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Chépy, Pierre (-Paul)
Article mis en ligne le 9 décembre 2012
dernière modification le 8 juin 2015

par Sosnowski, Jean-Claude

Né à Paris le 6 août 1770. Décédé à Dijon (Côte-d’Or) le 9 mai 1851. Avocat en 1789. Commissaire national à Liège et Lisbonne, agent du Conseil exécutif à l’Armée des Alpes, diplomate sous la Première République et le Consulat. Commissaire général de police à Brest sous l’Empire. Doyen des phalanstériens dijonnais en 1846. Républicain. Anticlérical.

Il est fils aîné de Jean Nicolas Chépy, procureur au Parlement de Paris, devenu juge de paix de la section du Louvre à Paris durant la Révolution et d’Anne de Lamarle. Son frère cadet Pierre-François ou Chépy le jeune, volontaire dans la compagnie des Arts, réformé pour cause de blessures, obtient un poste de contrôleur principal des droits réunis. Quant à Pierre Chépy, enthousiasmé par la Révolution, avocat de formation, il devient membre du Club des Amis de la Constitution en 1790 où il s’affirme comme un Jacobin avéré. Pierre Chépy est nommé secrétaire à la légation de Liège qu’il doit fuir face aux menées des Emigrés suite à ses propos anticléricaux et brutaux, à Londres puis à Lisbonne en 1792 d’où il est expulsé pour incitation à l’insurrection. Désigné comme commissaire national du Conseil exécutif provisoire en Belgique lors de la première occupation française, à la fin de l’année 1793, il occupe des fonctions similaires en Isère. Il exerce le rôle d’agent politique. Il renseigne le ministère sur le comportement des officiers de l’Etat-major de l’Armée des Alpes et met en oeuvre l’effort de guerre dans le département. Il est mis en état d’arrestation le 12 nivôse an II (1er janvier 1794), transféré à Paris et écroué à la prison des Carmes où il séjourne jusqu’au 7 vendémiaire an III (28 septembre 1794). Il semble avéré que sa détention a été réclamée par Robespierre et Billaud-Varenne, suite à une dénonciation, probablement en raison de ses relations avec Brissot et Girey-Dupré. Il est accusé d’être « feuillant, [...], ardent agent de Brissot » [1]. Ses positions publiques envers Marat lui sont également reprochées. Libéré, il est envoyé en mission en Belgique, mais rappelé, sa présence étant jugée inopportune et malvenue selon le commissaire en place. Le 5 pluviôse an III (24 janvier 1795) il est nommé vice-consul à Rhodes. Mais dénoncé comme terroriste par sa section du Louvre ou du Museum, il est passible de désarmement, d’emprisonnement et est révoqué de ses nouvelles fonctions. Son père lui permet d’échapper aux poursuites. Arrivé en poste à Rhodes le 6 juin, il est contraint à résidence en raison des épidémies de peste qui sévissent à plusieurs reprises. A la suite de sa demande de mutation, il est affecté à Ancône le 14 juin 1798. Mais la campagne d’Egypte conduit à son arrestation par les Turcs puis à son transfert à Constantinople. Incarcéré jusqu’au 22 fructidor an XI (9 septembre 1801), brimé, ruiné, sans traitement depuis sa nomination à Ancône, il reçoit une indemnité et finalement, après la signature du traité d’Amiens, il devient sous-commissaire aux relations commerciales à Jersey et dans les îles anglo-saxonnes le 23 thermidor an X (11 août 1802). Expulsé, les autorités anglaises soupçonnant une mission d’espionnage, il doit quitter définitivement la carrière diplomatique qu’il affectionne. Il devient commissaire général de police à Brest le 20 prairial an XI (8 juin 1803), fonctions qu’il occupe jusqu’à la suppression du poste à la Restauration. Doté de pouvoirs discrétionnaires, indépendant autant de la municipalité que du préfet maritime, il correspond directement avec le ministre de la police. Sans fonction, il vit en 1822 avec une modeste pension de retraite accordée par Louis XVIII, la Révolution ayant ruiné sa famille. En 1816, résidant à Paris, 30 rue de Condé, il souscrivait à la médaille en l’honneur de Malherbe, initiée par un membre de l’Académie de Caen.

Chépy est abonné à La Phalange au moins pour six mois à compter du 18 août 1842. Lors de la visite de François Cantagrel à Dijon en novembre 1844, il se plaint de l’indifférence envers l’homéopathie de la part des rédacteurs de La Démocratie pacifique. François Cantagrel considère que Chépy est « une bonne et excellente nature » [2] et révèle que le groupe dijonnais se réunit régulièrement chez lui. Il est présenté en 1846 par Victor Hennequin « comme le doyen des phalanstériens de Dijon » [3]. Chépy fait alors part à Hennequin de ses critiques vis à vis des positions de Doherty relayées par l’Ecole. Tout en s’intéressant à ses écrits, « il regrette que l’école s’en soit rendue solidaire en employant prématurément, suivant lui, la position de Doherty dans La Démocratie elle même où le mot de Verbe [sic] est souvent répété depuis quelques temps ». Il fait parvenir un courrier à la direction de l’Ecole sociétaire par l’intermédiaire de Victor Hennequin, courrier, malheureusement non identifié parmi les archives sociétaires, contenant « des observations sur la marche de l’école ». Chépy attend avec impatience la parution du Bulletin phalanstérien. Chépy est donc le « vieillard qui a été consul sous la République » [4], républicain qui rejoint le groupe fouriériste dijonnais en 1839 et auquel fait référence Jean-Claude Oudot. C’est également le « vieillard de 74 ans » [5] qui préside le banquet phalanstérien dijonnais de 1844. Le Spectateur de Dijon déclare qu’il aurait tenu un discours annonçant que « le christianisme tombait en décrépitude, que Fourier était le second Christ, que la religion au reste était complètement inutile au progrès social ». Le discours ne serait pas resté sans réponse et un participant aurait réfuté cette doctrine. Lors de son décès en 1851, il est présenté comme célibataire, résidant au 30 rue Charrue à Dijon.