Né le 19 octobre 1809 à Livourne (Toscane, Italie). Décédé le 26 janvier 1880 à Paris. Chapelier à Paris. Membre de la Société des magnétiseurs spiritualistes de Paris.
Etienne Gaspart est fils, - semble-t-il aîné -, de Charles Auguste Joseph Gaspart, employé, ancien receveur des douanes lors de son décès en 1853, et d’Adelaïde Ducat, tous deux originaires du département du Nord. Sur les quatre frères, nés dans le Nord de 1813 à 1828, l’un César (né en 1813) est chapelier comme Etienne, un autre Eugène Antoine (né en 1823), marchand de châle [1], et l’épouse de ce dernier modiste. Le 14 mai 1836, Etienne Gaspart épouse, à Paris (3e arrondissement), Joséphine Lambert, née à Mercey (Haute-Saône), le 4 décembre 1807, fille d’un propriétaire de Haute-Saône. Etienne Gaspart est installé chapelier au 3 rue du Coq Héron à Paris. En 1880, son décès est déclaré entre autre par son fils Auguste Joseph Etienne Gaspart, employé à la préfecture et résidant avec lui au 6 rue de l’abbaye à Paris (6ème arrondissement) [2].
En 1845, « fabricant de chapeaux et [...] phalanstérien, chapelier » toujours établi à Paris, 3 rue du Coq Héron en 1845, Etienne Gaspart offre une remise sur ses chapeaux sous forme d’un « billet de prime, échangeable dans les bureaux du journal La Démocratie pacifique contre des publications de l’école sociétaire pour une valeur de 2 fr. à 2 fr. 50 c. ». Gaspart, connu et apprécié de Considérant et Cantagrel, souhaite ainsi consacrer une grande partie de ses bénéfices « à étendre la propagation des idées d’organisation du travail, d’association, en un mot de la théorie sociétaire de Fourier ». Fidèle à la cause phalanstérienne, il insère régulièrement des annonces dans La Démocratie pacifique de 1846 à février 1848, accompagnées par le signe distinctif « ⁂ » signalant les publicités émanant d’un « phalanstérien dévoué » [3]. La Révolution de février ne paraît pas l’éloigner de l’Ecole sociétaire. Alors qu’en juillet, cette marque distinctive disparaît de l’annonce publiée dans le numéro du 3 juillet, elle est à nouveau accolée à celles insérées dans plusieurs numéros d’octobre 1848.
Il fréquente alors Louis-Alphonse Cahagnet, et s’intéresse au magnétisme et somnambulisme, testant sur lui-même l’absorption de hashish afin d’atteindre un « état somnambulique » qu’il rapproche du « passage de notre état spirituel que nous nommons la mort » [4]. Il est membre de la Société des magnétiseurs spiritualistes de Paris fondée le 27 novembre 1848, société prétendument inspirée par Swedenborg. Gaspart en devient trésorier en 1851, à la suite de Cahagnet. Cahagnet est critique vis à vis de l’école sociétaire et de la réflexion menée sur la métempsycose et la « transmigration [des âmes] dans des groupes qui doivent former l’harmonie universelle. Ce système n’est qu’une création de mots qui sont loin de satisfaire la raison », écrit-il, le perfectionnement de l’homme nécessitant « non pas huit cents transformations à subir, mais des millions de milliards » [5].
L’activité de chapelier de Gaspart semble florissante au regard des annonces répétées parues dans les journaux. En mai 1850, son magasin est transféré « rue Vivienne vis à vis le passage Vivienne ». E. Gaspart est l’inventeur d’un chapeau de soie « imperméable à la sueur », puis en 1852, d’un « chapeau mécanique qui surpasse tous les systèmes connus ». Le 16 janvier 1852, il effectue une demande de brevet, en association avec son frère César Auguste Gaspart, pour une « mécanique de chapeau fléchisseuse et réfléchisseuse instantanément par un effet rétroactif, le chapeau étant posé sur la tête » [6]. Le système permet la flexion des branches sous la pression d’un corps extérieur et le redressement lorsque la pression cesse. En 1854, les deux frères installés 68 rue Rambuteau améliorent le système par une double flexion obtenue par « un ressort à boudin » [7]. Néanmoins, sa boutique de chapelier est déclarée en faillite le 15 juin 1876 pour insuffisance d’actifs.
