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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Glorget, Jean-Baptiste
Article mis en ligne le 5 septembre 2015
dernière modification le 17 octobre 2015

par Desmars, Bernard

Né le 2 mars 1821 à la Chapelle Saint-Quillain (Haute-Saône), décédé le 11 février 1888 à Paris (11e arrondissement). Instituteur dans l’enseignement primaire supérieur, puis professeur dans le secondaire dans le Doubs, puis le Bas-Rhin. Installé à Paris après 1871. Participe aux activités du Centre de l’Ecole sociétaire dans les années 1870. Frère de Louis-François Glorget, également fouriériste.

Fils de Nicolas Glorget, qui se présente comme propriétaire en 1821, mais comme aubergiste lors de la naissance d’un autre fils (Louis-François), en 1824, Jean-Baptiste Glorget suit d’abord des études secondaires, jusqu’en rhétorique.

Enseignant, du primaire au secondaire, du Doubs au Bas-Rhin

Il entre en 1839 à l’école normale primaire de Haute-Saône, à Vesoul ; il en sort deux années plus tard avec le brevet supérieur. Il est alors chargé de la direction de l’école primaire supérieure annexée au collège de Baume-les-Dames, fonction qu’il occupe jusqu’en 1845. Il obtient une année de congé pour faire sa classe de philosophie au collège royal (nom du lycée sous la Restauration et la monarchie de Juillet) de Besançon, et peut ainsi passer, avec succès, le baccalauréat es lettres en 1846. La même année, il est nommé maître répétiteur au lycée de Besançon et occupe ce poste jusqu’en 1849. Après une nouvelle année de congé, il obtient en 1850 le baccalauréat es sciences. En 1851-1852, il est répétiteur dans une institution privée, à Paris. En octobre 1852, il devient maître répétiteur de mathématiques à Saverne (Bas-Rhin). En 1855, il rejoint le lycée de Strasbourg, où enseigne déjà François Antoine Boullet ; il occupe d’abord les fonctions de maître répétiteur dans les « cours spéciaux » qui préparent les élèves aux « carrières industrielles et commerciales » ; en 1862, il est « chargé d’un cours de mathématiques pures et appliquées » dans l’enseignement secondaire classique ; il remplit cette fonction jusqu’en 1870. Entre-temps, il a obtenu une licence de mathématiques et une licence de sciences physiques (au début des années 1860) ; il est devenu officier d’académie en 1863. Les appréciations portées par son proviseur, l’inspecteur et le recteur de l’académie dans les années 1860 sont dans l’ensemble élogieuses ; ainsi, en 1869-1870, son proviseur loue sa « conduite et [sa] tenue irréprochables ; [son] caractère sérieux » ; « il a beaucoup d’autorité sur les élèves. Il a une longue pratique de l’enseignement dont il est chargé et y obtient de bons résultats ». Pour le recteur, toutefois, c’est un « esprit solide, un peu lourd et n’ayant qu’une autorité scientifique médiocre. Il suffira à sa tâche » [1]. En tout cas, ses convictions fouriéristes ne sont pas mentionnées dans ces documents administratifs.

La guerre franco-prussienne, puis l’annexion de l’Alsace et de la Moselle au Reich allemand l’obligent à quitter Strasbourg et le laissent sans poste. Il s’installe à Paris et est mis à la retraite en septembre 1871 « pour cause de suppression d’emploi ». Dans les années suivantes, on le retrouve à la Maison d’éducation de Saint-Denis. Il est décoré de la Légion d’honneur en 1882 [2].

L’engagement fouriériste

Sans doute a-t-il participé au groupe fouriériste de Besançon, dans les années 1840. En tout cas, dans les années 1870, il représente parfois les Bisontins ainsi que la société de capitalisation fondée à Besançon autour de Just Muiron aux assemblées générales des actionnaires de la libraire des sciences sociales [3].

En 1867, quand commence la publication de La Science sociale, il s’abonne au nouvel organe sociétaire, mais il déclare ne pouvoir faire plus et n’avoir pas les moyens en particulier de prendre des actions dans la société. Il renouvelle cet abonnement en 1868 et 1869 [4]  ; mais ses liens avec le Centre sociétaire et son activité militante se développent surtout après son installation à Paris, en 1870 ou 1871. Il acquiert deux actions de la Société exploitant la librairie des sciences sociales et participe au congrès phalanstérien d’avril 1872 ; il est alors désigné pour faire partie du « comité d’exécution » chargé de mettre en œuvre les décisions du congrès, et en particulier la création d’une nouvelle société afin de réorganiser l’École sociétaire sur de nouvelles bases [5]. Cependant, cette opération se heurte à la volonté de Pellarin et de ses amis, qui veulent maintenir l’ancienne société, et Glorget se rallie bientôt à eux.

Il est présent aux assemblées générales d’actionnaires (pourtant peu fréquentées). Régulièrement commissaire chargé de contrôler les comptes, le plus souvent avec François Cantagrel. Lors de l’assemblée générale des actionnaires, en 1872, il présente la situation de la façon suivante :

si l’on veut bien tenir compte des buts élevés de la société et des difficultés que les circonstances ont semé sur la route, on devra trouver que la situation est bonne et qu’avec un peu d’activité et de dévouement, on peut les maintenir et même l’améliorer. Là sont nos vœux et notre espoir [6].

Il assiste à plusieurs reprises (au moins en 1873, 1874 et 1878) au banquet annuel commémorant l’anniversaire de la naissance de Fourier ; à cette occasion, il lit un message envoyé par Muiron, son « compatriote et ami » [7].

Il soutient également la Maison rurale de Ry (Seine-Maritime). Il envoie à plusieurs reprises de l’argent – parfois au nom de la Société de capitalisation de Besançon – pour aider l’œuvre fondée par le Dr Jouanne [8].

A la fin des années 1870, il continue à œuvrer pour le maintien de la librairie, pourtant en difficulté, en se prononçant, lors des assemblées générales de la société, pour son maintien (quand d’autres actionnaires envisagent sa dissolution) et en versant des subventions [9]. En 1883, Pellarin, président du conseil d’administration de la société, lui délègue une partie de ses fonctions [10].

Il continue alors à soutenir des œuvres sociétaires ou d’inspiration fouriériste : il fait partie des souscripteurs des Orphelinats agricoles d’Afrique, une société fondée par Henri Couturier et installée sur le domaine de l’Union agricole, à Saint-Denis-du-Sig (Algérie) [11]. Il adhère à la Ligue du progrès social, créée en 1885 par quelques fouriéristes souhaitant reconstituer une nouvelle organisation sociétaire [12].