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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Wyslouch, Jules
Article mis en ligne le 19 juin 2016

par Desmars, Bernard

Né à Zenowill (alors dans la partie polono-lituanienne de l’Empire russe, aujourd’hui en Biélorussie). Réfugié polonais en France sous la monarchie de Juillet. Écrivain. Collaborateur de La Démocratie pacifique de 1844 à 1846.

Jules Wyslouch obtient une licence ès lettres à l’université de Vilna, alors dans l’Empire russe (aujourd’hui Vilnius, en Lituanie) [1]. Il participe à l’insurrection polonaise contre la domination russe en 1830-1831, puis se réfugie en France probablement en 1832 ou 1833 [2]. Dans les années suivantes, il collabore à plusieurs périodiques (notamment Le Droit, L’Europe industrielle) et effectue des travaux de traduction. Il contribue au troisième volume de La Pologne historique, littéraire, monumentale et pittoresque, une œuvre rédigée par des réfugiés polonais [3] ; il y signe une partie intitulée « Études sociales » qui, selon le Journal des débats, « dénotent un esprit critique élevé, joint à la connaissance approfondie de la philosophie moderne » [4]. Il déclare n’avoir « d’autres moyens d’existence que ceux que [lui] ont fournis [ses] occupations littéraires » depuis son arrivée à Paris [5].

Il bénéficie toutefois de la protection du baron de Morogues (1776-1840), membre de la Chambre des pairs et correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques, qui intervient, vainement, auprès du ministre de l’Instruction publique afin de lui obtenir la création d’une chaire de littérature slave ou d’un poste de conservateur adjoint à la Bibliothèque royale pour les manuscrits slaves [6]. Il envoie plusieurs lettres aux autorités, pour solliciter des secours ; en 1841, il demande un « encouragement de 500 francs » pour réaliser « une traduction de la philosophie de l’histoire par Hegel » et un « exposé des progrès que la nouvelle doctrine de Vico a faits en Allemagne depuis un demi-siècle » [7].

En 1841, Wyslouch publie une biographie de Morogues, décédé l’année précédente. Il souligne l’intérêt qu’il a porté aux problèmes sociaux et plus précisément aux questions du travail, de l’indigence et de l’assistance.

Ces questions foudroyantes de vérité demandent à être résolues. Noyées dans les belles théories de Smith et de Say, elles écrasent à leur tour, sous la plume des saint-simoniens et des fouriéristes, jusqu’aux plus saines idées de l’ordre social. Le ménage, la famille, la morale, la religion, tout est mis en demeure d’une part, tout est préparé de l’autre pour arrêter, au milieu du désordre, jusqu’au cours naturel de la justice [8].

Assurément, Wyslouch est alors éloigné des socialistes ; il loue Morogues qui s’est placé « entre les novateurs prêts à risquer tout, et les conservateurs décidés à ne rien accorder », et qui a proclamé « en face des uns et des autres la nécessité du progrès et des réformes, mais du progrès et des réformes avec les lois existantes ou refaites au flambeau de l’ordre, de la morale et de la justice éternelle » [9].

Pourtant, de 1844 à 1846, Jules Wyslouch figure sur la liste des rédacteurs de La Démocratie pacifique [10]. Ses articles concernent principalement deux domaines : d’une part, les « discussions dans les bureaux » des ministères et du parlement concernant des projets de loi ou des mesures sur le commerce du sucre, l’organisation et le tracé des chemins de fer ; d’autre part, les pays germaniques (les troubles sociaux ; les problèmes douaniers ; la marine) et le monde russe, y compris bien sûr ses territoires polonais. Ses derniers articles, au cours du premier semestre 1846, reviennent sur les insurrections polonaises contre l’autorité tsariste.

Ensuite, Jules Wyslouch collabore au Portefeuille diplomatique pour lequel il se rend à Berlin en avril 1847 afin d’assister à la réunion du premier parlement prussien [11]. Il souhaite aussi mettre à profit ce séjour pour enquêter sur le système d’enseignement professionnel en Prusse, dont, dans une lettre au ministre français de l’Instruction publique, il vante l’organisation et les qualités. Il demande, mais encore en vain, que le ministère le charge d’une mission d’études sur cette question.

On ignore ce qu’il devient ensuite.