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Despeyrous (ou Despeyroux), Théodore
Article mis en ligne le 2 juillet 2012
dernière modification le 23 juillet 2012

par Desmars, Bernard

Né le 11 mai 1815, à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne), décédé le 6 août 1883 à Faudoas (Tarn-et-Garonne). Professeur à la faculté des sciences de Dijon, puis de Toulouse. Conseiller municipal de Toulouse.

Buste de Théodore Despeyrous
(Mairie de Beaumont-de-Lomagne - Photographie de Maguy Krimm - Service communication)

Très tôt orphelin de père (en novembre 1815, alors qu’il n’a que quelques mois), Théodore Despeyrous est élevé par sa mère et son frère aîné Hippolyte, grâce auquel il poursuit des études, d’abord au collège de Lectoure, puis au collège royal de Toulouse, où il obtient ses baccalauréats es sciences et es lettres, et enfin à la faculté de Toulouse où il reçoit les grades de licencié es sciences physiques et de docteur es sciences mathématiques (1841). Il se rend ensuite à Paris pour compléter sa formation en mathématiques. C’est lors de ce séjour parisien qu’il fréquente les fouriéristes, et en particulier Victor Considerant ; d’après ses biographes, il collabore à La Phalange, mais probablement de façon modeste puisque son nom n’apparaît pas dans la liste des principaux rédacteurs.

Professeur à la faculté des sciences de Dijon

En 1845, le ministère de l’Instruction publique le désigne au sein d’une commission chargée de la publication des œuvres de Fermat, le mathématicien du XVIIe siècle également né à Beaumont-de-Lomagne [1] ; il effectue alors un séjour à Vienne, en Autriche, pour retrouver les manuscrits du mathématicien. Mais il revient rapidement en France, car il est nommé professeur suppléant de mathématiques à la Sorbonne, où il enseigne en 1845-1846 et 1846-1847. En 1847-1848, il sollicite des postes dans plusieurs universités, mais vainement. Puis, en octobre 1848, il est chargé de la chaire de mathématiques pures et d’astronomie à la faculté des sciences de Dijon ; il est nommé professeur titulaire de cette même chaire en mai 1849. La même année, il est admis au sein de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon [2]. En avril 1852, il se marie avec Constance Marie Sabine Lacroix, la fille d’un magistrat de Dijon ; mais son épouse décède en mars 1853, peu après la naissance d’une fille. Il se remarie en 1854 avec Louise Marie Andriot, la fille d’un médecin. Un fils naît de cette union en 1855.

Despeyrous reste plus de quinze ans à la faculté des sciences de Dijon. Il est considéré comme un savant distingué, mais ses cours sont d’un niveau parfois trop élevé pour son auditoire. Ses travaux scientifiques lui valent la légion d’honneur (1862) et une médaille décernée par le Comité des sociétés savantes (1863). Ses supérieurs soulignent également son « penchant à l’indépendance » qui « amène de temps en temps des froissements » avec les autorités ainsi que ses collègues [3]. Surtout, au fil des années, le nombre des étudiants qui assistent à ses cours décroît : au début des années 1860, ils ne sont souvent que deux ou trois, et parfois aucun. « M. Dupeyrous, homme laborieux et très distingué, souffre au-delà de tout ce qu’on peut dire de l’inutilité à laquelle il se voit condamné » [4]. Le ministère le charge en 1864 des fonctions d’inspecteur général dans l’enseignement secondaire, et il est nommé membre du jury de l’agrégation en 1864 et 1865. Mais quand il reprend ses cours, au printemps 1865, son seul étudiant a quitté la ville, et il se retrouve sans public.

Retour à Toulouse

Le ministère lui propose un poste à Marseille, ou une suppléance à Paris, ce qu’il refuse. Finalement, il obtient d’être nommé à Toulouse, où il occupe la chaire d’astronomie ; pendant quelques mois, il dirige aussi l’observatoire municipal, avant d’y renoncer. Puis, à partir de 1872, il occupe la chaire de mécanique rationnelle et appliquée. Il fait partie de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres (il en était déjà membre correspondant quand il était à Dijon), société qu’il préside pendant plusieurs années. Il est élu au conseil municipal de Toulouse. Cette position sociale est cependant troublée en 1874 par un scandale privé ; sa fille a entretenu une liaison avec un jeune homme, avec la complicité d’une domestique qui est traduite en justice ; du dossier, largement divulgué dans l’espace public, il ressort que Théodore Despeyrous a négligé l’éducation de sa fille, mais qu’il l’a violemment frappée à plusieurs reprises [5]. Le ministère le suspend alors de son enseignement et envisage des sanctions ou une mutation, avant de le laisser reprendre ses cours à la fin de l’année.

Peut-être le gouvernement d’ordre moral lui fait-il payer son engagement politique : « M. Despeyrous avait pris trop de part à la politique » en 1870, écrit le doyen cinq années plus tard ; « il appartenait à l’opinion radicale » [6]. Selon le recteur de l’académie de Toulouse, « M. Despeyrous ne manque pas d’instruction philosophique ou plutôt il a du goût pour certaines spéculations philosophiques, morales et politiques, il se préoccupe beaucoup des améliorations sociales désirables et possibles ; et il les recherche avec un esprit éminemment libéral » [7]. Quant au doyen de la faculté, il souligne l’ « originalité » de Despeyrous, son « aspiration à l’idéal » et son « imagination de la pensée » [8].

Il ne semble plus entretenir alors de relations avec l’Ecole sociétaire ; certes, il s’est d’abord abonné à La Science sociale, qui paraît à partir de 1867, mais a ensuite signalé qu’il ne souhaitait plus recevoir l’organe fouriériste [9] ; et il n’apparaît pas dans les listes de souscripteurs de la Librairie des sciences sociales dans les années 1870.

Philanthropie locale

Ses dernières années sont assombries par un drame familial (la mort de son fils, officier d’artillerie décédé en 1879 à 24 ans [10]) et par des problèmes de santé ; la faiblesse de sa vue l’oblige à interrompre son enseignement en 1882, puis à demander sa retraite au début de l’année 1883. Il se retire alors à Beaumont, dans sa commune natale, où il a fait ériger une statue de Fermat, qu’il a lui-même financée [11]. Partisan de l’éducation populaire, il finance la formation d’une bibliothèque populaire, dans laquelle on trouve notamment des ouvrages de Fourier, Considerant, Delbruck, Lemoyne, Muiron, Paget et plusieurs autres disciples de Fourier, mais aussi de Louis Blanc, Proudhon, et d’auteurs libéraux. Il meurt quelques mois plus tard, lors d’une visite d’une métairie qu’il possède sur la commune de Faudoas, près de Beaumont. Souhaitant que ses concitoyens continuent à bénéficier de ses bienfaits au-delà de sa mort, écrit son biographe, il lègue « à la ville de Beaumont des revenus suffisants pour l’entretien du square où se trouve la statue de Fermat et aussi pour l’achat de livres destinés à la bibliothèque » ; et « les libéralités qu’il faisait de son vivant » sont « continuées après sa mort grâce aux donations qu’il a faites par testament à la Société philanthropique de Beaumont » [12]

Dans les archives qui sont déposées après son décès à la bibliothèque de Beaumont-de-Lomagne, l’on trouve, outre des travaux scientifiques, des cahiers où il a pris des notes sur le comptoir communal, l’économie politique, les saint-simoniens, Pierre Leroux, l’Etude sur les réformateurs contemporains, de Louis Reybaud, etc [13].


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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