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Guiastrennec (dit « Guiastrennec ainé »), François-Prosper-Marie
Article mis en ligne le 20 janvier 2013
dernière modification le 21 janvier 2013

par Guengant, Jean-Yves

Né le 18 février 1791 à Landerneau (Finistère), décédé le 26 mai 1859 à Landerneau. Architecte.

François-Prosper Guiastrennec appartient à une riche famille d’armateurs et négociants de Landerneau (Finistère). Il entreprend des études d’architecture à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris, où il est admis en 1813. Il réside à Porstrein, village de la commune de Lambézellec situé au pied des remparts de Brest, puis dans le quartier le plus riche de Brest. Il exerce la profession d’architecte [1]. Son milieu social est celui de la bourgeoisie brestoise : François-Prosper Guiastrennec a épousé en premières noces Marie-Louise Gagny, fille d’un capitaine de frégate : après le décès de son épouse le 3 juillet 1832, il se marie avec Aimée Joséphine, la sœur cadette [2], le 1er août 1833. Son gendre est ingénieur des Ponts et Chaussées et le fils du chirurgien major de la Marine.

En 1827, il fonde avec l’architecte Jean-Baptiste Huyot la Société des Amis de l’industrie de Brest, forte de douze membres. Son objet est la constitution d’un fonds de revues, qui déposées chez un libraire sociétaire, seraient ensuite prêtées aux membres, moyennant rétribution. La société regroupe rapidement un nombre suffisant de sociétaires pour amortir l’achat des périodiques et encourager la création d’un cours de mécanique industrielle. En 1835, il en est le secrétaire. Il s’intéresse à l’éducation populaire et adhère à la Société d’émulation de Brest [3] (fondée en 1832) qui organise des cours industriels gratuits pour les ouvriers, à partir de mai 1834. À Paris, il est sociétaire du collège Sainte-Barbe.

Fournisseur de la Marine et de la ville de Brest, Guiastrennec exploite des carrières de granite. En mai 1834, il obtient l’adjudication du marché du piédestal de l’Obélisque de Louxor, qui doit être dressé, Place de la Concorde à Paris. Les cinq pièces du piédestal sont extraites dans une carrière proche de l’Aber-Ildut, au nord-ouest de Brest [4], puis amenés par le Luxor, un bateau spécialement construit pour transporter l’obélisque à Paris. Embarquées le 5 septembre 1835, les pièces sont débarquées en décembre : l’obélisque est dressé le 25 octobre 1836 [5].

Guiastrennec doit donc rejoindre Paris pour participer à l’érection du monument sous la direction de l’ingénieur Lebas : l’Annuaire pour les années 1837 à 1839 de la Société d’émulation de Brest, le signale membre correspondant à Paris. L’affaire de l’obélisque s’avère ruineuse pour Guiastrennec, qui y a consacré quatre ans et dépensé beaucoup d’argent.
Son séjour parisien renforce sans doute les liens avec les cercles phalanstériens parisiens.

En octobre 1841, dans le débat qui oppose les journaux La Phalange et Le Français de l’Ouest, il apporte sa caution à l’expérience agricole menée par deux phalanstériens brestois, Paillard et Bernard. Le 8 Septembre 1841, La Phalange fait découvrir l’expérience à ses lecteurs :

Une Révolution dans l’Agriculture.

Deux de nos amis, honorables habitants de la ville de Brest, nous donnent communication d’un fait qui se recommande assez de lui-même par son importance capitale et par les conséquences incalculables qu’il doit avoir. Nous avons sous les yeux du blé obtenu par le procédé qu’on nous signale, c’est-à-dire sans labour, sans engrais, sans sarclage, et dans une mauvaise terre. Le grain est de la plus belle qualité. La tige dépasse en hauteur et en grosseur tout ce que nous avons vu, et l’épi est développé dans la même proportion.

