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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Auxcousteaux (ou Aux Cousteaux), Stéphen
Article mis en ligne le 31 mars 2017
dernière modification le 20 mars 2017

par Desmars, Bernard

Né le 3 avril 1813 à Privas (Ardèche), décédé le 1er avril 1901 à Chaumont-en-Vexin (Oise). Négociant, rédacteur au Courrier du Havre, commissaire à l’émigration, directeur d’une compagnie d’assurances maritimes. Abonné à La Démocratie pacifique, souscripteur à la rente sociétaire et membre du groupe phalanstérien de Saint-Louis (Sénégal) de 1846 à 1848.

Stéphen Auxcousteaux est le fils d’un inspecteur des contributions directes. Dans la première moitié des années 1840, il est négociant au Havre ; il est en affaire avec un commerçant de Saint-Louis (Sénégal), Leleu [1]. En avril 1845, il quitte la métropole et s’installe à Saint-Louis. Tout en faisant du commerce, il s’intéresse au développement agricole du comptoir et de ses environs. Il rédige une note sur cette question, qu’il adresse au gouverneur en juillet 1846 ; l’année suivante, il demande la création d’un poste d’inspecteur des cultures [2]. Il rédige un mémoire, présenté en février 1848 au Conseil général du Sénégal, dans lequel il promeut le développement des activités agricoles [3].

Prosper Bancal, le correspondant de l’École sociétaire à Saint-Louis, mentionne son nom à plusieurs reprises, de 1846 à 1849. Auxcousteaux fait partie des « renteurs », qui s’engagent à verser régulièrement de l’argent au Centre sociétaire pour développer l’action de l’École. Il est abonné à La Démocratie pacifique [4]. Sans doute fait-il partie des six condisciples qui participent au banquet fouriériste organisé à Saint-Louis en avril 1847 [5]. « C’est un fidèle », déclare Bancal [6], qui le charge exceptionnellement de correspondre avec le Centre sociétaire [7].

En 1848, il entre en conflit avec son associé Leleu, dont il se sépare [8]. Il rentre au Havre à la fin de la même année. Sans doute passe-t-il au Centre parisien de l’École sociétaire ; en tout cas, il rencontre Victor Considerant, qui lui paraît souffrant, écrit-il ensuite à Bancal [9]. Cependant, il semble ensuite cesser toute participation au mouvement fouriériste.

Il continue à s’intéresser au Sénégal : collaborateur du Courrier du Havre, il se pose « en expert des affaires sénégalaises » et consacre plusieurs articles aux blocages qui entravent le développement du comptoir [10]. Il publie en 1851 Le Sénégal est une colonie française où il critique l’organisation du régime commercial et réclame des communications plus fréquentes et plus régulières avec la métropole. En février 1852, il est chargé par les négociants de Saint-Louis de remettre une note au ministre de la Marine [11]. Il se marie en 1853 avec Marie Chaptal, fille de Jean Baptiste Marie Chaptal, ancien député et petite-fille du chimiste Jean Antoine Chaptal. Il est alors rédacteur en chef du Courrier du Havre.

Au cours des années suivantes, il est commissaire à l’émigration au Havre. Il est admis en 1859 dans la Société havraise d’études diverses. Dans les années 1860, il dirige une compagnie d’assurances maritimes, La Persévérante, toujours dans la même ville. Il est le secrétaire général de l’Exposition maritime internationale qui se tient au Havre en 1868. Autour de 1870, il est aussi « homme de lettres ». Son épouse décède en 1871.

Il fait partie de l’Union de la paix sociale [12], une organisation fondée par les disciples de Frédéric Le Play dans les années 1870. Toujours intéressé par les questions coloniales, il adhère en 1877 à la Société des études coloniales et maritimes, à laquelle il envoie une Étude sur la création d’une société pour favoriser et protéger l’émigration française [13]. Peu après, il est impliqué dans une affaire qui le conduit devant les tribunaux. Un certain marquis de Rays projette, à partir de 1877, la création d’un établissement en Océanie, la « colonie libre de Port-Breton ». Grâce à une habile campagne (conférences, presse), il parvient à convaincre un certain nombre d’Européens d’y acquérir des terres et de s’y rendre ; plusieurs bureaux sont créés pour diffuser l’information et collecter l’argent, dont l’un, installé au Havre, est dirigé par Auxcousteaux. Au total, environ 9 millions de francs sont versés. Il s’agit d’une escroquerie – le marquis de Rays ne dispose pas réellement des terrains qu’il vend et les acquéreurs, transportés dans de très mauvaises conditions, arrivent sur un territoire impropre à la culture – qui a des conséquences dramatiques puisque de nombreux migrants décèdent. Douze prévenus sont traduits en 1883 devant le tribunal correctionnel ; Auxcousteaux dit avoir « été séduit par le but civilisateur et religieux de l’œuvre du marquis de Rays » et nie les irrégularités d’écritures qu’on lui reproche. Il est condamné à 6 mois de prison et 3 000 francs d’amende pour « escroquerie par aide et assistance » en première instance, mais il est acquitté en 1884 en appel. Il se retire ensuite dans l’Oise.