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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Bader (épouse d’Ernesti), Louise (-Anne)
Article mis en ligne le 24 décembre 2012
dernière modification le 26 juin 2022

par Desmars, Bernard

Née le 29 juin 1821 à Tours (Indre-et-Loire), décédée le 6 mai 1891 à Paris (Seine). Femme de lettres. Membre de la Ligue du progrès social, puis de l’École Sociétaire Expérimentale.

Louise Bader est la fille d’un médecin. Elle est semble-t-il élevée en Suisse, « d’où elle a rapporté des idées un peu larges », écrit un mensuel qui la présente comme une rédactrice de journaux de mode, mais aussi professeur de piano, d’anglais, d’allemand, de français, d’italien [1]. Elle publie au début des années 1860 un recueil de poésies (Idéal et réalité) et fait partie de l’Athénée des arts, sciences et belles-lettres [2]. Elle organise à son domicile des matinées et des soirées littéraires et musicales, où elle-même déclame parfois ses propres poèmes.

Elle dirige un périodique, La Revue populaire de Paris, fondé en 1866 par Henri Thiers et cédé l’année suivante à son frère Auguste-Joseph Bader, médecin de profession. Cet organe propose au public « une suite de lectures instructives, variées, attrayantes et d’un caractère toujours élevé », et « veut rendre accessible à tous, par la modicité de son prix et par des travaux développés, à la fois sérieux et intéressants, l’Art, la Science, les Lettres » [3]. On y trouve des récits de voyage, des poésies, des nouvelles ; Louise Bader y fait paraître son propre roman, Blanche Soravel, édité en librairie en 1868. Cette même année, elle rédige pour La Revue populaire de Paris deux articles concernant les problèmes sociaux, et en particulier « l’émancipation des femmes », à partir des débats qui se tiennent alors dans les réunions publiques ; elle est convoquée avec son frère, gérant du titre, par les autorités qui invitent la rédaction à se cantonner dans le domaine des lettres, des sciences et des arts, et à ne plus intervenir dans les questions sociales. La Revue populaire de Paris disparaît dans l’été 1870, en raison de l’entrée en guerre de la France contre la Prusse et ses alliés allemands [4].

Dans les années 1870 ou dans la première moitié des années 1880, elle se marie avec Titus d’Ernesti, pianiste et compositeur. Elle se fait désormais appeler Louise d’Ernesti-Bader. Elle publie un poème en 1872, à la mémoire d’une victime des combats, puis deux autres textes au milieu des années 1880, moment où elle apparaît dans le mouvement sociétaire.

Jusqu’alors, en effet, on ne la voit pas fréquenter les manifestations fouriéristes ; son nom ne figure pas non plus sur les listes d’abonnés et dans les colonnes des périodiques fouriéristes, ni parmi les souscripteurs des sociétés d’inspiration phalanstérienne (librairie des sciences sociales, Maison rurale de Ry, Union agricole du Sig, Association de Beauregard). Mais en 1885, elle fait partie des premiers membres de la Ligue du progrès social, fondée par des fouriéristes souhaitant maintenir une organisation sociétaire et travailler à la préparation d’un essai phalanstérien ; elle est membre du comité d’action de la Ligue, avec pour qualité "femme de lettres". Cette Ligue se transforme bientôt en École sociétaire et, à partir de 1888, publie La Rénovation. Louise d’Ernesti-Bader s’abonne au nouvel organe et verse une souscription supplémentaire, ce qui lui vaut le titre de « membre fondateur » du périodique [5].

Elle décède en 1891, séparée de son mari (déclaré, dans l’acte de décès « absent, sans nouvelles »). Elle lègue à l’Académie de médecine la totalité de sa fortune, estimée à 1 100 000 francs ; les intérêts devaient être consacrés à la fondation et au fonctionnement d’une maison de retraite abritant quatre médecins, deux peintres et deux musiciens, dont un compositeur et un pianiste ; mais à la suite de contestations des héritiers et de la mauvaise rédaction du testament, le legs est réduit à 100 000 francs [6].