacifique » [3]. La rédaction du quotidien fouriériste ajoute qu’elle va faire des recherches sur « la vie de l’homme qui se manifeste ainsi à ses frères en espérances, et que nous avons le regret de ne connaître qu’après sa mort ».

Deux semaines plus tard, le Bulletin phalanstérien indique que, selon une lettre reçue de Vienne,

le légateur [sic] était un jeune homme d’une mélancolie profonde, atteint depuis plusieurs années d’une affection de poitrine, et qui a fait, assure-t-on, d’autres legs, empreints du même esprit de charité sociale [4].

Cependant, plusieurs mois plus tard, le Bulletin phalanstérien annonce à ses lecteurs que les « promesses ne se sont point réalisées ». En effet,

la succession n’avait laissé aucun numéraire. L’argent, s’il en eût existé, aurait dû être employé à payer les dettes qui paraissent s’élever à 20 000 ou 30 000 francs. Dans cette position, il faut réaliser l’actif tout immobilier. […] [Les] formalités […] entraînent un délai de trois à quatre mois. Ce n’est donc pas avant cinq mois au moins qu’on peut espérer de toucher le montant du legs qui se trouve d’ailleurs assuré par une inscription hypothécaire [5].

Il n’est plus question ensuite de ce legs.