En présence d’un résultat aussi merveilleux, il n’y a qu’à faire appel à l’expérience. Elle est si simple, d’ailleurs, qu’on ne peut manquer de la répéter de toutes parts.

Face au scepticisme de la presse, Paillard et Bernard détaillent leur expérience et font appel à des témoignages, que La Phalange reproduit abondamment. Ainsi dans un courrier publié le 6 octobre par le journal, apportent-ils des attestations sur le bien-fondé de leurs recherches :

Brest le 18 septembre 1841,

Nous soussignés, habitants de la ville de Brest, certifions avoir suivi les expériences relatées dans La Phalange du 8 septembre 1841, sur un nouveau système de culture des céréales, et affirmons que tous les faits accusés par MM. Paillard et Bernard sont de la plus grande exactitude.

PERENES, juge suppléant et membre du conseil municipal.
BOURGUIGNOLLE, cultivateur et architecte.
ALLANIC, professeur dé philosophie au collège Joinville.
GALLERAND, professeur de rhétorique au collège Joinville.
KERNEIS, notaire.
F.-B. DESBORDES, percepteur des contributions directes.
L. TOUBOULIC, membre de la Société d’agriculture de Brest.
E. CALBRIE, agent de change.
F. EVRARD, lieutenant de vaisseau retraité.

Je soussigné, certifie m’être transporté au jardin de M. Charles Paillard, et y avoir vu sur pied et admiré des épis provenant de blé semé sur un carreau de verre recouvert d’une couche de paille d’environ un pouce d’épaisseur.
GUIASTRENNEC, aîné, architecte.

Je certifie que le blé déposé au bureau de La Phalange a été recueilli par moi dans le champ d’expérience.
CUZENT, libraire.

Vu pour légalisation des signatures apposées ci-dessus.
En Mairie de Brest, le 12 septembre 1841. [6] »

Fin 1841, Guiastrennec est présent à la colonie phalanstérienne de Cîteaux, en compagnie de Jean Foucault et de Nicolas-Alexandre Bourguignolle [7] (Thomas Voët signale que Considerant lui confie, en janvier 1842, un message pour Arthur Young, le promoteur de l’expérience). Ami de Pompéry et de Foucault et proche des milieux libéraux brestois, il est un lien entre orthodoxes et dissidents fouriéristes. Nous trouvons également son nom sur la liste des actionnaires de L’Union agricole d’Afrique, de Saint-Denis-du-Sig, en août 1848. Il devient vice-président de la Société d’agriculture de Brest [8], dirigée par Louis Montjarret de Kerjégu, banquier et fondateur de la ferme-école de Trévarez [9]. Tous deux sont membres de L’Association bretonne, créée en 1843 « pour hâter le développement des progrès agricoles de la Bretagne », sous la direction de Jules Rieffel [10]. Elle fédère les sociétés d’agriculture et les comices agricoles : Théodore de Pompéry y participe activement.

En décembre 1844, Guiastrennec, membre du groupe phalanstérien finistérien, est désigné comme trésorier du groupe local. Il se trouve plusieurs fois dans la rubrique « Petites correspondances », de La Démocratie pacifique, dans laquelle les militants échangent de brèves informations, des informations concernant un M. G., chargé à Brest des abonnements et de la rente phalanstérienne [11]. Son action est poursuivie par Bourguignolle. En 1851, il soutient l’initiative d’envoyer des ouvriers à l’Exposition internationale de Londres en participant à une souscription aux côtés d’Édouard de Pompéry [12]. Les dons restent modestes mais permettent de payer le déplacement de quinze travailleurs à l’exposition universelle.

Veuf, Guiastrennec s’est réinstallé à Porstrein [13], et s’intéresse dans ses dernières années à l’apiculture. En 1857, il est membre de la Société économique d’apiculture [14], aux côtés de son ami Yves Caroff [15], fouriériste originaire de Landivisiau. Il s’éteint à Landerneau le 26 mai 1859 [16].