[1] En 1849, il dépose un brevet pour une invention d’un mécanisme pour chapeau (voir Institut national de la Propriété intellectuelle 1BB8101, demande de brevet déposée par Antoine Eugène Gaspart, négociant pour la fabrication d’un « système de mécanisme pour chapeaux », 1849 (en ligne sur le site de l’Institut national de la Propriété intellectuelle, base Brevets du 19e siècle).
[2] L’ensemble de ces renseignements biographiques nous ont aimablement été communiqués par Mme Sandrine Soro-Haak. Nous la remercions chaleureusement.
[3] « Annonces gratuites », Bulletin phalanstérien, 14 septembre 1846, n° 2 p. 24.
[4] Louis-Alphonse Cahagnet, Sanctuaire du spiritualisme, étude de l’âme humaine et de ses rapports avec l’univers, d’après le somnambulisme et l’extase, Paris, 1850, p. 183.
[5] Ibidem, p. 349.
[6] Institut national de la Propriété intellectuelle 1BB12909, demande de brevet déposée par Etienne Auguste et César Auguste Gaspart pour invention d’une « mécanique de chapeau fléchisseuse et réfléchisseuse instantanément par un effet rétroactif, le chapeau étant posé sur la tête », 1850.
[7] Institut national de la Propriété intellectuelle 1BB19694, demande de brevet déposée par Etienne Auguste et César Auguste Gaspart pour invention d’une « mécanique de chapeaux à double flexion », 1854.
Sources
Archives de la Ville de Paris, V4E 3226, Registre de l’Etat-civil, 6ème arrondissement, acte de décès n° 171 du 26 janvier 1880 (en ligne sur le site des Archives de la Ville de Paris, vue 5].
Archives de la Ville de Paris, acte reconstitué de mariage d’Etienne Gaspart et Joséphine Lambert du 14 mai 1836, mairie du 3ème arrondissement. [Copie aimablement communiquée par Mme Soro-Haak].
Archives de la Ville de Paris, acte reconstitué de décès d’Auguste-Charles-Joseph Gaspart du 5 août 1853, mairie du 9ème arrondissement, décès du 4 août 1853. [Copie aimablement communiquée par Mme Soro-Haak]
Institut national de la Propriété intellectuelle 1BB12909, demande de brevet déposée par Etienne Auguste et César Auguste Gaspart pour invention d’une « mécanique de chapeau fléchisseuse et réfléchisseuse instantanément par un effet rétroactif, le chapeau étant posé sur la tête », 1850 (en ligne sur le site de l’Institut national de la Propriété intellectuelle, base Brevets du 19e siècle).
Institut national de la Propriété intellectuelle 1BB19694, demande de brevet déposée par Etienne Auguste et César Auguste Gaspart pour invention d’une « mécanique de chapeaux à double flexion », 1854 (en ligne sur le site de l’Institut national de la Propriété intellectuelle, base Brevets du 19e siècle).
Sébastien Bottin, Almanach-Bottin du commerce de Paris, des départemens de la France et des principales villes du monde..., Paris, Bureau de l’almanach du commerce, 1842, p. CLXXIII (en ligne sur Gallica, vue 175].
Journal de Toulouse, 15 septembre 1845.
« Annonces gratuites », Bulletin phalanstérien, 14 septembre 1846, n° 2 p. 24.
La Démocratie pacifique, 20 décembre 1846, 28 février, 16 et 30 mai, 4 juillet, 22 août, 26 septembre, 17 octobre, 21 novembre, 12 et 26 décembre 1847, 16 janvier, 20 février, 3 juillet 1848, 15, 20 et 22 octobre 1848.
La Presse, 19 novembre 1845, 19 mai 1850, 19 mars 1852, 21 juin 1876.
Journal des débats politiques et littéraires, 17 janvier 1851.
Archives commerciales de la France, 12 août 1875, p. 722 (en ligne sur Gallica).
Le Magnétiseur spiritualiste, Paris, Germer-Baillière, 1849-1851 (en ligne sur Google livres).
Louis-Alphonse Cahagnet, Sanctuaire du spiritualisme, étude de l’âme humaine et de ses rapports avec l’univers, d’après le somnambulisme et l’extase, Paris, 1850.
Louis-Alphonse Cahagnet, Magie magnétique, ou Traité historique et pratique de fascinations, miroirs cabalistiques, apports, suspensions, pactes, talismans, charme des vents, convulsions, possessions, envoûtements, sortilèges, magie de la parole, correspondance sympathique, nécromancie, etc., Paris, Germer-Baillière, 1858, 2e éd. p. 209-211.
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