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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Grosjean, Louis-Auguste
Article mis en ligne le 23 novembre 2014
dernière modification le 15 juin 2015

par Desmars, Bernard

Né le 31 mai 1814 à Villotte-devant-Louppy (Meuse), décédé le 2 juin 1873 à Laheycourt (Meuse). Officier d’infanterie. Actionnaire de la Librairie des sciences sociales et abonné aux périodiques fouriéristes. Militant de l’éducation populaire.

Louis Auguste Grosjean est issu d’un milieu modeste, son père étant « plafonneur » (c’est-à-dire ouvrier faisant les plafonds de plâtre). Il s’engage dans l’armée en 1832 ; d’abord simple soldat, il devient caporal, puis sergent fourrier en 1833, sergent major en 1837, sous-lieutenant en 1841, lieutenant en 1845.

Sous la Seconde République, il est déjà fouriériste. En mars 1848, alors que se profile l’élection à l’Assemblée constituante, il écrit à Allyre Bureau depuis Toulouse, où il fréquente d’autres phalanstériens :

Nous avons reçu hier votre circulaire relative aux élections, on s’y conformera. Cette mesure était demandée à grands cris partout ; elle était indispensable pour qu’une marche uniforme fût suivie par tous les groupes de la province.

Hier soir, nous avons ouvert une liste de souscriptions d’urgence pour aider à la propagation orale qui doit se faire dans toute la France. Le capitaine Chevalier du 11e régiment d’artillerie tient la tête de cette liste pour 20 francs.

Elle a dû s’emplir aujourd’hui. D’ici à quelques jours, Granié vous enverra de l’argent et de bonnes nouvelles de nos progrès à Toulouse.

Adieu, je vous laisse à vos travaux.

Encore un coup de collier et l’école arrivera sur la côte ; elle dispersera les nuages et bientôt le soleil luira à tous les yeux [1].

La carrière militaire de Grosjean se déroule au sein du 65e régiment d’infanterie, avec lequel il séjourne en Afrique de 1857 à 1859 ; il est fait chevalier de la Légion d’honneur en août 1858. Il participe en 1859 à la campagne d’Italie et est récompensé de l’ordre royal de Savoie. En 1863, il obtient sa mise à la retraite et retourne dans sa commune natale [2].

La même année, il entre en relation avec Auguste Guyard, qui a manifesté ses sympathies pour le fouriérisme dans les années 1840 et qui, au début des années 1860, s’efforce de réaliser une « commune-modèle » dans la localité dont il est originaire, Frotey-les-Vesoul (Haute-Saône). Ce projet est signalé dans L’Opinion nationale par Charles Sauvestre  ; Grosjean lit l’article et, selon Guyard, il

a fait une propagande active pour mon œuvre et m’a envoyé de nombreux noms de souscripteurs. [3]

Il se marie en 1864 avec Jeanne Chevreux, veuve d’un rémouleur, et rejoint la commune de Laheycourt (Meuse) où vit déjà son épouse. Il entre au conseil municipal en 1865 et s’investit dans des actions d’éducation populaire [4] : il est membre correspondant de la Société Franklin et de la Société du Haut-Rhin, deux associations qui soutiennent la création de bibliothèques populaires ; à Laheycourt,

je fonde une bibliothèque communale […] et je contribue depuis deux ans aux frais qu’entraîne une distribution de prix aux enfants des deux sexes de la même commune [5].

Il souhaite également organiser des conférences agricoles dans le cadre des bibliothèques populaires afin de diffuser le progrès agricole [6].

Parallèlement, il reprend contact avec les dirigeants parisiens du mouvement fouriériste. En 1866, il soutient le projet de lancement d’un nouveau périodique sociétaire :

J’applaudis au moyen que l’école se propose de mettre en pratique pour rallier des membres épars. La publication d’un petit journal aura, je l’espère, un excellent et prochain résultat. Je voudrais pouvoir y contribuer largement ; mais retenu par des engagements déjà pris, et aussi par la nécessité de borner mes dépenses suivant un modeste budget, j’ai le regret de ne pouvoir me mettre au nombre des actionnaires, au moins quant à présent.

Il demande à François Barrier de le rappeler au souvenir d’Alphonse Toussenel et d’Aimée Beuque ; signalant qu’il possède déjà les Lettres providentielles de Nicolas Lemoyne, La Marmite libératrice d’Arthur de Bonnard, Les Grands mystères d’Eugène Nus, il demande à être mis au courant de la parution des derniers livres phalanstériens. Il promet également de s’abonner au futur périodique afin d’« être mis au courant des travaux et des succès des membres de l’École, dont un certain nombre [lui] est connu ». Il souhaite propager les idées fouriéristes « dans le milieu paisible dans lequel s’écoule [sa] vie paisiblement » [7]. Mais quand commence la publication de La Science sociale, en mars 1867, s’il s’abonne au nouveau périodique fouriériste, il avoue ne guère espérer faire des lecteurs « dans nos villages, ni dans les campagnes voisines » ; il espère avoir plus de succès à Bar-le-Duc où il pense distribuer les exemplaires qu’on lui a envoyés en supplément [8]. Ayant demandé et obtenu les adresses des Meusiens restés fidèles à la cause fouriériste, il s’étonne qu’il n’y ait que deux noms, en plus du sien :

Trois disciples dans la Meuse : c’est trop peu !

Je fais de la propagande par des conférences dans les communes. Vous verrez prochainement une nouvelle tartine sur les associations agricoles. Si le journal veut bien encore lui donner l’hospitalité je vous en enverrai un numéro [9].

Fin 1869, la société en commandite Noirot, qui détenait la Librairie des sciences sociales, est transformée en société anonyme ; Grosjean entre dans le capital de la nouvelle société avec deux actions de cinquante francs chacune [10]. Il apporte également un modeste soutien financier à Jouanne et à la Maison rurale de Ry, établissement scolaire organisé selon des principes sociétaires à proximité de Rouen [11].

Grosjean est reconduit dans ses fonctions municipales en avril 1871 [12] ; il siège aussi au conseil d’arrondissement pour le canton de Vaubecourt. Au lendemain de son décès, le journal républicain de Bar-le-Duc, L’Indépendance de l’Est, lui consacre un bref article nécrologique :

Nos lecteurs apprendront avec regret la mort de M. Grosjean, capitaine en retraite, représentant au conseil d’arrondissement du canton de Vaubecourt, et demeurant à Laheycourt.

Cette perte inattendue sera vivement regrettée par le parti libéral. M. Grosjean s’était dévoué surtout aux questions d’enseignement dont il avait compris toute l’importance. Il avait été l’un des promoteurs de la ligue populaire formée dans le but de la création des bibliothèques militaires. Une mort prématurée l’a arrêté au milieu de sa tâche ; mais du moins il emporte avec lui les regrets et les sympathies de tous.


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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