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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Cloarec, Lucien Théodore
Article mis en ligne le 3 avril 2015

par Desmars, Bernard

Né le 28 décembre 1813 à l’île Maurice. Docteur en médecine. Participant aux banquets phalanstériens de 1848, 1849 et 1850, à Port-Louis (île Maurice).

Lucien Théodore Cloarec est le fils d’un capitaine de vaisseau originaire de Morlaix (Finistère) et installé à l’île Maurice où il s’est marié en 1798. Il fait ses études de médecine à la faculté de Paris [1] ; il obtient un doctorat en 1844 avec une thèse sur les « névroses de l’estomac » [2]. De retour sur l’île Maurice, il se marie en 1847 avec Laure Thérèse Sidonie Desjardins, la fille d’un pharmacien.

Il assiste au banquet du 7 avril 1848, organisé pour célébrer l’anniversaire de la naissance de Fourier. Dans son intervention (« A l’enfance »), il dénonce les pratiques éducatives en vigueur :

Une éducation absurde comprime tous les instincts, tous les besoins que Dieu, dans sa divine sagesse, a donnés à l’enfant. Ici, on ne tient compte d’aucune de ses facultés propres, de ses tendances natives. On embrasse dans sa pauvre jeune tête les idées les plus métaphysiques, les plus abstraites, incompréhensibles pour lui, et même pour beaucoup d’hommes faits. On ne lui apprend rien de ce qui peut lui être utile et nécessaire. Quelque profession qu’il embrasse, sa véritable occupation commence après qu’il a quitté le collège. Lorsqu’il en sort, il ignore tout excepté les paroles d’historiens et de poètes morts il y a deux mille ans […] Par l’immobilité on a rendu son corps débile ; par de stériles études, on a émoussé son intelligence.

[…] L’enfance qui est naturellement curieuse aime naturellement à s’instruire, elle se livrerait joyeusement à l’étude si l’on n’avait pas pris à tâche de lui rendre l’étude répugnante. La Science, qui devrait se faire aimable et emmieller les bords de son vase, prend un air sévère et repoussant, comme pour effrayer ceux qui désireraient de grand cœur aller à elle et s’y désaltérer. On accuse la paresse de l’enfant, tandis qu’il faudrait accuser l’inintelligence des maîtres. Chose étrange et trop commune aujourd’hui ! On met sur le compte de la nature ce qu’il faudrait attribuer uniquement au préjugé, à la routine, disons plus, à l’entêtement dans l’erreur.

Dans l’Association, l’enfance sera tout autre : libre, heureuse, dirigée par l’attrait dans la voie de l’étude et du bonheur, industrieuse, utile, aimante, sainte de corps et d’âme, elle se préparera dignement à une vertueuse et douce existence. Ah ! si les mères savaient quel bonheur est réservé à leurs enfants, elles s’associeraient de cœur et d’âme à nos vœux, et courraient poser de leurs mains délicates et bénies la première pierre du phalanstère ! [3]

L’année suivante, il porte un toast « A la famille », et « à l’amour de la famille qui rayonnera un jour dans le monde harmonien de splendeurs nouvelles » [4]. Enfin, en 1850, lors du dernier banquet phalanstérien connu sur l’île Maurice, il prend pour thème « la religion ».