Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Boulangé, Alexandre (Constantin Nicolas Jean Baptiste)
Article mis en ligne le 8 janvier 2015

par Desmars, Bernard

Né le 10 octobre 1805 à Aix-la-Chapelle, décédé le 17 janvier 1853 à Strasbourg (Bas-Rhin). Ingénieur des ponts et chaussées. Saint-simonien, puis fouriériste quand il est en poste à Roanne (Loire) dans les années 1830.

Fils d’un fonctionnaire (successivement receveur du domaine national, vérificateur de l’enregistrement et conservateur des hypothèques) installé à Nancy sous la Restauration et la monarchie de Juillet, Alexandre Boulangé entre à l’École polytechnique en 1824. Deux années plus tard, il rejoint l’École des ponts et chaussées. A sa sortie, il est envoyé pour de courtes périodes dans les départements des Hautes-Pyrénées et de la Charente-Inférieure. Il est ensuite nommé aspirant ingénieur, puis ingénieur dans le département de la Loire, où il a en charge l’arrondissement de Roanne.

Au début des années 1830, il est saint-simonien et proche de Michel Chevalier et d’Abel Transon qu’il a rencontrés à l’École polytechnique (ils sont de la promotion 1823) ; il s’abonne en 1831 au Globe et devient le correspondant à Roanne des saint-simoniens parisiens dont il reçoit des brochures doctrinales afin de les propager dans son entourage et de convertir les notables locaux. Cette activité ne se déroule que sur une brève période, de l’automne 1831 au printemps 1832. Ensuite, ses relations avec Chevalier et ses condisciples s’espacent [1].

Cependant, à la différence de plusieurs saint-simoniens (dont Transon, Jules Lechevalier, Nicolas Lemoyne) qui rejoignent le mouvement fouriériste dès 1832, Boulangé ne se rapproche de l’École sociétaire qu’au milieu des années 1830. En octobre 1835, il reçoit de Victor Considerant un courrier avec un prospectus « qui nous fait espérer la publication de votre journal La Phalange », et auquel il répond aussitôt :

Je ne vous ai suivi que de loin et avec des idées saint-simoniennes ; mais j’éprouve le besoin de vous mieux connaître et de sortir de l’isolement dans lequel je vis pour me rattacher à un système unitaire. Vous pouvez donc m’inscrire sur la liste de vos abonnés et me regarder comme votre correspondant.
Je vous envoie ci-joint une déclaration par laquelle je me rends garant solidairement pour 200 f. de ceux de vos amis qui ont engagé des sommes ou des immeubles ; si vos actions ne seront pas trop fortes, je pourrai même en prendre une avec mon ingénieur en chef et quelques amis.
Voici la liste des personnes de ma connaissance auxquelles vous pourrez adresser votre prospectus.

Cette liste comprend le préfet de la Loire (mais c’est « un abonné douteux »), le maire de Montbrison et deux ingénieurs des ponts-et-chaussées, dont son supérieur ingénieur en chef pour le département de la Loire ; Boulangé suggère aussi l’envoi des premiers numéros du futur journal à plusieurs cercles et cafés de Roanne, ainsi qu’à trois habitants de la localité (un contrôleur des contributions directes, un vétérinaire et un professeur de dessin), les seuls de la ville qui

pourront lire votre journal avec un peu d’intérêt. La liste n’est pas longue, c’est vous indiquer que notre pays est peu avancé ! Depuis que je l’habite, j’ai profité de toutes les occasions pour pousser en avant soit vos idées, soit la doctrine saint-simonienne et en résumé je n’ai pu me faire écouter que des personnes que je viens de vous citer.

Enfin, Boulangé termine :

Je suis enchanté que la théorie sociétaire m’ait procuré l’occasion de me rappeler à votre souvenir, j’espère que nos relations n’en resteront pas là [2].

Quand La Phalange paraît, à partir de juillet 1836, Boulangé fait effectivement partie des abonnés [3]. En novembre 1837, il apporte sa souscription au projet de réalisation porté par l’École sociétaire et renouvelle son abonnement à La Phalange  ; il signale aussi l’intention du Conseil général d’encourager la formation des fruitières dans le département de la Loire ; « c’est peu pour nous qui voudrions une association complète, mais cependant il est bon que ces idées-là se développent en dehors de nous ». Il encourage Considerant à publier le second volume de ses Destinées sociales.

Je puis vous assurer que votre premier a fait bien des prosélytes en donnant aux hommes consciencieux absorbés par la politique le désir de lire les ouvrages de Fourier et en leur montrant qu’une foule de petits détails de la vie sociale, tels que les fruitières, les omnibus, les restaurants, etc., avaient plus d’influence sur le bonheur des hommes qui en jouissent que toutes les théories politiques [4].

La correspondance de Boulangé conservée dans les archives sociétaires s’arrête à la fin de l’année 1837, sans que l’on puisse déterminer s’il a effectivement interrompu ses relations avec l’École sociétaire.

Boulangé reçoit la Légion d’honneur par ordonnance royale du 1er mai 1843 [5] ; promu ingénieur en chef en décembre 1845, il est chargé du département de la Loire. En 1847, il est nommé dans le Bas-Rhin où il s’occupe plus particulièrement des chemins de fer. L’année suivante, il épouse Pauline Gusse, la fille d’un membre du conseil général de la Meurthe.