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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

112-113
Le texte que voilà
Article mis en ligne le 23 février 2010
dernière modification le 2 octobre 2016

par Barthes, Roland

Le texte que voilà est tout le contraire de ce que je voulais. Il [fallait] aurait fallu raconter quelques mois de ma vie et dire les incidences [incessantes] du texte de Fourier sur ce qui m’arrivait (à la lettre : mes aventures). [au lieu du simple filigrane biographique(*)] Car à chaque instant Fourier tombait sur moi : un fruit, une nourriture, un usage de table, un goût, un désir, un groupe, une séance, un conflit, un emploi du temps, une maison, un voyage ([et] je ne parle même pas des « idées ») et Fourier était là ; [surtout dans le pays où ces lignes sont écrites et où à la dialectique du Besoin et du Désir soutenant à ses yeux une sorte de droit deséspéré, solitaire : le droit d’une pensée sociale] « Fourier aurait dit… ». [Fourier, il m’était plus présent] sa présence m’était d’autant plus insistante que je le sens seul ; le marxisme [l’] a liquidé depuis longtemps et à juste titre le système fouriériste, et le gauchisme actuel semble bien trop moral[iste] pour récupérer ce qui n’est après tout qu’un discours : Fourier, ce n’est certes ni la vérité ni la science, mais c’est l’interstice, cad l’écriture

Evidemment, ce n’est pas comme ça qu’il fallait écrire ce texte ; il fallait écrire un Journal et l’embrayer à chaque instant sur Fourier (au lieu de faire le contraire, en filigrane).

Mais il n’est plus possible aujourd’hui d’écrire son journal ; une pratique juste du sujet le périme.

Donc  : peut être : des auteurs à citation intra-biographique que l’on consomme en vivant.

Des auteurs qu’on ne lit plus, dont on ne peut textualiser la lecture sinon dans notre vie.


Fourier

le champ du Désir : le domestique

le champ du Besoin : le politique