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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Capy, Charles
Article mis en ligne le 7 janvier 2013
dernière modification le 1er février 2015

par Desmars, Bernard

Né le 8 novembre 1829 à Meaux (Seine-et-Marne), décédé à Dallas (Texas, Etats-Unis) le 2 juin 1920. Menuisier, peintre, charpentier. Participe à la colonie de Réunion. Membre de l’Internationale.

Charles Capy est né à Meaux, au domicile de son grand-père, marchand vannier et boisselier ; mais ses parents – son père est maître peintre et vitrier – sont domiciliés à Paris où il fait ses études et commence à exercer la profession de menuisier-peintre. D’après son condisciple Auguste Savardan avec lequel il participe à la tentative d’installation fouriériste au Texas, il est aussi « un élève distingué de l’école de chant du docteur Chevé » (propagateur d’une nouvelle méthode d’enseignement musical) et il « a fait en outre de bonnes études en chimie et en géologie », tout en montrant certaines dispositions pour la comptabilité [1].

A Réunion (Texas)

En effet, Charles Capy fait partie de l’aventure de Réunion. Le 28 février 1855, il s’embarque au Havre sur le Nuremberg, au sein du groupe dirigé par le Dr Savardan. A Réunion, il occupe les emplois de charpentier et de maçon ; mais, toujours d’après Savardan, il est un « adjoint précieux de M. Dailly [chef d’atelier et comptable] dans la maîtrise des ateliers, dans leur mise en ordre et dans leur comptabilité » ; il utilise ses connaissances musicales pour fonder et animer « un excellent cours de musique vocale » [2].

Ces jugements élogieux de Savardan sont toutefois contrebalancés par ceux d’Amédée Simonin, qui, dans son journal, le présente comme un des « meneurs et tribuns, crieurs de mauvais ton », « poussant les paresseux et d’autres à demander l’augmentation de part d’avance » [3].

En février 1857, Capy fait partie de la commission consultative créée pour aider Allyre Bureau à régler la dissolution de la colonie et l’indemnisation des travailleurs, commission supprimée peu après par Cousin.

Fouriériste à Dallas

Comme beaucoup d’autres colons, Capy quitte Réunion ; il s’établit à Dallas et y épouse en 1861 Nativa Charpentier, la fille d’un colon français. Il construit une vaste maison pour sa famille composée de cinq enfants (deux autres enfants étant morts en bas-âge).

Capy fait partie de ces émigrants français qui ont participé au développement du mouvement ouvrier aux Etats-Unis. Il contribue à la fondation en 1872 de la section française n°46 (Dallas) de l’Association Internationale du Travail (la Première Internationale), qui est « entièrement composée d’anciens compagnons de Considerant » [4] ; il en est nommé secrétaire correspondant, ce qui l’amène à entretenir des relations épistolaires régulières avec les Internationaux francophones de New York. Par ailleurs, il se fait élire en 1875 conseiller municipal du premier district de Dallas.

Pendant une longue période, il n’a plus de relations avec le mouvement sociétaire français ; en 1879, revenu en France, il aurait « fait beaucoup de démarches et de recherches pour apprendre quelque chose [sur l’École sociétaire] mais elles étaient restées infructueuses et j’étais revenu découragé », écrit-il au début du XXe siècle, quand les liens sont renoués avec quelques condisciples français. C’est apparemment Alhaiza, le directeur de La Rénovation, qui lui aurait écrit une lettre et envoyé son Historique de l’École sociétaire, publié en 1894. Capy répond dans une lettre rédigée le 24 juillet 1904, et envoyée depuis Dallas, en disant l’émotion et le plaisir que lui a procurés la réception de ce courrier : « il faut avoir été privé pendant 50 ans des nouvelles des nôtres pour bien l’apprécier ». Rappelant ses déceptions de 1879, il ajoute : « j’apprends avec bonheur que le drapeau de l’école a été maintenu par quelques disciples et que les principes qu’il exprime n’ont pas été oubliés. Mais à côté de la satisfaction que j’éprouve, se mêle le regret de savoir le peu de progrès qu’ont fait les élèves du Maître et qu’à part quelques vagues applications, notre époque semble s’en être beaucoup trop désintéressée » ; il garde cependant espoir, qu’après un temps plus ou moins long, on parviendra à appliquer les idées phalanstériennes.

Dans cette même lettre, Capy se réjouit de l’érection récente (1899) d’un monument en l’honneur de Fourier (« enfin on a rendu justice à un des plus grands génies du dernier siècle, auquel l’avenir devra tant ») même s’il regrette de l’avoir appris trop tardivement pour apporter sa contribution financière. Il a aussi appris par des journaux du Texas l’inauguration à Salins (en 1901) de la statue de Considerant dont, malgré l’échec de Réunion, il reste « un fervent admirateur » : « Lui aussi, comme beaucoup, a souffert de l’oubli et de l’indifférence, après une vie si bien et si dignement remplie. Heureusement, il survit dans ses œuvres, dont la lecture me ravit toujours ».

Enfin, il conclut : « il ne reste guère de Français ici de la réunion de 1855 et tous sont bien âgés. J’ai maintenant 75 ans. Mais je dois vous dire qu’aucun n’a jamais démérité […] qu’ils jouissent de l’estime générale, [et que], quoique vivant depuis longtemps au Texas, [ils] sont restés bien Français » [5].

Charles Capy s’abonne à La Rénovation, et ajoute une « subvention » pour contribuer au financement des activités fouriéristes pour 1904 ; il renouvelle ce geste en 1905  ; en 1908 encore, il envoie trois dollars à Alhaiza pour l’aider à publier la revue. Signalons enfin, qu’un nommé Albert Capy, domicilié de Meaux – probablement de la famille de Charles – est également abonné en 1904 et 1905, sans que l’on sache s’il l’a été par Charles, ou s’il l’a fait lui-même [6].