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CABRAL CHAMORRO Antonio : {Socialismo utopicó y revolución burgesa : el fourierismo gaditano, 1834-1848}

Historia 12, Diputación de Cádiz, 1990, 194 p.

Article mis en ligne le 30 octobre 2016
dernière modification le 27 octobre 2016

par Cordillot, Michel

Il est décidément peu de pays en Europe (sinon dans le monde) où le fouriérisme n’ait en une influence concrète, même si ce phénomène est resté jusqu’ici largement sous-évalué. Il y a quelques années, une compilation de textes recueillis et longuement présentés par Antonio Elorm (El Fourierismo en España, Madrid, Ediciones de la Revista de Trabajo, 1975) avait mis en évidence la diffusion du fouriérisme en Espagne et son apport théorique.

La présente étude s’efforce d’analyser de manière plus exhaustive l’impact réel du fouriérisme dans la région de Cadix. C’est en effet d’abord en Andalousie, région où se développa, à partir des années 1830, un fort mouvement de modernité culturelle et intellectuelle, que les idées fouriéristes connurent un essor non négligeable, essentiellement grâce à Joaquin Abreu. Exilé en France durant dix ans (1823-1833), ce dernier fut initié au fouriérisme lorsqu’il partit étudier sur place l’expérience de Condé-sur-Vesgre. Il fit également la connaissance de Clarisse Vigoureux, de Considerant et de Fourier lui-même.

De retour en Espagne, il initia la bourgeoisie éclairée de Cadix à cette vision du monde, qu’il considérait comme une alternative harmonisatrice au milieu d’une situation politiquement troublée. À partir des années 1840, de nombreuses publications et traductions s’efforcèrent de faire connaître les idées phalanstériennes dans la péninsule ibérique. Non sans quelque succès, puisqu’un mécène millionnaire, Manuel Sagrario, se déclara prêt à financer la construction d’un phalanstère à Tempul, à une cinquantaine de kilomètres de Jérez. Bien que le projet ait été assez avancé, la tentative échoua finalement.

L’impact immédiat du fouriérisme demeura somme toute limité en Espagne. Pourtant, après l’échec de la première génération de fouriéristes à mener à bien son projet d’édifier un phalanstère, une deuxième génération, regroupée autour de Ramón de Cala s’efforça, dans le sillage du Printemps des peuples de 1848, d’agir au niveau de la lutte politique. Puis une troisième génération fouriériste, celle de Fernando Garrido, fit de la lutte pour la démocratie et pour l’association ouvrière son cheval de bataille. C’est en partie grâce à tous ces efforts que socialisme et républicanisme nouèrent des liens étroits en Espagne.
On aura compris tout l’intérêt de ce livre. Il faut pourtant regretter que l’évaluation finale du fouriérisme et l’analyse de la nature du mouvement restent fortement imprégnées d’un dogmatisme qui n’est plus guère de mise ; on ne saurait trop conseiller à l’auteur de reconsidérer le problème à la lumière des travaux de Carl Guarneri.