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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Ducrest de Villeneuve (ou du Crest de Villeneuve, ou Ducrest-Villeneuve), Emile (René Marie)
Article mis en ligne le 30 juillet 2011
dernière modification le 5 mai 2013

par Desmars, Bernard

Né à Janzé (Ille-et-Vilaine), le 20 juin 1795 ; décédé à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 5 septembre 1867. Employé de l’enregistrement et écrivain. Correspondant à Rennes de l’École sociétaire dans les années 1830 et 1840.

Emile Ducrest de Villeneuve [1] est le fils d’un ancien militaire, devenu employé de l’administration de l’enregistrement et du domaine à Rennes (vérificateur de première classe, puis inspecteur au moment de son décès). Lui-même entre aussi à l’enregistrement, où il exerce la fonction de « garde magasin du timbre ». Il se marie en 1837 avec Ovide Euphémie Jeanne Marie Tachet ; un fils naît en 1838, qui sera officier de cavalerie, puis, sous-préfet et préfet.

Parallèlement à son activité professionnelle, il est l’auteur de plusieurs ouvrages d’histoire et de littérature (romans, poésies) centrés sur le passé de la Bretagne ; il a notamment rédigé une Histoire de Rennes. Il est également membre de plusieurs sociétés savantes (Société académique de Nantes et de Loire-Inférieure ; Société de statistique des Deux-Sèvres). Il collabore à « toutes les revues ou recueils périodiques qui se publièrent en Bretagne de 1820 à 1848 », selon Kerviler (Répertoire de bio-bibliographie bretonne), dont Le Lycée armoricain, La Revue de Bretagne, les Annales de la Société académique de Nantes, Nouvelle revue de Bretagne, Revue bretonne...

Dans les années 1830 et 1840, il correspond avec Fourier et le centre de l’Ecole sociétaire. Il a apparemment découvert le fouriérisme en 1833 par un ami (probablement Gabriel Simon, le directeur du journal Le Breton à Nantes) ; « le désir de connaître vos oeuvres et l’impossibilité de me les procurer dans notre malheureuse cité [Rennes] me mettent dans la nécessité de m’adresser à vous pour les avoir », écrit-il à Fourier en septembre 1833 [2] ; il demande plus précisément que l’on remette pour lui à la diligence : le Traité de l’Association domestique agricole, Le Nouveau monde industriel et l’Appendice au Nouveau Monde industriel ; il ajoute à sa commande : « si vous pouvez me faire une remise, je vous prie de me traiter comme un adepte ». Et une dizaine de jours plus tard, fin septembre, il écrit à Fourier en se présentant comme « votre nouvel adepte » [3]. Enfin, à la mi-octobre, il dit être plongé dans la lecture de la Théorie des quatre mouvements et du Nouveau monde industriel ; « j’étudie votre admirable système, et j’entre dans un monde bien nouveau pour moi, monde trop peu connu, dont mon ami, M. Simon, n’avait fait que m’entrouvrir la porte. J’espère à mon tour travailler bientôt à dessiller les yeux aux aveugles » [4].
Il s’abonne, toujours en 1833, au journal Le Phalanstère qu’il apprécie beaucoup : « plus je l’étudie, plus je prends goût à la nouvelle et véritable science sociale » [5] ; dans les années suivantes, il apparaît, tout au moins à travers sa correspondance, comme l’animateur du groupe fouriériste rennais ; il prend contact avec les libraires de la ville, les cabinets de lecture et les comices agricole du département afin de diffuser les brochures et les idées fouriéristes. Il s’efforce de faire de nouveaux lecteurs aux périodiques fouriéristes en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan, et collecte le montant des abonnements qu’il envoie à Paris. Il place aussi, en 1844, une douzaine d’almanachs phalanstériens, et en demande six autres, qu’il pense aussi pouvoir écouler. Pourtant, se plaint-il régulièrement, le terrain breton est peu favorable au fouriérisme : « nos progrès ici sont lents » (lettre du 20 février 1844, à Cantagrel) ; « les vieilles habitudes » et « la prudence bretonne un peu défiante » sont des obstacles à la propagation des idées phalanstériennes ; « on goûte généralement notre journal, mais on ne s’y abonne pas » ; « quoi qu’il en soit, nous arriverons, mais lentement » (6 mai et 6 août 1844) ; « la question de temps sera lente à résoudre ici. Les bonnes volontés y sont trop isolées et nul effort n’est assez puissant pour les réunir » (lettre du 25 février 1846, à la rédaction de la Démocratie pacifique).

Ses dernières lettres disponibles dans les archives sociétaires datent de 1846. Il n’apparaît pas parmi les souscripteurs des différentes entreprises phalanstériennes (l’Union du Sig, ou, après les années 1850, la Société de Beauregard ou la colonie de Condé-sur-Vesgre).