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GUET Michel : L’artisme, considéré comme un des beaux-arts, sinon comme le tout (2001)

Paris, J.P. Faur éditeur, 2001, 72 p.

Article mis en ligne le décembre 2001
dernière modification le 3 avril 2007

par Ucciani, Louis

Schérer note combien « pour Fourier, l’individu n’a pas besoin d’être identifié, c’est-à-dire traité comme signe. » (ibid., p. 105) et prévient qu’il ne faut pas chercher « en Fourier, de théorie esthétique séparée, ni de conservatoire. » (ibid., p. 121). C’est peut-être sous cette double prévention qu’il faudra comprendre le présent essai. Inclus dans la bibliothèque du Bureau des inspections banalytiques, cet ouvrage dénonce les travers de la Civilisation, dans sa forme contemporaine, autour de l’art. Sous le terme d’artisme, l’auteur décrit cette dérive civilisatrice. On verra derrière cette notion une double logique : celle des individus mus par un désir d’être artiste et la volonté des pouvoirs publics à susciter cette tendance, la rencontre se faisant dans le moment de l’exposition. L’auteur montre comment cette double logique découle de ce que l’on pourrait appeler la mort de l’art. C’est quand l’art a perdu ce qui le fondait qu’on entre dans un tout est art. Mais ce qui finalement ne lèserait personne devient effet pervers quand sur cet art mort se bâtit une forme nouvelle, que l’auteur nomme artisme, et qui sera vue comme l’appropriation par le pouvoir des décisions en terme d’art. L’art devient la chose des commissaires, personnages « auto-proclamés ou investis de cette fonction et qui ont pour rôle de favoriser l’essor de l’exposition. » (p. 30). En même temps cette apparition inflationniste de la médiation fait glisser ce qu’on pouvait nommer art vers ce qu’il nous faut aujourd’hui nommer artisme. L’artisme qui est à l’art, note avec humour l’Auteur, ce que le culturisme est à la culture (p. 22), en se proposant de généraliser l’art ne fait que séparer d’avantage l’art du public (ou homme banal), en instituant la caste des spécialistes. Mais et c’est bien le cœur du problème : sur quoi peut se fonder une telle spécialité ? Un goût personnel érigé en norme ? ou une moins avouable conjonction d’intérêts ? Le livre pose le problème et conclut sur la substitution du Commissaire à l’artiste. L’auteur esquisse une généalogie en dessinant une origine dans les rapports à l’art imposés par Duchamp d’un côté et Dubuffet de l’autre (p. 49s).

Nous pouvons ici, en guise de vérification, faire une parenthèse concernant une préoccupation autour de Fourier : on peut supposer que l’artiste proposé par Schérer et ses amis afin de ré-installer Fourier sur son socle à Paris, n’a pas bonne presse auprès des Commissaires. D’autre part quand, à Besançon on se propose de mettre dans l’espace public une référence artistique à Fourier, cela ne se révèle aisé auprès des financeurs publics que si le choix échappe au commanditaire pour transiter par un Commissaire.