Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Lamquet (ou Alix-Lamquet), (Charles) Léon (Prosper Marie Alix)
Article mis en ligne le 15 juin 2016

par Desmars, Bernard

Né le 30 novembre 1836 à Bruxelles (Belgique), décédé le 22 octobre 1898 à Paris, 20e arrondissement (Seine). Homme de lettres. Adjoint au maire de Montmartre de 1882 à 1893. Fondateur et membre de plusieurs associations. Membre de l’École sociétaire entre 1894 et 1898.

Léon Lamquet est le fils de Marie-Charlotte Alix, qui l’a abandonné ; il est adopté par André Charles Antoine Ambroise Lamquet, rentier vivant à Bruxelles. À une date indéterminée, il s’installe en France. En 1863, il se marie avec Odile Charlotte Horrenberger, artiste lyrique, puis professeur de chant ; il est alors qualifié « [d’]homme de lettres » et vit rue Rochechouart, dans le 9e arrondissement de Paris [1]. En octobre 1871, il obtient la nationalité française [2].

Son nom est régulièrement mentionné dans la presse à partir des années 1880, en raison de ses activités municipales et associatives. En 1882, il est en effet nommé adjoint au maire du 18e arrondissement, fonction qu’il occupe pendant plus de dix ans [3]. A ce poste, il est à l’origine d’un bureau de placement municipal pour les demandeurs d’emploi [4] ; il est également très actif dans le domaine scolaire et fait partie des administrateurs de la Caisse des écoles [5]. En 1891, il fonde avec le député Lavy et la municipalité du 18e siècle des « cercles d’adolescents », encore appelés « Amis de l’adolescence », qui accueillent, séparément, les garçons et les filles ayant terminé leur scolarité :

ces jeunes apprentis ont besoin de se reposer, de fraterniser le dimanche avec leurs camarades. Il s’agissait de leur donner l’occasion de satisfaire à ce besoin d’activité physique et morale, et c’est pourquoi nous venons de fonder deux cercles dans lesquels nos jeunes pupilles trouveront jeux, lectures, musique, tout ce qui pourra développer la force, l’intelligence et le sentiment [6].

Son action en faveur de l’enseignement lui vaut d’être officier de l’instruction publique.

Un homme d’associations

Lamquet s’investit beaucoup dans le champ associatif. Il est l’un des dirigeants de la Société de Protection des Animaux où, à la fin de sa vie, il occupe le poste de secrétaire perpétuel. Il fait de nombreuses conférences sur la protection des animaux, contre la vivisection [7], ou encore en faveur de la « conservation des insectivores au point de vue agricole, national et social » [8].

L’éducation populaire en faveur des adultes constitue un autre aspect de l’activité associative de Lamquet. Il est l’un des dirigeants de la Société républicaine des conférences populaires (il en est le vice-président en 1892 [9]) ; il est lui-même un des orateurs réguliers de cette association ainsi que de la Société populaire des Beaux-Arts [10]. Il prononce aussi des conférences en d’autres occasions, pour différentes associations ou lors de cérémonies publiques. Il intervient principalement sur des thèmes littéraires et historiques : Lamartine, Théophraste Renaudot et l’histoire du journalisme, l’histoire du quartier Montmartre… Il est d’ailleurs l’un des fondateurs de la Société d’histoire et d’archéologie du Vieux Montmartre ; il adhère en 1887 à la Société des amis des monuments parisiens [11].

Il est encore membre de la Société contre l’abus du tabac [12], société où l’on retrouve également le fouriériste Norbert Hache.

Enfin, bien qu’il n’ait lui-même aucune origine bretonne, il est le fondateur en 1892 du « Gui, société amicale et littéraire des Bretons de Montmartre et de Paris ». Cette association a « pour but de créer un lien patriotique entre les Bretons, humbles ou lettrés, peu aisés ou riches habitants de Paris ; de contribuer à fortifier les souvenirs de la race celtique et de la race gauloise, sang principal de la race française » ; elle organise chaque mois des réunions « consacrées à des récits, chansons, compositions, lectures, à des études sur les poètes et les grands hommes de la Bretagne » ; Lamquet en est le président honoraire [13]. De façon générale, il est partisan du développement des cultures régionales et se félicite « de voir la Bretagne commencer à se manifester, comme le fait depuis longtemps, et avec tant de bruit, le Félibrige. L’expression bretonne ne peut que rouvrir et vivifier les sources nationales, les rassembler, en faire un fleuve et les répandre avec le génie des ancêtres » [14]. Il écrit par ailleurs assez régulièrement dans le journal républicain L’Avenir du Morbihan dont il est le correspondant parisien [15].

Politique et fouriérisme

Sur le plan politique, Lamquet se situe du côté des radicaux. En 1888-1889, il s’oppose très nettement au boulangisme : il participe au financement de la campagne de Jacques, l’adversaire de Boulanger lors de l’élection législative partielle de janvier 1889 à Paris [16]. En 1893, il se présente aux élections législatives dans la première circonscription du 18e arrondissement de Paris. Il obtient le soutien des comités radicaux. Mais il est battu au second tour par le socialiste Marcel Sembat. Peu après, il démissionne de ses fonctions d’adjoint au maire [17].

Il n’apparaît dans la documentation fouriériste que dans les années 1890. En 1894, il figure parmi les membres du « groupe actif de l’Ecole » – aux côtés d’Etienne Barat, d’Alexandre Devé, de Jenny Fumet et de Virginie Griess-Traut – qui s’efforce de maintenir l’existence du mouvement sociétaire après la mort d’Hippolyte Destrem. Il soutient le projet de réalisation de la statue de Fourier et fait partie du comité chargé de suivre l’opération et d’examiner le travail du statuaire Emile Derré [18].

Son arrivée dans le mouvement sociétaire est à peu près contemporaine de celle d’Alexandre Devé, avec qui il partage plusieurs engagements associatifs. C’est lui qui, en janvier 1898, à l’occasion d’une manifestation organisée en mémoire de Devé, prononce un discours sur la tombe de son ami [19].

Lors de son décès, La Rénovation rend hommage au « phalanstérien convaincu », à « notre éclairé et zélé condisciple qui faisait partie du Comité, hélas ! si réduit à cette heure, qui se constitua il y a trois ans pour l’érection d’une statue à Charles Fourier » [20].

Le Matin souligne que ses obsèques se sont déroulées « au milieu d’une affluence considérable de notabilités littéraires, artistiques et politiques. Une magnifique couronne traversée de palmes d’or avait été envoyée par la société protectrice des animaux ». Des discours sont prononcés par le président de la SPA, le maire du 18e arrondissement et le président de la société « Le Gui » [21]. Sa participation aux activités phalanstériennes n’est pas mentionnée par les quotidiens parisiens.

Au début du XXe siècle, un prix Léon Lamquet est créé et décerné par la SPA [22].