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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Allanic, Jean-René-Augustin
Article mis en ligne le 28 juin 2007
dernière modification le 9 janvier 2014

par Guengant, Jean-Yves

Né à Vannes (Morbihan) le 18 octobre 1805 (26 vendémiaire an 14), mort à Brest (Finistère) le 12 août 1899, professeur.

Jean-René Allanic est fils de cordonnier. Sa famille est proche des anciens cercles républicains et francs-maçons du Morbihan. Au mariage de ses parents assistent le 11 frimaire de l’an 13 le général de division Jean Jacques Félix Chambarlhac, le conseiller François-Anne-Joseph Le Febvrier qui assure alors l’intérim du préfet et a été membre de la loge maçonnique L’Océan français de Paris et député aux Cinq-Cents, le président de la justice criminelle du département Pierre Nicolas Serres et le président du tribunal de Vannes Jean Marie Le Blanc. Le Febvrier est membre fondateur de la loge vannetaise, La Philantropie (sic), et son vénérable en 1803. Il a épousé en 1797 la fille du maire de Vannes, Mahé-Villeneuve, qui célèbre le mariage, et qui est membre de la loge.

Acte de naissance d’Allanic
Archives municipales de Vannes, Etat-civil

Après une enfance à Vannes, Jean-René prépare le baccalauréat es-sciences, puis la licence de lettres. Il est en poste à Dinan en 1831. Son mariage avec Elisa Hardy, fille d’un capitaine de l’armée, l’introduit dans le milieu de la marine et du négoce. Installé à Saint Pol de Léon, il y exerce la fonction de professeur de rhétorique au collège municipal jusqu’en 1837. Il rejoint la pension Goez, à Brest, l’une des deux institutions préparant aux études à l’université, pour y enseigner la philosophie et les sciences. Parallèlement, il participe à la fondation d’une revue littéraire, La revue du Finistère et du Morbihan, publiée à partir de mars 1837, par la Société brestoise d’études diverses et la Société polymathique de Vannes.

Son intégration à la société brestoise passe par l’adhésion à la loge brestoise Les Elus de Sully, le 3 octobre 1838, loge qui regroupe une part importante de l’élite intellectuelle et économique de la ville. Il atteint le grade de maître ; il semble cependant qu’après quelques années il ne participe plus aux travaux de la loge. En avril 1855, il n’apparaît pas dans la liste des fondateurs des Amis de Sully, en rupture avec le Grand Orient de France. La loge des Elus de Sully est l’un des pôles de rassemblement d’une bourgeoisie libérale, tentée par le républicanisme et de tendance anticléricale. En 1838, la loge se rapproche des idées de Fourier, qui sont exposées l’année suivante, lors de plusieurs conférences ouvertes au public. Allanic y fait sans doute son éducation fouriériste.

Par ordonnance royale du 2 juin 1839, la pension Goez devient collège municipal et reçoit l’appellation de collège Prince de Joinville. Allanic en devient le sous-principal. L’aumônier en est l’abbé Cuzon, son futur adversaire. La même année, Allanic adhère à la Société d’émulation de Brest, (fondée le 18 mars 1832 sous le titre Académie de Brest, puis Société d’émulation de Brest le 15 février 1834). Elle « s’occupe des travaux d’intérêt général qui se rattachent aux sciences, lettres et arts, et de répandre l’instruction en ouvrant des cours gratuits » [1], cours industriels pour les ouvriers, portant sur la lecture et l’écriture, la grammaire, la géométrie, le dessin, l’arithmétique et la mécanique appliquée. La société dispose d’une bibliothèque à disposition de ses membres et des ouvriers méritants. Elle est l’émanation du courant libéral et maçonnique brestois. Correspondant et membre de l’Union harmonienne, il réside en 1840, rue Traverse de l’Hospice à Brest.

Allanic poursuit sa carrière au collège municipal, ou il occupe la chaire de philosophie (le collège devient en 1848 lycée royal, puis lycée impérial sous le Second Empire). Son engagement fouriériste au sein du collège est public dès 1840. Il est poursuivi par la vindicte de l’abbé Cuzon, qui voit en lui l’un des plus farouches défenseurs des idées phalanstériennes de Fourier [2]. En 1841, Cuzon note qu’Allanic et son ami, Gallerand, le régent de rhétorique du lycée, « ont foi surtout en Victor Considerant... Figurez-vous, Monseigneur, les loups et l’agneau, mais cette fois l’agneau est resté triomphant. Ils sont sortis de chez moi en me jurant qu’ils n’admettraient pas de Fourier ce qui était contraire au dogme catholique. » (à Mgr. Graveran, évêque de Quimper, le 31 mars 1841). En 1843, Cuzon affirme que « M. Allanic prêche définitivement ses erreurs fouriéristes en classe. Il en fait la base de sa philosophie » (à Mgr. Graveran, évêque de Quimper, le 9 janvier 1843). C’est le recteur d’académie lui-même qui, en visite d’inspection au lycée de Brest, en 1844, impose à Allanic de modérer sa propagande fouriériste.

En 1843, Allanic accède à la fonction de vice-président de la Société d’émulation, dont il assure à partir de 1848 la fonction de premier vice-président, prenant effectivement la direction de la société (le président, le baron Lacrosse, député libéral sous la monarchie, et l’homme fort du département, devient le ministre des Travaux publics entre décembre 1848 et octobre 1849). En 1845, la société d’émulation, inquiète de la dégradation économique et de l’extension du paupérisme, met au concours la phrase suivante : « Indiquer les moyens les plus propres à éteindre et tout au moins à atténuer la mendicité en France et particulièrement dans le département du Finistère. » Allanic reçoit le deuxième prix pour son travail : « Qu’il n’y ait point d’indigents ni de mendiants parmi vous, mais pour ôter la mendicité, il faut trouver des moyens contre l’indigence » [3].

Allanic assure la direction de la Société d’émulation de 1849 à sa disparition en 1851. Il est fondateur, en 1858, de la Société académique de Brest, qui prend sa succession. Il en devient ensuite le président. Officier de l’Instruction publique puis chevalier de la Légion d’honneur. Il est conseiller municipal à Brest entre 1870 et 1874.