Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Boca, Henri
Article mis en ligne le 18 février 2013
dernière modification le 12 juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Né à Valenciennes (Nord) le 21 décembre 1815. Décédé à La Haubette (commune de Tinqueux, Marne) le 17 juillet 1877. Avocat et administrateur des mines d’Anzin (Nord). Membre du club des Socialistes unis en 1848 à Paris. Fondateur en 1851 de la Société de secours mutuels d’Anzin, La Mutualité. Actionnaire de la Société de colonisation européo-américaine au Texas.

Né le 21 décembre 1815, Henri (Louis Denis Hyacinthe Joseph) Boca est fils du bâtonnier chef de l’ordre des avocats et juge suppléant du tribunal civil de Valenciennes, membre du collège électoral et conseiller municipal de la ville, Louis Boca et de Victoire Foucart. Il est le sixième enfant sur sept que compte la famille et le quatrième garçon sur cinq de la fratrie. Devenu lui-même avocat, il épouse le 29 mai 1849, Lucie Julie Perdry, née en 1832. Propriétaire, il réside à Beuvrages (Nord) à proximité d’Anzin. Le couple a au moins deux enfants. Un fils, Edmond, est élève ingénieur à l’Ecole centrale des arts et manufactures lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Une fille, Louise Hortense, épouse « au temple » [1] Marcel Jozon, ingénieur des ponts et chaussées qu’Henri Boca initie aux doctrines sociales de Fourier et à la théorie de l’Association du capital, du travail et du talent. Marcel Jozon qui, le 18 juillet 1877 déclare le décès de son beau-père résidant dans la Marne, à La Haubette, commune de Tinqueux, est le grand-père de Jean-Marcel Jeanneney [2].

L’adhésion de Boca aux théories phalanstériennes est exprimée publiquement durant la Révolution de 1848. Il publie dans La Démocratie pacifique du 3 avril 1848 un article sur la participation ouvrière dans les chemins de fer du Nord. Il y développe sa conception de l’« Association du Capital, du Travail et du Talent ». Affirmant que l’augmentation salariale peut « compromettre l’existence de bien des industries », il juge que la participation des ouvriers et employés aux bénéfices serait « l’application d’un principe large et généreux. [...]. La différence des salaires indique ordinairement la différence de capacités ; la part des bénéfices est en proportion des salaires ». Il souhaite régler ainsi les antagonismes de classes, transformant le travailleur en son propre contrôleur du fait de cet intéressement. La réduction des profits serait ainsi compensée : « on pourrait considérer cette réduction de bénéfices comme une prime d’assurance contre les grèves, le chômage, les bris de machines, les réclamations d’augmentation de salaire, etc, etc [...] ». Henri Boca propose de créer « des fractions d’intérêts de 30 francs [...]. Quand l’ouvrier aura économisé, l’usine deviendra sa caisse d’épargne. Associé comme travailleur, il deviendra associé comme capitaliste ». Selon cette logique et en réaction aux doctrines énoncées par la Commission du Luxembourg sur les salaires, il collabore à cette période à l’éphémère journal hebdomadaire Le Travail, journal du travailleur électeur et éligible (24 février) (Union du travail et de la vérité. Ordre, calme, douceur énergique) dirigé par Edouard Houël, président de la Société des Travailleurs unis qui paraît le 30 mars 1848 pour deux numéros sous ce titre. Boca est également cité parmi les orateurs du Club des Socialistes unis présidé par Bureau et Brunier de mars à juin 1848. Il est délégué du groupe de Valanciennes lors du Congrès phalanstérien qui se tient à Paris en octobre 1848. Lors de la première séance réunie le 15 octobre, il est inscrit dans la « commission de réalisation » [3]. Les liens que Boca entretient avec l’Ecole sociétaire font qu’il est l’un des commissaires du banquet donné le 21 octobre 1848 pour célébrer le 10e anniversaire de la naissance de Fourier qui n’avait pu être organisé le 7 avril précédent. Henri Boca porte un court toast « au sentiment religieux » [4].

En septembre 1849, François Cantagrel indique que Boca est de ceux qui sont susceptibles d’engager une tournée de propagande dans le Nord afin de relancer l’action de l’Ecole sociétaire. Boca est en relation avec Victor Considerant et Cantagrel exilés depuis juin 1849 en Belgique et se trouve selon Cantagrel « disposé à [...] envoyer des secours au Centre parisien » [5]. En octobre 1852 son nom est cité parmi les contributeurs qui souhaitent apporter leur soutien financier à l’opération de Condé à nouveau compromise afin de « ne pas laisser la propriété passer entre des mains étrangères » [6]. A Beuvrages, en mai 1854, il s’efforce dès sa réception de diffuser le livre de Considerant, Au Texas, « aux quelques amis qui doivent s’intéresser à cette publication » [7]. Il contribue pour un total de 8 370 francs à la Société de colonisation européo-américaine au Texas destinée à assurer le financement de la colonie de Réunion (Texas, Etats-Unis). Boca réside alors à Paris, 54 rue de Bondy [8]. L’échec de Réunion ne met pas fin à sa relation avec les membres de l’Ecole sociétaire. En 1864, il est mentionné comme destinataire du compte rendu de l’Assemblée générale des actionnaires de la Société de Beauregard fondée par Henri Couturier, société qui succède à la Société des travailleurs unis, à Vienne.

Henri Boca est également administrateur des mines d’Anzin et fondateur en 1851 de la Société de secours mutuels d’Anzin, La Mutualité. Il reçoit à ce titre une distinction de la Société nationale d’agriculture, sciences et arts de l’arrondissement de Valenciennes à laquelle il appartient depuis 1848 :

[...] cette institution [est] destinée, non seulement à secourir les ouvriers malades, mais encore à leur procurer à bon marché les principaux objets de consommation, et autant que possible à leur assurer le travail et le nécessaire. Cette Société, dont les statuts et les heureux résultats ont été soumis à votre section centrale, se nomme la Mutualité, compte 495 membres, hommes et femmes, et est actuellement présidée par M. Alphée Castiaux, directeur des travaux aux mines d’Anzin, et l’un de vos membres associés libres. M. Castiaux a donné à l’association un concours qui en a puissamment aidé le succès ; mais le premier et le principal fondateur, celui sur lequel l’administration municipale d’Anzin et l’opinion publique appellent surtout votre reconnaissance, est M. Henri Boca, propriétaire à Beuvrages, également membre associé libre de notre Société. C’est aux études, aux recherches, aux sacrifices de ce généreux citoyen que la Société d’assistance mutuelle d’Anzin doit son existence et ses premiers succès [9].