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Guérin, (Edme ou Edme-Isidore ou Edme-Gustave dit) Gustave
Article mis en ligne le 18 février 2013
dernière modification le 17 avril 2017

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 30 décembre 1807 à Marmagne (Côte-d’Or). Décédé le 28 août 1880 à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or). Polytechnicien (X 1826). Ingénieur des ponts et chaussées. Abonné à La Phalange. Ami d’Allyre Bureau en contact avec le centre parisien de l’Ecole sociétaire avant 1848. Candidat de la Montagne aux élections législatives complémentaires dans le Cher en mars 1850.

Gustave [1] Guérin est le fils de Jacques Guérin, marchand de papier à l’ancienne abbaye de Fontenay (Marmagne, Côte-d’Or) et de Marie Magdeleine Guiod, mariés le 25 pluviôse an XI à Marmagne. Il accède à l’Ecole polytechnique en 1826, la même année que Victor Considerant. Il est titulaire d’une demi-bourse ; son père est décédé ; sa mère réside impasse Saint-Michel à Dijon. Il sort de l’Ecole polytechnique classé 35e sur 123 élèves en 1828. Il est affecté au corps des ponts et chaussées. Ingénieur dans l’Yonne, résidant à Toutry (Côte-d’Or) en 1837-1838, il est promu à la 1ère classe en 1842, et est nommé à Bourges (Cher) à la surveillance de la ligne de chemin de fer de Paris pour le tronçon de Vierzon à Bourges. Il est décoré de la Légion d’honneur par ordonnance royale du 15 juillet 1847 [2]. Fin 1848, il est muté dans l’arrondissement d’Alençon (Orne). D’après l’« état général du personnel du Ministère des Travaux publics au 1er septembre 1852 », il est en congé illimité. Il est admis à la retraite le 30 septembre 1869.

Gustave Guérin est inscrit en 1837-1838 sur une liste des abonnés à La Phalange « qui ont droit aux gravures de Chartres » [3] réalisées par César Daly. Il est l’ami d’Allyre Bureau. Le 25 février 1848, alors que la proclamation de la République se répand à Paris et en province, il lui adresse un courrier empli d’inquiétude :

Mon ami, vous devez être affreusement agité : nous avons mille raisons de craindre pour vous. Tu aurais été bon de nous rassurer par un mot qui nous parle de toi & de nos amis. J’attends de tes nouvelles par le courrier qui nous arrivera dimanche matin si courrier doit nous arriver !... Si je n’avais ici tous les miens, vous m’auriez déjà vu. L’inquiétude même à 12 heures seulement de distance est horrible.
Adieu, écris nous. Si les autres voies sont fermées tâche de voir Meurthin (?) 14 rue de l’abbaye, il pourra nous faire suivre ta lettre.
Nous vous embrassons de cœur.

A la suite de la journée du 13 juin 1849, lors de sa détention à Sainte Pélagie, Allyre Bureau correspond avec lui et fait preuve d’optimisme, promet le triomphe de la démocratie dans l’avenir [4]. Allyre Bureau est acquitté par la Haute Cour. Tous deux sont présentés par la Montagne lors des élections législatives complémentaires de 1850 dans le Cher, élections destinées à remplacer les deux condamnés par contumace du 13 juin 1849, Félix Pyat et Louis-Léger Vauthier. Le journal du parti de l’Ordre, La République de 1848 du 8 mars 1850 [5] accuse Guérin d’avoir été décoré par Louis-Philippe et d’être un protégé de Vauthier. Les deux candidats sont battus par ceux du parti de l’Ordre alors que le Cher semblait une terre propice à la Montagne selon Victor Considerant.

Son nom apparaît encore dans le répertoire Noirot des contacts et abonnés de la Librairie des Sciences sociales, établi au cours des années 1860. Il y est cité comme ingénieur en chef des ponts et chaussées et réside à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or). Il y vit probablement depuis 1863, avec Marie Yasikoff (Jazikoff), née vers 1842 à Toula (Russie), rentière qu’il a épousée en 1860 à Saint-Pétersbourg (Russie). De cette union est né à Semur-en-Auxois le 11 juillet 1866 un fils prénommé Pierre. Les témoins sont le receveur particulier des finances de l’arrondissement, le comte Eugène Victor de Percy et le docteur Victor Simon. Le 31 juillet suivant, un premier fils Paul, né le 16 novembre 1862 à Nice où résidait alors la famille, décède.

Gustave Guérin adhère à la Société des sciences de la ville en février 1864 et en devient vice-président aux côtés de Jean-Jacques Collenot [6]. Il est élu conseiller municipal en juillet 1865. S’il participe à la création de la boucherie coopérative de Semur-en-Auxois en 1867, boucherie fondée à l’initiative de son ami le comte Eugène Victor de Percy, son nom n’apparaît pas dans les rapports du sous-préfet au préfet ou bien du juge de paix au procureur impérial [7]. En 1869, le sous-préfet de l’arrondissement de Semur-en-Auxois le présente comme un « candidat d’opposition avancé » pour les élections au Conseil général. Il affirme qu’il a été placé en « disponibilité pour cause d’opinions politiques » et le présente comme « chef de l’opposition à Semur » [8]capable de rallier toutes les voix qui se sont portées sur le candidat d’opposition aux législatives de mai 1869. Ses interventions au sein du conseil municipal semblent, selon le sous-préfet, cacher une « manœuvre électorale » [9]. Il n’est cependant pas candidat. A l’occasion du plébiscite du 8 mai 1870 visant à ratifier le sénatus-consulte du 20 avril 1870, il est, en tant que conseiller municipal parmi les signataires qui, au nom du Comité libéral de l’arrondissement de Semur-en-Auxois, appellent à s’opposer à cette « Constitution nouvelle » :

[...] Ils vous disent que voter oui, c’est voter pour l’ordre et pour la liberté, que voter non, c’est voter pour la révolution.
Les mêmes serviteurs vous tenaient en 1852 le même langage en soumettant à vos suffrages la détestable Constitution qui vous a opprimés pendant 18 ans.
[...] Ils vous trompent aujourd’hui comme ils vous trompaient alors.
Refusez donc votre concours à cette œuvre de menaces.
Pour cela, vous avez trois voies ouvertes :
Le bulletin NON, que déjà plusieurs comités importants ont proclamé et répandu ;
L’abstention, qui nous semblait peut-être plus rationnelle ;
Le bulletin blanc, sauvegarde contre les pressions officielles [...] [10].

S’il fait encore partie du conseil municipal extraordinaire installé le 9 août 1870 [11], il se retire apparemment de toute vie publique à partir de 1871 [12].